no 10 / 2012 document réalisé par le Conseil régional d’Île-de-france COMMENT EN ARRIVE-T-ON LÀ ? Le sport à l’épreuve des régimes fasciste et nazi Avec l’arrivée au pouvoir de Mussolini en Italie et de Hitler en Allemagne, les démocraties de ces pays sont transformées en régimes autoritaires : le fascisme et le nazisme. Les libertés individuelles sont bafouées, les activités sociales et culturelles contrôlées. Le sport n’échappe pas à cette emprise totalitaire : contrôle des masses à travers les rassemblements sportifs, mise en valeur du corps selon les idéologies raciales véhiculées par ces régimes. Mais le sport a pu également servir à redonner du courage, et même, à résister, notamment lorsqu’en 1942, la persécution des Juifs s’accentue avec les rafles et la déportation vers les camps d’extermination. La soumission des corps Selon Adolf Hitler, « le jeune Allemand doit être mince et élancé, agile comme un lévrier, résistant comme le cuir et dur comme l’acier de Krupp ». De telles qualités ne peuvent être obtenues qu’en soumettant les corps à un régime spécial. C’est pourquoi, dès leur arrivée au pouvoir, les nazis ont non seulement mis en œuvre la nazification de la culture physique et des organisations sportives, mais également utilisé le sport pour justifier la prétendue supériorité de la race « aryenne ». Les fédérations sportives ouvrières, socialistes et communistes, sont interdites, les clubs chrétiens sommés d’abandonner toute orientation religieuse, et les Juifs et Tsiganes exclus des clubs et des championnats allemands. La prise de contrôle et l’épuration des fédérations sportives et de leurs clubs, l’encadrement sportif des masses et le rayonnement à l’étranger des champions et des © Picturetank équipes nationales constituent les fondements de la politique sportive des régimes fasciste et nazi. Jamais, dans l’histoire du xxe siècle, le corps dans sa dimension sportive n’aura été autant soumis à l’État. Toutefois, le sport aura représenté, également, un espace de liberté et d’évasion pour les civils, une forme de ressourcement pour les prisonniers et les internés, une préparation physique et psychique à la résistance. ■ Le travail de mémoire des lycéens et des apprentis franciliens Depuis plus de dix ans, le Mémorial de la Shoah et la Région Île-de-France organisent pour les jeunes Franciliens des visites pédagogiques d’un lieu symbolique de la Shoah : le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne. Ces voyages d’étude sont encadrés par des coordinateurs pédagogiques du Mémorial, accompagnés, dans la mesure du possible, par d’anciens déportés. Les précieux témoignages de ces derniers donnent aux jeunes un rapport direct à l’histoire, les transformant à leur tour en passeurs de mémoire. Destinés aux élèves de première et terminale des lycées et des centres d’apprentissage de la Région Île-de-France, ces voyages d’étude s’inscrivent au cœur d’une démarche pédagogique, souvent pluridisciplinaire, reposant sur une préparation approfondie en amont. Un travail de restitution est ensuite présenté sous forme d’exposition. Les élèves vivent une expérience humaine et intellectuelle exceptionnelle, dont les enjeux dépassent le champ de l’histoire pour atteindre la formation civique et citoyenne. L’exposition 2011 et celles des années précédentes sont disponibles à la demande de chaque lycée auprès du Mémorial de la Shoah. À gauche : Le dirigeable Hindenburg survolant Berlin et le stade olympique, le jour de l’ouverture des Jeux Olympiques de Berlin, 1er août 1936. Tél. : 01 53 01 17 09 Un site Internet dédié est accessible depuis www.memorialdelashoah.org © Picturetank a guerre par le sport, et non plus la paix par le sport. Voilà le sens nouveau que les régimes fasciste et national-socialiste veulent imposer aux échanges sportifs internationaux. Après les Jeux de Berlin de 1936, les compétitions sportives sont, pour le duce italien Mussolini et le