préférences, des préoccupations, des craintes et
des espérances exprimées par les jeunes patients.
Cette évolution est devenue inévitable, notam-
ment face à certains nouveaux traitements dont
les inconvénients peuvent être très lourds et les
bénéfices incertains. Elle se justifie par le fait que
c’est non seulement l’enfant qui vit la maladie,
qui reçoit les traitements, et bénéficie des avan-
tages procurés par les soins, mais que c’est égale-
ment lui qui porte le fardeau des inconvénients de
ces traitements. Enfin, une décision prise sans
consulter le patient pourrait être contraire à ce
qu’il souhaite et miner la confiance nécessaire à
l’existence même du triangle.
Le principe d’autonomie suppose que l’adulte
apte est la personne la mieux placée pour déci-
der de ce qui lui convient. On attribue à l’adulte
un développement psychologique et intellectuel
suffisant pour qu’il exerce son autonomie; c’est
l’absence de cette capacité qu’il faut démontrer.
Chez le mineur, la supposition est inversée, et
c’est la présence de cette capacité qu’il faut
démontrer.
La question pertinente est celle de savoir si le
mineur est capable de parvenir à une décision
éclairée et personnelle. La capacité de savoir si le
mineur est capable de parvenir à une décision
éclairée est évaluée d’après certains critères :
l’âge, la capacité à comprendre les informations
le concernant, la cohérence de sa réflexion et la
compréhension générale de son état. Le mineur
doit pouvoir évaluer la nature des soins propo-
sés, leurs conséquences, leurs inconvénients et
leurs bénéfices. Quant au caractère personnel de
la décision, cet aspect concerne la possibilité de
prendre une décision dégagée de l’autorité natu-
relle des parents et de celle des membres de
l’équipe soignante, notamment le médecin. Re-
marquons qu’une application stricte de tous ces
critères pourrait révéler chez de nombreux adul-
tes une incapacité à décider de façon éclairée et
personnelle. Les critères d’évaluation doivent
être utilisés avec discernement dans chaque cas
particulier.
Au cours des années, la relation entre les pa-
rents et leur enfant doit évoluer suivant une va-
riation du tandem décision-implication. Quand
l’enfant est encore très jeune, le consentement
revient exclusivement aux parents. Par après,
l’implication de l’enfant existe suivant ce dont il
est capable. Alors que l’enfant évolue, le rapport
décision-implication s’inverse progressivement,
jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de 18 ans.
Le développement de la capacité du mineur li-
mite de façon toujours plus étroite l’exercice de
l’autorité parentale.
Il semble largement reconnu que les enfants
atteints d’une maladie chronique ou d’autres
problèmes majeurs de santé peuvent avoir dé-
veloppé une maturité supérieure à celle rencon-
trée habituellement chez les jeunes de leur âge.
La souffrance, les hospitalisations multiples et
les traitements à répétition créent des occasions
de réfléchir au sens de l’existence, à l’opportu-
nité de poursuivre les traitements, à la mort. Par
contre, plus les volontés de l’adolescent sont
64 le clinicien mars 1998
Tribune d’éthique