SURCYBERPRESSE.CA Bodyfitness :voyezplusdephotos des
participantes surwww.cyberpresse.ca/fitness
LaCoupeProGymEspoir Québec,
organisée parlaFédérationde
culturephysiqueamateurequé-
bécoise(FCPAQ),est unecom-
pétition réservée àla relève.C’est
donc unepremièreexpérience
sous lesfeuxdelarampe pour
tous lesparticipants.
Dans la loge de l’entraîneur
Francine Savard,deProactif
Fitness,toutes s’affairent à mettre
la touche finale àleurprépara-
tion. Ça grouillelà-dedans.
«Legrosdutravail aété fait
dans le gym. Aujourd’hui, on se
metbellesetonpose»,résume
StéphanieVarin,réception-
niste. Elle attend qu’oncolleson
maillot,sursesfesses et sous ses
seins. «Çaseraitbêtequ’il se
déplaceunefois surscène.»
«Chaque petitdétail compte»,
souligne Francine.Les mains
pleinesde fond de teintchocolat,
elle frotte sesathlètes de la tête
auxpiedsafin de donner à leur
peau uneteinte hâlée. Sonassis-
tanteSylvieRoy en fait autant.
«Les spotssont forts. Si la peau
esttrop pâle,lesjugesne peuvent
pasvoir le relief desmuscles avec
précision»,expliquel’entraî-
neuse. Pour chaque fille,l’opéra-
tion prend 20 minutes. «Nevous
appuyezpassurlesmurs et atten-
dezavantde vous asseoir!»
«Mes partenairesdetravail
seraient surprisde me voir.Ça fait
changement de l’uniforme !» dit
Kim, policière. Son ombre àpau-
pières estassortieàson maillot
vert àpaillettes. Sesparentssont
venusde la Gaspésie pour assister
àla compétition. «C’est vraiment
stressant !» confie-t-elle.
Àses côtés, NancyetIsabelle
blanchissent leursdents:l’une avec
un pinceau, l’autreavecune bande
plastique. «J’aitellement soif!»
murmureCarole,53ans.Pourfaire
coller lesmuscles àlapeauetcréer
l’effetd’une peaumince commedu
papier,les participantes ont cesséde
boirelaveille. Ellesont droitàquel-
ques gorgées, pasplus. Carole vient
de vomir,elleamal àlatête. Un
régime extrême, la déshydratation
et le stress malmènentson corps.
«Prendsune gorgée et unepincée
de sel»,lui suggèreFrancine.
Onentre en scène
«Dépêchez-vous,c’est à vous!»
crie un régisseur, dans le couloir.
Leshommes culturistessont déjà
surscène. Panique.
«Déjà? On pensait avoir
uneheure de plus!» s’étonne
Christine, 23 ans. Sesmuscles
striés en font unedes favorites.
Fautedetemps,elledevra se
présenterauxjugessans fond de
teint. Et sans PréparationH.
«Çaaideàfaire ressortirles
lignes desmuscles,précise-t-
elle.Je travaille en pâtisserie,ça
m’apris unevolontéde ferpour
me rendre jusqu’ici.Les juges
me remarqueront-ils ?Jesuis
déçue.»
«Mangezvotre tablette de
chocolat et pompez !» conseille
Francine Savard.Du chocolat ?Ça
fait gonflerles muscles, dit-on.
Rachel travailleavecdes petits
haltères.Nancy fait despompes
surle mur. D’autres prennent un
élastique. «Est-ceque j’ai des
morceauxdechocolatentre les
dents?» demande Rachel,ner-
veuse, avantd’entrer en scène.
Lesfilles font leur apparition
en rang parcatégories: lesmaîtres
(35ans et plus), lespetites,les
moyennes et lesgrandes. Elles
sont unetrentaine au total. «Vas-
ymabeauté, t’es capable!» crie le
conjoint de Rachel,Reynald.Les
spectateurssont nombreux.Les
femmes arquentledos,bombent
le torse, sortentles fesses.Elles
tiennent la pose avantdefaire un
quartdetour, puis un autre. Les
jugesveulent toutvoir, au centi-
mètreprès.
Certainespeinent àtenir sur
leurspetites chaussures. «Je
tremblaisdepartout.Jesuais à
grosses gouttessousles spots»,
raconteStéphanie,après coup.
«Maudittapis,j’aifailli tom-
ber!» s’exclameRachel. «Je
n’étaispluscapable de
sourire, j’avaismal àla
bouche », ditIsabelle. «Ça
passetrop vite !» lance à son
tour Carole,dans un regain
d’énergie.
Deretouraprès lapause
Le pire estpassé.Enaprès-
midi, lesathlètesdevront tour
àtour présenterun défiléde 30
secondes, mais lesjuges ont déjà
statué.«J’airéussi àmontersur
scène, je me trouvebelle.C’est
déjà unevictoire, ditRachel,
assistante dentaire.Jevoulais
prouver àmon chum quej’étais
capabledetenir le coup.Çaa
étélepremier àdouter, mais le
premieràm’encourager. Dans
lesmomentsdifficiles, j’ai appris
beaucoupsur moi-même et sur
monentourage.Mon conjoint a
dû beaucoups’occuper de nos
enfantsde4et6ans.J’aihâte
de lesretrouver,defaire du
bricolage.»
