Q
U’IL défende l’environnement ou la famille, le pape
François se heurte à l’individualisme, qui engendre
autant l’incapacité de travailler au bien commun de la socié-
té, que la « culture du provisoire », qui mine la vie familia-
le. Pour s’y opposer, le Saint-Père rappelle l’enseignement
évangélique, qu’il illustre de beaux exemples, mais il est
légitime de penser que cela ne suffira pas à provoquer une
salutaire réaction, et surtout à la consolider. Ne faudrait-il
pas aussi déterminer l’erreur qui sous-tend ce mal contem-
porain et y porter un remède adéquat ?
DES ORIGINES DE L’INDIVIDUALISME
L’origine moderne de l’individualisme, comme fait de
société, est connue : c’est le libre examen de Luther. En
déclarant que tout individu reçoit ses lumières, commande-
ments et inspirations hors de toute soumission à l’Église
hiérarchique et sans considération pour les traditions apos-
toliques, le protestantisme a fait de l’Esprit-Saint un princi-
pe de division, de rupture, d’émiettement, organisateur de
variations et de contradictions insurmontables et indéfi-
nies ! Le calvinisme, en faisant de la richesse un signe de la
bénédiction de Dieu, a accentué encore la désagrégation de
la chrétienté de jadis : il est le berceau du capitalisme libé-
ral, du système bancaire international qui érige l’Argent en
idole implacable, au bénéfice des seuls initiés.
Jean-Jacques Rousseau, en prétendant que la société
humaine était fondée sur un contrat social, a achevé de po-
ser le principe de la société contemporaine individualiste.
Selon cette théorie, universellement répandue aujourd’hui,
l’homme se voit reconnu le droit de se gouverner et de par-
ticiper au gouvernement du monde par ses propres lois.
L’autorité à tous ses degrés n’est que la représentation de la
liberté individuelle, les gouvernements ne sont que les
mandataires du peuple souverain, seul législateur ; l’État
n’est, ne veut, ne peut que ce que le peuple veut.
Comme disait Soljenitsyne aux étudiants d’Harvard, en
1978 : « L’erreur [de l’Occident] doit être à la racine, à la
fondation de la pensée moderne. Je parle de la vision du
monde qui a prévalu en Occident, née à la Renaissance, et
dont les développements politiques se sont manifestés à
partir des Lumières. Elle pourrait être appelée l’humanis-
me rationaliste, ou l’autonomie humaniste : l’autonomie
proclamée et pratiquée de l’homme à l’encontre de toute
force supérieure à lui. On peut parler aussi d’anthropocen-
trisme : l’homme est vu au centre de tout. »
La Révolution, américaine puis française, instaura la
démocratie, le régime politique et social le droit de cha-
cun est porté à son plus haut degré de puissance. Elle pro-
clame, honore et fend les droits de tout homme à qui elle
n’impose aucun devoir que son sentiment de la solidarité
humaine ne lui fasse vouloir avec enthousiasme. Ainsi
l’homme y est comme Dieu, souverain, maître de lui-même
Bulletin de la Communion Phalangiste au Canada
LA RENAISSANCE CATHOLIQUE
Nº 230 Rédaction : Maison Sainte-Thérèse Août-septembre 2015
LA MÉTAPHYSIQUE RELATIONNELLE
AU SECOURS DU PAPE FRANÇOIS
RC nº 230 - 2
et du monde. C’est lHumanisme apparent de la Révolu-
tion moderne, qui met l’homme à la place de Dieu.
La réalité est tout autre. La Révolution a livré les indivi-
dus au totalitarisme sans limites d’une race, d’une classe,
d’un parti que Dostoïevski appelait d’un nom prémonitoire,
« les Possédés », plus exactement « les Diaboliques ».
C’est son Antihumanisme réel. En effet, la théorie de la
Révolution est nécessaire et universelle ; elle ne souffre ni
exception ni retard ni ménagement. Le pouvoir doit décla-
rer les Droits de l’homme dans l’absolu et veiller à ce que
rien ne s’y oppose. Ainsi le pouvoir s’en trouve-t-il armé
d’une formidable puissance et d’un rôle universel d’inter-
vention constante dans la vie publique et privée, pour tout
soumettre ˗˗ actions, intérêts, convictions ˗˗, à l’idéologie
destructrice de l’ordre chrétien.
