Le triomphe de l`amour - Odéon

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Le triomphe de l'amour - Saison 1997/98 - Odéon
1er avril - 26 avril
LE TRIOMPHE DE L'AMOUR
de MARIVAUX
mise en scène ROGER PLANCHON
avec, par ordre d'entrée en scène, Nathalie Krebs, Micha Lescot, Alain Payen, Régis Royer,
Roger Planchon, Isabelle Gélinas, Claire Borotra, et Stéphane Cavallini, Frédéric Domet,
Georges Egler, Yves Georges, Denis Manin, Patrick Séguillon
Production TNP-Villeurbanne, en collaboration avec le Conseil Général du Rhône
Cela pourrait se jouer sur une île, comme d'autres comédies romanesques de Marivaux. En
l'occurrence, une Grèce de convention lui suffit. Il y campe une étrange famille : un philosophe et sa
soeur y tiennent lieu de couple; un jeune prince privé du trône de ses pères, qu'ils croient persécuté et
ont élevé à leur image, leur tient lieu d'enfant adoptif, à l'écart du monde et de ses risques. Mais leur
isolement n'est pas complet. Il a suffi d'une promenade en forêt, d'un regard furtif, pour que la jeune
princesse régnante se mette en tête de conquérir le captif consentant. Pour y réussir, elle ne reculera
devant rien, et puisqu'il s'agit d'abord de parvenir jusqu'au prince pour le séduire, quel meilleur moyen
que de séduire chemin faisant ceux qui prétendent le séquestrer, tous sexes confondus?... On s'en
doute, la fausse famille trop sage succombera aux manoeuvres de l'intruse, et le couple sévère
apprendra à ses dépens qu'après tout, il n'en avait pas fini avec la jeunesse de son propre coeur.
DOSSIER DE PRESSE
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Entretien avec Roger Planchon
Roger Planchon et Marivaux
Avertissement de l'auteur
Repères biographiques
Entretien avec Roger Planchon
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Le triomphe de l'amour - Saison 1997/98 - Odéon
- Le Triomphe de l'Amour marque pour vous à la fois un retour à Marivaux - quarante ans après La
Seconde surprise de l'amour - et la poursuite d'un travail sur les classiques français...
- Contrairement à ce que l'on croit, je ne suis pas un spécialiste des classiques français. J'ai présenté
quatre Molière, trois Racine et un seul Marivaux avant celui-ci. On me met cette étiquette parce qu'il se
trouve que ce sont ces spectacles-là ( La Seconde surprise de l'amour en 1959, Tartuffe en 1962 ou
Bérénice en 1964) qui ont été le plus remarqués.
Marivaux, j'ai essayé une fois ou deux d'y revenir mais je n'ai pas trouvé la bonne distribution. C'est un
auteur qui exige un certain style d'acteurs. Pour créer ce Triomphe de l'amour j'ai enfin pu réunir de
très bons acteurs, et qui savent le jouer. Isabelle Gélinas est peut-être actuellement la meilleure actrice
française dans ce genre de rôle. Nathalie Krebs est exceptionnelle, Alain Payen et les jeunes, Claire
Borotra, Régis Royer et Micha Lescot, sont formidables. La distribution est bien entendu la même qu'à
la création au TNP de Villeurbanne il y a dix-huit mois. Je n'aurais pas voulu présenter une version "de
tournée".
- Vous dites que le Triomphe de l'amour est un des sommets de la comédie d'amour de tous les siècles
et de tous les peuples"...
- C'est une des oeuvres les plus aiguës qui soient, oui. Dans cette pièce, Marivaux raconte quelque
chose que vont reprendre Laclos d'un côté, Sade de l'autre, puis certains auteurs du XIXème siècle. Et
je constate même qu'aujourd'hui beaucoup de jeunes auteurs de scénarios entent de refaire Le
Triomphe de l'amour à leur façon. Marivaux fait non seulement là un apport définitif sur la question du
libertinage mais, pour la première fois, il accorde à une femme la place la plus importante. La question
du Don Juan féminin occupe encore beaucoup la littérature française d'aujourd'hui. De nombreux
romans actuels le prouvent. Le Triomphe est donc une pièce mère. Le libertinage est au coeur de la
littérature amoureuse française. Jusqu'à Roger Vailland, jusqu'à Aragon. Jusqu'à Sollers. Sans doute le
sida a-t-il interrompu la chaîne, mais cela reviendra.
- C'est donc moins l'amour qui triomphe que le libertinage ?
- Non, les deux triomphent. C'est ce qui fait le caractère exceptionnel de cette oeuvre. Marivaux fait se
côtoyer les deux grands thèmes de l'amour occidental: d'un côté le libertinage, de l'autre l'amour
absolu. L'amour courtois, au sens où Denis de Rougemont en parle dans L'amour et l'occident, et les
visions de Laclos, voire de Sade, sont réunis là. Ce n'est nullement exagéré de le prétendre. Il suffit de
voir comment la rupture est traitée dans cette pièce. Elle l'est de façon plus brutale que dans Laclos. Et
au moment même où le XVIIIème s'enfonce dans le libertinage, c'est là le paradoxe, Marivaux remet en
lumière cette chose étrange qu'est l'amour courtois, la quête de l'être unique, de l'absolu, "l'amour fou"
cher à André Breton. Dans la même pièce! C'est la première fois. Et comme chaque fois que quelque
chose est raconté pour la première fois il y a là une sorte d'évidence, la fraîcheur de la source.
- La question du libertinage semble essentielle chez vous, jusqu'à Lautrec, le personnage central du film
que vous venez d'achever. Vous avez vous même écrit une pièce intitulé Les libertins...