chancelier de l’Allemagne nazie Hitler, des démonstrations de force de moins en moins symboliques. Les champions allemands, par exemple, se doivent d’être « des guerriers pour l’Allemagne, des ambassadeurs du IIIe Reich et des représentants de la race germanique ». Chacune de leurs sorties à l’étranger est l’occasion de faire flotter la croix gammée, de jouer l’hymne national et d’accomplir le salut nazi en direction de la tribune officielle. © Coll. Mémorial de la Shoah/CDJC. L Comment en arrive-t-on là ? Le sport jusque dans les camps Les Jeux Olympiques de Berlin, organisés par le IIIe Reich en 1936, constituent assurément le plus grand événement médiatique des années 1930 et aussi la plus grande démonstration de force nazie. De pratique autorisée dans les camps d’internement, de concentration et les premiers ghettos, le sport est métamorphosé dans son essence même par les nazis pour devenir un supplice dans les centres de mise à mort. © Coll. Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne. Le sport entre oppression et résistance Les jeux de la démesure nazie À À droite : Groupe d’Éclaireurs israélites de France « Hafetz Haïm » de la rue Claude-Bernard, pratiquant la gymnastique. Paris Ve. arne. -sur-M pigny ation nce n déportés politiques rejoints par les prisonniers de guerre ont pu pratiquer le sport, comme d’autres activités (théâtre, musique, conférences). De même, dans les ghettos de Pologne, les populations organisent des séances de gymnastique pour conserver des repères de normalité et de liberté. Puis, dans le langage nazi, « sport » en vient à signifier brimades et supplices, particulièrement dans le cas des champions juifs, tsiganes et communistes. ■ e la R ésista ée d . Mus ll Alfred Nakache, le « nageur d’Auschwitz » © Co En haut : Page 17 de l’album photographique composé par les internés du camp de Gurs (PyrénéesAtlantiques). France, 1939-1940. N é à Constantine en 1915, Alfred Nakache devient, dans les années 1930, une figure emblématique de la natation française. À plusieurs reprises champion de France, il poursuit cette ascension jusqu’à l’été 1942. Le régime du maréchal Pétain, tout en adoptant une législation antisémite qui fait des Juifs de France des citoyens de seconde zone, autorise Alfred Nakache à nager pour défendre les couleurs nationales. Mais le paradoxe ne dure pas : cible d’attaques antisémites, le champion ne peut participer aux championnats de France en 1943. Il est déporté à Auschwitz en janvier 1944 avec sa femme Paule et sa fille Annie, assassinées dès leur arrivée. Il devient le « nageur d’Auschwitz » après avoir effectué sous la contrainte d’un garde SS, ou comme acte de bravoure et de dignité, des mouvements dans un bassin de rétention d’eau. De retour des camps, Alfred Nakache reprend la natation et participe aux J.O. de 1948. ■ En haut : Baraque sportive du camp d’internement de Choiseul. Châteaubriand (LoireAtlantique), France, 1941. Auguste Delaune (debout à gauche), secrétaire général de la FSGT, est l’un des fondateurs de « Sport libre ». À sa gauche se trouve Guy Môquet, qui sera fusillé le 22 octobre 1941. À droite : Portrait dédicacé de Young Perez. Paris, France, 29 octobre 1931. À gauche : Alfred Nakache, à gauche, vainqueur du 200 m nage libre au championnat de France. Piscine des Tourelles, Paris, 28 août 1938. © Coll. Musée national du Sport, Paris/DR ; N° inv. : MS 7210, photo 72. L e fascisme utilise le sport comme un moyen de forger et d’embrigader les masses, et surtout la jeunesse italienne. Mussolini veut cette dernière dynamique, forte et fidèle à son chef, selon sa devise « croire, obéir, combattre » qui illustre le caractère violent du régime. Les victoires sportives en boxe, football, course automobile, sont utilisées, à l’étranger comme dans la péninsule, pour glorifier « l’homme nouveau » italien. L’éducation physique de la jeunesse est une obsession pour le régime du vieux maréchal