Objet: Message E coli aux administrateurs de l'Agence Mesdames et Messieurs les administrateurs, Face à la recrudescence de cas d’E coli en France, je souhaitais vous apporter des précisions quant aux investigations en cours et la mobilisation de l’Agence. En premier lieu, s’agissant des cas de diarrhées hémorragiques et /ou syndromes hémolytiques et urémique (SHU) déclarés autour du 15 juin chez des enfants du nord de la France, l’enquête menée par les services de santé a permis de relier ces infections à la consommation de viande hachée contaminée par la bactérie E. coli O157:H7. Les autorités sanitaires ont immédiatement procédé au retrait de l’ensemble des lots incriminés. Par ailleurs, quelques jours après, une suspicion de nouvelle contamination avait conduit le groupe alimentaire Spanghero a retirer de la vente 12 tonnes de steaks hachés conditionnés dans son usine de Castelnaudary. Les analyses effectuées par la laboratoire National de référence ont conclu à l’absence de bactérie STEC O157:H7, ce qui a permis de lever l’alerte pour le produit de cette marque. Cette bactérie est naturellement présente dans l’intestin des animaux à sang chaud et, notamment, des bovins et provoque chaque année, une centaine d’infections en France. Elles sont le plus souvent liées à la contamination des viandes à l’abattoir, soit par contact entre carcasses, soit du fait d’un accident d’éviscération de l’animal (retrait du tube digestif). La contamination se fait alors en surface des morceaux de viande issus des carcasses. Du fait du procédé de fabrication de la viande hachée (hachage, mixage), la contamination peut atteindre le cœur d’un nombre plus ou moins important de steaks hachés ainsi produits. Lors de ces événements de contamination extrêmement rares, une cuisson des steaks hachés contaminés, insuffisante à cœur, permet à ces bactéries pathogènes de survivre. La semaine dernière, des cas de diarrhées hémorragiques et de SHU ce sont également déclarés chez des adultes, majoritairement des femmes, dans la région de Bordeaux. Au 28 juin, 8 cas de SHU et 8 cas de diarrhée sanglante ont été identifiés depuis le 22 juin. Parmi ces 16 cas de SHU ou diarrhées sanglantes, 11 ont participé le 8 juin à une kermesse à Bègles. Ces 11 personnes sont 7 femmes et 4 hommes âgés de 31 à 64 ans. Bien que provoquant des symptômes similaires au premier épisode dans le Nord de la France, il est maintenant avéré que ces cas dans la région de Bordeaux ont une origine différente. Les premières investigations menées ont en effet permis de confirmer pour 4 patients atteints de SHU une infection à EHEC O104 :H4, similaire a celle à l’origine de la récente épidémie qui s’est déclarée en Allemagne. Le diagnostic microbiologique des autres cas est en cours. La consommation de graines germées (fenugrec – protéagineux de la famille des fabaceae-) a également été rapidement identifiée comme origine très probable de la contamination. Les autorités ont immédiatement procédé au retrait de lots des graines incriminées. Parmi les suites attendues, l’un des enjeux des investigations en cours concerne la recherche d’une possible source commune entre l’épisode allemand et l’épisode français. Une enquête de traçabilité européenne coordonnée par l’EFSA avec le support des autorités sanitaires des états membres de l’Union Européenne est en cours pour essayer d’identifier cette éventuelle source commune. A ce stade de l’enquête, l’EFSA a déterminé que des graines de fénugrec importées d’Egypte en 2009 et/ou en 2010 par la même entreprise étaient impliquées dans les deux épidémies. Il subsiste cependant une incertitude quand à leur implication dans les deux épidémies dans la mesures ou E. coli O104 : H4 n’a pas encore été isolé de ces graines. Le lot de graines produit en 2009 semble impliqué dans l’épidémie française tandis que celui produit en 2010 semble impliqué dans l’épidémie Allemande. Par ailleurs, un cas isolé d’infection à E. coli O104 : H4 a été signalé en Suède : aucun lien avec les deux précédents épidémies et la consommation de graines germées n’a pu être établi à ce stade de l’enquête. En ce qui concerne la coopération européenne sur les méthodologies d’analyse, l’Anses est en lien permanent avec ses homologues allemand, anglais, italiens et néerlandais, l’EFSA, le laboratoire national de référence situé à Lyon, et le laboratoire européen de référence situé en Italie qui a mis en place un groupe de travail destiné à partager et mettre en œuvre tous les moyens analytiques optimisés pour la détection d’Escherishia coli O104 sur les graines germées et/ou à germer. Cette coordination dans la recherche vise notamment à remonter à l’origine des graines incriminées dans les épidémies françaises et allemandes pour déterminer si les semences en elles-mêmes sont incriminées ou si la contamination s’est faite lors des phases de germination des graines. La mise en évidence de la bactérie pathogène dans les graines est particulièrement difficile car il suffit d’un très faible nombre de bactéries pour déclencher la maladie. En outre, il s’agit d’aliments secs ce qui a pour conséquence de mettre ces bactéries dans un état de dormance, peu propice à leur multiplication et donc à leur identification.En parallèle, des analyses sont en cours pour essayer d’identifier dans les graines la présence de la bactérie isolée chez les malades. La mise en évidence de la bactérie dans les graines est particulièrement difficile car il suffit d’un très faible nombre de bactéries pour déclencher la maladie or ces aliments sont secs ce qui a pour conséquence de mettre ces bactéries dans un état de dormance, peu propice à leur multiplication et donc à leur identification. Notre homologue allemand, le BfR, poursuit de son côté la recherche de la bactérie dans les graines germées en cause dans l’épisode allemand. En termes de communication, l’Agence est amenée à répondre à certaines sollicitations des médias sur la nature et les enjeux des investigations scientifiques en cours. Elle relaie également les recommandations d’usage aux consommateurs, en particulier en matière d’hygiène et sur la nécessite d’une cuisson à cœur à 70° de la viande hachée (en particulier pour les jeunes enfants). L’Agence recommande également la cuisson des graines germées avant consommation, dans l’attente des résultats des investigations en cours. Un point d’actualité faisant le point de la situation et réitérant les recommandations à l’adresse des consommateurs vient d’être publié sur le site internet de l’Agence. Bien cordialement Marc Mortureux Directeur Général de l’Anses