Le retard d`apprentissage de la lecture 1. Les troubles d

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Le retard d'apprentissage de la lecture
Rita Sidoli
1. Les troubles d’apprentissage (t.d.a.)
1.1 Le retard d’apprentissage de la lecture
Le retard d’apprentissage de la lecture occupe une place importante parmi les troubles d’apprentissage
qui comprennent également le retard de langage, les difficultés graphomotrices (dysgraphie,
dysorthographie, difficulté dans la composition d’un texte), les dyscalculies et les difficultés de
résolution de situations logiques ou mathématiques. Chaque type de retard demande un
approfondissement spécifique, pour en identifier les causes ou pour élaborer les propositions d’une
intervention éducative adaptée et efficace.
1.2 Troubles d’apprentissage et handicap
Les troubles d’apprentissage (t.d.a.) peuvent être présents chez les enfants normaux. Surdité, cécité et
handicap moteur ne sont pas nécessairement des causes de t.d.a. Un enfant aveugle, sourd ou porteur
d’un déficit moteur peut apprendre normalement alors qu’un enfant sans déficits organique, sensoriel
ou moteur peut présenter un trouble d'apprentissage. Dans cet exposé, la flexion portera sur les
enfants « normalement dotés », ne présentant pas de déficit intellectuel important, mais souffrant d’un
retard dans l'apprentissage et dans le développement des habilités de lecture.
Les causes des t.d.a. peuvent être variées. Il est important de souligner qu’ils peuvent être occasionnés
par plusieurs causes simultanées ou résulter d’une relation de cause à effet. Ainsi, un retard dans le
développement du langage peut engendrer un retard de lecture ; un trouble de lecture peut entraîner
des difficultés d'écriture. Il est par conséquent préférable de parler d'un ensemble de causes plutôt que
d’une cause unique. Il est également important de prendre en compte la tranche d'âge des jeunes
présentant un t.d.a. Après quelques années d’école et d'échecs continus, un enfant souffrant de t.d.a
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perd la motivation initiale et peut développer des comportements de refus et de rejet vis à vis de ses
camarades et du corps enseignant.
1.3 Pourquoi parler des troubles d’apprentissage?
Au fil des années, les troubles d'apprentissage peuvent développer des états de malaise plus complexes
qui pèsent sur toute la vie de l’enfant ou du jeune adulte : par exemple, un t.d.a peut causer une
pseudo insuffisance mentale résultant du manque de confiance du jeune en ses capacités, la
dépression, l'abandon scolaire, engendrant le risque d'échouer dans son parcours professionnel (salaire
bas, risque majeur de chômage), le développement de comportements déviants, souvent destinés à
compenser un bas niveau d’estime de soi…
1.4 Les causes plus communes des t.d.a.
Les causes les plus fréquentes des t.d.a. sont :
a. le désavantage socioculturel
b. le retard intellectuel léger (qui pèse sur les procédures intellectuelles plus complexes que
celles mises en œuvre lors des apprentissages)
c. le déficit de développement du langage
d. le désavantage pédagogique et didactique
e. le déficit d'organisation et d’intégration perceptive.
a. Le désavantage socioculturel est causé par différents facteurs : l'absence de soins et parfois même
le risque d'abus, le type de communication utilisée en famille, les modalités de relations entre les
membres du noyau familial, les valeurs qui orientent les parents et la famille élargie.
En résumé, on peut observer :
- de la négligence ou de véritables abus de la part de la famille, surtout dans les premières années de
vie ;
- un climat familial de malaise, peut-être pas du point de vue économique, mais dans la relation entre
les parents ou à l’intérieur du groupe d'appartenance : litiges et actes violents entre les parents,
manque de règles, absence de temps et de lieux pour effectuer les devoirs scolaires, pour le sommeil,
la nourriture et l’hygiène personnelle ;
- une grande différence entre le niveau de langue utilisé au sein de la famille et celui utilisé à l’école :
à la maison le vocabulaire est réduit et, souvent, on utilise des gestes ; on n’explique pas à l’enfant les
raisons des actions ; on ne trouve que difficilement du temps pour raconter des faits, des histoires, des
mythes ; on n’emploie que rarement les indicateurs de complexité comme « Pourquoi ?... Parce que
Pendant que…, Par contre…, Mais… », mots qui expriment les liens logiques entre les informations ;
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- l'absence d'aide lorsque l'enfant éprouve des difficultés pour faire ses devoirs à la maison ;
- la non valorisation des résultats et des demandes de l'école ;
- la contradiction des valeurs de la famille et de celles de l'école relatives à l'engagement, à la
solidarité, au sens des responsabilités. Pour l'enfant, il est difficile d’assumer un comportement qui
puisse s’adapter à la fois aux valeurs de la famille et à celles de l’école.
b. Le retard intellectuel léger ou moyen, en absence d'autres problématiques, ne pèse pas sur les
acquisitions de base ( lecture, écriture et calcul ) même si le rythme d'apprentissage est plus lent ; son
effet sera plus évident dans les procédures mentales plus complexes exigées au collège et au lycée.
c. Le déficit du développement du langage est par contre un facteur qui pèse lourdement sur les t.d.a
parce que l'apprentissage à l’école passe principalement par le langage : l'enseignant parle lorsqu’il
explique, lorsqu’il questionne, ou lorsqu’il donne les devoirs ; l'enfant parle lorsqu’il demande ou
lorsqu’il répond. En outre, le langage est un moyen ductile et rapide pour exprimer les concepts ; par
exemple, le mot « égal » indique l'identité entre deux quantités, deux formes, deux couleurs, deux
évènements, deux affirmations. Sans le langage, il est difficile de présenter la valeur universelle d’un
concept. La compétence linguistique est par conséquent fondamentale dans la transmission et
l’élaboration du patrimoine culturel d'un groupe social.
