43 LES ÉTATS-UNIS : L’EXPANSION DU XXe SIÈCLE Isolationnistes en 1900, interventionnistes en 2000, gendarme incontesté du monde aujourd’hui. Ceci résume assez bien l’histoire expansionniste et dominatrice des États-Unis au cours du XXe siècle. LA PROSPÉRITÉ DU DÉBUT DU SIÈCLE Depuis la fin de la guerre de Sécession en 1865, les États-Unis ont connu une croissance économique accélérée fondée sur l’essor de l’industrie lourde et des biens de Politique extérieure consommation; la pose de cinq lignes ferroviaires transcontinentales (conquête de À l’extérieur, c’est toujours la doctrine l’Ouest) ; l’essor du capitalisme soutenu de Monroe (1823), fondée sur le refus par des républicains qui dominent la vie de toute ingérence européenne sur le politique jusqu’en 1914; la rationalisation continent américain, qui est appliquée du travail (machinisme, standardisation et et explique le désintérêt pour les affaires européennes. Elle motive aussi spécialisation des régions agricoles); l’apl’action anticoloniale contre l’Espagne plication de tarifs protectionnistes (McKin(1898) et débouche sur la mise en ley Act, 1890) ; le choix du monométaltutelle de Cuba et une politique d’anlisme (triomphe de l’or contre l’argent) nexion dans le Pacifique (Guam et Philippour stabiliser les prix et augmenter le pines). Enfin en 1904, Roosevelt définit la politique du « big stick » (gros bâton) pouvoir d’achat (Gold Standard Act, 1900). pour protéger et conserver les intérêts Ni la classe ouvrière, constituée en synéconomiques des États-Unis dans son dicats pourtant réformistes (Knights of empire naissant. Si l’intervention dans Labor 1869, American Federation of Labor le premier conflit mondial a peu per1886) ni la loi antitrust (Sherman Act turbé l’isolationnisme américain, en revanche, celui-ci paraît avoir ses jours 1890), concédée à l’opposition, ne menacomptés. Le conflit cependant a stimulé cent les dispositions générales. Theodore l’économie et conduit au développement Roosevelt, devenu président en 1901, s’efde la flotte et des exportations. Désorforce de démocratiser la vie politique et de mais, la Bourse de New York supplante radicaliser la lutte antitrust, préparant le celle de Londres. retour des démocrates. DES ILLUSIONS À LA FAILLITE DES ANNÉES TRENTE q La « prosperity » 1919-1929 L’État renonce à ses contrôles et les facilités de crédit stimulent la reconversion de l’économie de guerre en économie de paix. La deuxième révolution industrielle, accélérée par la faiblesse de la concurrence extérieure, atteint son apogée sous la présidence républicaine de Calvin Coolidge (1923-1929). L’orage de 1921 éclate dans un ciel serein. Les républicains laissent la plus grande liberté aux affaires et renforcent le protectionnisme. Le sec104 teur tertiaire devient majoritaire en particulier au nord-est du pays, le secondaire s’enracine plus solidement autour des Grands Lacs et se déplace vers le nouveau Sud et vers l’Ouest. L’agriculture réduit les espaces cultivés et rationalise les ceintures (belts). La concentration capitaliste fait des fermiers les défavorisés de la prospérité. q Le krach La surproduction, l’argent du crédit et la spéculation, joints à la baisse des cours en Europe, conduisent au krach de Wall Street (24 octobre 1929), à son cortège de misères sociales et à la crise morale. C’est la «grande dépression» (1929-1933). En politique extérieure l’échec est patent. Trop soucieux de leurs seuls intérêts, les États-Unis se sont attirés l’hostilité de leurs débiteurs et ne seront jamais remboursés. Au plus fort de la crise, c’est le retour au pouvoir des démocrates avec F. D. Roosevelt. q Le New Deal Pour tenter de juguler la crise, F. D. Roosevelt, élu président des États-Unis en 1933, prend des mesures sociales et économiques. C’est le New Deal, la nouvelle donne, la mise en place de nouveaux programmes : Emergency Banking Act (fermeture des banques), Glass Steagall Act (limitation du crédit et protection de l’épargnant), Agricultural Adjustment Act (AAA, indemnités aux fermiers), Federal Emergency Relief Act (Aide aux chômeurs, grands travaux d’intérêt national), National Industrial Recovery Act (NIRA, codes industriels). À cela s’ajoutent la dépréciation et la dévaluation monétaire par rapport à l’or. La Cour suprême a beau déclarer anticonstitutionnelles les mesures de 1933 (AAA et NIRA), Roosevelt est réélu en 1936 (il le sera jusqu’à sa mort en 1945). Bien que l’isolationnisme soit réaffirmé en 1935 par le Neutrality Act (embargo sur les ventes d’armes), les États-Unis s’autorisent la vente d’armes aux démocraties. La Seconde Guerre mondiale libère les États-Unis de la crise pour en faire une superpuissance. Ils abandonnent alors leur neutralité et deviennent l’arsenal de la coalition alliée contre les puissances de l’Axe. LES ÉTATS-UNIS DEPUIS 1945 Dès la fin de la guerre de 1939-1945, les États-Unis jettent les bases d’une croissance économique sans pareille et les fondements d’une nouvelle société. Les accords de Bretton Woods de 1944 imposent le Gold-Exchange Standard (les réserves des banques centrales sont comptabilisées en or et en monnaies convertibles en or); le Fonds monétaire international (annoncé en 1944 à Bretton Woods, opérationnel en mars 1947) aide les États participants à commercer avec l’étranger sans devoir subir la contraction de la masse monétaire, la déflation ou la dévaluation; les mesures de libération des échanges (création du GATT en 1947) ouvrent 80% des marchés, y compris les chasses gardées des puissances coloniales. La nouvelle révolution industrielle permet un nouveau bond du capitalisme pour trente ans. En 1973, la crise du dollar marque les limites de l’hégémonie, et les États-Unis admettent qu’ils assument des charges dépassant leurs moyens (politique d’endiguement du communisme et guerre du Vietnam). La chute du mur de Berlin en novembre 1989 et la fin de la bipolarisation du monde qui s’ensuivit donneront un autre souffle à l’hégémonie américaine. Aujourd’hui, la multipolarité devient un enjeu des relations internationales. 105