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artout dans le monde
industrialisé, l'arthro-
scopie de hanche se
développe, suivant le
chemin emprunté par
l'arthroscopie de genou il y a
25 ans et par l'arthroscopie
d'épaule il y a 10 ans. La Société
Internationale d'Arthroscopie
de Hanche (ISHA) a été créée
il y a quatre ans. En 2012, son
congrès annuel a rassemblé
400 chirurgiens de plus de
40 nationalités à Boston,
Massachusets, dont seulement
6 Français. En France, le poten-
tiel reste donc immense : peu
de centres pratiquent la tech-
nique et de nombreux terri-
toires n'ont pas accès au traite-
ment arthroscopique conserva-
teur de la coxopathie méca-
nique. Démarrer et réussir le
développement d'une activité
d'arthroscopie de hanche est un
challenge qui ouvre la voie à
une démarche diagnostique pré-
coce, offre des solutions fiables
aux patients ne relevant pas de
l'arthroplastie totale, et prépare
l'avenir d'une spécialité pour
laquelle la prothèse ne peut être
la seule réponse aux dysfonc-
tionnements mécaniques.
Nous proposons ici des outils
pour pratiquer l'arthroscopie de
hanche, dont une technique
simple et originale. Cet outil
théorique complète un program-
me pédagogique mensuel d'ac-
cueil des praticiens pour parta-
ger notre expérience opératoire.
1
Technique
opératoire
Décrite il y a plus de 25 ans,
l'arthroscopie de hanche a tra-
versé une longue période de
confidentialité. Ses rares indi-
cations étaient la biopsie, le
lavage articulaire, le retrait de
corps étrangers, la synovecto-
mie, la lésion du labrum et
l'arthroscopie diagnostique. La
description du conflit et des
anomalies morphologiques
fémorales et acétabulaires par
l'équipe de Berne a ouvert un
champ nouveau à la chirurgie
conservatrice de la hanche.
Les gestes de fémoroplastie et
d'acétabuloplastie ont été pro-
posés pour traiter la came et la
tenaille. Initialement pratiquée
par luxation chirurgicale et
trochantérotomie, cette chirur-
gie a rapidement évolué vers
des approches moins invasives
telles que la voie antérieure
ou la voie antéro-latérale,
éventuellement vidéo-assistée.
Finalement, certains auteurs ont
proposé une technique arthro-
scopique pure, ce qui nécessite
une optique oblique à 70° et
des gestes de capsulotomie.
Anatomiquement, la hanche est
divisée en deux compartiments
séparés par le labrum. Le com-
partiment central est situé entre
dôme fémoral et surface acéta-
bulaire cartilagineuse, il s'agit
d'un espace virtuel qui devient
accessible après traction axiale
sur le membre inférieur. Le
compartiment périphérique est
situé autour du col fémoral. Il
est lui même séparé en deux
par le repli orbiculaire. S'il
existe un consensus concernant
la nécessité d'explorer les deux
compartiments au cours de l'ar-
throscopie de hanche, le dérou-
lement de la procédure fait
débat. Bien que la majorité des
équipes dans le monde com-
mence par la hanche centrale,
nous présentons ici une tech-
nique originale d'arthroscopie
ACTUALITE
MAITRISE ORTHOPEDIQUE10
RÉUSSIR LE DEVELOPPEMENT
D'UNE ACTIVITÉ D'ARTHROSCOPIE DE HANCHE
Technique et programme « Inside the Hip »
Alexis NOGIER, Thierry BOYER
Institut Nollet, Clinique Maussins-Nollet, Paris
Figure 1 : Installation du patient, l'assistant opératoire soulève le genou pour
fléchir la hanche.
Figure 2 : L'incision pour la voie optique périphérique est antéro-latérale.
Figure 3 : La voie optique périphérique est dirigée perpendiculairement vers le
col fémoral, dans une direction parallèle au rebord antérieur du cotyle.
commençant par la périphérie,
et permettant de se passer de
fluoroscopie grâce à un contrô-
le visuel de la procédure.
Installation et
instrumentation
L'absence d'utilisation du fluo-
roscope simplifie l'organisation
de la salle d'opération, mais ne
dispense pas de prévoir la pos-
sibilité d'y recourir en cas de
besoin. Par ailleurs, il reste
obligatoire lors de la courbe
d'apprentissage.
Le patient est installé en décu-
bitus dorsal sur table orthopé-
dique classique ou dédiée, la
fesse doit rester accessible. Les
chaussures sont solidement
attachées. Il faut pouvoir trac-
ter fort, effectuer des mouve-
ments de rotation, de flexion et
d'hyper flexion en décrochant
le pied (tests dynamiques). Les
membres supérieurs sont à 90°
d'abduction. L'appui pelvien ne
doit pas être dur pour limiter
les risques de compression
pudendale. De gros appuis
existent et nécessitent de posi-
tionner le membre non opéré
en abduction.
La colonne d'arthroscopie est
installée face à l'opérateur.
L'assistant opératoire instru-
mente et mobilise le membre, il
se place en regard du genou
(figure 1). L'infirmier circulant
est formé au maniement de la
table orthopédique, et reste dis-
ponible durant toutes les phases
de l'intervention. L'anesthésie
générale est le mode habituel et
doit offrir un relâchement mus-
culaire complet.
Deux voies sont utilisées en
routine pour pratiquer une
arthroscopie complète de la
hanche, une troisième est
nécessaire en cas de réparation
du labrum. La première voie
est antérolatérale, son incision
cutanée est située à la pointe de
l'index lorsqu'on pose son
majeur sur l'EIAS et son pouce
sur le grand trochanter (main
droite pour hanche gauche et
réciproquement) (figure 2). Sa
direction est perpendiculaire au
col fémoral, parallèle au rebord
acétabulaire antérieur (direc-
tion vers le bas, l'arrière et le
dedans) (figure 3). La deuxiè-
me voie est supra trochanté-
rienne, dirigée vers le dedans
pour accéder à l'interligne arti-
culaire ouvert sous traction. En
cas de suture du labrum, une
voie antéro-latérale distale est
pratiquée.
La hanche est fléchie à 30° et
maintenue par l'assistant qui
soutient le genou. L'incision
cutanée est réalisée puis une
aiguille fine, longue et canulée
est introduite en direction du
col fémoral. Dans cette posi-
tion hanche fléchie, la cartilage
de la tête fémorale est protégé
de l'aiguille par la paroi anté-
rieure du cotyle (figure 4). Le
contact de l'aiguille avec le col
fémoral est pathognomonique :
il s'agit de la seule zone corti-
cale non recouverte d'insertions
tissulaires. L'opérateur perçoit
un contact dur et des vibrations
typiques en grattant la surface
osseuse. En remplaçant le tro-
cart de l'aiguille par un guide
souple, on confirme la position
intra-articulaire dès que la pro-
gression du guide vers l'avant
est stoppée par la capsule