Il estmidi. Lesparticipantes
mangent un peu et relaxent.«On
ne doit pasrester debout,ça fait
de l’eaudansles jambes, souli-
gneStéphanie.Onmange des
patatesou du riz,tout estcalculé
au gramme près.Lepire, c’est
l’attente.»Aufonddelaloge,
Carole estétenduesurun sacde
couchage.«J’aihâte de me laver
le visage », ditClaudine. «J’ai
hâte de manger unepoutine»,
ajoute uneautre.
Un pot de glaçage à gâteau dans
unemainetune cuillèredans
l’autre, ellesattendent le feuvert
de Francine.Il viendra à 13h15.
«Prenezcinqcuilleréeset
pompez!» lance-t-elle. Aprèsune
brèveséancedemusculation en
arrière-scène, lesfilles font leur
numéro avec brio.
L’équipe de Francine Savard
remportesixtrophées.Christine
n’apas étéretenue.Rachelnon
plus.Malgré tout, elle ne part pas
bredouille.
«Mon chum vientdeme
demander en mariage»,confie-t-
elle,émue.
Ta lons hauts,chocolatetmusclestaillésaucouteau
TALONS
suitedelapage 1
«Legrosdutravail aétéfaitdans le gym.
Aujourd’hui,on se metbelleseton pose. »
SOPHIE ALLARD
En bodyfitness,aussi appelé
«figure», on juge lesparticipan-
tesselonleur silhouette. On veut
unepetitetaille, deshanches
étroites,des épauleslarges, une
bellesymétrie. Lesmuscles doi-
vent être ronds, striés mais pas
hypertrophiés,les veines peu
apparentes et la peau tendue.«La
celluliteetlapeaupendantene
sont paspermises»,écrit Marc
Sauvestre, entraîneur et directeur
régional de la FCPAQsurle site
officiel.
En fitness,onajouteàl’esthé-
tismeune dimensionsportive
avec uneroutine aérobique
ou gymnique d’au plus deux
minutes. À40ans,Nathalie
Tabouillet,deQuébec,est vice-
championne mondiale.Ancienne
gymnaste,elle fait du fitnesset du
body fitness.
«Cenesont pasdes concours
de pitounes !» lance-t-elle. «On
m’ademandé si je faisaisun
concours de Miss Hawaiian
Tropic.J’étais insultée », dit
StéphanieVarin.
Devant cesnombreuses poi-
trinessiliconées,ces petits
maillotsetces talons vertigi-
neux,les préjugés sont cepen-
dant nombreux.«C’estun
sportexigeant, insisteNathalie
Tabouillet,qui fait du fitness
depuis 12 ans. Ça prenddu
tempsavant de gravir leséche-
lons.Ilfautune génétiquefavo-
rable,maisune discipline de
fer. »Enpériode de préparation,
elle peuts’entraîner jusqu’à 15
fois parsemaine :enmuscula-
tion,encardioetenpréparation
de routine. Elle estenconva-
lescence–elles’est déchiréun
muscleventral –,mais souhaite
être du prochain championnat
du monde. «Jecontinueraitant
quelecorps suivra,jeveuxun
titremondial.»
Si le body fitnessala cote,il en
estautrement pour le culturisme
féminin. «Dansl’Ouestcanadien,
on assiste à uneexplosionde fem-
mesculturistes, mais au Québec,
ellespréfèrent le «figure»,c’est
plus sexy.Ça peut être uneporte
d’entrée pour la photomaga-
zine », indiqueBenoit Brodeur,
président de la FCPAQ.
À38ans,NathalieHould
estchampionnecanadienne
de culturisme.«Le fitnessn’est
pasassez hard core àmongoût.
Je pousse la machinesans
limite,j’aimevoirles veines.»
Surnommée«la madame mus-
clée d’Amos», cettemère de deux
enfantsse sent féminine. «Chez
lespros,lesfilles ont poussé trop
loin,c’estle free forall, admet-
elle.Mon chum m’appuie,mes
enfantsm’admirent ; j’ai de bons
commentaires au gym. Près de
90%desgens quiessaient aban-
donnent. C’estunmodedevie
exigeant.» Jusqu’àapporterson
lunch dans un barbecue!
Lebody
fitness,
unsport?
PHOTOSBERNARD BRAULT,LA PRESSE ©
Devantlestrois juges,assisdans ladeuxième rangée,lesfillesdoiventsourire ettenir lapose sans broncher. «C’estépuisant,je tremblais departout »,confie
Stéphanie, à l’extrême droite. Àsagauche,Rachel... quiafaillitrébuchersurses hautstalons.
Caroleprendlapose dans laloge.«J’aiadoré l’expérience,
mais ça passe tellementvite!»ditlafemme de53ans.
Dans laloge,FrancineSavardétenddufonddeteintbrunsurle corpsdeKim,sousle regard
attentif deChristine. «Chaquedétail compte»,ditl’entraîneuse passionnée.
Kim etStéphanieprennentlapose avecleurpotdeglaçage auchocolat.Ellesen mangerontcinq
cuillerées avantdepomper leurs muscles etd’entreren scène pourlafinale.
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LA PRESSEMONTRÉALVENDREDI23 NOVEMBRE 2007 ACTUEL 3