Pétain. Par la Charte des Sports du 20 décembre 1940, le commissaire général à l’Éducation générale et aux Sports, Jean Borotra, prend le contrôle des fédérations sportives. À compter de 1941, lors des principales manifestations sportives, le salut olympique est effectué et le Serment de l’athlète déclamé : « Je promets, sur l’honneur, de pratiquer le sport avec désintéressement, discipline et loyauté pour devenir meilleur et mieux servir ma patrie. » L’engouement nouveau pour le sport des jeunes, des adultes, ou bien encore des jeunes filles et des femmes, ne signifie pas nécessairement leur ralliement à Vichy. Il traduit le désir d’échapper aux privations et à l’incertitude imposées par la guerre et l’occupation nazie. ■ L’arrivée de Hitler au pouvoir déclenche un puissant mouvement de boycott des Jeux de Berlin aux États-Unis. Et, tandis que l’URSS promeut ses « Spartakiades », une « olympiade populaire » est organisée à Barcelone en faveur d’un sport sain et non mercantile, pacifiste et antifasciste, anticolonialiste. Ces « contre-jeux » sont finalement un échec. Si certains résistants ont un authentique passé sportif, le fait d’être sportif ne préjuge en rien d’un quelconque engagement résistant. Certaines activités sportives, souvent parmi les seules autorisées, ont pu servir de couverture à des formes d’organisation résistante. Fondé par des communistes en 1941, le réseau « Sport Libre » est le seul exemple de mouvement sportif clandestin français. Les maquisards ont pu utiliser le sport, notamment sous sa forme de culture physique, comme pourvoyeur d’énergie, reconstituant psychique, et pour la préparation au combat. ■ © Coll. Musée national du Sport, Paris/DR ; N°inv. : IMG.2011.0003. À gauche : 7h (d’éducation physique par semaine). France, 1940-1944. Affiche éditée par le Commissariat à l’Éducation générale et aux Sports. Illustrateur : A. Piersat [85,1 x 125,4 cm]. Le sport dans l’Italie fasciste et dans la France de Vichy La résistance à l’oppression dans et par le sport © Coll. Mémorial de la Shoah/CDJC/Coll. Denise Weill En haut : L’Olympiastadion, construit par les nazis pour les Jeux Olympiques de Berlin de 1936. L es prisonniers politiques et les réfugiés détenus dans les camps d’internement en France ont pu se regrouper par affinité sportive, plutôt que par nationalité ou par proximité idéologique. Les internés des « baraques sportives » tentent de conserver une bonne forme pour surmonter les angoisses de l’enfermement, et aussi pour préparer des tentatives d’évasion. Dans la première période des camps de concentration en Allemagne, les ham ale, C © Coll. Mémorial de la Shoah/CDJC. Le sport dans les camps © Coll. Mémorial de la Shoah/CDJC l’occasion des Jeux Olympiques de Berlin, Goebbels recouvre l’ensemble de la planète de millions de brochures éditées en 19 langues. Tout est démesuré : un stade de 100 000 places, 3 millions d’entrées payantes, 2 800 journalistes, 300 millions d’auditeurs dans le monde, un circuit fermé télévisé totalement inédit. Pour la première fois depuis 1896, les champions américains (56 médailles dont 24 en or) ne montent pas sur la plus haute marche du podium : les athlètes du IIIe Reich ont fait mieux avec 89 médailles dont 33 en or. Mais les « Aryens » ont dû s’incliner face aux Noirs américains dans les épreuves d’athlétisme. Le grand vainqueur de Berlin est, en effet, James « Jesse » Owens, quadruple médaillé d’or. ■ Victor « Young » Perez, le champion de boxe N é à Tunis, Victor Perez, « Young » de son nom de combat, entre dans la légende en octobre 1931, à Paris, lorsqu’il remporte par K.