Cet individualisme a pris pied dans l’Église par le libéra-
lisme, et ce dès les lendemains de la Révolution française et
malgré la condamnation des Papes. Sous prétexte de charité,
les libéraux ont eu à cœur d’adopter le point de vue des au-
tres, s’appliquant à lui accorder les mêmes chances de véri-
té, la même crédibilité, la même force qu’au leur, qui est le
point de vue catholique. Ce n’était pas à proprement parler
du libre examen, mais la recherche commune de la vérité
avec les hommes de toutes croyances nivelait celles-ci,
et donc accordait au choix de chacun une valeur égale, un
respect et une dignité égale à celle due à la vérité.
DE L’INDIVIDUALISME DANS L’ÉGLISE !
C’est à partir du règne de Pie XI que l’individualisme
s’implanta définitivement dans l’Église catholique comme
une conséquence directe de la condamnation de l’Action
française de Charles Maurras.
Germanophile et théo-démocrate autoritaire, Pie XI ne
pouvait qu’être sensible aux sirènes démocrates-chrétien-
nes qui réclamaient depuis le début du siècle la condamna-
tion pontificale du mouvement monarchiste français, com-
me seul moyen d’éliminer ce mortel ennemi. Elles s’étaient
heurtées à l’intelligence, à la droiture et à la science histori-
que et politique de saint Pie X. Elles auraient leur revanche
sous le Pape bibliothécaire !
Le 25 août 1926, la condamnation de l’Action française
fut promulguée, provoquant une véritable commotion au
sein de la Droite française et de l’Église, dont l’élite adhé-
rait au mouvement maurrassien. Celle-ci se trouva déchirée
entre son nationalisme éclairé par sa foi et son attachement
à Rome, qui impliquait, à ses yeux, l’obéissance incondi-
tionnelle au Successeur de Pierre. Certains résistèrent, dé-
nonçant l’excès de pouvoir de Pie XI, beaucoup préférèrent
se soumettre la mort dans l’âme, mais d’autres le firent en
cherchant à justifier le Pape pour mieux renier leurs convic-
tions de la veille. Parmi ces derniers : Jacques Maritain.
Philosophe thomiste, longtemps convaincu par l’impla-
cable critique maurrassienne de la mécanique démocrati-
que, sa soumission au diktat pontifical avait besoin de se
trouver une justification supérieure. Seuls des arguments
métaphysiques pouvaient lui permettre, sans se déconsidé-
rer, de professer le contraire de ce qu’il défendait encore
quelques semaines auparavant !
Il trouva dans le substantialisme aristotélicien, donc
prétendument thomiste, la pierre angulaire de son humanis-
me intégral, qui fait de chaque homme une personne, à ne
pas confondre avec l’individu qui est le même homme,
mais considéré sous l’angle de son appartenance à la socié-
té humaine.
Alors que chez saint Thomas personne et individu sont
synonymes, Maritain les oppose et exalte la Personne hu-
maine et aboutit à une autolâtrie, à la divinisation de
l’Homme. L’abbé de Nantes le prouve dans son cours de
métaphysique totale (LA PERSONNE HUMAINE CRÉÉE PAR
DIEU DANS LE MONDE, CRC nº 176, avril 1982, p. 6 et s.) Il
cite Maritain avant de le réfuter magistralement :
« Pour aller à la découverte philosophique de la per-
sonnalité, il semble que le meilleur chemin est de considé-
rer la relation de la personnalité et de l’amour. » Car
« pour pouvoir se donner, il faut d’abord exister, et non
pas seulement comme ce son qui passe dans l’air ou cette
idée qui me passe dans l’esprit, mais comme une chose qui
subsiste et qui exerce par elle-même l’existence, et il ne
faut pas seulement exister comme les autres choses, il faut
exister d’une manière éminente [nous y voilà !], en se pos-
sédant soi-même en main [!] et en disposant de soi-même
[ah !], c’est-à-dire qu’il faut exister d’une existence spiri-
tuelle, capable de s’envelopper elle-même par l’intelligen-
ce et la liberté [rhétorique flatteuse, fumée d’encens] et de
surexister [mot divin !] en connaissance et en amour.