- J'ai découvert les intellectuels français après la guerre. J'étais un petit paysan, je ne savais rien de
cette vie avant d'y être plongé brusquement. Et qu'ai-je vu? Sartre, Vailland, Adamov, tout un monde
où l'on prêchait le libertinage, où l'on pouvait même trouver scandaleux de donner la vie Ce fut une
chose très surprenante pour moi. Je découvrais une façon de vivre dont je n'avais jamais soupçonné
l'existence. Cette présence du libertinage dans le milieu intellectuel et littéraire français des années
cinquante était très forte. Sans doute plus que dans toute autre littérature. J'ai voulu en comprendre
les raisons. Et cette réflexion fut à l'origine de plusieurs de mes spectacles.
- Y a-t-il une saveur particulière à traiter ce thème au théâtre ?
- Oui. Quand on joue une pièce comme Dom Juan il se passe quelque chose de particulier dans la salle.
Quand on joue Le Triomphe de l'amour le public est troublé. Je ne crois pas que ce soit un thème
galvaudé. Il s'agit bien de notre histoire française.
- En 1959, lorsque vous montez La seconde surprise de l'amour, vous créez le scandale...
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- Il faut se replacer dans le contexte. Marivaux fut un auteur plutôt méconnu à son époque. Voltaire le
méprise. On juge son oeuvre gentille, on ne voit pas que, s'il y a un héritier possible pour Racine, c'est
plutôt Marivaux que Voltaire. Il sera très peu joué. La Comédie Française elle-même mettra des années
à l'adopter à son répertoire. Parce qu'on ne voit, dans son théâtre, que des rapports de badinage. Les
acteurs interprètent les personnages de la façon la plus légère possible. On s'ingénie, par exemple, à
multiplier les signes pour que le spectateur comprenne que tel ou tel personnage est en train de
mentir. Ce qui a créé la surprise, en 1959, c'est que les menteurs que je mettais en scène parlaient
vrai. C'était de bons menteurs. Ce ton de vérité a stupéfié. Brusquement, la dureté du texte de
Marivaux apparaissait à tous. Et on a pu écrire que Marivaux était mort, que je l'avais tué.
Aujourd'hui, on a compris que ce théâtre avait secrètement la dureté de celui de Racine. Alors que
Voltaire n'en a que l'emphase tragique. Marivaux a lu attentivement Racine. Il a vu que la force de son
théâtre résidait dans le fait que les choses se passent ici et maintenant, entre des personnages qui sont
là, présents. Ce qui fait la grandeur d'un auteur de théâtre est sa capacité à faire qu'il se passe
réellement quelque chose sur la scène pendant le temps de la représentation. Ce que Corneille par
exemple, malgré la force poétique de son écriture, ne fait que parfois. Deux ou trois grands auteurs ont
su mettre en avant cet aspect, ce sont les plus grands, Racine, Marivaux, puis, bien plus tard,
Tchekhov.
- Ce n'est pas une caractéristique du théâtre actuel...
- Non. Je suis en opposition avec un théâtre où l'on essaie de déconstruire la fable, d'introduire du
récit, d'évacuer la notion de temps. Pour moi, le temps est l'essence de l'écriture théâtrale. Car c'est,
comme dans nos vies, l'introduction de l'irrémédiable. C'est un débat central. Je crois que c'est une
erreur d'essayer de faire sortir le temps du théâtre. Des jeunes auteurs s'acharnent à l'évacuer alors
qu'il est l'écriture même de Tchekhov, de Racine, de Marivaux. C'est fondamental. Pour moi, c'est
presque un manifeste, un combat artistique.
- Marivaux cherche-t-il à traiter d' un problème social ?
- Il faut le dire, car on le nie souvent. Marivaux était avocat, il connaissait très bien le problème social
fondamental de son temps qui était qu'à ce moment-là une femme qui se mariait donnait tout, ses
biens et sa liberté, à celui qu'elle épousait. Dans de nombreux Etats aujourd'hui, cela reste d'actualité.
Marivaux ne va pas cesser d'écrire sur cette question. L'éternelle histoire de la veuve très riche qui
hésite à se marier s'explique ainsi. Il y a un côté profondément féministe chez Marivaux. Il traite de
sujets qui sont encore préoccupants aujourd'hui. Le questionnement actuel de beaucoup de femmes sur
ce qu'elles ont perdu en gagnant la liberté est la même question retournée. Les pièces de Marivaux
contiennent aussi des précisions que l'on ne soupçonne pas sur le pouvoir. Le problème du pouvoir, à
partir du statut de la femme, est posé. Sans vouloir à tout prix trouver une actualité à la pièce, le
problème des quotas de femmes en politique ne relève-t-il pas de la même interrogation?
- Pourquoi avez-vous introduit deux autres textes de Marivaux dans la pièce ?
- Ce sont quelques phrases d'Hermocrate, personnage d'un récit écrit une dizaine d'années auparavant,
ainsi que deux courtes scènes de La Réunion des amours, petite pièce que Marivaux a composée
l'année précédente, sous la forme d'un grand dialogue entre Cupidon et l'Amour-Amitié. J'ai trouvé
intéressant de donner une résonance encore plus grande à la pièce en citant ces textes qui ne sont
presque jamais montés. Hermocrate est un double du jeune Marivaux, dont il énonce la pensée
profonde. La Réunion des amours est d'un ton et d'un contexte très proches. Le débat que Marivaux y
mène est celui qui va être au coeur du XVIIIème siècle.
- Le mot de "bonté" revient souvent chez vous. A propos du Triomphe de l'amour, vous citez ce vers
d'Apollinaire: "...Bonté, contrée énorme où tout se tait"...
- J'aime en effet les auteurs, les peintres qui sont préoccupés par la bonté, que voulez-vous !
