Contact spécial Élections 04 AOÛT 2012 MAGAZINE POUR LES POUVOIRS PUBLICS, LES ORGANISATIONS DU SECTEUR SOCIAL PROFIT ET LES ENTREPRISES Édition Communes >> LUC MARTENS, VILLE DE ROULERS >> LucMartens, Roulers Roulers recherche partenaires privés pour relever les défis de l’avenir La situation financière de la Ville de Roulers évolue dans le bon sens. Un regain qui s’explique, d’une part, par la santé économique de la région et, d’autre part, par une politique financière à la fois prudente et visionnaire. Ici aussi, « économies » et « optimisation économique » sont à l’ordre du jour. « C’est la condition sine qua non pour mener une politique d’investissement à forte vocation sociale », souligne Luc Martens, bourgmestre de l’entité. - août 2012 - 27 >> LucMartens, Roulers >> Notre région est très forte économiquement. C’est là son grand atout. Au cours de la législature qui touche à sa fin, le monde financier et économique a traversé une zone de turbulences. Roulers en a-t-elle aussi ressenti les secousses ? Luc Martens (L.M.) : Ces six dernières années, le financement de la ville de Roulers n’a pas été mis à mal par les aléas extérieurs. Notre région est très forte économiquement. C’est là son grand atout. Cela se traduit par une stabilité du produit des additionnels communaux à l’impôt des personnes physiques et des centimes additionnels au précompte immobilier. Ces recettes sont encore consolidées par le fort développement de la ville de Roulers et l’évolution du marché de l’immobilier qui va de pair, tant pour les entreprises que pour les citoyens. Ces dernières années, nous avons pu habitants par an systématiquement accueillir plus de 700 nouveaux habitants. En contrepartie, il y a l’augmentation des charges de pension, les coûts de l’extension de l’offre de soins et l’aide aux personnes en difficulté. Naturellement, la chute du Holding communal a constitué un problème financier imprévu, qui affecte surtout pour les nombreuses communes qui avaient espéré pouvoir indéfiniment profiter de ses dividendes. Néanmoins, quand on dresse le bilan, il faut concéder, en toute honnêteté, que notre investissement dans le Holding communal nous a rapporté un rendement normal. + 700 nouveaux En dépit de tout cela, la Ville a été contrainte, en début de législature, d’accroître sensiblement la pression fiscale. L.M. : En effet, c’est un point sensible. Cette décision a été dictée par le sous-financement et la faiblesse organisationnelle du CPAS. Cette hausse notable a suscité le ressentiment de la population. Après trois ans, nous avons rebaissé la majeure partie des impôts. En fin de compte, les efforts des citoyens ont été payants. Les problèmes du CPAS ont été résolus. La situation financière de la Ville s’est nettement améliorée sur plusieurs aspects. Au début de cette législature, la charge de la dette se chiffrait encore à 108 millions d’euros. Aujourd’hui, elle n’est plus que de 79 millions d’euros. La part du remboursement de la dette dans l’ensemble de nos dépenses est passée de 18 % à 13 % durant la même période. La Ville mène aussi une politique d’investissement volontaire. Citons la modernisation du boulevard extérieur, la lutte contre les inondations, l’extension et la rénovation des établissements de soins, la construction de Bib Plus et la revalorisation du quartier de la gare. Nous menons aussi une politique sociale et de subventionnement. Épinglons le développement de l’accueil de la petite enfance et de la prise en charge des aînés, l’allocation de prise en charge familiale, les mesures d’accompagnement pour l’enseignement, le sport, la culture et la jeunesse, etc. Bref, cet accroissement de la pression fiscale était un « préfinancement d’un avenir meilleur ». Les habitants de Roulers voient désormais le bien-fondé de cet effort. - août 2012 - 28 >> LucMartens, Roulers À partir de 2014, le « beleids- en beheers­cyclus1 » mettra fortement l’accent sur la perspective pluriannuelle. Comment entrevoyez-vous l’avenir des finances communales ? L.M. : Nous avons anticipé le mouvement. Lors de l’établissement du budget, nous nous sommes toujours projetés très loin dans l’avenir. Sur la base des prévisions établies en matière de budget et de dépenses, on peut affirmer que Roulers pourrait présenter son budget en équilibre jusqu’en 2018 et ce, sans « opérations cosmétiques » telles que l’utilisation des soldes des années précédentes. Nous devons cependant appliquer des normes strictes qui limitent globalement la croissance à 2 %-3 %. Nous pourrons