Séniors et médicaments : un exercice de corde raide

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ossier les personnes âgées : un besoin de soins adaptés
Séniors et médicaments :
un exercice de corde raide
Environ 20 % des plus de 70 ans aboutissent tôt ou tard à
l’hôpital pour des problèmes liés à leur consommation de
médicaments – parfois parce qu’ils ne s’y retrouvent plus
eux-mêmes dans leur vaste pharmacie, mais parfois aussi
parce que, surtout en cas de polymédication, leurs
traitements n’ont pas toujours l’effet mentionné sur la
notice… Le Software Engine for the Assessment &
Optimizaton of Drug and Non-Drug Therapy in Older Persons
(SENATOR) devrait apporter une solution à ce problème.
Le Pr Mirko Petrovic, gériatre à l’UZ Gent et chercheur
rattaché au projet, était l’interlocuteur idéal pour répondre à
Désirée De Poot
toutes nos questions.
ENATOR est un projet de logiciel
européen qui devrait être finalisé
dans le courant de l’année
prochaine. « Tous les pays d’Europe
rencontrent actuellement les mêmes
problèmes », explique le Pr Petrovic.
« Nous sommes confrontés à un nombre
croissant de sujets âgés, souvent polymédiqués, dont la liste des traitements ne
cesse de s’allonger. Il est bien rare qu’on
S
s’efforce d’inverser la tendance. »
« C’est déjà en soi une situation compliquée, mais nous constatons en outre que
les patients âgés vulnérables réagissent
souvent d’une façon différente aux
médicaments et qu’ils présentent des
effets secondaires différents de ceux qui
sont repris dans la notice. Forcément : ces
informations reposent sur des essais
cliniques qui portent presque toujours sur
Presque à l’instar des gares de trains et
des centres commerciaux où vous
pouvez apercevoir subitement un piano
au milieu d’une allée ou d’un patio,
l’hôpital Jan Yperman d’Ypres a décidé
d’installer un piano dans son hall
d’accueil. Le piano y restera
certainement jusqu’à la fin de l’année et
toute personne désireuse d’offrir un
récital aux visiteurs et aux patients peut
réserver le piano via le site internet de
l’hôpital.
alors qu’il n’y a aucune indication
médicale qui le prescrive. À cet effet, la
fédération Wallonie-Bruxelles a trouvé
une solution pour les 150 bébés qui
chaque année sont parqués dans des
hôpitaux en attendant une autre
solution : d’une part, un centre d’accueil
d’urgence a ouvert ses portes en mars à
Jumet. On peut y accueillir les bébés
pour un maximum de 40 jours. D’autre
part, un centre de séjour prolongé va
être créé où 15 bébés pourront être
accueillis et où l’accompagnement des
parents pourra également se faire.
Les « bébés parqués »
reçoivent leur espace
Au sud du pays, ils ont trouvé une
terminologie spécifique pour en parler «
les bébés parqués ». Il s’agit des enfants
en très bas âge qui, en raison d’une
situation familiale particulièrement
compliquée, sont admis à l’hôpital. Les
bébés y séjournent parfois des mois
En promenade avec des
bénévoles
C’est un fait bien connu, les hôpitaux ont
de plus en plus recours aux bénévoles
pour combler leurs lacunes. Mais ce n’est
pas tout : les centres de soins
résidentiels font également de plus en
des patients en bonne santé et relativement jeunes. Les directives existantes se
basent en outre sur la prise de médicaments contre une pathologie bien définie,
alors que les personnes âgées présentent
souvent des comorbidités traitées à l’aide
de tout un cocktail pharmaceutique. Il
n’existe tout simplement pas de guidelines
pour les séniors polymédiqués. »
« Une autre question à se poser est de
savoir à quels dommages on expose le
patient en lui administrant cette polymédication – et ce, en plus, dans le cadre
d’une multimorbidité, d’une pharmacodynamique altérée et souvent d’un suivi
lacunaire. »
« Le projet SENATOR veut rassembler un
certain nombre d’éléments. Il se charge
ainsi de passer au crible la liste des traitements (qui reprend tous les produits utilisés, y compris les OTC et les suppléments),
l’anamnèse et les analyses médicales, les
résultats de laboratoire, les facultés cognitives et le niveau d’autonomie. »
Pendant 12 semaines, SENATOR va
suivre la consommation médicamenteuse
de 1.800 personnes de plus de 65 ans dans
six hôpitaux européens réputés. Des
scientifiques s’attacheront à examiner
l’impact du logiciel sur le nombre d’effets
secondaires, les éventuelles réadmissions,
la qualité de vie et la survie. « L’UZ Gent est
le seul hôpital belge à participer à l’étude.
Nous suivrons environ 300 patients »,
précise le Pr Petrovic.
« Le logiciel SENATOR peut améliorer le
comportement de prescription des médecins et nous espérons qu’il aura ainsi un
impact bénéfique sur le bien-être des
patients âgés », conclut le médecin. « Quel
que soit le programme que l’on utilise, il ne
remplacera toutefois jamais le jugement
d’une équipe multidisciplinaire, qui doit
pouvoir poser des questions et creuser
plus loin en cas de problème. »
D’après le Pr Petrovic, la grande plusvalue du programme devrait être sa facilité
d’utilisation, qui permettra aux nongériatres d’ajuster beaucoup mieux leur
comportement de prescription en fonction des patients âgés. Tout en soutenant
pleinement le projet, le spécialiste tient
toutefois à formuler une mise en garde :
« Il existe aussi un besoin de formation
chez les jeunes médecins, qui doivent
avant tout continuer à utiliser leurs facultés
de réflexion… » ●
plus appel à des bénévoles afin de
pouvoir offrir davantage à leurs
résidents. Par exemple, la maison de
repos Rozenberg à Oost-Rozebeke
organise deux à trois fois par mois une
après-midi de promenade au cours de
laquelle 25 bénévoles partent en
excursion avec des résidents de la
maison de repos.
automatique mais qui vous est servi sur
place par une vraie dame/ un vrai
monsieur. Il y a également, à cet endroit,
une étagère à livres à disposition des
visiteurs. Par ailleurs, l’on retrouve aussi
un magasin Carrefour ouvert 7/7.
Entretemps, un autre magasin carrefour
a aussi ouvert ses portes au CHU Tovoli
de La Louvière.
Grand magasin et
espace café
Un bus sans chauffeur
Il semble que de plus en plus les
hôpitaux deviennent des lieux de « bienêtre ». Dans les nouveaux hôpitaux, l’on
constate que de plus en plus d’attention
est accordée au confort du personnel et
des visiteurs. Dans le nouvel AZ
Groeninge à Courtrai, le ton est
directement donné avec l’espace
spécialement prévu pour le café. Un café
qui provient non pas d’une machine
Un petit bus sans chauffeur qui conduit
et vient rechercher le personnel et les
visiteurs à l’hôpital. C’est l’objectif de la
ville de Genk et de l’hôpital du OostLimburg (ZOL). « Nous essayons de créer
une mobilité intelligente dans notre ville
», affirme l’échevin à la mobilité, Michaël
Dhoore. « La navette automatique
roulera à une vitesse entre 20 et 35
kilomètre par heure et reliera la gare au
centre avec l’hôpital. »
HealthCare magazine • 20 avril 2017 • N°14
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