COMITÉ ÉCONOMIE ET FINANCES - Mouvement Européen – France

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COMITÉ
ÉCONOMIE ET FINANCES
La crise des pays « avancés » dure depuis plus de 5 ans. Commencée en 2007 avec la crise des « subprimes »,
elle s'est prolongée avec la faillite spectaculaire de Lehman Brothers le 15 septembre 2008 fragilisant les banques,
leurs pratiques et le système financier dans son ensemble. A l'origine, la crise est donc bancaire.
La crise s'est étendue en 2009 aux pays membres de l'UE/euro les plus en difficultés:Grèce,
Irlande,Portugal,Espagne,Italie. De bancaire, la crise est devenue financière. Les dettes souveraines accumulées
par ces Etats sont venues s'ajouter aux problèmes des banques. Dans certains d'entre eux, ces dettes ont atteint
des sommes considérables atteignant des niveaux trois fois supérieurs à la limite de 60% fixée dans le traité de
Maastricht. De plus, les mécanismes d'alerte prévues par ce traité n'ont pas fonctionné...
La crise a été d'autant plus violente que, grâce à l'euro, ces pays ont pu comme les autres pays membres de
cette zone emprunter à des taux faibles pendant une longue période tout en ayant recours massivement à la
dette. Or, contrairement à ce que pouvaient laisser penser les objectifs définis par l'Union économique et
monétaire (UEM), la zone euro n'était pas en effet une zone économique et financière homogène et en voie de
forte convergence, voire d'unification. Le constat de cette situation d'hétérogénéité a conduit à une explosion de
l'écart (« spread ») entre les taux exigés par les marchés pour souscrire aux obligations émises par les pays
membres.
A cette crise financière est venu s'ajouter un ralentissement économique à la fois assez prononcé et contrasté
des économies des différents pays membres, d'où une progression continue et alarmante du chômage.
Confrontée à cette situation de crise, l'UE/zone euro ayant été conçue pour gérer des situations plus
heureuses et ne disposant pas des outils d'intervention adaptés (selon Jean Pisani-Ferry, l'euro est« une monnaie
sans Etat ») a été un moment désemparée.
Il a fallu du temps pour que les chefs d'Etat et de gouvernement des deux puis des quatre puissances
économiques les plus importantes assurent au gré de leurs multiples sommets leur leadership avec notamment le
soutien timide puis plus affirmé de la BCE.
A ce jour, la crise financière paraît sous contrôle en dépit des fortes tensions qui subsistent entre les pays
« fourmis » et les pays « cigales » et de l'état fort préoccupant de la Grèce (et dans une mesure moindre de
l'Espagne) qui a été le foyer du début de la crise.
Plusieurs éléments incitent à l'optimisme:
1- Le FESF sera remplacé dans les prochains jours par le MES dotant la zone euro de moyens de sauvetage de
700 milliards d'euros;
2- La BCE a lancé le 6 septembre le programme OMT « en français, transactions monétaires fermes »
s'engageant, sous conditions, à racheter de façon « illimitée » des obligations à court terme;
3- Le Conseil européen des 28/29 juin a lancé le chantier de la surveillance et de la supervision bancaires,
prémices d'une union bancaire qui briserait, en outre, le cercle vicieux existant entre les Etats et les banques;
4- Le TSCG, ce traité intergouvernemental signé par 25 pays membres sur 27, entrera en vigueur le 1er janvier
2013 après avoir été ratifié par plus de 12 pays membres de la zone euro. Il renforcera considérablement les
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disciplines budgétaires du traité de Maastricht en instaurant des contrôles beaucoup plus stricts et des sanctions
en cas d'infractions;
5- Le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe a décidé le 12 septembre que le TSCG était compatible avec la Loi
fondamentale de la RFA tout en précisant que la souverainebudgétaire était de la compétence du Parlement.
Préalablement, ce traité avait été ratifié par les 2/3 des parlementaires;
6- Le Président du Conseil européen a été chargé par le Conseil européen informel du 23 mai dernier d'ouvrir
des pistes, en coopération étroite avec la Commission, l'Eurogroupe et la BCE, sur « l'approfondissement de
l'union monétaire »;
Un groupe de ministres des affaires étrangères animé par M Westerwelle, le ministre des affaires étrangères
allemand, a publié le 17 septembre un document portant sur des réformes qui pourraient renforcer l'unité de
fonctionnement de l'UE/zone euro;
7- Les règles internationales de Bâle III encadrant plus solidement les risques que pourraient prendre les
banques seront applicables le 1er janvier 2013.
Il reste que « le désendettement généralisé » des pays membres de la zone euro prendra du temps et qu'il
sera socialement douloureux. Cependant,on peut penser que si la tendance à la baisse des déficits et des dettes
était solidement amorcée, la confiance des investisseurs reviendrait relançant la croissance. Enfin, le fardeau de la
dette serait moins lourd à supporter si des mesures de mutualisation étaient mises en place (euro bonds, euro
bills etc).
Il reste également que la question de la solvabilité de l'UE/zone euro trouvera sa solution dans l'amélioration
de ses performances économiques. Une économie fondée sur la consommation et le recours au crédit n'est pas
viable car elle accumule les déficits dont les déficits vis à vis de l'extérieur. De nombreux pays membres affichent
des déséquilibres de plus en plus marqués de leur commerce extérieur (70 milliards de déficit pour la France en
2011).
Il est grand temps de procéder à une analyse serrée et approfondie de la compétitivité économique, en
particulier industrielle, de cet ensemble à l'instar de ce qui a été fait il y a plus de dix ans en RFA sous la
dénomination de « Standort Deutschland». Les réformes économiques et sociales souvent rudes mises en oeuvre
dans le cadre de l'Agenda 2010 ont conduit ce pays à avoir une balance commerciale dont l'excédent a atteint 160
milliards d'euros en 2011 et un taux de chômage très inférieur à ceux de l'Espagne, de la France pour ne citer
qu'eux.
Il est donc grand temps de tordre le cou du mythe destructeur sur lequel s'est fondée la « Stratégie de
Lisbonne » dont les résultats ont été, pour le moins, mitigés d'une société qui serait devenue post-industrielle.
La crise de l'UE/zone euro qui dure depuis plus de 3 ans a mis en évidence l'inadaptation de ses institutions
d'origine pour surmonter ses difficultés et pour régler la sévère crise de confiance qui l'ébranle.
Le 4 octobre 2012
Christian CASPER
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