REPUBLIQUE DU SENEGAL
_____________
UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
____________
FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE GESTION
____________
Pauvreté et distribution de revenus au Sénégal : une
approche par la modélisation en équilibre général
calculable micro-simulé1
D. Boccanfusos, F. Cabral*, F. Cis©, A. Diagne¬ et L. Savardv
Août 2003
sumé : La nouvelle orientation de la politique économique au Ségal vise à accrtre les revenus des
pauvres et à attaquer la pauvreté là où elle est principalement localisée. La stratégie de réduction de la
pauvreté va être mise en uvre dans un contexte de liralisation des échanges commerciaux internationaux
notamment dans le secteur agricole. Dans ce contexte, nous avons veloppé un modèle d’équilibre ral
calculable micro-simulé multi-ménages du type Decaluwé et al. (1999) permettant d’évaluer limpact que
pourront avoir ces politiques agricoles à léchelle des ménages et de faire le lien entre ces réformes
économiques, la pauvreté et la distribution de revenu. Ce modèle offre beaucoup de flexibilien permettant
notamment de modifier la distribution des groupes cibles qui n’ont pas à être retenus avant l’exercice de
simulation afin deffectuer lanalyse de pauvreté et dinégalité ex post à lexercice de modélisation. Dans de
travail, nous avons également comparé les effets en terme danalyse de pauvreté et dinégalité entre une
distribution paramétrique (Dagum, 3 paramètres) et une distribution non-paramétrique et montque ce
choix engendrait des différences significatives quant aux effets sur la pauvreté. Contrairement aux
applications faite par Decaluwé et al. (1999) et Cockburn (2002) au pal, les impacts sur la pauvreté sont
assez importants, ce qui montre que cette approche offre un outil riche permettant d'évaluer l'impact de
politiques économiques ou chocs externes sur la pauvreté et la distribution de revenu.
Mots-clés: Modèle d’équilibre général calculable, micro-simulation, analyse de pauvreté, distribution de
revenu
JEL Classification: D58, D31, I32
1 Les auteurs remercient le CODESRIA et l’IRD pour leur appui financier dans la réalisation de ce document ainsi que le CRDI au
travers du programme MIMAP-Sénégal à partir duquel le travail de modélisation s’est inspiré.
s dboc@ecn.ulaval.ca
© cissefatou@yahoo.fr
¬ crea@ucad.sn
¬ lsavard@idrc.org.sn
¬ joecabral7@hotmail.com
2
SOMMAIRE
I- Introduction ______________________________________________________________________3
II- Revue de la litrature______________________________________________________________5
III- La structure de l’économie négalaise______________________________________________8
III.1 Les activités de production__________________________________________________________9
III.2 Le commerce extérieur____________________________________________________________10
III.3 Les finances publiques ____________________________________________________________10
III.4 Les facteurs de production _________________________________________________________11
III.5 Sources de revenus, consommation, pauvreté et distribution de revenus______________________11
IV- Le modèle microsimulations ECG du Sénégal_______________________________________12
V- Simulations______________________________________________________________________13
V.1 Impacts macrconomiques_________________________________________________________14
V.2 Impacts sur la pauvreté et les inégalités________________________________________________18
VI- Conclusion____________________________________________________________________26
Bibliographie_________________________________________________________________________27
Annexes statistiques____________________________________________________________________29
3
I- Introduction
La modélisation en équilibre général calculable a suscité un grand intérêt depuis les
années 1980 pour l’analyse des effets de politique économique ou d’autres chocs affectant
l’économie d’un pays, d’une de ses régions ou un groupe de pays. La libéralisation des
échanges internationaux et l’attention accrue portée à la distribution des revenus avec la
montée de la pauvreté et des inégalités ont stimulé les efforts de construction de modèles
d’équilibre géral calculables. En effet, ils se sont révélés être des outils appropriés pour
analyser les effets à l’échelle microéconomique des politiques macro-économiques. On a
compris que même si une politique a des impacts globaux positifs, ils nont pas la même
ampleur chez tous les agents économiques et peuvent même être négatifs pour certains
d’entre eux alors qu’ils sont tout à fait favorables pour d’autres. C’est pourquoi, les
travaux axés sur la distribution des revenus et la pauvreté ont ts tôt tenté d’introduire
dans ce type de modèles des indices de pauvreté et dinégalité afin de mieux saisir les
effets sur différentes catégories de ménages des chocs pouvant les affecter (Ravaillon et
Chen (1997), Decaluwé, Dumont et Savard (1999), Cogneau et Robillard (2000) et
Cockburn (2001)). Ces progs ont été accomplis cependant moyennant une hypotse
forte, à savoir que dans un groupe d’agents donné, les revenus varient de manière
identique. Or rien ne permet d’affirmer a priori que la variance intra-groupe est faible ou
qu’elle est dominée par la variance inter-groupe. Prendre en compte simultanément ces
deux types de variance permettrait de les refléter dans les indices de pauvreté. Un autre
aspect qui mérite une attention particulière est la méthode permettant de modéliser la
distribution de revenus dans un contexte de d’équilibre géral calculable. Si l’approche
non-paramétrique est utilisée dans certains travaux, la log normale et d’autres distributions
continues sont retenues aussi. Là encore, on devrait s’affranchir de tout choix arbitraire en
recourant à des formes flexibles qui n’imposent pas a priori une méthode particulre de
distribution. Notre papier propose, dans le cadre de modèles d’équilibre général
calculables (MEGC), une combinaison de l’approche micro-simulation et de formes de
distribution flexibles permettant de se libérer de ces deux contraintes. D’abord, il intègre
les développements cents permettant d’introduire à la place d’un nombre limité d’agents
représentatifs, l’ensemble des nages que comporte l’enquête dont on dispose. La
marche suivie pour réconcilier les données de l’enquête et celles de la comptabilité
nationale n’oblige plus à intégrer dans le modèle les indices de pauvreté et d’inégalité à
4
prendre en compte. En générant des vecteurs de revenus, de dépenses et de prix aps
chaque simulation, on peut utiliser tous les outils disponibles d’analyse microéconomique
de la pauvreté et des inégalités. Ensuite, les branches dans l’économie sont désaggées en
un nombre plus important que ceux jusqu’ici retenus afin de mieux capturer les effets
différenciés des politiques et chocs externes qui sont transmis par le jeu des prix relatifs
dont le nombre dépend de celui des branches. Enfin, sont adoptées des méthodes flexibles
de distribution des revenus qui n’imposent pas a priori une forme particulre. On pourra
alors comparer les sultats obtenus avec des distributions de type paramétrique avec ceux
de distributions paratrique. L’économie sénégalaise est utilisée comme domaine
d’application.
