Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la première guerre mondiale
à nos jours
Chapitre 4 : Les chemins de la puissance
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C'est aussi son intérêt politique. L'air du temps le pousse à devenir un isolationniste de raison.
Au Congrès comme dans l'opinion publique, l'intervention américaine dans la Grande Guerre
est maintenant condamnée. […] Les idéaux américains ne sont pas respectés. « Les associés »
d'hier n'expriment aucune reconnaissance. Ils ne remboursent pas les dettes qu'ils ont
contractées pour poursuivre le combat. Non, décidément, il ne faut pas que les États-Unis
tombent, une fois de plus, dans le piège. […]La guerre éclate en Europe. Surprise parmi les
plus endurcis des isolationnistes. Roosevelt, lui, s'y attendait et avait autorisé que Français et
Anglais passent des commandes d'armements. D'ailleurs, il encourage ses compatriotes à
rester neutres « en actes », pas « en pensées » comme l'avait dit Wilson en 1914. Roosevelt
soutient le camp des démocraties. Il sait que les États-Unis ne pourront pas pratiquer très
longtemps la politique de l'autruche. […] Après les élections, un pas de plus est franchi. Les
États-Unis offrent aux Britanniques le prêt-bail, des armes et des munitions qu'ils prêtent
jusqu'à la fin du conflit. Voila que les États-Unis deviennent en mars 1941 « le grand arsenal
de la démocratie ». […] Il rencontre Churchill au large de Terre-Neuve et les deux hommes
élaborent la charte de l'Atlantique du 9 au 12 août 1941. […]Lorsque l'Allemagne nazie
attaque l'Union soviétique 22 juin 1941, Roosevelt accorde aux Soviétiques le bénéfice du
prêt-bail. De plus en plus, il affiche ses positions : priorité à l'Europe, soutien à la
Grande-Bretagne.
Source : A. Kaspi, Le monde selon Roosevelt, Les collections de l’histoire n° 56, p. 38-41
Document 3 : La guerre et la paix selon Roosevelt
Le 7 décembre 1941, le raid japonais sur Pearl Harbor détruit la quasi-totalité de la flotte
américaine dans le Pacifique. […]Le spectateur engagé cède la place au belligérant.
L'Amérique jette toutes ses forces dans la bataille. La guerre est mondiale. […] Après des
années de frustrations, d'hésitations, de demi-mesures, Franklin Roosevelt devient un chef de
guerre. Libre à lui maintenant d'imaginer ce que sera le monde, une fois que les démocraties
et l'Union soviétique auront remporté la victoire. […]La priorité des priorités, l'objectif
primordial, c'est de gagner la guerre. Quand la paix sera rétablie, les Américains assumeront
leurs responsabilités, celles d'une superpuissance. La France, vaincue en 1940, ne retrouvera
pas son rang. Le Japon et l'Allemagne seront reconstruits « à l'américaine ». La Chine
occupera sans doute une place plus importante que celle qu'on lui attribue. Restent deux alliés
avec lesquels il faut compter. […] La Grande-Bretagne de Winston Churchill est l'alliée
privilégiée. Sans elle, pas d'après-guerre solide. L'Europe ne peut pas reprendre vie sans que
les Britanniques y tiennent la place principale. […]Et l'Union soviétique ? Roosevelt
n'éprouve aucune sympathie pour le régime stalinien - du moins jusqu'en 1942. Il constate,
toutefois, que l'Armée rouge est indispensable pour défaire les armées hitlériennes. Il croit
surtout que Staline évoluera. […]Les Russes ne domineront pas l'Europe. Il faut leur faire
confiance. D'ailleurs, les États-Unis n'ont pas le choix. Ils doivent s'entendre avec l'URSS
pour que l'après-guerre ne devienne pas une autre avant-guerre. L'opinion américaine est
encore plus optimiste. […] Cependant, à son retour aux États-Unis [après Yalta], Roosevelt a
bien compris que l'entente avec l'URSS est très fragile. Il nourrit peu d'illusions. Staline ne
cédera rien en Europe et tâchera d'établir un glacis stratégique aux dépens de la démocratie.
L'après-guerre n'instaurera pas la paix éternelle et universelle.
Source : A. Kaspi, Le monde selon Roosevelt, Les collections de l’histoire n° 56, p. 38-41
Questions :
1. Quelles les raisons qui poussent progressivement Roosevelt à abandonner l’isolationnisme
envers l’Europe ? Quelles sont les différentes étapes de cette rupture progressive ?
2. Quel est l’événement déterminant qui fait rompre les Etats-Unis avec l’isolationnisme ?
3. Quelle est la vision du conflit et de la paix défendue par Roosevelt ? Est-il pour autant
certain d’y parvenir ?