Cours de PHILOSOPHIE Support écrit (SE) - Université Saint

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Joachim LACROSSE
Cours de PHILOSOPHIE
Support écrit (SE)
(notes provisoires, octobre 2013)
Avertissement
La matière du cours de philosophie est celle abordée au cours et reprise dans la table des
matières (TDM), laquelle se réfère au support écrit (SE) chaque fois que c'est possible. Le
présent fascicule (SE) doit être considéré comme un complément à ce cours et à cette
matière. Dans les pages qui suivent, on trouvera des développements beaucoup plus détaillés
que ceux du cours sur certains sujets, et d'autres notes plus synthétiques. Par exemple, la
partie sur les philosophes grecs contient nombre d'informations qui ne seront pas abordées
au cours, tandis que les notes sur les philosophes modernes sont plus ramassées (et
provisoires) que les autres chapitres. Le présent fascicule n’est donc pas un « syllabus » au
sens strict, mais plutôt un support provisoire destiné à vérifier ou compléter vos notes
manuscrites. Il s’agit avant tout d’un outil de référence, non d’un référent à étudier par
cœur. Bref, ce fascicule n’a pas vocation à remplacer à lui seul les notes manuscrites prises
lors des séances orales.
Aucune connaissance préalable, si ce n’est une compréhension correcte de la langue
française orale et écrite, n’est nécessaire pour suivre ce cours de philosophie. Toutefois, la
philosophie n’étant pas une matière obligatoire dans l’enseignement secondaire en Belgique,
certains risquent d’être quelque peu « perdus » face à une démarche qui, par nature, est
difficile, abstraite et mouvante. D'autant que ce cours met l'accent sur certaines philosophies
exotiques et peu familières, Inde et Chine en tête. Cette situation sera vite retournée à votre
avantage si elle suscite un effort de votre part. Afin de préparer au mieux votre examen, je
vous conseille donc :
a) de venir au cours le plus souvent possible ;
b) d’y prendre des notes manuscrites pour suivre le mouvement des idées, noter les
concepts développés, garder une trace des discussions, etc. (inutile de recopier les
"transparents" projetés au cours, les informations qui s'y trouvent étant reprises dans la table
des matières) ;
c) de lire le support écrit (avant et après le cours), ainsi que d’autres sources comme
des ouvrages ou des articles philosophiques, dictionnaires, etc. ;
d) de réaliser vous-mêmes vos synthèses et résumés, afin de mieux maîtriser et vous
approprier la matière.
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L'objectif de ce cours n’est pas de vous faire apprendre « par cœur » toute l'histoire de la
pensée, ni de vous assommer avec un ensemble de termes techniques, mais bien de vous
familiariser avec la pratique d'un langage abstrait et conceptuel et de stimuler votre goût
pour la réflexion et le questionnement philosophiques. En d’autres termes, lors de votre
étude, il s’agira surtout, chaque fois, de comprendre le mouvement de la question, les
arguments en présence, etc., bref de comprendre le cours dans les grandes lignes, à votre
manière, pas de le connaître par cœur et dans les moindres détails.
La première partie de l’examen portera sur la matière du cours (QCM +1-1, par exemple
questionnaire "vrai ou faux"), tandis que la seconde partie consistera en une question
ouverte (commentaire de textes, réflexions sur un thème vu au cours, comparaison entre
plusieurs philosophies...). Deux tuyaux :
a) Etudier sans comprendre, notamment un résumé fait par quelqu'un d'autre, risque
de vous faire commettre des erreurs dans la première partie (QCM).
b) Les critères d’évaluation pour la deuxième partie (question ouverte) sont
l’originalité de vos réponses et la clarté de vos arguments ou analyses. Evitez donc les
réponses « toutes faites », ou de restitution, ou encore confuses, ou bavardes…
— Si vous avez la moindre question relative à la matière ou au déroulement de l’examen,
n’hésitez pas à me contacter par mail ([email protected]). Evitez toutefois de le
faire en dernière minute, vous risqueriez de ne pas recevoir de réponse… Bon travail !
