Entretien avec le Dr Valérie Santschi Responsable de recherche
Service de Néphrologie et Hypertension, Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) et Professeur HES Institut et Haute Ecole
de Santé La Source, Lausanne, Suisse au sujet du projet ”Team-Based Care for Hypertension Management„
Le Dr Valérie Santschi, PharmD, PhD,
s’est vu attribuer la bourse AstraZeneca
2012 de la Société Suisse d’Hypertension
pour réaliser son projet de recherche
”Team-Based Care for Hypertension
Management: A Randomized Controlled
Study (prise en charge en équipe dans la
gestion de l’hypertension: une étude
randomisée et contrôlée„.)
L’étude TBC-Hypertension a pour objectif d’évaluer si un pro-
gramme de prise en charge en équipe de six mois, basé sur
l’intervention de pharmaciens de ville et de personnels inr-
miers travaillant en coopération avec des médecins, permet
d’améliorer le contrôle de la tension artérielle (TA) chez des
patients hypertendus non contrôlés par rapport à un groupe
bénéciant d’une prise en charge conventionnelle, ainsi que
de déterminer la faisabilité d’un tel modèle dans le système de
santé suisse.
Pouvez-vous nous donner un bref aperçu de votre projet?
Avant d’entreprendre une prise en charge en équipe (TBC), les per-
sonnels inrmiers et les pharmaciens participeront à un atelier de
formation sur la mesure de la TA, les changements d’habitudes de
vie (régime alimentaire, activité physique) et l’adhésion des patients
au traitement. Les patients inclus dans le groupe de TBC auront un
premier rendez-vous au Service d’Hypertension avec un inrmier
ou une inrmière qui leur parlera des habitudes de vie et de l’activi-
té physique et mesurera leur tension. Puis les patients se renderont
à la pharmacie où les pharmaciens mesureront la TA et discuteront
avec les patients de leurs médicaments.
L’étude TBC-Hypertension sera menée au Service d’Hypertension
du CHUV à Lausanne, en étroite collaboration avec l’Institut et
Haute Ecole de la Santé la Source à Lausanne, l’Institut universi-
taire de médecine sociale et préventive de Lausanne, l’Université
du Québec à Trois-Rivières, Canada, et l’Université McGill à Mon-
tréal, Canada.
Où voyez-vous le plus grand bénéce pour les patients? Et où
voyez-vous des avantages pour les médecins et les pharma-
ciens? Les modèles de prise en charge en équipe comme celui
que nous proposons dans l’étude TBC-Hypertension pourraient
améliorer la gestion de l’hypertension par le biais d’une plus grande
implication des patients dans le processus de prise de décision en
matière de soins. L’étude pourrait faciliter la coordination des soins
grâce au partage, avec le patient et les différents professionnels de
soins impliqués, de données cliniques (p. ex. mesures de la TA,
résultats de laboratoire et traitement).
L’étude TBC-Hypertension pourrait apporter une plus grande
efcacité dans la dispensation des soins, ce qui laisserait aux
médecins davantage de temps avec leurs patients pendant les
consultations et permettrait une intégration plus soutenue des
pharmaciens et des personnels inrmiers, non seulement en tant
que fournisseurs de soins mais également comme membres de
l’équipe soignante.
Avez-vous des recommanda-
tions à faire aux médecins/
pharmaciens pour améliorer
l’adhésion au traitement
anti-
hypertenseur? L’adhésion
au
traitement est un facteur cru-
cial dans la gestion des mala-
dies chroniques. Or, elle est
souvent faible, en particulier
dans le cas de l’hypertension.
Les professionnels de soins ont
donc un rôle majeur à jouer en
soutenant les patients dans la
prise journalière de leurs médi-
caments.
Les pharmaciens sont des professionnels de soins qui se trouvent
en première ligne et constituent un élément vital de la stratégie
d’adhésion au traitement en termes de détection des cas de
non-adhésion, d’aide au patient et d’amélioration de l’adhésion au
traitement. En effet, ils évaluent le traitement et les problèmes qui y
sont liés (p. ex. en vériant les interactions, les schémas posolo-
giques et les effets secondaires), conseillent et éduquent les pati-
ents sur l’importance de l’adhésion au traitement (p. ex. par des
entretiens de motivation) et/ou en distribuant des systèmes de rap-
pel (aide-mémoire, moniteurs électroniques, autocollants de cou-
leur pour piluliers ou autres).
Les médecins peuvent également aider à améliorer l’adhésion au
traitement prescrit en interrogeant par exemple les patients sur la
prise quotidienne de leurs médicaments, en utilisant des moniteurs
signalant une non-adhésion et permettant d’en détecter les rai-
sons, ainsi qu’en fournissant du matériel d’assistance (informations
écrites).
A mon avis, l’une des recommandations les plus importantes et les
plus pertinentes pour améliorer l’adhésion au traitement est
d’adopter une approche en équipe impliquant des médecins, des
pharmaciens et des personnels inrmiers qui travaillent avec les
patients pour trouver des solutions communes an d’aider les pa-
tients dans la prise quotidienne de leurs médicaments.
Comme vous le savez, la mise à jour des directives de l’ESC
pour la prise en charge de l’hypertension propose une simpli-
cation des recommandations thérapeutiques. Cela va-t-il
avoir une inuence sur votre projet? La mise à jour des directi-
ves de l’ESC propose de simplier le régime thérapeutique dans le
but d’améliorer l’adhésion au traitement. Cette recommanda-
tion est non seulement judicieuse, mais elle va également dans le
sens de précédentes études qui montrent que l’adhésion des
patients au traitement prescrit diminue à mesure que le nombre de
médicaments antihypertenseurs augmente. Les nouvelles recom-
mandations sont en accord avec l’algorithme de l’étude TBC-
Hypertension.
Dr Santschi e Prof Burnier lors de la remise
du Prix de la recherche AstraZeneca 2012