-O. au deuxième round le combat qui l’oppose à l’Américain Franckie Genaro. À 20 ans, il devient le plus jeune champion du monde poids mouches de boxe de tous les temps. Arrêté à Paris, il est interné à Drancy puis déporté vers Auschwitz le 7 octobre 1943. Reconnu comme étant un grand boxeur à son arrivée, il participe à des combats organisés par le commandant du camp de l’automne 1943 à mai 1944.Victor Perez est assassiné au cours des « Marches de la mort » en janvier 1945. ■ Les jeunes Franciliens doivent savoir que le régime hitlérien a cherché à embrigader les corps Le sport a toujours été un enjeu politique. Les totalitarismes l’ont compris mieux que d’autres. C’est ce que démontre avec beaucoup de pédagogie l’exposition « Le Sport européen à l’épreuve du nazisme » présentée par le Mémorial de la Shoah. Le combat de la mémoire exigeait de revenir sur cette page sombre de l’histoire du sport européen. Les jeunes Franciliens doivent savoir que le régime hitlérien a, comme jamais auparavant, cherché à embrigader les corps. À contrôler la jeunesse. À « aryaniser » les fédérations et les clubs en excluant les Juifs et les Tsiganes. À faire du sport un instrument efficace de sa propagande. À transformer les Jeux Olympiques de Berlin organisés en 1936 en démonstration de force nazie. À faire également du sport un instrument de torture des cham- pions juifs déportés dans les camps de concentration. Les jeunes Franciliens doivent aussi savoir que le sport a pu servir de refuge pour les populations occupées et même d’espace de liberté pour les prisonniers. La pratique sportive a redonné espoir à des internés. Elle a servi aux résistants de technique de préparation au combat. Les jeunes Franciliens doivent enfin savoir que les J.O. de Londres de 1948 ont permis au sport de retrouver son rôle de réconciliateur entre les peuples. Les sportifs n’étaient plus les porte-drapeaux du nazisme et de ses alliés. Ils redevenaient des acteurs majeurs de la solidarité internationale. ■ Jean-Paul Huchon Président du conseil régional d’Île-de-France En 1995, l’État français reconnaît pour la première fois sa responsabilité Le 16 juillet 1995, lors des cérémonies commémorant la rafle du Vel’d’Hiv (16 et 17 juillet 1942), Jacques Chirac, président de la République française, prononce des paroles reconnaissant officiellement et solennellement les crimes de l’État français : « Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police. [...] La France, patrie des Lumières et des droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. » ■ (Extrait du discours de Jacques Chirac.) Au Mémorial de la Shoah Pour aller plus loin Pour aller plus loin dans la réflexion sur la place du sport dans l’histoire de la Shoah, rendez-vous au Mémorial de la Shoah, Paris 4e, pour visiter jusqu’au 29 avril 2012 l’exposition « Le Sport européen à l’épreuve du nazisme : des J.O. de Berlin aux J.O. de Londres (1936-1948) ». Le Mémorial de la Shoah est ouvert à tous, du lundi au dimanche, sauf le samedi, de 10 heures à 18 heures et le jeudi jusqu’à 22 heures. Des visites guidées sont proposées aux individuels et aux groupes. Pour connaître les tarifs et horaires, contactez le Mémorial de la Shoah. Il y a 70 ans… En 1942 se succèdent les rafles et les déportations des Juifs d’Europe vers les centres de mise à mort nazis ; le génocide de toute une population est désormais méthodiquement appliqué. En mémoire de cette année tragique, le Mémorial de la Shoah programme tout au long de l’année 2012 des rencontres, colloques, projections et expositions. Retrouvez les événements liés à cette saison mémorielle grâce au pictogramme circulaire présent sur les différents documents d’information édités par le Mémorial de la Shoah. Ouverture Tous les jours sauf le samedi de 10 h à 18 h, nocturne le jeudi jusqu’à 22 h. Entrée libre. Accès 17, rue Geoffroy-l’Asnier, 75004 Paris. Métro : Saint-Paul ou Hôtel-de-Ville (ligne 1), Pont-Marie (ligne 7) / Bus : 96, 69, 76, 67, Balabus. Renseignements Tél. : 01 42 77 44 72 [email protected] www.memorialdelashoah.org Le bilan chiffré de la Shoah en Europe Glossaire D’après les travaux des historiens, près de 6 millions de Juifs ont été exterminés par les nazis et leurs alliés selon la répartition suivante : Aryen, Aryenne. Dans ­Pologne : 3 000 000 URSS : 1 100 000 Hongrie : 569 000 Roumanie : 287 000 Lituanie : 143 000 Allemagne : 141 500 Pays-Bas : 100 000 Bohême-Moravie : 78 150 France : 77 320 Lettonie : 71 500 Slovaquie : 71 000 Grèce : 67 000 Yougoslavie : 63 300 Autriche : 50 000 Belgique : 28 900 Italie : 7 680 Estonie : 2 000 Luxembourg : 1 950 Norvège : 762 Danemark : 60 Source : Israel Gutman, Encyclopedia of the Holocaust, 1990. Documentaires (liste indicative) Le Temps du ghetto, film français (1961), réalisé par Frédéric Rossif. Shoah, film français (1985), réalisé par Claude Lanzmann. De Nuremberg à Nuremberg, film français (1989), réalisé par Frédéric Rossif. Paroles d’étoiles, film français (2002), réalisé par Thomas Gilou. Les Justes, film français (2007), réalisé par Nicolas Ribowski. Fictions Le Dictateur, film américain (1940), comédie, réalisé par Charles Chaplin. Au revoir les enfants, film français (1987), drame, réalisé par Louis Malle. La Liste de Schindler, film américain (1993), drame, réalisé par Steven Spielberg. La Rafle, film français (2010), drame, réalisé par Roselyne Bosch. Elle s’appelait Sarah, film français (2010), drame, réalisé par Gilles Paquet-Brenner d’après le roman éponyme de Tatiana de Rosnay. Sites Internet (liste indicative) www.memorialdelashoah.org www.grenierdesarah.org www.ushmm.org Bibliographie (liste indicative) Documents BENSOUSSAN (Georges), Histoire de la Shoah, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1997. FREDJ (Jacques), Les Juifs de France dans la Shoah, coéd. Gallimard/ Mémorial de la Shoah, 2011. GRYNBERG (Anne), La Shoah. L’impossible oubli, Gallimard, coll. « Découvertes », 1995. KERTÉSZ (Imre), Être sans destin, Actes Sud, 1998 ; Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas, Actes Sud, 1995. WIEVIORKA (Annette), Auschwitz expliqué à ma fille, Seuil, 1999. Témoignages BERR (Hélène), Journal, Tallandier, 2008. CHOKO (Isabelle), Mes deux vies, Caractères, 2004. DELBO (Charlotte), Auschwitz et après, t. I : Aucun de nous ne reviendra ; t. 2 : Une connaissance inutile ; t. 3 : Mesure de nos jours, Éditions de Minuit, 1970-1971. FAINZANG (Jules), Mémoire de déportation, L’Harmattan, 2002. GRINSPAN (Ida), J’ai pas pleuré, Robert Laffont, 2002. HEFTLER (Nadine), Si tu t’en sors… Auschwitz, 1944-1945, La DécouverteTémoins, 1992. HILLESUM (Etty), Une vie bouleversée, Seuil, 1985. LEVI (Primo), Si c’est un homme, Julliard, 1967 ; La Trêve, Grasset, 1966. SEMPRUN (Jorge), Le Grand Voyage, Gallimard, 1963 ; Le Mort qu’il faut, Gallimard, 2001. WAJSBLAT (Joseph) et LAMBERT (Gilles), Le Témoin imprévu, J’ai lu, 2002. WIESEL (Élie), La Nuit, Éd. de Minuit, 1958. Bande dessinée SPIEGELMAN (Art), Maus, Flammarion, 2 vol., 1987-1992. Antisémitisme. Haine des Juifs. Forme particulière de racisme. la doctrine nazie, terme qui désigne une supposée race nordique et germanique, considérée comme supérieure, par opposition aux autres en particulier les Juifs et les Slaves. Camps de concentration. Camps de détention édifiés afin d’emprisonner un grand nombre de personnes, à moindre coût, sous surveillance militaire ou policière. En mars 1933, les nazis ouvrent le premier camp de concentration à Dachau, destiné aux opposants politiques. Au fur et à mesure, d’autres camps de concentration sont mis en place en Allemagne (Buchenwald, BergenBelsen) ou en Pologne (Auschwitz, devenu ensuite un camp de mise à mort). Camps d’internement. Camps ouverts sur l’ensemble du territoire national, en France dès 1938, afin de regrouper les réfugiés républicains espagnols, puis également les réfugiés allemands et autrichiens fuyant le nazisme. Ils servirent ensuite de centres de regroupement pour les Juifs avant que ceux-ci soient acheminés vers les camps de Beaune-la-Rolande, de Pithiviers, de Drancy, « antichambres de la mort ». Centres de mise à mort. Camps d’extermination mis en place par les nazis durant la phase finale du