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Avant-Propos
Le protagoniste (« personnage principal ») de ce cours est le concept de Logos. Ce terme, qui
a façonné le destin de la philosophie européenne, signifie de multiples choses : « langage »,
« parole », « récit », « discours », « énoncé », « argument », « définition », « rapport »,
« proportion », « calcul », « raison humaine », « raison d'être » d’une chose, « raison
universelle », « Verbe divin », etc.
Autant de « figures du Logos », s’élabore chaque fois une « mise en rapport » (déjà une
des traductions possibles de « logos ») de la pensée (raison), du langage (parole, récit,
discours, définition, etc.) et de la réalité (raison d’être et organisation des choses), mise en
rapport qui se présente tour à tour comme mythique, physique, ontologique, psychologique,
rhétorique, dialectique, logique, anthropologique ou encore cosmologique. En faisant la
promotion— et en combinant plusieurs de ces différents « logoi », les Thalès, Pythagore,
Héraclite, Parménide, Anaxagore, Démocrite, Gorgias, Protagoras, Socrate, Platon, Aristote,
Pyrrhon, Diogène, Epicure, Epictète et autres Plotin ont, chacun à sa façon, balisé le champ
du connu et de l’inconnu, du pensable et de l’inintelligible, de l’énonçable et de l’indicible.
La suite de l’histoire de la pensée européenne et occidentale peut être lue comme le
développement multiple de ces figures du Logos, jusqu'à l’avènement progressif d’une figure
mondialisée et standardisée de la « rationalité », qui en constitue l’un des principaux
héritages. D’abord, le logos grec se transmet chez les Latins et les Médiévaux (y compris les
Arabes), avec, entre autres, les traductions par verbum et ratio ; ensuite, chez les Modernes,
avec la promotion d’une rationalité physico-mathématique qui se décline sous les formes
antagonistes du rationalisme (Descartes, Spinoza, Leibniz) et de l’empirisme (Hobbes, Locke,
Berkeley, Hume), puis de la philosophie critique (Kant et sa Raison tantôt « pure », tantôt
« pratique ») et de la philosophie de l’Histoire (Hegel et ses « ruses de la Raison ») ; enfin,
chez les Contemporains, qui oscillent entre une tentation de déconstruction du Logos
(Nietzsche, Heidegger) ou de déplacement de son champ d’activités (logos comme « sens »
qui se dérobe dans la phénoménologie et l’herméneutique, ou comme « Langage-monde » et
« langue-forme de vie » dans la philosophie analytique).
L’étude de cette grande tradition européenne, celle des « héritiers du logos », doit être, enfin,
-« orientée », complétée par celle de traditions qui, tout en « pratiquant » quelque chose de
l’ordre du logos, ont mis en valeur d’autres modes de rationalité, d’autres plis et d’autres
ressources de la pensée (Inde, Chine), comme une sorte de « dehors » du Logos 1 qui
permettrait, par un jeu de reflets, de mieux comprendre ce dont il est le dehors. Car l’Inde et
la Chine, ces deux autres « berceaux » importants mais souvent ignorés et d’ailleurs très
différents entre eux — de la pensée philosophique, , nous tendent un miroir pour comprendre
qui nous sommes nous autres, « héritiers » du logos grec et comment nous raisonnons,
parlons, représentons le réel… Ce qui est peut-être bien le point le plus important.
11 Les termes issus de langues utilisant un alphabet ou une écriture spécifiques (grec, arabe, sanskrit, chinois,
etc.) seront chaque fois translittérés en alphabet latin, pour la commodité des étudiants.
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Bibliographie sélective
La lecture des textes originaux des philosophes étudiés ou mentionnés dans ce cours en
constitue évidemment le prolongement le plus naturel. La plupart des œuvres philosophiques
importantes des Fragments des Présocratiques aux Investigations philosophiques de
Wittgenstein en passant, par exemple, par la République de Platon les Méditations
métaphysiques de Descartes, les trois Critiques kantiennes, ou encore par les Entretiens
confucianistes, le Laozi, la Baghavad Gîtâ ou le Traité du Milieu de Nagarjuna ont été
publiées en traduction française dans diverses éditions de poche (GF, Folio-Essais, Livre de
Poche, Points, etc.), dont la lecture, avant ou après l’examen, permettra à chacun de
poursuivre son cheminement intellectuel en fonction de ses affinités et de ses centres d’intérêt.
