Modulation par la nutrition du métabolisme des hormones : prévention du cancer du sein
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°1
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On a alors recruté 115 femmes avec
un diagnostic précédent de cancer du
sein et on les a randomisées en deux
groupes. On a fait un dosage sanguin
de testostérone et retenu toutes les
femmes sans discrimination du taux
qui était généralement élevé. On a
réalisé un régime pendant trois mois
avant bilan. Après cette première pé-
riode, on a continué le régime sur les
deux groupes, un groupe avec neuf
mois d’intervention alimentaire, un
groupe avec douze mois. On a com-
paré les dosages de base avec leur
taux à 1 an. Les résultats de cette étude
sont très semblables aux précédents
avec toutefois quelques différences.
Les résultats à douze mois montrent
une diminution de poids significative.
On voit une diminution significative
du cholestérol et des triglycérides, ce
qui est assez rare pour les triglycéri-
des car lorsqu’on réduit la consom-
mation de graisses, les triglycérides
augmentent généralement parce que
les gens augmentent leur consomma-
tion de sucres. Dans l’étude, la con-
sommation de sucre a augmenté mais
pas de sucre simple, seulement des
sucres à index glycémique assez bas.
On observe une diminution signifi-
cative de l’insulinémie et de la tes-
tostérone mais pas de l’oestradiol. La
SHBG était significativement augmen-
tée au troisième mois mais il n’y avait
plus de différence entre les taux de
base et les taux à douze mois.
Le groupe des femmes qui étaient trai-
tées par le tamoxifène avait des ré-
sultats beaucoup moins marqués et
présentaient beaucoup moins d’effets
du régime par rapport aux femmes
non traitées.
Maintenant, cinq ans sont passés de-
puis cette étude. 28 de ces femmes
ont fait une rechute ou un deuxième
cancer.
Chez les femmes qui ont fait une
rechute,le taux de testostérone était
de 52 µg /mL, taux qui s’est réduit à
46 µg/mL pendant l’étude. Compara-
tivement les femmes sans rechute
avaient un niveau de départ de 39 µg/
mL qui s’est réduit à 36 µg/mL.
Si on analyse les résultats avec le
modèle de Cox, en terme de risque
relatif, en divisant les niveaux de tes-
tostérones basales en trois terciles, on
constate que les femmes qui étaient
dans le tercile supérieur, avec des
niveaux supérieurs à 50 µg/mL, ont
un risque très élevé d’avoir une mé-
tastase ou un second cancer, l’un
ou l’autre avec la même probabilité.
Si on ne considère que le sous-
groupe des femmes ayant un cancer
avec des récepteurs d’oestrogènes et/
ou de progestérone positifs, on voit
qu’il existe un risque significatif as-
socié soit aux taux de testostérone
soit à ceux d’oestradiol. On observe
également un effet protecteur signifi-
catif de la SHBG et un risque non si-
gnificatif avec l’insuline.
Mais, de tous les paramètres, c’est la
testostérone qui reste le meilleur in-
dex prédictif qui ressort de cette
étude.
Si on considère le taux de testosté-
rone basale, on observe que sur 53
femmes ayant un niveau supérieur à
la médiane, 21 ont présenté une re-
chute (11 des métastases, 7 un
deuxième cancer, 3 une récidive lo-
cale).
Si on prend les autres (taux inférieur
à la médiane), sur 57 femmes, on
trouve seulement 7 cas de récidive,
de rechute ou de deuxième cancer.
Ce sont des différences hautement
significatives.
En ce qui concerne l’influence de l’in-
tervention alimentaire, on observe
que les femmes qui avaient un taux
de testosterone supérieur à la mé-
diane au début et qui sont restées
supérieures à la médiane après un an
de régime alimentaire, présentent un
risque très élevé de récidive (18 sur
39 ). Dans le groupe de celles dont le
taux de testostérone était bas au dé-
but et bas à la fin, c’est seulement 5
cas de récidive sur 52.
Ces résultats sont assez nouveaux
même si on savait depuis 1970 que
le taux de testostérone pouvait reflé-
ter le risque de récidive de cancer
du sein.
A la suite de ces résultats, nous pro-
posons de doser systématiquement
le taux de testostérone des femmes
atteintes d’un cancer du sein et de
vérifier que les niveaux atteints sont
des facteurs pronostiques importants.
Une autre conclusion est qu’il serait
intéressant de faire des études plus
extensives pour voir si, par des inter-
ventions alimentaires ou pharmaco-
logiques, on peut faire diminuer les
taux de testostérone et réduire ainsi
le risque de récidives.