
Castinettia F., Reynaud R., Saveanu A., Quentien M.-H, Albarel F., Barlier A., Enjalbert A., Brue T.. Décit hypophysaire combiné multiple :
aspects cliniques et génétiques. Encyclopédie Orphanet. Mars 2008
www.orpha.net/data/patho/Pro/fr/DecitHypophysaireCombineMultiple-FRfrPro8680v01.pdf
pe, thyréotrope et gonadotrope, parfois associé à un décit corticotrope ; hyper puis hypoplasie hypophysaire),
POU1F1 (décits somatolactotrope et thyréotrope, hypoplasie hypophysaire), HESX1 (décits hypophysaires va-
riables, dysplasie septo-optique) et à un degré moindre LHX3 (décits somatolactotrope, thyréotrope et gona-
dotrope ; limitation de la rotation de la tête et du cou) et LHX4 (décits hypophysaires variables, posthypophyse
ectopique, malformations cérébrales).
Prise en charge. – Elle consiste à substituer chacun des décits antéhypophysaires observés et à éduquer le pa-
tient sur la nécessité de ces traitements au long cours. La surveillance porte sur l’adaptation de ces traitements et
le dépistage de la survenue de nouveaux décits.
Conseil génétique/diagnostic anténatal. – Le type de transmission varie en fonction du facteur de transcription
impliqué et de la mutation (récessif pour PROP1 et LHX3, dominant pour LHX4, récessif ou dominant selon les
mutations pour POU1F1 et HESX1). Le conseil génétique est donc nécessaire an de dépister les nouveau-nés à
risque et de pouvoir adapter la surveillance.
Pronostic. – Le pronostic est bon, avec un devenir identique à celui d’un patient non décitaire si le traitement subs-
titutif est pris dès le diagnostic posé et adapté correctement, avec un suivi par un médecin spécialisé.
Mots clés : Décits hypophysaires combinés multiples ; Hypopituitarismes congénitaux ; Hypophyse ; Facteurs de
transcription hypophysaires ; Hormone de croissance
Dénition
Les décits hypophysaires ou hypopituitarismes se dénissent par une insufsance de synthèse ou
de sécrétion d’une ou plusieurs hormones antéhypophysaires. Ces décits peuvent être secondaires
à des causes tumorales (adénome hypophysaire compressif, craniopharyngiome. . .) ou iatrogènes
(postchirurgie ou postradiothérapie cérébrale). En l’absence de cause lésionnelle, des formes plus
rares d’origine congénitale peuvent être mises en évidence.
Les décits hypophysaires multiples se dénissent par le décit d’au moins deux lignées hypophy-
saires, s’opposant aux décits isolés portant sur un seul axe hypophysaire (comme le décit isolé en
hormone de croissance par mutation du gène GH1, décit corticotrope isolé par mutation de TPIT. . .).
Les décits hypophysaires multiples associent le plus souvent un décit somatotrope à un autre décit
antéhypophysaire (le plus fréquemment gonadotrope et thyréotrope), mais toutes les associations de
décits hypophysaires sont envisageables.
Les décits hypophysaires multiples congénitaux sont liés aux mutations de facteurs de transcription
dont le rôle est essentiel dans l’ontogenèse hypophysaire, dans le développement et dans la crois-
sance des lignées cellulaires antéhypophysaires (PROP1, POU1F1, HESX1. . .). Leur incidence est
faible et variable selon le facteur de transcription impliqué : ainsi, les mutations du facteur de trans-
cription hypophysaire PROP1 constituent actuellement la première cause humaine identiée de décit
hypophysaire multiple congénital [7,8,45] ; en revanche, même avec un phénotype compatible (décits
somatolactotrope et thyréotrope, sans anomalie IRM), les mutations de POU1F1 sont rares au sein
des patients atteints de décits hypophysaires congénitaux combinés surtout en l’absence d’anté-
cédents familiaux (1–3 % des cas sporadiques, 10–30% des cas familiaux selon les études) [9,25].
Cependant, la différence d’incidence des mutations entre facteurs de transcription semble également
liée à l’origine des patients : une étude japonaise et une étude australienne ont ainsi trouvé un taux
très faible de mutations de PROP1 dans la population de leur pays où les mutations de POU1F1 sont
moins rares [17,35]. Les mutations d’HESX1 restent exceptionnelles, malgré leur recherche dans de
larges études et sont classiquement rapportées dans des cas familiaux de dysplasie septo-optique
[13,15,25]. Les mutations des autres facteurs de transcription hypophysaire (LHX3, LHX4. . .) font
essentiellement l’objet de publications de cas isolés, souvent dans un contexte familial. La prévalence
des décits hypophysaires congénitaux est estimée à une pour 3000 ou 4000 naissances ; cependant,
ce chiffre est probablement surestimé car il tient compte de décits en GH parfois transitoires. De plus,
la prévalence varie fortement en fonction des critères diagnostiques utilisés.
Outre les décits antéhypophysaires, la mutation de ces facteurs de transcription s’associe parfois
à des anomalies cérébrales ou hypophysaires : hypoplasie hypophysaire, posthypophyse ectopique,
dysplasie septo-optique, malformation de Chiari, atrophie du corps calleux. . . éléments qui devront
être pris en compte lors de la démarche diagnostique et thérapeutique.