Par ailleurs, il existe un grand nombre de dictionnaires, d’introductions, d’histoires de la
philosophie, d'essais sur la philosophie, et autres ouvrages de vulgarisation ou de synthèse
sur les philosophies occidentales (y compris arabe), dont voici une brève sélection.
AUROUX, Sylvain (1990), dir., Les notions philosophiques (Encyclopédie philosophique
universelle, II), 2 volumes, PUF. [avec une rare ouverture vers les philosophies orientales et
les cultures traditionnelles]
BREHIER, Emile (1931-1964-1981), Histoire de la philosophie, 3 volumes, PUF.
CASSIN, Barbara (2004), dir., Vocabulaire européen de la philosophie. Dictionnaire des
intraduisibles, Seuil.
CORBIN, Henri (1964), Histoire de la philosophie islamique, des origines jusqu’à la
mort d’Averroës (1198), Gallimard.
COULOUBARITSIS, Lambros (1992), Aux origines de la philosophie européenne, De
Boeck.
COULOUBARITSIS, Lambros (1998), Histoire de la philosophie ancienne et médiévale.
Figures illustres, Grasset.
DELCOMMINETTE, Sylvain (2007), Grands courants de la philosophie. Antiquité et
Moyen Âge, syllabus ULB, Presses Universitaires de Bruxelles.
DELEUZE, Gilles et GUATTARI, Felix (1991), Qu’est-ce que la philosophie ?, Editions
de Minuit.
GAARDER, Jostein (1995), Le monde de Sophie. Roman sur l’histoire de la philosophie,
trad. fr., Seuil.
HADOT, Pierre (1995), Qu’est-ce que la philosophie antique ?, Gallimard, Folio/Essais.
HUISMAN, Denis, et VERGEZ, André (1996 rééd.), Histoire des philosophes illustrée
par les textes, Nathan.
JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, trad. fr. (2001), 10/18.
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JOLIVET, Jean (1995), Philosophie médiévale arabe et latine, Vrin.
de LIBERA, Alain (1993), La philosophie médiévale, PUF.
50 Fiches-Philo parues (en 2007-2008) dans le quotidien La Libre Belgique
PARAIN, Brice et BELAVAL, Yvon (1969, 1973, 1974), dir., Histoire de la philosophie,
3 volumes, Gallimard, Encyclopédie de La Pléiade (rééd. Folio/Essais, 1999).
TOZZI, Michel (2002), Penser par soi-même, Chronique sociale.
— Au sujet de l'Inde et de la Chine, on consultera notamment :
AUROUX, Sylvain (1990), dir., Les notions philosophiques, volume 2 (voir ci-dessus).
BIARDEAU, Madeleine (1995), L’hindouisme. Anthropologie d’une civilisation,
Flammarion.
BILLETER, Jean-François (2002), Leçons sur Tchouang-Tseu, Allia.
CHENET, François (1998), La philosophie indienne, Armand Colin.
CHENG, Anne (1997), Histoire de la pensée chinoise, Seuil.
JULLIEN, François (2000), Le Nu impossible, Seuil (2005 pour l’édition de poche).
LACROSSE, Joachim (2005), dir., Philosophie comparée. Grèce, Inde, Chine (Annales
de l'Institut de Philosophie de l'ULB), Vrin.
LAVIS, Alexis (2010), L’espace de la pensée chinoise. Confucianisme, taoïsme,
bouddhisme, Oxus.
ZIMMER, Heinrich (1953), Les philosophies de l'Inde, trad. fr. (1978), Payot.
— Sur le Logos grec et son héritage médiéval/moderne :
ADORNO, Theodor W., et HORKHEIMER, Max (1944-1967), La dialectique de la
raison, trad. fr. (1974), Gallimard.
COULOUBARITSIS, Lambros (1984), « Transfigurations du Logos », dans Annales de
l’Institut de philosophie de l’ULB, Vrin, p. 9-44.
JULLIEN, François (2006), Si parler va sans dire. Du logos et autres ressources, Seuil.
PANOWSKI, Erwin (1924), Idea. Contribution à l’histoire du concept de l’antique
théorie de l’art, traduction française (1983), Gallimard.
STENGERS, Isabelle (1993), L’invention des sciences modernes, La Découverte.
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