Anneaux et corps Prof. E. Bayer Fluckiger Bachelor Semestre 4 16 mars 2016 Quiz 3 Question 1. Est-ce que les anneaux Z et Q sont isomorphes ? Solution. Non. Par exemple, on a montré (Série 2, Ex.3.1.) qu’il existe un seul homomorphisme de Z dans Q, c’est-à-dire φ : n 7→ n. On a clairement que φ n’est pas surjectif. Question 2. Soit K un corps. Quelles sont les unités de l’anneau K[X] ? Solution. Les unités de K[X] sont les polynômes constants différents de zéro. En effet, si P ∈ K[X] inversible, alors il existe Q ∈ K[X] tel que P · Q = 1. On a donc que deg P · Q = deg P + deg Q = 0, car K est un corps. Ainsi deg P = 0. Clairement un polynôme constant est inversible si et seulement si il est différent de zéro. Anneaux et corps Prof. E. Bayer Fluckiger Bachelor Semestre 4 16 mars 2016 Série 3 Exercice 1. Montrer qu’un anneau commutatif A est un corps si et seulement si les seuls idéaux de A sont {0} et A. Solution. Soient A un corps et I un idéal de A. Si I 6= {0}, soit a ∈ I, a 6= 0. On a 1 = a−1 .a ∈ I et donc b = b.1 ∈ I pour tout b ∈ A. Donc I = A. Vice versa, soit a ∈ A − {0} et soit I := (a) = {b.a | b ∈ A} l’idéal engendré par a. On a a ∈ I, de manière que I 6= {0}. Alors I = A et donc 1 ∈ I. Ainsi, il existe b ∈ A tel que b.a = 1. Par conséquent, tout élément de A − {0} est inversible et A est donc un corps. Exercice 2. (les résultats de cet exercice sont à retenir). Soient K un corps et A, B ∈ K[X] deux polynômes à coefficients dans K. On suppose B 6= 0. Montrer l’existence et l’unicité d’un couple (Q, R) ∈ K[X]×K[X] tel que A = QB + R et tel que l’on ait soit deg(R) < deg(B) soit R = 0. Les polynômes Q et R sont appelés respectivement le quotient et le reste de la division euclidienne de A par B. Solution. On procède comme pour la preuve de la division euclidienne dans Z (voir l’exercice 4. de la Série 1 – Théorie de groupes), en remplaçant la valeur absolue par le degré. Nous cherchons à approximer au plus près A par un multiple de B. Considérons l’ensemble S := {A − QB : Q ∈ K[X]}. Comme le degré est un entier positif ou nul, il existe un élément R de S de degré minimal. Par définition, il existe Q ∈ K[X] tel que R = A − QB. Montrons que (Q, R) est le couple cherché. En effet, supposons que R 6= 0 et deg(R) ≥ deg(B). Ecrivons B = bn X n + bn−1 X n−1 + · · · + b0 (bi ∈ K, bn 6= 0), R = an+k X n+k + an+k−1 X n+k−1 + · · · + a0 pour des entiers n, k ≥ 0. En posant R0 = R − trouve que (ai ∈ K, an+k 6= 0) an+k X kB bn deg(R0 ) < deg(R) R0 = A − Q0 B ∈ S, et Q0 = Q + an+k X k, bn on 3 ce qui contredit la minimalité de R. Ainsi, deg(R) < deg(B) si R 6= 0. Montrons maintenant qu’un tel couple est unique. Si (Q0 , R0 ) ∈ K[X] × K[X] vérifie les mêmes conditions, alors on a B(Q − Q0 ) = R0 − R. Si Q − Q0 6= 0, on en déduit que deg(B) + deg(Q − Q0 ) = deg(R − R0 ) < deg(B), (car deg(R), deg(R0 ) < deg(B)), ce qui est une contradiction. On a donc Q = Q0 , d’où R = R0 . Exercice 3. Soient K un corps, et P ∈ K[X] un polynôme. (1) Montrer que si P est de degré n, alors P a au plus n racines dans K. (2) On suppose P de degré 2 ou 3. Montrer que P est irréductible sur K si et seulement si il n’a pas de racine dans K. Solution. (1) Si P est de degré 0 alors il n’a pas de racines. Soit n ≥ 1. On suppose que tous les polynômes de degré n − 1 ont au plus n − 1 racines dans K. Soit P de degré n. On suppose que P a des racines dans K. Soit α ∈ K une des racines de P . D’après l’exercice 2., on a P = Q · (X − α) + R avec R ∈ K. Mais 0 = P (α) = Q(α) · (α − α) + R = 0 + R et on a donc P = Q · (X − α). De plus, comme K est un corps, le degré de Q est n − 1. Par hypothèse