30 - DENTOSCOPE N° 105 - 22/11/2012
En outre, les fractures, bords abîmés et
défauts d’étanchéité causés par la rétrac-
tion à la polymérisation limitaient à
l’époque la durée de vie des obturations.
Les développements apportés dans le
secteur des matériaux composites et des
systèmes adhésifs, surtout au cours de
ces dernières années, ont permis de
réduire sensiblement ces insuffisances.
Toutefois, les effets négatifs de la rétrac-
tion à la polymérisation – mauvaise étan-
chéité des bords, adhérence insuffisante
aux parois cavitaires, déflexion des cus-
pides… – représentent aujourd’hui
encore le problème principal des maté-
riaux à base de composite.
À l’heure actuelle, les composites hybrides
ainsi que ceux issus de la nanotechnologie
sont à privilégier lorsqu’une technique
directe est prévue pour la restauration per-
manente d’importantes lésions de caries
primaires ou le remplacement d’obtura-
tions insuffisantes préexistantes dans la
zone latérale. Cela suppose une mise en
œuvre correcte de la technique de matrice
et une mise à sec adéquate des cavités.
Les matériaux composites sont mis en
œuvre selon une technique de stratifica-
tion consistant en l’apport, couche par
couche, d’incréments d’une épaisseur
habituelle de 2 mm maximum. Chaque
incrément est polymérisé séparément,
avec des temps d’exposition compris
entre 10 et 40 secondes selon l’intensité
lumineuse de la lampe, la teinte et / ou le
degré de translucidité de la pâte compo-
site. Ce procédé peut prendre beaucoup de
temps, surtout en cas de cavités impor-
tantes dans la zone latérale, et requérir des
honoraires qui sont en mesure de couvrir
les coûts du cabinet dentaire. Toutefois, de
nombreux praticiens souhaitent disposer
d’une alternative à la technique multi-
couches complexe et chronophage afin de
pouvoir mettre en œuvre les matériaux
composites de manière plus rapide, et
donc, plus économique. De nouveaux pro-
duits intéressants répondant à ces exi-
gences existent depuis peu sur le marché.
UNE MISE EN ŒUVRE ÉCONOMIQUE
Au cours de ces dernières années, l’in-
dustrie dentaire a lancé sur le marché
toute une série de systèmes composites
hautement esthétiques. À condition d’être
mis en œuvre correctement, ces systèmes
permettent de réaliser des restaurations
directes qui ne se distinguent pratique-
ment plus de la substance dentaire dure et
peuvent rivaliser avec l’esthétique des
inlays en céramique.
Ces systèmes de restauration contiennent
des masses composites disponibles dans
un nombre suffisant de teintes et dans dif-
férentes opacités et translucidités (Filtek
Supreme XTE de 3M Espe, Ceram-X Duo
de Dentsply, Enamel HFO de Micerium,
Esthet-X de Dentsply, Venus de Heraeus-
Kulzer, Premise de Kerr, IPS Empress
Direct de Vivadent…). Certains de ces
systèmes comprennent plus de 30
masses composites dans des teintes et
translucidités différentes. Il est donc
indispensable de faire l’expérience du
maniement de ces matériaux, dont la mise
en œuvre, par le biais d’une technique de
stratification nécessitant l’emploi de diffé-
rentes opacités et / ou translucidités.
Outre les possibilités offertes par ces
matériaux dans la technique polychroma-
tique multicouches, il existe chez les chi-
rurgiens-dentistes – lesquels sont parfois
exposés à des pressions économiques
considérables – une forte demande de
matériaux composites pouvant être mis
en œuvre de manière la plus simple et la
plus rapide qui soit, et donc plus écono-
miques, dans la zone latérale.
L’amalgame, longtemps utilisé avec suc-
cès comme solution d’obturation clinique,
est aujourd’hui de moins en moins choisi
par les patients. Ces derniers sont de plus
en plus nombreux à exiger des solutions
non métalliques pour la restauration de
défauts dans la zone latérale. La plupart
des cabinets dentaires ne proposent plus
de restaurations à base d’amalgame, étant
donné qu’un très grand nombre de
patients évitent aujourd’hui ce type de res-
tauration en raison de ses éventuels effets
secondaires, mais aussi de son manque
d’esthétique. Par ailleurs, le fait que de
plus en plus d’inlays en or soient égale-
ment refusés s’explique par une prise de
conscience accrue de la part des patients
de leur santé dentaire et par une demande
de plus en plus forte de restaurations
reproduisant la teinte dentaire naturelle.
