1097 LES FEMMES EN CROISADE
La Barre Duparcq, Édouard de. Histoire militaire des femmes. 1873.-Gallica.bnf
Lorsque les femmes accompagnaient les croisés, elles ne craignaient pas de se
mêler aux batailles, porter de l’eau aux chevaux pour les rafraîchir et les reposer.
Plusieurs avant le départ connaissaient déjà le maniement des armes et s’y étaient
exercées au milieu de la vie monotone des châteaux féodaux.
Dans la première croisade (1097), Marguerite de Hainaut courait au milieu d’un
terrain jonché de cadavres pour découvrir son mari tué par les Turcs
Florine, fille du duc de Bourgogne, combattait à côté de son fiancé Suénon, fils du
roi de Danemark, et mourait comme lui sous les coups des infidèles, après avoir vu périr
autour d’elle un nombre infini de chevaliers.
Le Tasse, poète italien, a célébré la mort de Suénon en ces termes :
« Nous étions deux mille, à peine nous restions cent. A la vue du sang répandu,
de tant de morts entassés, je ne sais si le cœur des héros se troubla, mai son front n’en
fut point altéré. Compagnons, nous dit-il, en élevant la voix, suivons ces généreux
guerriers, marchons comme eux au bonheur et à la gloire par la route que notre sang
nous a tracé. »
« Il dit, souriant à la mort qui s’approche, il oppose au torrent débordé sur lui une
confiance et un courage intrépide ; il n’est point d’armure, fût-elle de l’acier, du diamant le
plus impénétrable, qui ne puisse résister aux coups que frappe son bras. Bientôt tout son
corps n’est plus qu’une plaie. »
« Cadavre indompté, ce n’est plus la vie, c’est la valeur seule qui le soutient et
l’anime encore. Sans se ralentir, il rend coup pour coup ; plus il est blessé, plus il devient
terrible. Enfin, un guerrier, à l’œil farouche, au maintien formidable, fond sur lui avec
fureur et, secondé par une foule des siens, après un combat long et opiniâtre, renverse
le héros.
Dans la seconde croisade, l’empereur d’Allemagne Conrad se rend en Syrie suivi
par une troupe de femmes armées comme des chevaliers ; le chef de cette troupe portait
un surnom, celui de la « dame aux jambes d’or », à cause de ses éperons dorés et sans
doute aussi des autres dorures qui ornaient la culotte qu’elle portait ; on ignore son