d’induction, Q a au plus n − 1 racines. On conclut en observant que, si β 6= α est un racine de P , alors 0 = P (β) = Q(β) · (β − α) et donc Q(β) = 0 (car K n’a pas de diviseurs de zero). Ainsi, toutes les racines de P differentes de α sont racines de Q. En appliquant l’hypothèse de récurrence à Q, on en déduit que P a au plus n − 1 + 1 = n racines. (2) D’après (1), on a que si P a une racine, alors il est réductible sur K. Soit P réductible sur K. Alors P = Q · R, avec Q et R polynômes de degré au moins 1. Si le degré de P est 2 ou 3, forcément au moins un des deux polynômes Q ou R est de degré 1. On peut supposer sans perte de généralité que Q est de degré exactement 1. Alors P = (αX + β) · R pour certain α, β ∈ K et donc −β/α est une racine de P . 4 Exercice 4. Soit A un anneau commutatif. Un élément x de A est dit nilpotent s’il existe un entier k ≥ 1 tel que xk = 0. (1) Montrer que l’ensemble des éléments nilpotents de A est un idéal de A. (2) Soit P = a0 + a1 X + . . . + an X n ∈ A[X]. Montrer que P est nilpotent si et seulement si a0 , a1 , . . . , an sont nilpotents. Solution. (1) Soit I l’ensemble des éléments nilpotents de A. Cet ensemble I est non vide puisque 0 ∈ I. De plus, I est — stable par passage à l’opposé (en effet, si xk = 0, alors (−x)k = (−1)k (xk ) = 0) ; — stable par l’addition : si x, y ∈ I, alors il existe k, l tels que xk = 0 et y l = 0, et on a donc k+l X k+l k+l (x + y) = xi y k+l−i = i i=0 = k X i=0 k+l i k+l X k+l y + xk xi−k y k+l−i = 0; i i k−i l xy i=k+1 — stable par multiplication par un élément de A : si x ∈ A et a ∈ A, alors il existe k ≥ 1 tel que xk = 0 et on a donc (ax)k = (xa)k = xk ak = 0. (2) Soit I l’idéal des éléments nilpotents de A[X]. Si a0 , a1 , . . . , an ∈ I, alors clairement P ∈ I. Vice versa, si P est nilpotent, soit k l’entier positif tel que P k = 0. Clairement ak0 = P (0)k = 0, c’est-à-dire a0 est nilpotent. Supposons que ai soit nilpotent pour tout i < m, pour un certain m. On considère le coefficient bmk de X mk dans P k . Clairement on a bmk = akm + Q, avec tout term de Q qui contient un certain ai avec i < m. Ainsi, Q est nilpotent, par hypothèse. Mais bmk = 0, parce que P k = 0. Donc akm = −Q est nilpotent et finalement am est nilpotent. Par récurrence, tout ai est nilpotent. Exercice 5. Soit A un anneau commutatif et M := M2 (A) l’anneau de matrices 2 × 2 à coefficients dans A. (1) Montrer que a b R := a, b ∈ A 2b a est un sous-anneau de M . Est-ce que R est commutatif ? 5 (2) Montrer que si A = Q, alors R est un corps. (3) Montrer que si A = Z/3Z, alors R est un corps de cardinal 9. Solution. (1) On a 0 — 0 a — 2b a — 2b 1 0 ∈ R et ∈ R, 0 1 b c d a−c b−d − = ∈R a 2d c 2(b − d) a − c b c d ac + 2bd ad + bc · = ∈R a 2d c 2(ad + bc) ac + 2bd 0 0 de manière que (R, +) est un sous-groupe de (M, +), R est stable pour la multiplication et l’élément neutre multiplicatif de M appartient à R. Donc R est un sous-anneau de M . En plus c d a b ac + 2bd ad + bc a b c d · = = · . 2d c 2b a 2(ad + bc) ac + 2bd 2b a 2d c Donc R est commutatif. a b (2) On a det = a2 − 2b2 et, si b 6= 0, on a a2 − 2b2 = 0 si et seulement 2b a √ si ∃x ∈ Q tel que x2 = 2, ce qui n’est pas possible, parce que ± 2 6∈ Q. 2 Si 0, alors − 2b2 = 0 si et seulement si a = 0. Donc tout élément b= a a b 0 0 6= est inversible avec inverse 2b a 0 0 1 a −b , a2 − 2b2 −2b a ce qui implique que R est un corps (par (1) on a déjà que R est un anneau commutatif). (3) On a a2 − 2b2 6= [0]3 pour tout (a, b) ∈ (Z/3Z)2 − {[0]3 , [0]3 }, donc, comme dans (2), on a que R est un corps, parce que (Z/3Z)∗ = Z/3Z − {[0]3 }. En plus, R a cardinal 9 = #(Z/3Z)2 .