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L'Aliénation
comme
concept
dans
les sciences sociales
(Résumé)
Le concept d'aliénation, tel qu'on l'utilise de nos jours en Sociologie, repose
sur
deux
courants
traditionnels de pensée
dans
les Sciences Sociales: celui
fondé par Karl Marx, avec sa notion de {'aliénation (Entfremdung) et celui
qui
s'appuie
sur
la conception de Yanomiechez Emile Durkheim.
Le terme d'Entfremdung (dont les équivalents anglo-saxon et français
sont aujourd'hui les termes d'aliénation et d'aliénation) ne peut être saisi en
dehors du complexe de l'ensemble de l'oeuvre de
Marx.
Le sociologue de
notreépoque, formé à l'école empirique analytique, lorsqu'il se penche
sur
la
notion marxiste de l'aliénation, peut distinguer au moins trois dimensions de
l'aliénation chez Marx: une dimension historique philosophique, une dimen
sion
théorique
et une dimension
empirique
historique. L'étendue matérielle
et méthodologique de la notion d'aliénation qui en découle, a été préservée
par
les successeurs de Marx. Bien plus, trois tendances, à
l'intérieur
même
du
concept
de l'aliénation, semblent
déterminantes
dans
le
Marxisme
con
temporain,
àl'Ouest aussi bien
qu'à
l'Est:
—l'utilisation du terme d'aliénation
pour
une interprétation globale de la
situation
de l'homme, àl'époque industrielle et post-industrielle,
dans
une
perspective philosophique et psychologique (par exemple: Erich Fromm,
Herbert
Marcuse);
— l'utilisation du terme d'aliénation, en tant que catégorie abstraite (sou
vent à des fins de propagande), dont on se sert dans la lutte idéologique du
Socialisme-Communisme contre le Capitalisme (en particulier dans le
Marxisme dogmatique);
—l'utilisation du terme d'aliénation, en
tant
qu'instrument d'une critique
moraliste et humaniste contre certains phénomènes se
présentant
de
manière surtout empirique, dans les systèmes sociaux actuels, àl'Ouest
et à l'Est (critiquede la bureaucratie,du culte rendu à la personneetc.).
Cette
dernière
tendance
dans
l'utilisation
du
ternie
d'aliénation
dans
le
L'Aliénation
comme
concept
dans
lessciencessociales
(Résumé)
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Marxisme, contient des points de contact avec la conception empirique
analytique de l'aliénation, vers laquelle tendent de nombreux sociologues
non-marxistes
occidentaux.
Ledeuxièmegrand courant de pensée sur lequel repose la notion d'aliéna
tion dans la Sociologie contemporaine, s'appuie sur les réflexions d'Emile
Durkheim
sur
l'anomie. Il n'existe
aucune
définition,
aucune
théorie expli
cite de l'anomie provenant de Durkheim lui-même. Cependant, c'est en
s'appuyant surses
pensées,
queRobertK.
Merton,
entre autres,a
développé
une théorie de l'anomie qui est essentielle pour le concept de l'aliénation,
aussibien pource qui est du contenu que de la méthode:en ce qui concerne
le contenu, beaucoup de points de contact entre les deux concepts sont mis
clairement en évidence; pour ce qui est de la méthode, la recherche sur
l'anomieaatteint, grâceà Merton,un
niveau
qui
devance
mêmedeloincelui
de la recherche sur l'aliénation. Il ne fait cependant aucun doute que la
recherche empiriquesur l'aliénationa beaucoupprogressé grâceaux recher
ches
sur
l'anomie.
Jusqu'à présent, les chercheurs n'ont pas encore abouti à une
analyse
satisfaisante de l'ensemble du sujet et de la méthode contenus dans le con
cept de l'aliénation, dont l'ampleur est due à la tradition de l'histoire des
idées. D'un côté, il existe dans la Sociologie américaine des travaux qui ne
prennent absolument pas connaissance de la tradition marxiste et ont pour
objet principal l'étude empirique d'attitudes, de comportements et de situa
tions, que les auteurs définissent tout simplement
d'alienated
ou
d'aliéna
tion.
D'un
autre
côté, on
établit
bien
une
relation
entre
la
tradition
marxiste
et la notion empirique d'aliénation (en particulier dans les recherches sur
work aliénation), mais cette démarche ne relève pas d'une réflexion métho
dologique. Finalement, l'étude théorique, par exemple l'influent essai de
systématisation de l'étudede l'aliénation de
Melvin
Seeman,
reste insatis
faisante, sous lejour du niveau actuel de la discussion sociologique.
La théorie des Sciences Sociales ne dispose encore d'aucun concept qui
puissefaire autorité en ce qui concerne l'aliénation. Même sil'on a réussi à
libérer
progressivement
le
concept
d'aliénation, et cela en
grande
partie
grâce aux travaux de
Seeman,
des
éléments
marxistes qui gênent la con
struction d'un concept empirique analytique, aucune hypothèse pouvant
faire autorité n'a été formulée jusqu'à présent, qui puissedonner naissance à
une théorie de l'aliénation. Le terme d'aliénation est encore
trop
général, et
cela
sur
plusieurs plans:
— il est utilisé pour des études ayant trait à tous les domaines de la vie
sociale.
— il sert à décrire et à expliquer des impressions subjectives aussi bien que
des
états
de fait objectifs —parfois sans même faire de distinction analy
tique
entre
les uns et les autres.