La réflexion sur ce déficit se fera, d’une façon plus analytique, dans la présentation du trouble de
lecture.
d. Les facteurs spécifiquement didactiques :
- changements fréquents d'enseignants ou incompétence didactique du corps enseignant ;
- méthodologies inadéquates ne correspondant pas au style d'apprentissage de l'enfant. Les recherches
affirment que chacun de nous a recours à son propre style cognitif (c'est-à-dire à sa propre modalité
d'apprendre) lorsque il est confronté à une tâche d'apprentissage ; les styles d'apprentissage varient
d’une personne à l’autre ; pour une même tâche d’apprentissage, certains utiliseront un style alors
qu’il sera pour d’autres plus facile d’apprendre avec un autre style.
Les styles cognitifs les plus communs sont :
le style visuel \ auditif ;
le style analytique \ synthétique ;
le style réfléchi \ intuitif ;
le style iconique (avec des images) \ verbal (avec des mots) ;
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Chaque style est défini par deux attributs opposés. En général, on peut parler de prédominance d'un
des deux attributs opposés appartenant au même style. Si, par exemple, un enfant utilise une
prédominance de l’attribut visuel, il apprendra mieux en voyant des figures ou des schémas, en lisant
un texte, en évoquant les mots clés écrits, plutôt qu’en écoutant une leçon (attribut auditif). Un enfant
de style réfléchi aura besoin de plus de temps pour terminer un devoir, mais il expliquera mieux ses
réponses, alors qu'un enfant intuitif répondra immédiatement, et que sa compréhension sera moins
profonde. Un enfant de style analytique aura besoin d'informations schématiques, clairement
organisées.
L’enfant apprendra plus facilement si l'explication de l'enseignant est donnée dans une modalité
relevant de son propre style cognitif. Par contre, les difficultés augmentent lorsque l'enseignant utilise
pour expliquer des modalités différentes de celles du style cognitif de l’enfant.
Pour cette raison il est important que l’enseignant se souvienne que les enfants de sa classe ne
disposent pas tous du même style d’apprentissage. Pour chaque leçon, il doit utiliser des moyens qui
tiennent compte de leurs besoins individuels. L’individualisation de l'enseignement ne signifie pas
qu’il faille préparer un programme différent pour chaque enfant, mais qu’il faille enseigner en utilisant
des stratégies différentes correspondant au style cognitif de chacun des enfants. L'enseignant
expliquera à haute voix, écrira sur l'ardoise les mots plus importants, donnera des schémas portant sur
le sujet étudié avec les mots écrits en couleur, de grandeur différente selon leur importance. Il fournira
des images ou des photographies, demandera aux enfants de se rappeler ce qu’ils connaissent déjà du
sujet, il partira d'une histoire ou d'un exemple, il fournira des mots clés (les mots plus importants), il
utilisera des rimes et des métaphores pour fixer les concepts les plus importants, il emploiera la
dramatisation pour l'histoire…
Les facteurs liés au climat de la classe (être bien en classe) :
- Une bonne relation enseignant-élève motive et soutient l'apprentissage. Apprendre demande
d'abandonner des procédures déjà connues pour affronter des modalités différentes de
résolution des problèmes. Les adultes doivent eux aussi en passer par lorsqu’ ils doivent
apprendre à conduire une nouvelle voiture ou à utiliser un nouveau four dans la cuisine. La
relation qui lie l’enfant à ses camarades de classe est, elle aussi, importante : un climat
compétitif engendre de l'insécurité en particulier chez celui qui souffre de difficultés. Un
climat de coopération, dans lequel les enfants travaillent en petits groupes et ils peuvent
s’aider mutuellement, favorise l'apprentissage ;
- L'attention que porte l’enseignant à l'histoire d'apprentissage de l'enfant, aux succès ou aux
échecs qu’il a rencontrés, au sens qu'il attribue à ce qu’il apprend (« j’aime ce que j'apprends,
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ceci me servira, je me souviens d'une chose qui est très semblable à ce je suis en train
d’apprendre ») ;
- le soutien de l'adulte qui accompagne et encourage l'enfant dans son parcours d'apprentissage.
L’objectif de cette brève analyse est de souligner combien les facteurs motivationnels (« désir
d'apprendre », soutien de l'environnement à école comme dans la famille) sont importants au cours
de l’apprentissage.
e. Le déficit d'organisation et d’intégration perceptive: il ne s’agit pas d’un déficit sensoriel.
L'enfant n'a ni déficit visuel ou auditif, ni retard moteur. Ses difficultés sont dues à son incapaci
d’intégrer plusieurs stimulations arrivant par des canaux sensoriels différents. Par exemple, pour un
enfant présentant un déficit d'intégration perceptive, il est difficile de copier sur le cahier un mot écrit
au tableau (intégration œil - main), ou de se rappeler la graphie d’une lettre qu’on entend (mémoire
visuelle et mémoire auditive).
Questions et idées pour la réflexion des enseignants :
- Un enfant doté d’une intelligence normale peut-il présenter un retard d'apprentissage ?
- Penser à un enfant de votre classe correspondant à celui décrit ci-dessus. Relire la liste des causes
possibles et y déceler la ou les causes de son retard d'apprentissage. Discuter avec les collègues en
confrontant des cas différents.
- Penser à une leçon pour sa classe : « l'importance de l'eau pour la vie », « un animal utile à
l'homme », « un évènement historique national »… par exemple. 0rganiser des activités et des
modalités d’apprentissage tenant compte des différents styles cognitifs des enfants de la classe.
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