ainsi garantir un équilibre sain, sans scénario de réduction douloureux. Et tout cela sans se serrer la ceinture ? L.M. : Pas tout à fait. Nous devons quand même faire des choix. Nous sommes en pleine phase d’optimisation de notre patrimoine immobilier. Certains bâtiments sous-utilisés peuvent être vendus afin de pouvoir réinvestir les produits ou de les affecter à la réduction de la dette. Pour l’instant, les charges de person- nel sont pratiquement gelées et une compression sélective des effectifs n’est pas à exclure. Nous réorganisons plusieurs départements et services afin d’augmenter l’efficacité de nos agents. Dans le domaine des TIC, nous investirons à l’avenir davantage dans l’e-government. Plusieurs tâches de routine seront informatisées pour permettre aux agents de se concentrer sur le service direct à la population. Les coûts énergétiques doivent aussi diminuer et le parc automobile doit subir une cure d’amaigrissement. Nous allons privilégier le vélo, ce qui ne peut qu’être aussi bénéfique à l’environnement. Ces dernières années, les villes et les communes ont été plus nombreuses à chercher leur salut dans l’établissement de régies communales autonomes qui présentent une foule d’avantages financiers. Est-ce que Roulers a suivi la tendance ? L.M. : Nous étudions la possibilité de regrouper les services de la Maison Sociale et ceux du CPAS. Nous voulons fusionner les établissements de soins au sein d’une seule grande régie autonome dédiée. L’hôpital communal doit voler de ses propres ailes et peut former, « Roulers pourrait présenter son budget en équilibre jusqu’en 2018 et, ce, sans opérations cosmétiques ». 1. L’application du « beleids- en beheerscyclus » (BBC), qui concerne tant les communes que les CPAS et les régies autonomes flamands, sera généralisée en 2014 et constitue la clé de voûte stratégique et financière de la gestion locale. Le BBC comprend entre autres les plans pluriannuels dans leurs dimensions tant politique que financière, les budgets annuels, la gestion des investissements par enveloppe pluriannuelle et un mécanisme de suivi de l’état d’avancement des objectifs stratégiques et opérationnels, y compris du point de vue financier. - août 2012 - 29 >> LucMartens, Roulers « Les hommes et femmes politiques locaux endossent de plus en plus le rôle de chef d’entreprise dans l’espace public en matière de sécurité, de soins et d’enseignement. » avec d’autres établissements hospitaliers de la région, un grand bassin de soins de premier plan. Bib Plus, notre nouvelle bibliothèque dotée de formules de cours intégrées par analogie à De Spil, notre centre culturel, a d’ores et déjà été dotée d’une direction autonome. Ce ne sont pas tant les éventuels avantages fiscaux que l’optimisation économique des services qui nous intéressent. C’est aussi pour cette raison que nous envisageons de faire coïncider diverses missions de la commune et du CPAS. Une maîtrise maximale des coûts et un service moderne : tel est notre credo. service conforme au marché en raison de la multitude de règlements et d’obligations auxquels ils sont tenus. Une grande coalition des partenaires des secteurs public, non marchand, voire marchand s’impose, mais avec des garanties de qualité et d’accessibilité. L’immobilier social réclame une même synergie. La deuxième tendance concerne l’élargissement d’échelle qui se fait jour. Les défis que nous devons relever au niveau interlocal sont innombrables. Nous devons donc rechercher une administration locale étendue au niveau de la région. Quels futurs terrains d’action envisagezvous pour l’administration communale ? L.M. : Je remarque une foule de nouvelles tendances dont nous allons devoir tenir compte. La première est la mobilisation des investisseurs privés. Prenons l’exemple des soins aux aînés. Qui va les prendre en charge à l’avenir ? Les services de soins à domicile ? Les CPAS ? Ceux-ci ne sont pas en mesure de fournir un De quoi s’agit-il concrètement ? L.M. : En 2012, nous avons signé le protocole pour la « concertation Midwest ». Celui-ci a permis à la concertation entre les bourgmestres des communes de l’arrondissement Roulers-Tielt de prendre forme. La concertation Midwest est un organe de concertation régional, siège du dialogue et de la collaboration entre 17 communes, sans pour autant toucher à leur autonomie. Aujourd’hui, nous sommes l’un des cinq laboratoires flamands de l’administration régionale2. Ce niveau supralocal n’est-il pas précisément le terrain d’action traditionnel des provinces ? L.M. : Je peux seulement dire que l’autorité régionale a défini plus précisément et circonscrit le fonctionnement à venir des provinces. La concertation Midwest est un laboratoire censé générer une nouvelle dynamique. Nous sommes le champ d’expérimentation des nouvelles formes de gouvernance, au travers d’une série de conventions avec la province. Ici aussi, les mots d’ordre sont l’efficacité, l’homogénéité des compétences, la complémentarité et la répartition des tâches. Toutes les villes ou communes ne peuvent pas s’offrir un fonctionnaire délégué à l’urbanisme. Dans certains domaines, une collaboration supracommunale va de soi, comme c’est actuellement le cas avec les services de maintien de l’ordre. 2. Fin 2011, le gouvernement flamand lançait ses « projets-laboratoires de l’organisation administrative ». Ils permettent aux niveaux de pouvoir régional et local de s’organiser de façon à pouvoir relever de manière adaptée les défis politiques. Il s’agit des régions du Meetjesland, du Westhoek, de la communauté urbaine de Turnhout, de Midden-West-Vlaanderen (la région de Roulers-Tielt) et de Zuid-West-Vlaanderen (la région de Courtrai). - août 2012 - 30 >> LucMartens, Roulers Vous insistez systématiquement sur l’efficacité financière et économique. Vous parlez comme un « chef d’entreprise publique ». L.M. : C’est aussi comme cela que je me perçois. Les hommes et femmes politiques locaux endossent de plus en plus le rôle de chef d’entreprise dans l’espace public, avec ses questions d’organisation des diverses fonctions (habitat, travail, récréation, espaces verts…), l’insécurité, les défis des soins de santé, de la culture et de l’enseignement. Heureusement, la génération moderne des hommes et femmes politiques a les compétences pour ce faire. Il n’empêche que nous avons besoin de partenaires solides, capables de nous épauler en nous apportant leur expérience et leurs connaissances. Je pense notamment au service d’étude de Belfius, à la cellule Politique urbaine (Stedenbeleid) du gouvernement flamand et au Profil Financier Individuel, qui constitue depuis longtemps un instrument d’analyse financière très utile. Tournons-nous encore vers l’avenir. Craignez-vous que la rigueur budgétaire au niveau fédéral et régional gagne aussi les villes et les communes, bridant ainsi leurs investissements ? L.M. : Les pouvoirs supralocaux recherchent des économies à tous niveaux, y compris dans les moyens alloués aux pouvoirs locaux, mais il importe que nous puissions continuer à bien faire notre travail. Je crains effectivement que notre fonctionnement et notre capacité d’investissement soient lourdement mis à mal. En guise de conclusion, je souhaite tirer la sonnette d’alarme. Les administrations locales prennent ensemble à leur compte la moitié des investissements publics dans notre pays. Une éventuelle implosion serait néfaste à l’économie, et je pense en premier lieu au secteur de la construction au sens large. De bonnes infrastructures sont un ancrage important pour l’emploi et le développement urbain en fonction d’un développement économique, écologique et social durable. « Nous avons besoin de partenaires solides, capables de nous épauler en nous apportant leur expérience et leurs connaissances. » >> De bonnes infrastructures sont un ancrage important pour l’emploi et le développement urbain en fonction d’un développement économique, écologique et social durable. - août 2012 - 31 >> Visitez notre mini-site consacré aux élections sur : www.belfius.be/elections2012. Abonnez-vous également à la newsletter Élections. Vous recevrez ainsi régulièrement toutes les informations et études mises à jour. Le prochain numéro de cette série spéciale donnera la parole aux Ministres Régionaux en charge des pouvoirs locaux. Nous ferons avec eux le point sur les partenariats passés et futurs entre pouvoirs locaux et régions. Ils partageront également leur vision en matière de perspective de financement des pouvoirs locaux dans un contexte marqué par la rigueur budgétaire au niveau régional. Nous tenterons ainsi de dresser un aperçu des principaux enjeux qui marqueront le début de la prochaine législature communale. En effet, sachant que la législature régionale se poursuit jusqu’en 2014, quels sont les dossiers ou les réformes en cours avec lesquels les nouveaux mandataires communaux devront composer lors de leur prise de fonction ? Découvrez-le dans le n° 5 de cette série spéciale de Contact. Follow us on facebook.com/Belfius twitter.com/Belfius Find us on LinkedIn