La panachure verte du poivron en Afrique de l`ouest

publicité
Maladies virales des plantes cultivées au Sahel
La panachure verte du poivron en Afrique de l'ouest
Barro N.1, Traoré E.V.S.2, Traoré O.2, Konaté G.1
1
UFR/SVT, Université de Ouagadougou, 03 BP 7021 Ouagadougou 03
2
INERA 01 BP 476 Ouagadougou 01, Burkina Faso
Introduction
Le poivron ou piment doux (nom scientifique :
Capsicum annum) et les autres piments (Capsicum
frutescens) sont des plantes à épices originaires
d'Amérique du Sud. Elles sont largement répandues
dans le monde et sont des sources importantes de
revenus notamment en agriculture péri-urbaine. La
production de poivron a atteint 1.072.000 tonnes de
fruits en 2005 pour l'Afrique de l'ouest (FAO, en
ligne www.fao.org).
Le poivron et les piments sont en général riches
en carotène (précurseur de la vitamine A) et en
vitamine C. Ils contiennent aussi les vitamines PP,
B1 et B2 ainsi que des éléments minéraux tels que le
calcium et fer. Souvent, les piments contiennent
aussi une substance appelée capsaïcine qui leur
donne un goût piquant.
Comme la plupart des cultures tropicales, le
poivron et les piments sont affectés par de
nombreuses maladies virales. Parmi elles, la
panachure verte du poivron est l'une des plus
importantes, particulièrement en Afrique de l'ouest.
Cette maladie a été signalée pour la première fois
au Ghana (Brunt et Kenten, 1971). Elle peut affecter
50 à 100% des plants dans les champs.
L'objectif de ce travail est de présenter les
résultats saillants acquis sur l'épidémiologie de la
panachure verte du poivron et de dégager des pistes
de recherche pour la lutte contre la maladie.
Le virus responsable de panachure verte du poivron
La panachure verte du poivron est causée par le
Pepper veinal mottle virus
(PVMV) ou virus de la
panachure
verte
du
poivron. Le PVMV est un
virus filamenteux de 770
nm de long et 13 nm de
large. Il appartient au
genre Potyvirus et à la
Micrographie électronique
famille des Potyvirideae.
des particules de PVMV.
Les symptômes de la panachure verte du poivron
Un plant de piment ou de poivron infecté par le
PVMV se reconnaît par une mosaïque verte sur les
feuilles. Par endroits, les feuilles présentent des
taches vert-foncé surtout le long des nervures. Dans
certains cas il y a déformation des feuilles avec
présence de cloques. En général, les plants malades
sont rabougris.
A
B
C
Symptômes causés par le PVMV. A: mosaïque sur feuille de
poivron; B: plant malade de piment "Jaune du Burkina"; C:
plant sain
En plus des piments et du poivron, le PVMV
peut infecter les cultures de tomate et d'aubergine.
Peu d'informations sont disponibles sur l'effet du
virus sur les pertes de récolte; des pertes pouvant
atteindre 56% chez l'aubergine et 35% chez le
poivron ont été rapportées (Ilboudou, 1996).
Répartition de la panachure verte du poivron en
Afrique de l'ouest
En plus du Ghana, la panachure verte du
poivron a été rapportée dans plusieurs autres pays
d'Afrique de l'ouest comme indiqué sur la carte cidessous (Fauquet et Thouvenel, 1987, Konaté et
Traoré, 1999). La maladie n'a pas encore été signalée
dans quelques pays (Guinée-Bissau, Guinée,
Mauritanie, Niger, Sierra-Leone). Des prospections sont nécessaires pour élucider le statut de la
maladie dans ces pays.
(Source : Fauquet et Thouvenel, 1987)
Contacts: Nicolas Barro, Tel : +226 50 33 73 73; [email protected]
Oumar Traoré, Tel : +226 50 31 92 02/08; [email protected]
Page 1
Mali
Sénégal
Burkina
Bénin
Côte
d'Ivoire
Nigéria
Ghana
Libéria
Togo
Distribution géographique du PVMV en Afrique de l'ouest
Modes de transmission du PVMV
Le PVMV est transmissible par inoculation
mécanique. Au champ, il est transmis par plusieurs
espèces de pucerons dont Aphis craccivora, A.
gossypii , Myzus persicae etToxoptera citricidus.
Voies de lutte contre le PVMV
La lutte génétique contre les virus de plantes
est généralement la méthode de choix si des sources
de résistances appropriées sont disponibles. Dans le
cas du PVMV, très peu de sources de résistance à
l'instar de la lignée de piment haploïde double
HD801 (Barro, 1994) ont été identifiées. Beaucoup
d'efforts restent alors à faire pour la recherche de
sources de résistance au virus dans la biodiversité
disponible.
Parallèlement, des mesures prophylactiques de
lutte peuvent permettre de réduire l'incidence du
virus dans les champs. Il s'agit d'une part du
contrôle des insectes par traitements insecticides
appropriés et d'autre part de l'éradication des
plantes servant de refuges au PVMV. Les vieux
plants infectés des cultures précédentes doivent
alors être éliminés. Des travaux doivent être menés
pour identifier les plantes hôtes pouvant aussi
abriter le virus.
Références bibliographiques
A
B
C
D
Quelques pucerons vecteurs du PVMV: Myzus persicae (A),Toxoptera
citricidus (B); Aprhis craccivora (C) et Aphis gossypii (B).
(source: Anonyme, 2001)
Diagnostic du PVMV
Le test immunoenzymatique ELISA (Enzymelinked immunosorbent assay) est une technique
sérologique largement utilisée pour la détection du
PVMV. Ce test utilisait des anticorps polyclonaux
mais qui présentaient quelques limites de spécificité
du fait que le PVMV a des relations sérologiques
avec huit autres virus. Il fallait alors associer les
tests biologiques utilisant des lignées de piments à
réaction différentielle. Ces limites ont été
surmontées avec l'utilisation d'anticorps monoclonaux spécifiques au PVMV permettant en plus une
meilleure détection du virus.
Anonyme (2001). Crop protection compendium. 2001
edition, CABI International , Wallingford, UK.
Barro N (1994). Caractérisation sérologique, biologique
et aspects écologiques de quelques virus infectant les
plantes maraîchères au Burkina Faso. Thèse de
doctorat, Université de Ouagadougou, Burkina Faso.
Brunt AA, Kenten RH (1971). Pepper veinal mottle
virus, a new member of the potato virus Y group from
peppers (Capsicum annum L. and C. frutescens L.) in
Ghana. Annals of Applied Biology 69: 235-243.
Fauquet C, Thouvenel JC (1987). Maladies virales des
plantes en Côte d'Ivoire. Editions de l'Orstom,
collection Initiations-Documentations Techniques
n°46, Paris, France, 243 p.
Ilboudou JMS (1996). Evaluation de l'importance
économique du virus de la panachure du poivron au
Burkina. Rapport de stage de Techniciens Supérieurs,
CAP Matourkou, Burkina Faso.
Konaté G, Traoré O (1999). Caractérisation et
distribution du virus de la panachure du poivron en
Afrique de l'ouest. Cahiers Agricultures 8: 132-134.
Page 2
Téléchargement