Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XX - n° 1-2 - janvier-février 2016
15
Les pseudohypoparathyroïdies, un spectre de pathologies à reconsidérer d’un œil nouveau
Comme la résistance à la PTH, l’OHA est absente à la
naissance et se développe progressivement, devenant
évidente à l’approche de la puberté.
Le retard de croissance est un symptôme de la PHP1A.
Dès la naissance, la taille moyenne est de –1DS (dévia-
tion standard), le retard de croissance s’accentuant
au cours de la vie, avec une absence complète de
croissance pubertaire (15) . La taille fi nale est autour
de –3DS (notre série personnelle et [16]) . Ce retard de
croissance résulte de l’action combinée de la résis-
tance au PTHrP, d’une résistance au GHRH présente
chez 70 % des patients et d’une résistance aux gona-
dotrophines (14) .
Les ossifications ectopiques sont un signe spéci-
fique des mutations perte de fonction de GNAS1 .
Elles sont faites d’os matures endochondraux for-
més à partir du derme ou de la graisse sous-cutanée
et progressent vers la profondeur (à l’inverse de la
fibrodysplasie ossifiante). L’obésité a toujours été
associée à la PHP1A ; elle est en fait présente dès la
naissance ; il semble qu’ensuite la prise de poids soit
dramatique dès les premières années de vie et difficile
à contrôler après. Plusieurs mécanismes sont impli-
qués : la résistance aux catécholamines (17) , le défaut
de signalisation de Gsa dans le noyau arqué (17) et
la perte de l’effet lipolytique propre de Gsa dans le
tissu adipeux (18) .
Enfi n, le retard mental reste un aspect totalement in ex-
pliqué de la PHP1A, il touche environ 70 % des patients.
Extrêmement variable dans sa sévérité, aucun élément
prédictif n’a été identifi é à ce jour (pas de relation géno-
type-phénotype ; pas de lien avec l’hypothyroïdie ou
l’hypocalcémie) [19] .
Quid de la PHP1C ? (OMIM # 612462) Elle a été décrite
comme un variant clinique de la PHP1A ; l’expression
clinique et biochimique est similaire mais l’activité
biologique de la protéine Gsa, mesurée dans un
système artifi ciel in vitro, est normale. Aujourd’hui,
nous pouvons considérer cette entité comme un
équivalent de la PHP1A regroupant les patients qui ont
une mutation dans l’exon 13 de GNAS1 ; cette mutation
est associée à cette particularité biochimique observée
in vitro (20) .
Le diagnostic de PHP1A n’est pas toujours évident ;
l’ensemble des symptômes n’est pas toujours présent,
en particulier dans la petite enfance. Les éléments
qui concourront le plus à affi rmer le diagnostic sont,
d’une part, l’association de plusieurs résistances à
des hormones dont les récepteurs sont couplés aux
protéines G, et, d’autre part, la présence des ossifi cations
sous-cutanées, quasi pathognomoniques de ces
mutations.
Pseudo-pseudohypoparathyroïdie (PPHP)
ou OHA isolée ou hétéroplasie osseuse
progressive (HOP)
Les patients atteints de PPHP ont d’abord été identifi és
dans les familles de patients PHP1A. Leur présentation
clinique associe OHA, retard de croissance, en particulier
à la naissance (21) , et ossifi cations sous-cutanées, qui
peuvent parfois être au premier plan (la maladie est
alors appelée HOP) [22] (OMIM #603233) . En revanche,
ils n’ont aucune résistance hormonale. La PPHP est due à
une mutation hétéro zygote paternelle perte de fonction
de la séquence codante de GNAS1 . La mutation peut
avoir été héritée, ou être de novo (survenue sur l’allèle
paternel) [4] .
PHP1B
La PHP1B (OMIM #603233) est une maladie rare due à
une perte de la méthylation, sur l’allèle maternel, du
promoteur A/B du locus GNAS, qui a pour conséquence
un défaut d’expression de Gsa uniquement dans les tis-
sus où l’expression de Gsa est exclusivement maternelle,
comme le tubule rénal proximal et la thyroïde. L’âge
moyen au diagnostic est d’environ 13 ans (un diagnostic
à l’âge adulte n’est pas rare), principalement devant
des symptômes d’hypocalcémie.
La résistance à la PTH est le signe clinique principal,
et, comme pour la PHP1A, se développe progressivement
au cours de la vie. Longtemps considérée comme la
seule résistance hormonale, elle s’accompagne en fait
d’une résistance à la TSH modérée (la T4l est toujours
normale), les chiff res de TSH étant généralement juste
à la limite supérieure de la normale (fi gure 2B) . Un cas
d’hypothyroïdie congénitale diagnostiquée par le
programme de dépistage néonatal qui s’est révélé être
une PHP1B a été récemment publié (23) . De même,
ces patients peuvent présenter quelques-uns des signes
décrits ci-dessus, comme l’obésité, la brachydactylie, les
ossifi cations sous-cutanées (24) . Cependant, ces signes
ne sont jamais majeurs ni présents tous ensemble.
À la naissance, ces patients présentent un excès de
croissance qui est encore inexpliqué (21) ; il semble
que cette hypercroissance se prolonge en post-natal
(données personnelles).
Le diagnostic moléculaire de la PHP1B doit être considéré
comme une stratégie à 2 étapes. Premièrement, il faut
démontrer la perte de méthylation du promoteur A/B de
GNAS . C’est l’élément qui affi rme la patho logie et induit
la perte d’expression de Gsa. Selon les laboratoires, la
technique peut varier (pyroséquençage, MS-MLPA).
Chez environ 80 % des patients porteurs d’une PHP1B,
la modifi cation de la méthylation s’étend également
0015_MET 15 09/02/2016 14:55:09