Simon Pierre a répondu: «Tu es le
Christ, le Fils du Dieu vivant». Nous
essayons d’aider nos jeunes à faire la
même profession de foi, à dire à Jé-
sus Christ «Tu es le Fils de Dieu, je
crois en Toi». Et nous constatons que
nos jeunes répondent. Ce n’est pas
compliqué. Quand Jésus parlait, il
n’était pas difficile à comprendre.
Ce qui se passe, à mon avis, c’est
que la réponse de la foi finit par être
ensevelie sous des critères unique-
ment mondains. C’est pour cela que
nos jeunes nous demandent aujour-
d’hui de leur parler de Jésus, de leur
parler de Son Évangile.
Dans votre Lettre pastorale
de 2007, God’s mercy and the
Sacrament of Penance (La mi-
séricorde de Dieu et le sacre-
ment de pénitence), vous rap-
pelez que la «nouvelle création»
veut simplement dire un hom-
me qui est racheté.
Saint Paul dit que nous sommes
habités par une bataille entre l’hom-
me ancien, qui fait encore résistan-
ce, et l’homme nouveau, la nouvelle
création qui se manifeste, l’homme
dans la grâce, l’homme racheté par
la grâce. N’est-ce pas justement ce
que Jésus est venu faire, en réparant
tout ce qui était cassé? La nouvelle
création, la création de grâce, c’est
le Royaume, la présence de Dieu, de
la paix, de l’amour, de la justice, de la
compassion, de la guérison. La nou-
velle création commence pour cha-
cun de nous avec le baptême. Dans
le baptême, chacun devient créature
de la nouvelle création. Même si la
bataille se poursuit contre l’ancienne
création, qui ne veut pas nous lâcher.
Chacun d’entre nous est citoyen du
Royaume, Royaume qui advient en-
core maintenant, chaque fois qu’un
croyant, un homme qui suit le Christ,
agit dans la bienveillance, dans
l’amour, dans la vérité et dans la justi-
ce. Toutes les actions qui rendent vi-
sible la présence du Christ en nous
font que le Royaume existe. Un
homme qui s’était présenté comme
athée m’a dit un jour: «Qu’est-ce que
des gens comme vous apportent au
monde?». Les «gens comme vous»,
cela voulait dire l’Église. Je lui ai ré-
pondu: «À quoi aurait ressemblé le
monde si, dans les siècles passés,
dans les millénaires passés, on ne
nous avait pas appris les Dix com-
mandements? Si on ne nous avait
pas dit que nous devons nous traiter
l’un l’autre avec dignité, s’il ne nous
avait pas été dit que nous sommes
appelés à nous aimer les uns les
autres, et à soigner jusqu’au dernier
de nos frères? Comment croyez-
vous qu’aurait été le monde?». Et il
m’a répondu, ce qui lui fait honneur:
«Cela aurait été une boucherie». Tout
cela est le signe du Royaume qui fait
brèche dans le monde.
Une des joies de la charge
d’évêque, c’est que celui-ci a le de-
voir d’étendre son action dans tout le
territoire de son diocèse. Et lorsque
je visite toutes ces paroisses, je dé-
couvre des gens qui vivent leur foi et
qui essaient de suivre le Christ en éle-
vant leurs enfants, en essayant de les
aider à suivre la voie du Christ. On
découvre des personnes qui pren-
nent soin des vieillards et des ma-
lades, qui vont à la rencontre des né-
cessiteux, en essayant de faire tout
ce que Jésus a dit.
Même aux États-Unis, les ca-
tholiques vivent au centre de
forces contraires. D’un côté,
comme le rappellent les
évêques américains dans le do-
cument In support of Cateche-
tical Ministry [Pour aider le mi-
nistère du catéchisme ndr.],
«nous vivons dans une société
de plus en plus sécularisée et
matérialiste» et de l’autre, on
constate que les minorités his-
paniques, de couleur et asia-
tiques sont porteuses d’une ap-
proche différente…
Je pense – à l’instar de mes
confrères –, qu’il existe trois choses
qui s’opposent à la proclamation de
l’Évangile aux Etats-Unis, et que le
pape Benoît XVI nous a rappelées
lors de sa visite ici en 2008. Ce sont
le sécularisme, le matérialisme et
l’individualisme. On le constate de
plus en plus dans notre culture. Une
bonne partie de ce qui nous est pro-
posé comme culture américaine
vient des industries des loisirs et de
l’information. Quand on se mêle aux
gens, dans les paroisses, dans le
monde du travail, on découvre que
de nombreuses valeurs chrétiennes
de base subsistent. On en entend ra-
rement parler dans les médias. Ces
valeurs sont censurées. Tout ce qui a
à faire avec la religion, la foi, et la spi-
ritualité est censuré, et on finit par
croire qu’il n’existe que ce que nous
voyons à la télévision, ce que nous
entendons à la radio ou ce que nous
lisons dans les journaux. Ce n’est
pas vrai. Mais d’autre part, comme
vous le disiez, on assiste aujourd’hui
à l’arrivée d’un grand nombre de mi-
grants. Dans notre archidiocèse,
nous célébrons chaque semaine la
messe en vingt langues différentes…
Vingt! Ce reflet de l’Église universel-
le est une bénédiction pour la capita-
le des États-Unis. Les immigrés ap-
36 30JOURS N.6 - 2011
COUVERTURE
À gauche, le cardinal Wuerl en prière
devant les chaînes de saint Pierre,
conservées dans la basilique romaine
Saint-Pierre-aux-Liens, à l’occasion
de sa prise de possession,
le dimanche 8 mai 2011;
ci-dessous, le cardinal avec deux
religieuses, à son arrivée pour la messe
de Pâques dans la basilique du Sanctuaire
national de l’Immaculée Conception
de Washington, le 24 avril 2011