processus de destruction. Six centres de mise à mort apparurent en 1941-1942 en Pologne : Belzec, Sobibor, Treblinka, Kulmhof (Chelmno), Majdanek et AuschwitzBirkenau. Les victimes y étaient gazées. Chambres à gaz. Afin d’exterminer un nombre important de personnes en peu de temps, les entreprises allemandes mettent au point pour les nazis un procédé de mise à mort massif avec des gaz toxiques, notamment du Zyklon B. Pour éviter les révoltes et les paniques, les chambres à gaz étaient camouflées en douche. Fours crématoires. Après les opérations de gazage, les cadavres étaient brûlés à ciel ouvert ou dans des fours crématoires. Génocide. La définition juridique du génocide a été donnée une première fois en 1943 par le juriste polonais Raphaël Lemkin : « Par génocide, nous voulons dire la destruction d’une nation ou d’un groupe ethnique. En général, le génocide ne veut pas dire nécessairement la destruction immédiate d’une nation. Il signifie plutôt un plan coordonné d’actions différentes qui tendent à détruire les fondations essentielles de la vie des groupes nationaux, dans le but de détruire ces groupes euxmêmes. » Cette définition sert de référence aux textes internationaux qui traitent de la question du génocide (article 6c de la Charte du Tribunal militaire international de Nuremberg, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948, statut de la Cour pénale internationale du 17 juillet 1998 et article 211-1 du Code pénal français). Tous ces textes confèrent au crime de génocide un caractère imprescriptible qui interdit l’oubli. C’est en fonction de cette définition qu’a notamment été reconnu officiellement en France le génocide arménien (loi 2001-70 du 29 janvier 2001). Ghetto. Ce terme désigne un quartier, séparé par des murs et des portes, où vivent les Juifs qui sont ainsi isolés du reste de la population. Le premier ghetto fut créé en 1516, à Venise. Fin 1939, les nazis organisent l’isolement des ghettos et suscitent ainsi la famine et le développement des épidémies, ce qui entraînera des morts en grand nombre. Holocauste. Mot d’origine grecque, issu de la traduction grecque de la Bible hébraïque. Ce terme signifie « sacrifice par le feu ». Il a donné son titre à un téléfilm américain et servait à désigner l’extermination des Juifs par les nazis. Mais le terme est mis en cause par de nombreux anciens déportés qui le trouvent inapproprié et lui préfèrent le mot de « Shoah ». Ils expliquent, à juste titre, qu’ils ont été « exterminés » et non « sacrifiés par le feu ». Nazisme, nationalsocialisme. Politique qui a dominé l’Allemagne du 30 janvier 1933, date à laquelle Hitler devint chancelier du Reich, jusqu’à l’effondrement de mai 1945. Négationnisme. Négation du fait que les Juifs ont été exterminés en grand nombre. Délit puni par la loi. Racisme. Idéologie fondée sur la croyance en une hiérarchie entre les groupes humains, les « races ». Le racisme est un délit puni par la loi. Shoah. « Catastrophe », en hébreu. Ce terme désigne l’extermination des Juifs par les nazis. Solution finale. Formule utilisée par les nazis pour camoufler la destruction systématique des Juifs d’Europe par la déportation, la mise à mort dans les chambres à gaz, le travail forcé jusqu’à la mort, les tortures. C’est lors de la conférence de Wannsee (près de Berlin), le 20 janvier 1942, que les nazis ont défini les modalités techniques de la « Solution finale de la question juive ». La Région Île-de-France remercie le Mémorial de la Shoah et l’historien Patrick Clastres pour leur aide à la réalisation de ce document, ainsi que Caroline François, Hubert Strouk, Laura Fontana et Alban Perrin. Vous pouvez télécharger le présent document sur le site de la Région Île-de-France www.iledefrance.fr Conseil régional d’Île-de-France – Direction de la communication/Service Édition. Conception et réalisation graphique : Rampazzo & Associés – Impression : ????. Comment en arrive-t-on là ?