Si vous avez essayé de suivre les méthodes traditionnelles pour le
développement de l'oreille musicale, vous nʼêtes pas seulement piégé dans
cette peur, vous devenez, consciemment ou inconsciemment, convaincu que
quelque part il y a une restriction en vous, dans votre sensibilité d'oreille,
dans votre efficacité dʼapprentissage, dans la capacité de votre mémoire.
Quand j'avais six ans, ma mère m'a amenée à lʼécole de musique. À
l'examen dʼentrée, ils m'ont demandé de chanter une petite chanson, de
frapper un rythme simple et de reproduire ce qui a été joué au piano. Tout
cela était très facile et j'ai été admise dans la classe de violon. Le maître de
lʼécole, lui-même violoniste, a proclamé que j'avais lʼoreille absolue. Je
n'avais aucune idée de ce que cela signifiait.
L'école a commencé et, au bout de quelques mois, je devais changer
d'instrument. Pourquoi ? Eh bien, on a dit à mes parents que je n'avais aucun
talent pour le violon et que je jouais faux tout le temps. Mais je mʼen souviens
bien, ma professeur de violon était une vraie mégère"; nous n'avons jamais
fait de musique, seulement des gammes stupides"! J'avais six ans et
personne ne m'a expliqué pourquoi je devais jouer des gammes alors quʼen
réalité je voulais jouer de la musique. En un rien de temps, mon prof a réussi
à me faire détester pour les années à venir ce noble instrument.
Mes études dans l'école de musique avançaient. Comme tous les autres, je
suivais le cours de solfège. Ce nʼest pas que je l'ai trouvé incroyablement dur,
mais c'était ennuyeux quelque part. Ils me disaient entre autres que la tierce
majeure est joyeuse, que la septième majeure devait être résolue et que le
triton est une dissonance par excellence. Ce n'était pas vraiment ce que mon
oreille me disait, mais qui étais-je pour contredire le prof"?
Et inutile de dire que je ne pouvais pas deviner des notes isolées, jouées au
piano derrière mon dos. Je devais calculer les intervalles, pourvu que j'aie su
le nom de la première note. Je regrettais de ne pas avoir lʼoreille absolue et,
bien entendu, il y a eu quelqu'un pour m'informer quʼil valait mieux que je
lʼoublie. Cela appartient à quelques individus chanceux et je nʼétais pas lʼun
d'entre eux. J'étais trop fière pour accepter ce triste fait"; je me suis plutôt
figuré que je nʼen avais pas besoin"!
Pourtant, il y avait une fille dans ma classe de solfège. Elle pouvait toujours
nommer et appeler chaque note, sans effort, sans aucun calcul. Je lʼai
doucement enviée et j'ai entendu un jour quelqu'un dire": “Elle a lʼoreille
Mon$Oreille$Absolue 5
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