Aujourd'hui, dans les films américains, ou français, je vois des gangsters qui parlent très exactement le
langage du nihilisme et du cynisme. Et ils n'en sortent que pour entrer dans la sentimentalité plate et
gluante. Ce nihilisme, ce cynisme, on ne peut toutefois pas le leur reprocher, il est celui des grands
décideurs qui ont le pouvoir sur le monde. Le cinéma ne fait que reprendre ce langage-là. En un mot,
partout la fin justifie les moyens. On a l'impression, aujourd'hui, que plus on montre des sentiments
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dégueulasses, plus on approche de la vérité. Il y a toute une littérature qui croit découvrir la vérité du
monde en le salopant encore plus. Eh bien, je ne crois pas que ce soit la vérité du monde! Cette
attitude est aussi stupide que celle des décennies précédentes, où le cinéma montrait un monde sans
conflits, sans malheurs, sans tragédies.
J'ai du respect pour les auteurs et les gens qui ne croient pas que le cynisme et le nihilisme sont le fond
de la vérité. Les personnages de Marivaux ne recourent jamais au cynisme. Je ne l'ai jamais trouvé non
plus chez Tchekhov, Shakespeare ou Molière. Ces auteurs sont ma famille. Je crois qu'ils me protègent.
- Vous avez dit que l'avenir des théâtres passait sans doute par la mise en place d'ateliers nationaux de
création dramatique. C'est le pouvoir aux auteurs?
- Je le maintiens. J'ai le sentiment, très modestement, d'être dans la situation de Dullin, d'avoir une
vision à peu près claire de ce qu'il faudrait faire en étant toutefois quasiment certain que c'est la
génération suivante qui la mettra en application. Il faut en effet mettre en place des centres de création
où le pouvoir serait donné aux auteurs. Je crois que c'est possible.
Je crois que le metteur en scène va peu à peu perdre de son importance. On ne pourra pas
éternellement faire la énième version de l'Avare. Quelque chose est fini. Ce que j'essaie de faire avec
ma troupe depuis des années, du cinéma et du théâtre, préfigure ce que pourraient être les centres de
création. Il y aurait des auteurs, des metteurs en scène, un groupe d'acteurs.. Il s'agit d'inventer une
nouvelle répartition du pouvoir entre eux. On y produirait du spectacle vivant et des films. Ces centres
de création doivent prendre en main un destin audiovisuel.
Je crois que les metteurs en scène eux-mêmes vont se fatiguer de monter des classiques. S'ils le font,
c'est que d'une part leur travail se voit davantage sur un texte classique et d'autre part que le public ne
se déplace pas pour un auteur contemporain. C'est la question à poser à la vie théâtrale: comment
faire pour que les auteurs ne soient pas marginalisés? Il existe de plus en plus de lieux où ils peuvent
faire lire leurs pièces, mais dans le même temps les grands théâtres ne leur ouvrent pas leurs portes. Il
faut donc inventer une nouvelle structure. Je vois comment elle peut être. Je saurais la faire. Je suis
candidat pour y travailler car je crois que je saurais, comme j'ai su mettre en place, je pense, une
véritable décentralisation cinématographique en Rhône-Alpes.
- Etes-vous seul à vous y atteler?
- D'autres pensent la même chose, et ils sont de plus en plus nombreux. Ce que je crois, c'est que les
théâtres de demain doivent prendre en main le spectacle vivant et la création audiovisuelle. Dans ces
centres de création, les auteurs pourront exister. Cela peut se faire demain matin. C'est évidemment
une petite révolution à accomplir. Il faut trouver des décideurs courageux et une volonté politique.
Depuis quinze ans, je travaille à ce changement. Ce n'est pas une idée farfelue. Avec la
décentralisation, c'est même le sens de ma vie.
- Historiquement, les metteurs en scène doivent laisser la place?
- Il ne s'agit pas bien entendu de contester le travail des metteurs en scène. A la fin du XIXe siècle, on
créa des musées pour honorer les formes d'art de toutes les époques. Au théâtre, les metteurs en
scène sont ceux qui ont donné la garantie au public que ce qu'ils voyaient étaient bien du Molière, du
Racine ou du Goldoni. Nous refaisions les tableaux. Strehler était le garant de Goldoni, peut-être ai-je
été le garant de Molière.
Avant l'arrivée des metteurs en scène, les classiques n'étaient pas tellement joués. Souvenons-nous
que la Comédie Française était un groupe d'acteurs qui se réunissaient trois fois par semaine pour
écouter des auteurs lire leurs pièces (Victor Hugo, Sade l'ont fait) et décider de les jouer. Avec
l'audiovisuel, l'occasion se présente de refaire cela. Il ne s'agit pas de faire mourir les théâtres mais de
créer des centres qui prennent en charge ce travail. Il faut inventer un autre système. Je le redis: il
faut que les théâtres prennent en charge le spectacle vivant et un destin audiovisuel.
- Vous mettez cela en application depuis plusieurs années. Dans votre dernier film Lautrec, les acteurs
sont les comédiens de vos spectacles. Comment un sujet devient-il un film ou une pièce?
- Le théâtre et le cinéma poussent dans la même terre. Mais très vite votre sujet vous guide et ce que
vous écrivez devient soit un film soit une pièce. Lautrec ne pouvait que devenir un film. C'est une
traversée de mondes tellement différents (la haute aristocratie, le milieu des peintres montmartrois, le
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Le triomphe de l'amour - Saison 1997/98 - Odéon
Moulin Rouge, le petit peuple de la Butte, les grands bordels parisiens...) que seul le cinéma pouvait en
rendre la diversité. Mais, sur le fond, je raconte encore l'histoire d'un homme de génie, bon et
généreux.
Propos recueillis par Claude-Henri Buffard
Roger Planchon et Marivaux
Il s'agit en somme d'un petit problème de physique amusante, ou de sciences naturelles : soit un être
qui en désire un autre. Soit par ailleurs un obstacle à ce désir. Etant posé que cet obstacle sera
surmonté, tracer la ligne la plus élégante et la plus suggestive qui conduira la comédie à son terme. La
solution est brillante : de l'avis même des contemporains, le Triomphe de l'Amour est une des pièces
"des mieux intriguées qui soit sortie de la plume de M. Marivaux".
Une des plus intriguantes aussi. Car si nul n'est dupe des conventions d'un tel théâtre, chacun consent
de bonne grâce à s'y laisser prendre, séduit à son tour comme les personnages, afin de concentrer sa
rêverie de spectateur sur l'essentiel: la finesse des moyens de séduction mis en oeuvre, la subtilité
d'une langue aussi précise qu'allusive, le trouble des sentiments et leur retentissement sur ce qu'on
croit savoir de soi-même. Le sourire comique y gagne une grâce songeuse, s'y nuance d'une légèreté et
d'une délicatesse déployant tout le registre qui s'étend de l'ironie à l'émotion.
A cet égard, Le Triomphe de l'Amour rappelle le Shakespeare du Songe d'une Nuit d'Eté ou de La
Tempête. Mais la fantaisie romanesque permet encore de s'affranchir au besoin des bienséances et de
conférer aux répliques une acuité, aux conduites une brutalité d'autant plus violentes que leur élégance
reste entière sans rien devoir aux bonnes moeurs. Telle est la griffe de Marivaux, qui est ici le digne
héritier de Racine : il sait comme nul autre donner à la passion la plus nue l'expression la plus claire et
la plus discrète - d'une politesse explosive, avec toute la lumineuse intelligence de son siècle.
Intelligence souriante, fantaisie poétique, ressacs de l'ironie et de l'émotion : autant de qualités que
Roger Planchon, qui tient lui-même le rôle du vieux philosophe, nous fait partager à son tour, pour
donner tout son poids à ce mot de Marivaux qu'il aime à citer : "Dans ce monde, il faut être un peu trop
bon pour l'être assez".
Le Mercure de France de mars 1732 résume, pour ses lecteurs, Le triomphe de l'amour de Monsieur
Marivaux:
"Une jeune princesse, amoureuse d'un jeune prince opprimé, auquel un philosophe a donné un asile
pour le dérober au péril qui menaçait sa vie, s'il la passait dans l'éclat qui convient à sa naissance, se
travestit en homme pour s'introduire chez Hermocrate (c'est le nom du philosophe qui l'a élevé chez lui
dès sa plus tendre enfance). Ce philosophe a une soeur, appelée Léontine, d'un honneur encore plus
austère. La Princesse, déguisée sous le nom de Phocion, commence par mettre la soeur du philosophe
dans ses intérêts, en lui faisant croire qu'il l'aime...", etc., etc.
En mars 1732, une des plus belles intrigues du théâtre romanesque vient d'être portée à la scène par
les Comédiens Italiens de Paris. Un des sommets de la comédie d'amour de tous les siècles et de tous
les peuples.
Sous la désinvolture apparente de ses péripéties inouïes, Le triomphe de l'amour plonge au plus
profond et met à nu la folie, la dérision, la cruauté, la grandeur de l'amour dans le pauvre coeur des
hommes.
Il est un vers d'Apollinaire, fulgurant : "... bonté, contrée énorme où tout se tait". Seuls peut-être
Marivaux et Shakespeare ont su un jour, au théâtre, entrer dans ce territoire que nous pressentons au
plus secret de nos coeurs mais que nous savons interdit à la plupart d'entre nous.
Pour Shakespeare, pour Marivaux, nous n'avons jamais été chassés du Paradis terrestre. Les deux ont
écrit leurs comédies fabuleuses pour permettre à tous les Adam et Eve de cette terre de sentir que le
Paradis terrestre existe et qu'il suffit d'y pénétrer.
Le triomphe de l'amour et les comédies de Shakespeare, aux intrigues invraisemblables, nous
apportent l'essentiel, que nous devons recevoir, recueillis. Marivaux est l'auteur qui a écrit : "Dans ce
monde, il faut être un peu trop bon pour l'être assez".
Roger Planchon
juin 96
http://www.theatre-odeon.fr/public/histor/saisons/9798/triomam2.htm (5 sur 10) [17/07/2006 12:56:06]
Le triomphe de l'amour - Saison 1997/98 - Odéon
1722 - Marivaux, dans un petit récit, crée le personnage d'Hermocrate, moraliste misanthrope : "Le
fameux Scythe Anarchasis, un jour surpris par une nuit obscure, aperçut une maison bâtie au bas d'une
montagne. Il vint y demander l'hospitalité et ce fut le maître même de la maison à qui il parla... Entrez,
dit-il à Anarchasis d'un ton sévère. Les hommes en général ne méritent pas qu'on les oblige ; mais ce
serait être aussi méchant qu'eux que de les traiter comme ils le méritent... Je m'appelle Hermocrate et
je suis issu de parents qui furent autrefois sénateurs dans Athènes..."
1732 - Marivaux reprend ce personnage dans Le triomphe de l'amour. L'année précédente, il a écrit une
petite pièce, La réunion des amours, dont les personnages sont mythologiques, Plutus, Mercure,
Apollon... et allégoriques, La Vertu, La Vérité... La pièce est un grand dialogue entre Cupidon et l'AmourAmitié. Derrière le personnage de Cupidon, on retrouve le ton et l'arrogance de la Princesse, le
personnage central du Triomphe de l'amour. Derrière le personnage de l'Amour-Amitié se profile, bien
sûr, le trop sage Hermocrate qui refuse le déferlement des désirs et des passions que propose Cupidon
dans La réunion des amours et la Princesse dans Le triomphe de l'amour.
Dans la version scénique du Triomphe de l'amour que nous présentons aujourd'hui, après les belles
représentations proposées par Vilar, Vitez, Bondy, Nichet..., nous nous sommes permis de reprendre
quelques phrases de l'Hermocrate de 1722, car ce moraliste est un double du jeune Marivaux et dit la
pensée profonde de cet auteur. Par ailleurs, nous avons introduit dans Le triomphe de l'amour deux
courtes scènes de La réunion des amours, au contexte et au ton si proches. Dans deux tableaux, la
Princesse du Triomphe apparaît donc au sévère moraliste Hermocrate sous la forme de Cupidon.
Nous avons cherché à donner plus de résonance à ce thème si important pour Marivaux, si cher à son
coeur.
Roger Planchon
Avertissement de l'auteur
Le sort de cette pièce-ci a été bizarre. Je la sentais susceptible d'une chute totale ou d'un grand succès;
d'une chute totale, parce que le sujet en était singulier, et par conséquent courait risque d'être mal
reçu; d'un grand succès, parce que je voyais que, si le sujet était saisi, il pouvait faire beaucoup de
plaisir. Je me suis trompé pourtant ; et rien de tout cela n'est arrivé. La pièce n'a eu, à proprement
parler, ni chute, ni succès ; tout se réduit simplement à dire qu'elle n'a point plu. Je ne parle que de la
première représentation ; car, après cela elle a eu encore un autre sort: ce n'a plus été la même pièce,
tant elle a fait de plaisir aux nouveaux spectateurs qui sont venus la voir ; ils étaient dans la dernière
surprise de ce qui lui était arrivé d'abord. Je n'ose rapporter les éloges qu'ils en faisaient, et je
n'exagère rien: le public est garant de ce que je dis là. Ce n'est pas là tout. Quatre jours après qu'elle a
paru à Paris, on l'a jouée à la cour. Il y a assurément de l'esprit et du goût dans ce pays-là ; et elle y
plut encore au-delà de ce qu'il m'est permis de dire. Pourquoi donc n'a-t-elle pas été mieux reçue
d'abord ? Pourquoi l'a-t-elle été si bien après ? Dirai-je que les premiers spectateurs s'y connaissent
mieux que les derniers ? Non, cela ne serait pas raisonnable. Je conclus seulement que cette différence
d'opinion doit engager les uns et les autres à se méfier de leur jugement. Lorsque dans une affaire de
goût, un homme d'esprit en trouve plusieurs autres qui ne sont pas de son sentiment, cela doit
l'inquiéter, ce me semble, ou il a moins d'esprit qu'il ne pense ; et voilà précisément ce qui se passe à
l'égard de cette pièce. Je veux croire que ceux qui l'ont trouvée si bonne se trompent peut-être, et
assurément c'est être bien modeste; d'autant plus qu'il s'en faut beaucoup que je la trouve mauvaise;
mais je crois aussi que ceux qui la désapprouvent peuvent avoir tort. Et je demande qu'on la lise avec
attention, et sans égard à ce que l'on en a pensé d'abord, afin qu'on la juge équitablement.
Marivaux
Repères biographiques
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Le triomphe de l'amour - Saison 1997/98 - Odéon
Nathalie Krebs
Elle "fait ses classes" à l'ENSATT-Rue Blanche puis au Conservatoire National qu'elle quitte en 1981.
Antoine Vitez, qui y fut son professeur - ainsi que Pierre Debauche -, l'engage au Théâtre National de
Chaillot en 1983 pour y jouer dans Falsch de René Kalisky.
Depuis, sa démarche au théâtre est résolument contemporaine, par les auteurs et les metteurs en
scène qu'elle choisit et par son engagement dans les problèmes de la production théâtrale. Elle joue,
par exemple, Exquise banquise de Louis-Charles Sirjacq sous la direction de l'auteur, Boomerang ou le
salon rouge, puis Ruines romaines de Philippe Minyana sous la direction de Michel Dydim...
En 1988, elle fait partie des APA, les Acteurs Producteurs Associés, un collectif qui doit permettre à des
comédiens d'être à l'initiative de productions théâtrales. Elle joue ainsi dans les spectacles mis en scène
par Ged Marlon, par Maïté Nahyr et par Walter Le Moli.
Dans le même esprit, en 1994, avec Christine Brucher, Charlotte Clamens et le metteur en scène
Laurent Pelly, elle monte et joue au Théâtre Paris-Villette Talking Heads d'Alan Bennett. La saison
dernière, elle a joué au Théâtre de la Cité Internationale une pièce d'Eugène Durif, Via negativa, dans
une mise en scène de Nordine Lahlou, dont elle aimerait maintenant faire une production
cinématographique.
A la télévision et au cinéma, Nathalie Krebs a travaillé avec Jean Marboeuf, Romain Goupil, Cédric
Klapisch - Les années lycée, Laurent Heynemann - Les mois d'avril sont meurtriers, Tony Marshall - Pas
catholique, Jean-Paul Rappeneau - Le hussard sur le toit, Patrice Leconte - La tournée, Benoît Jacquot La vie de Marianne, Si je t'aime, prends garde à toi -Jeanne Labrune, La femme du pêcheur Dominique Cheminel.
En 1991, Roger Planchon lui fait jouer Marguerite d'Orléans dans Louis, enfant roi, et en 1997, Léontine
dans Lautrec son dernier film. Aujourd'hui, elle est sa partenaire sur scène dans le rôle de Léontine,
soeur du philosophe Hermocrate qu'il interprète.
Micha Lescot a terminé en juin dernier ses études au Conservatoire National où il a suivi les classes de
Madeleine Marion, de Catherine Hiégel et de Philippe Adrien.
Il a déjà tourné dans plusieurs "dramatiques", avec Jacques Fansten, Marcel Bluwal, Manuel Poirier Attention fragile dont il est l'un des personnages principaux.
Au cinéma, il a joué dans le film de Claire Denis, Nénette et Boni et, dans le dernier film de Roger
Planchon, Lautrec.
C'est dans La compagnie des hommes d'Edward Bond, que Roger Planchon l'a vu jouer au
Conservatoire et lui a proposé d'entrer dans l'équipe de La tour de Nesle. Dans son adaptation du
mélodrame de Dumas, le récit est conduit par un alchimiste-professeur de théâtre qui tire le fil rouge et
commente l'action. Micha Lescot prit en charge ce prestidigitateur érudit, loufoque et bavard.
Avant la reprise du Triomphe de l'amour, il a joué dans Arcadia de Tom Stoppard, mise en scène de
Philippe Adrien au Vieux Colombier.
Le voici de nouveau confronté à un Arlequin loin du stéréotype "à l'italienne". Ce valet du philosophe
Hermocrate n'est pas si doux. Les lectures à la table ont éclairé la violence qui surgit soudain entre les
personnages.
Alain Payen
Sorti du Conservatoire National en 1984, il travaille avec deux de ses professeurs. Jean-Pierre Miquel
lui confie le rôle du Prince dans La double inconstance de Marivaux et Daniel Mesguisch l'engage en
1986 dans l'équipe de Roméo et Juliette à l'Athénée : "Un délire démystifiant", dit-il encore aujourd'hui.
Depuis dix ans, il joue dans des pièces classiques - Marlowe, Shakespeare, Marivaux - et
contemporaines - Dubillard, Valletti, Lagarce, Llamas -, sous la direction de nombreux metteurs en
scène du théâtre public et de la décentralisation théâtrale : Stuart Seide, Jean-Louis Martin-Barbaz,
Alain Mergnat, Claude Yersin, Agathe Alexis, Robert Cantarella, Stéphanie Loïk, Philippe Minyana,
Michel Cerda... Il cite volontiers sa récente expérience aux côtés de Roland Dubillard, au Théâtre de la
Bastille, en juin 1995.
On a pu le voir dans une quinzaine de "dramatiques" à la télévision, notamment sous la direction
d'Edouard Molinaro, Jean-Louis Bertucelli, Marion Sarraut ou Etienne Perrier. Au cinéma, il est dirigé
par Maurice Pialat dans Police et par Robert Enrico dans La révolution française.
Après l'avoir engagé dans La tour de Nesle, Roger Planchon lui confie le rôle du jardinier Dimas dans Le
triomphe de l'amour. Dans l'approche de son personnage, il cherche à cultiver "le côté malin", voire
"voyou" et les façons "brutes de décoffrage". C'est pour lui un enjeu nouveau.
Régis Royer a terminé en juin dernier ses études au Conservatoire National où il suivait les classes de
Dominique Valadié, Catherine Hiégel et Jacques Lassalle.
Il débute au cinéma en 1988, dans La lectrice de Michel Deville. Roger Planchon garde en mémoire le
nom de ce garçon à la présence forte et grave et, quand il rassemble une équipe pour la création du
Vieil Hiver et de Fragile Forêt, il lui propose deux rôles en miroir : le tout jeune Prince de Mariac et
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Le triomphe de l'amour - Saison 1997/98 - Odéon
Pierre de Lachamp-Raphaël, deux adolescents soudain exposés aux horreurs de la guerre. C'était en
1991 et, depuis, Régis Royer collabore de façon continue, ou presque, aux spectacles de Roger
Planchon.
En 1991, dans le film de Roger Planchon, Louis, enfant roi, il joue Conti, grand seigneur féodal et
frondeur, inquiétant séducteur exalté et prince des machinations fourbes.
Jeune voyou dans No man's land en 1994, il crée l'année suivante le rôle de Théo Maurier dans Le
radeau de la Méduse, un adolescent inspiré que la chute de l'Empire jette dans les années sombres de
la Restauration, un rôle qu'il va reprendre, le printemps prochain, sur la scène du Théâtre de la Colline.
Le Conservatoire National lui a permis de suivre un atelier de Georges Lavaudant qui a donné naissance
à un spectacle d'élèves, Six fois deux, puis La cour des comédiens, en juillet 96 au Palais des Papes et
Triptyque dans la Cabane de l'Odéon.
On connaît de grands "romans d'apprentissage", mais au théâtre le récit d'apprentissage existe aussi et
Le triomphe de l'amour en est un bel exemple. Agis, adolescent guidé jusqu'alors par les leçons
austères du pédagogue Hermocrate, fait en quelques heures l'apprentissage de l'amour et de la vie,
conduit par la main irrésistible de la Princesse Léonide. Sous la convention romanesque du jeune prince
héritier légitime spolié de son trône, Régis Royer met à jour un personnage vrai et fort, humain, aux
émotions et aux violences proches des siennes.
En 1997, dans le film de Roger Planchon, Lautrec, il joue le rôle titre.
Isabelle Gélinas
Pendant ses années d'études au Cours Florent puis au Conservatoire National d'art dramatique où elle
suit les classes de Michel Bouquet, de Pierre Vial et de Daniel Mesguisch, Isabelle Gélinas fait une
première expérience de la scène en participant pendant trois ans à un festival où, sous la direction de
Jean Davy, elle interprète de nombreux personnages de Molière.
Dès sa sortie, Daniel Mesguisch, en 1986, l'engage dans l'équipe de Roméo et Juliette. Et Bernard
Murat dans La double inconstance, où pour la première fois elle joue Marivaux sur la scène du Théâtre
de l'Atelier, en 1987. En 1995, elle retrouve Shakespeare avec Le marchand de Venise où, sous la
direction de Jean-Luc Tardieu, et avec Michel Blanc pour partenaire, elle tient le très beau rôle de
Portia.
En 1985, elle débute à la télévision, dirigée par Caroline Huppert, puis par Denys Granier-Deferre,
Philippe de Broca, Jacques Rouffio... En 1995, elle y retrouve Caroline Huppert pour J'ai deux amours.
Au cinéma, depuis 1987, on la voit notamment dans Les Chouans de Philippe de Broca, dans Suivez cet
avion de Patrice Ambard, dans Bilan provisoire de Peter Kassowitz, dans Mado, poste restante
d'Alexandre Abadachian ou dans A l'heure où les fauves vont boire de Pierre Jolivet, dans Didier, d'Alain
Chabat. En 1997, dans Paparazzi d'Alain Berbérian, Chaos technique de Laurent Jaoui, Les parents
modèles de Jacques Fansten, Le causse d'Aspignac de Rémy Burkel.
C'est au cinéma, en 1991, que commence sa collaboration avec Roger Planchon. Dans Louis, enfant roi,
il lui fait jouer Madame de Châtillon. Et deux ans plus tard, quand il décide de mettre en scène la
nouvelle version des Libertins, Isabelle Gélinas accepte l'aventure et s'impose dans le rôle de Maurille
Renoir, Marquise d'Arbonne.
Léonide, Princesse de Sparte, est sans conteste l'un des plus beaux personnages du théâtre de
Marivaux. C'est un rôle important - elle ne quitte pour ainsi dire pas la scène ; un rôle décisif - c'est elle
qui mène l'action ; un rôle complexe - sous un habit d'homme, elle change sans cesse d'identité pour
mieux rester elle-même et parvenir à ses fins.
Claire Borotra
Formée au Conservatoire d'art dramatique de Versailles par Danielle Dubreuil, elle débute en 1993 chez
José Valverde qui la met en scène dans Dialogue avec une jeune fille morte de Jacques Hiver d''après
Gilbert Cesbron.
Elle a tourné plusieurs "dramatiques" à la télévision, notamment avec Jean Chapot, Luc Béraud et
Laurent Carcélès, Philippe Venault, Thierry Chabert
Au cinéma, elle a tourné Messieurs les enfants, de Pierre Boutron, Lautrec de Roger Planchon.
En 1995, Roger Planchon l'engage dans l'équipe du Radeau de la Méduse pour jouer Olympe Maurier,
un jeune "garçon manqué", fidèle à l'engagement bonapartiste de son vieux général de père, un feu
follet qui s'éteint dans la tourmente de la Restauration.
En 1997 elle joue dans Dérapage, d'Arthur Miller, mise en scène Jérôme Savary.
Vive, malicieuse, énergique, elle est chez elle dans le théâtre de Marivaux. Mais avec Corine, suivante
complice de la Princesse Léonide, elle veut, au-delà de la convention chercher et construire "un
personnage entier, fonceur et absolu".
Georges Egler est le doyen des six garçons qui composent la garde de la Princesse et l'équipe des
jardiniers d'Hermocrate.
Depuis 1950, de la Salle Sainte-Hélène au Savoy, de la Salle Jeanne d'Arc à la Cigale, du Théâtre Tête
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Le triomphe de l'amour - Saison 1997/98 - Odéon
d'Or au Fort de Bron, il joue au théâtre, fidèle à Lyon et à ses amis, amateurs et professionnels, Albert
Blanc-Bernard d'abord, puis Jacqueline Boeuf, Jean-Pierre Roos et maintenant André Fornier.
Aux côtés de Dimas, il est ici second jardinier d'Hermocrate.
Frédéric Domet a reçu une formation initiale d'animateur Jeunesse et Sports. Chaque année, depuis
1988, il joue au théâtre à Lyon, Salle Genton, à la Platte, au Rail Théâtre... Il a été choriste et figurant
dans Notre-Dame de Paris chez Jean-Paul Lucet.
Dernièrement, Les fournberies de Scapin, mise en scène Renaud Lescuyer, La belle au bois dormant,
mise en scène Ugo Vérrechia, Tu oublira Tom, mise en scène Kate Mc Gatlin, Miracle de la rose, mise
en scène Alain Bardet.
Il est ici tantôt jardinier d'Hermocrate, tantôt officier de la garde princière.
Yves Georges a fait les Beaux-Arts de Saint-Etienne et signe parfois un décor. Depuis 1984, il joue au
théâtre, d'abord à Vichy, puis à Clermont-Ferrand et maintenant à Lyon où il a récemment fait partie de
l'équipe de La mégère apprivoisée chez Gilles Chavassieux au Théâtre des Ateliers. Ses études de chant
lui ont par deux fois ouvert l'accès à des comédies musicales.
Il est ici tantôt jardinier d'Hermocrate, tantôt officier de la garde princière.
Depuis 1992, il a participé à plusieurs spectacles de compagnies indépendantes lyonnaises. En 1997, il
a mis en scène Un tramwai nommé désir, de Tennessee Williams, et joué dans Toâ de Sacha Guitry, au
Théâtre des Célestins.
Il est ici officier de la garde princière.
Denis Manin qui est originaire de la région lyonnaise, a terminé en 1995 sa troisième année d'études
au Cours Florent à Paris. Il a commencé à tourner pour le cinéma, la télévision et la publicité et a déjà
fait partie de l'équipe du Radeau de la Méduse de Roger Planchon.
Il est ici officier de la garde princière.
Patrick Séguillon a commencé au théâtre en 1990. Il a reçu ensuite une formation au cours d'Odile
Mallet de Jean Davy et à l'Ecole des Enfants Terribles. Sous la direction de ses différents maîtres, il a
joué Beaumarchais, Oscar Wilde, Paul Claudel, Jean-Claude Grumberg. Son plus récent rôle était le
Chevalier dans La provinciale de Marivaux sous la direction d'Elvire Pichart. A la télévision, Jacques
Deray lui a confié un rôle dans Fatalitas.
Au cinéma, il a tourné dans Nestor Burma de Philippe Venault et dernièrement dans Lautrec de Roger
Planchon.
Il est ici officier supérieur de la garde princière.
Thierry Leproust - décor
Peintre avant d'être scénographe, il expose régulièrement depuis 1975 (notamment à Paris en mars
dernier, à Bruxelles en novembre). A partir de 1982, il travaille pour le théâtre, puis pour l'opéra et le
cinéma et, plus récemment, pour la danse.
Au cinéma, il a réalisé les décors d'une dizaine de longs métrages dont six pour Michel Deville, du
Paltoquet en 1986 en passant par La lectrice en 1988 jusqu'à La divine poursuite dont le tournage s'est
achevé cet été.
Il est également l'auteur d'une vingtaine de décors d'opéras, principalement pour les mises en scène de
Christian Gangneron (dont Les noces de Figaro de Mozart au Festival de Saint-Céré en 1988, Armida de
Haydn au Théâtre de Caen en 1991), Les adieux de Marcel Landowski à l'Opéra-Comique et Kullervo de
Sallinen à l'Opéra de Nantes en 1995, ainsi que, en 1996, Rodelinda de Haendel au Goethe Theater de
Halle, Cosi fan tutte à l'Opéra de Metz et Les histoires sacrées pour lesquelles il a conçu un espace
scénique adapté aux églises.
En 1983, Roger Planchon, qui aime sa peinture, lui commande le décor de son spectacle Ionesco. Dans
la foulée, il créera pour lui les décors de sa pièce Alice, par d'obscurs chemins et de Où boivent les
vaches de Roland Dubillard. Cette saison, outre Le triomphe de l'amour, il réalise le décor des du
Affaires Baron Laborde de Hermann Broch dans la mise en scène de Simone Amouyal et de Liberté à
Brême de Fassbinder, mise en scène de Marie Hermès.
Le point de départ que lui a donné Roger Planchon pour le décor du Triomphe de l'amour est l'un de ses
propres croquis de peintre, une "muraille avec porte". De leurs séances de travail est née la maquette
d'un jardin presque clos, presque cloître, avec pierre et mousse, "entre humidité et aridité", dans des
ocres qui rappellent le Sud. Un lieu mi-intérieur mi-extérieur qui cherche "à évoquer plutôt qu'à
reconstituer", dans le but de tirer la scénographie vers une sorte d'abstraction charnelle, c'est-à-dire de
livrer au metteur en scène un espace architecturé qui sache offrir des possibilités réalistes quand la
pièce l'exige.
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Le triomphe de l'amour - Saison 1997/98 - Odéon
André Diot - lumières
Les éclairages que réalise André Diot au théâtre n'ont pas seulement créé les lumières parmi les plus
belles qui se voient sur une scène. Il renverse le monde en restituant la lumière à la dignité d'un objet
qui tout à coup force notre regard sur lui seul. Les lumières d'André Diot ne font pas voir, elles
montrent ou, mieux, elles observent. Souvent elles se font si discrètes, si ténues qu'on lui fait le
reproche de tout assombrir trop. Pourtant leur presque rien leur donne une présence de regard plus
grande encore : André Diot a relevé le moyen à l'objet, mais celui-là, il le rend presque manquant à luimême, comme un objet fuyant et rare et réveille dans notre oeil quelque chose qui y était écrasé: un
désir de voir.
G. Wajcman
Jacques Schmidt - Emmanuel Peduzzi - costumes
Patrice Chéreau, Jean-Pierre Vincent, Antoine Bourseiller, René Allio, Jérôme Savary, Alain Milianti,
Peter Brook, Robert Wilson, Roman Polanski, Eric Rohmer, José Luis Gomez... Depuis ses débuts à la
Sorbonne, en 1952, Jacques Schmidt n'a cessé d'habiller les plus beaux spectacles de théâtre, de
danse, d'opéra, voire de télévision (avec Jean-Christophe Averty !).
Complice de Roger Planchon, il a signé toutes ses créations. Et cette fois, en compagnie d'Emmanuel
Peduzzi, son assistant, il est encore sur le plateau.
Jean-Pierre Fouquey - musique
Pianiste, élève de Ginette Martenot, il vient au jazz vers la fin des années 70 et joue avec Aldo Romano,
Christian Vander, Jean-François Jenny-Clark. Leader et compositeur de plusieurs groupes, il se produit
en concert et en club. Il enregistre deux CD: "Tactics", en 1983, avec David Wilczewski et Alby Cullaz
et "Rail road", en 1986, avec Peter Erskine et Marc Johnson. Il acccompagne également aux claviers
plusieurs groupes, dont Dan ar Braz,1980-1982, et Magma, 1982-1985. Il travaille également comme
arrangeur et orchestrateur en studio (Yassin Dahbi, Charlie Nestor...).
Il compose et crée des oeuvres pour Radio France ainsi que pour le théâtre, la télévision et le cinéma,
notamment L'homme au masque d'or d'Eric Duret, en 1990, avec Jean Réno et Marlee Mathleen, et
Tom et Lola de Bertrand Arthuys.
En 1980, Roger Planchon l'entend jouer dans un club de jazz. Il fera appel à lui quelques années plus
tard pour la musique de scène de George Dandin, puis celle de la version cinématographique. Leur
collaboration se poursuit au théâtre avec Andromaque, Les libertins et au cinéma avec Louis, enfant roi
(CD chez Auvidis).
Pour Le triomphe de l'amour, il retrouve une couleur musicale très française, sans refléter
nécessairement le XVIIIème siècle. Il défend l'idée que la musique originale, au même titre que les
costumes et la lumière, soit partie prenante de la création théâtrale contemporaine.
Photos Michel Cavalca D.R.
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