Mieux stabiliser les
substances dentaires
Pour le traitement des lésions ne nécessi-
tant pas encore de recouvrement par cou-
ronne complet dans la zone latérale sou-
mise aux contraintes de la mastication, les
praticiens disposent d’obturations compo-
sites synthétiques, une alternative clinique
éprouvée depuis de nombreuses années,
ainsi que d’inlays ou d’onlays composites
indirects et d’inlays en céramique. Les in-
dications des matériaux composites directs
dans la zone latérale se sont nettement élar-
gies, surtout au cours de ces dernières an-
nées. Si, autrefois, le traitement avec des
matériaux composites directs concernait
avant tout les cavités de petite et moyenne
taille, si possible limitées à l’émail, l’amé-
lioration constante des matériaux compo-
sites et des systèmes adhésifs, associée
aux expériences positives rapportées lors
de nombreuses études cliniques, ont per-
mis d’élargir sensiblement ces limites d’in-
dications. Aujourd’hui, les défauts de classe
I et II sont traités avec succès au moyen de
restaurations composites directes, sans li-
mite de taille explicite, voire avec le rem-
placement de certaines cuspides, et sans la
nécessité d’une limitation circulaire à
l’émail. Toutefois, surtout en cas de défauts
très étendus, il convient toujours de vérifier
au cas par cas si une restauration indirecte
(inlay en céramique ou en or) n’est pas pré-
férable, étant donné qu’elle permet de
mieux stabiliser les substances dentaires
dures résiduelles très affaiblies, et de pallier
l’accès difficile aux zones de traitement ou
les éventuels problèmes liés à la reconsti-
tution du contact proximal. Si une mise à
sec efficace n’est plus possible et, par
conséquent, si les cavités risquent d’être
contaminées par le sang, la salive ou le
fluide du sillon gingivo-dentaire, il convient
de renoncer à la restauration adhésive.
L’obturation composite s’avère très effi-
cace dans le traitement des molaires et
prémolaires. Néanmoins, il convient d’ob-
server certaines règles fondamentales de
la technique adhésive. Ces règles com-
prennent notamment le respect à la lettre
du protocole d’adhésion, l’application
d’une technique par incréments tenant
compte de la profondeur de durcissement
des différentes couches du composite uti-
lisé, une photopolymérisation suffisante,
ainsi qu’un dégrossissage et un polissage
soignés. En général, les restaurations
adhésives présentent une sensibilité rela-
tivement élevée à la technique de mise en
œuvre. Le même matériau présente sou-
vent des performances sensiblement dif-
férentes selon l’utilisateur.
Le chirurgien-dentiste doit investir beau-
coup de temps dans l’application rigou-
reuse des règles de la technique adhé-
sive. Cette dépense de temps doit se
refléter dans des prix calculés de manière
rentable et proportionnelle au temps in-
vesti. Or, de nombreux patients assurés
àtitre obligatoire ne sont pas en mesure de
payer les suppléments adaptés en sus de
la prestation de la caisse d’assurance-ma-
ladie. Pour ce groupe d’assurés, le prati-
cien est donc quotidiennement confronté
au dilemme suivant :
• Le patient ne veut pas d’amalgame.
• Actuellement, les ciments verre iono-
mère (et leurs dérivés) ainsi que d’au-
tres matériaux d’obturation à base de
ciment ne conviennent pas comme res-
tauration permanente en raison d’un
risque élevé de fracture et / ou d’usure
pour la zone soumise aux contraintes
de la mastication. Le montant du sup-
plément à verser pour une restauration
composite directe multicouches, ancrée
par adhésif dentinaire, dépasse le bud-
get du patient. Enfin, un recouvrement
par couronne n’est pas encore indiqué
et entraînerait également pour le patient
un coût supplémentaire considérable.
Traitements alternatifs
économiquement viables
Par ailleurs, le praticien ne saurait être
contraint d’appliquer pour un type de res-
tauration de haute qualité qui prend du
Pr Dr Jürgen MANHART