En 2002, le Sénégal a adopté un document de stratégie de réduction de la pauvreté
(DSRP) dont un des principaux axes est l’allocation de la plus grande partie des ressources
publiques mobilisées au secteur rural. Cette nouvelle orientation de la politique
économique vise ainsi à accroître les revenus des pauvres et à attaquer la pauvreté là où
elle est principalement localisée. Elle va modifier aussi la répartition des revenus,
notamment entre les groupes socio-économiques ainsi que les zones urbaines et les zones
rurales. La stratégie de réduction de la pauvreté va être mise en uvre dans un contexte de
libéralisation des échanges commerciaux internationaux. Dans le cadre de l’UEMOA, le
Sénégal a déjà réduit de plus de 50% ses droits de douane à la suite de l’application du
tarif extérieur commun en 2002 (Diagne, A., Cabral, F, Cissé, F., Dansokho, M. et Bâ, S.,
2003). La libéralisation du commerce extérieur se poursuivra au cours des prochaines
années non seulement dans le cadre de l’OMC mais aussi des relations entre les pays
Afrique – Caraïbes – Pacifique et l’Union Européenne. Il est pvu en effet l’instauration
d’une zone de libre échange entre ces deux espaces économiques s 2008.
L’économie sénégalaise fournit donc un cadre approprié pour appliquer notre approche
micro-simulée, multi-ménages. Deux scénarios relatifs aux politiques retenues dans le
DSRP et à la libéralisation des échanges extérieurs seront simulés.
Le reste du papier est organisé comme suit. Une revue de la littérature sur la modélisation
de la relation entre politiques économiques, distribution des revenus et pauvreté est
psentée dans la deuxme section. La section III décrit la structure de l’économie
sénégalaise à l’aide dune matrice de comptabilité sociale à 34 comptes. La section IV
expose le modèle de micro-simulation en équilibre géral calculable du Sénégal, la
5
section V analyse les résultats des simulations et, dans la section VI, les principales
conclusions sont psentées.
II- Revue de la littérature
Au début des années 80, Adelman et Robinson (1979) pour la Corée, suivis de Devis, de
Melo et Robinson (1982) et Gunning (1983) au Kenya ont été les premiers auteurs à
utiliser les modèles d’équilibre général calculable (MEGC) pour analyser les questions de
distribution de revenu. Par la suite, au début des années 1990, sous la houlette de l’OCDE
plusieurs travaux dont ceux de Thorbecke (1991), de Janvry, Sadoulet et Fargeix (1991),
Bourguignon, de Melo et Suwa (1991) et Morrisson (1991) ont été réalisés pour évaluer
l’impact des programmes d’ajustement structurel sur la distribution de revenus. Le
premier article dans lequel est introduit une analyse des mesures de pauvreté est celui de
Chia, Wahba et Whalley (1992) qui combinent un modèle EGC appliqué à la Côte
d’Ivoire aux calculs des indices Foster, Greer et Thorbecke – FGT- (1984).
Plus récemment, une nouvelle vague de chercheurs a tenté d’aller plus loin en mettant
l’analyse de la pauvreté au centre des objectifs de recherche. Ceci a notamment permis de
mettre en exergue la relation existant entre les politiques économiques, les niveaux de
pauvreté et la distribution de revenu. Nous pouvons citer Decaluwé, Patry, Savard et
Thorbecke (1998), Decaluwé, Dumont et Savard (1999), Cockburn (2001), Agenor,
Izquierdo et Fofack (2001), Cogneau et Robilliard (2000), Colatei et Round (2000),
Bourguignon, Robillard et Robinson (2002).
Nous pouvons classer les travaux cités ci-dessus en quatre grandes catégories. Dans le
premier groupe, la démarche consiste à construire un MEGC avec agents repsentatifs et
à utiliser les enquêtes ménages pour estimer les distributions de revenu associées aux
ménages représentatifs retenus. Suite à des simulations de politiques économiques, de
nouvelles distributions de revenu sont obtenues et compaes à la situation de référence
(Chia, Wahba et Whalley (1992), Decaluwé et al. (1998)). Certains auteurs de ce premier
groupe limitent leurs travaux à la comparaison de la variation des revenus du ménage
représentatif pour formuler leurs conclusions sans travailler directement avec les
distributions de revenu. Les chercheurs du second groupe utilisent les modèles d’EGC
avec agent représentatif pour faire de l’analyse de pauvreté. L’exercice consiste à calculer
les revenus aps simulation pour chacun des ménages repsentatifs et utiliser les données
d’enquêtes ménages pour évaluer les indices de pauvreté avant et après simulation.
1 / 31 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !