burlesque ou chronique journalistique. Le parodique est alors sa principale voie d’écriture. Il
reprend, selon l’esprit néo-précieux qui traite de façon « enjouée » les « grands sujets », tout ce
qui fait le patrimoine culturel des écrivains classiques et le travestit en œuvres originales et
décalées par rapport à l’usage. Sa raison d’être est toute trouvée, ce sera le théâtre. Il s’essaie à la
tragédie classique en cinq actes et en vers avec Annibal, joué en 1720 par les comédiens du Roi,
mais ce n’est pas une réussite.
Son premier succès, la même année, il le doit à Arlequin poli par l'amour joué par les acteurs
italiens de Luigi Riccoboni. Il apprécie le jeu des comédiens italiens et devient l’auteur attitré de la
troupe. La jeune et talentueuse Silvia Balletti (étroitement liée à Giacomo Casanova, elle est la mère
de Manon Balletti), la prima amorosa, devient son interprète idéale et il écrit spécialement pour
elle. Il révolutionne le genre de la comédie sentimentale, qu’il explore au travers des deux Surprises
de l’amour ou de La Double Inconstance, mais surtout de ses pièces devenues de grands
classiques du répertoire : Le Jeu de l'amour et du hasard (1730) et Les Fausses Confidences (1737).
Il écrit aussi des comédies sociales qui posent des problèmes fondamentaux : la liberté et l’égalité
entre les individus (L'Île des esclaves en 1725), la situation des femmes (La Nouvelle Colonie en
1729). Placées dans des cadres utopiques, ces pièces, qui ont eu peu de succès à leur création,
développent ses réflexions sur les relations humaines.
Le théâtre de Marivaux reprend la devise de (qui « corrige les mœurs par le rire ») et construit une
sorte de pont entre la bouffonnerie et l’improvisation traditionnelle de la commedia dell'arte, avec
ses personnages stéréotypés (essentiellement Arlequin), source de burlesque, et un théâtre plus
littéraire et psychologique, plus proche des auteurs français et anglais. Ce qui implique que ce
théâtre utilise divers niveaux de comique, les domaines du ludique, du satirique et du poétique.
Au XVIII
e
siècle, le succès n’est jamais éclatant : les Comédiens Français et leur public ne
l’apprécient pas, et le Théâtre-Italien reste une scène secondaire. D’autre part, Marivaux s’est
toujours tenu à l’écart du clan des philosophes. Mais son influence littéraire est profonde. S’il a
imposé une technique romanesque dont profitera Stendhal, son style de dialogue théâtral, surtout,
inspirera, au XIX
e
siècle, les comédies de Musset, et au XX
e
siècle celles de Giraudoux. Il a
maintenant trouvé un public enthousiaste qui considère précisément comme très moderne la
complexité qu’on lui reprochait de son temps.
Marivaux a été un écrivain prolifique : de 1713 à 1755, il a publié pratiquement tous les ans. Une
quarantaine de pièces de théâtre, en un ou trois actes le plus souvent, sept romans et récits
parodiques, trois journaux et une quinzaine d’essais.
Daniel Mesguich compte à son actif plus d’une centaine de
mises en scène pour le théâtre, et plus d’une quinzaine pour
l’opéra, sur les plus grandes scènes françaises (Cour d’honneur
du Festival d’Avignon, Comédie-Française, Théâtre de Chaillot,
Odéon, Opéra de Paris, etc) et étrangères (Moscou, Pékin,
Séoul, Brazzaville, etc). Daniel Mesguich a également été
l’acteur d’une quarantaine de films de cinéma, signés
notamment Michel Deville, Costa-Gavras, François Truffaut,
Ariane Mnouchkine, etc, et de télévision (Napoléon,
Berlioz, Kafka, etc). Au théâtre, il a joué dans ses propres
spectacles ou sous la direction de Robert Hossein, Antoine
Vitez, Jean-Pierre Miquel, etc.