« Voilà pourquoi la tradition métaphysique de l’Occi-
dent [celle d’Aristote, de saint Thomas, des humanistes et
des Philosophes des lumières, celle de 1789, tous réconci-
liés] définit la personne par l’indépendance – comme une
réalité qui, subsistant spirituellement, constitue un univers
à soi-même et un tout indépendant (relativement indépen-
dant) [la parenthèse est de Maritain qui, tout de même évite
d’établir l’Homme dans un absolu sans dieu et sans créa-
tion] dans le grand tout de l’univers et en face [en face !]
du tout transcendant qui est Dieu. »
Notre Père commente : « Voilà l’homme établi en digne
partenaire de Dieu, vis-à-vis de Dieu dans une totale indé-
pendance par rapport à tout autre, et dans une royale liberté
vis-à-vis même de Lui, Dieu, qui l’a fait à son image et à sa
ressemblance, comme un autre dieu. Lisez plutôt :
« Ce qui se trouve au plus profond de la dignité de la
personne humaine, c’est qu’elle n’a pas seulement avec
Dieu la ressemblance commune qu’ont les autres créatures
[?!] ; elle lui ressemble en propre, elle est à l’image de Dieu,
car Dieu est esprit, et elle procède de lui en ayant pour prin-
cipe de vie une âme spirituelle, un esprit capable de connaî-
tre, d’aimer, et d’être élevé [ici j’omets, délibérément, la
cheville chrétienne “ par la grâce ”, qui ne joue là qu’un rôle
superfétatoire] à participer à la vie même de Dieu, pour, à la
fin, le connaître et l’aimer comme il se connaît et il s’aime. »
« Le Vous serez comme des dieux retentit dans cette
page de Maritain. C’est hélas dans la ligne du substantialis-
me aristotélicien et de sa morale humaniste, qui posent les
natures spirituelles, toutes semblables, hors de leurs causes,
et leur assignent une carrière grandiose à courir par leurs
propres forces, pour leur propre plénitude, sans que rien
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n’y doive mettre obstacle, jusqu’à s’égaler enfin à Dieu. »
La métaphysique de Maritain a imprégné le concile Va-
tican II, de l’aveu même du pape Paul VI, et tout particuliè-
rement la constitution GAUDIUM ET SPES. Cest ainsi que
l’individualisme s’est répandu dans toute l’Église, comme
un poison à l’action lente, mais certaine.
INDIVIDUALISME ET CONCILE VATICAN II
Aujourd’hui, le pape François le dénonce et en constate
les ravages, sans mettre en cause cependant le Concile.
Deux exemples suffisent pourtant à étayer l’accusation.
Dans l’une de ses catéchèses sur la famille, le Pape en
vient à se plaindre à juste titre de la carence de nos systè-
mes d’éducation. Or, il ne faut pas oublier que le Concile,
dans sa déclaration GRAVISSIMUM EDUCATIONIS MOMENTUM
(EC) a introduit une théorie libérale de l’éducation chré-
tienne ”. Alors que les textes antérieurs des Souverains
Pontifes fondaient le devoir d’éducation sur la mission des
différentes institutions (Église, famille, école), la Déclara-
tion met toutes celles-ci, jusqu’aux pouvoirs publics, au
service du droit à l’éducation qui est attaché à la dignité de
la personne.
Notre Père commentait : « Avant le Concile, tout venait
de Dieu, par les institutions naturelles et surnaturelles, qui
participaient de son Autorité et de ses Droits. Ce Concile
d’apostats a renversé cet ordre divin pour tout agenouiller à
quatre pattes, aux pieds de l’enfant-roi, l’enfant-dieu, idole
moderne.
« Et si quelque autorité devait subsister et contrôler son
éducation, le Concile penserait, plutôt qu’à sa propre Égli-
se, à l’État national et socialiste. Il incline à immoler l’éco-
le catholique, pour en finir avec les vieilles querelles ”,
sur l’autel du pluralisme et de la socialisation, excluant
n’importe quel monopole scolaire ”.
« “ Tout monopole de ce genre est, en effet, opposé aux
droits innés de la personne humaine, au progrès et à la
diffusion de la culture elle-même, à la concorde entre les
citoyens, enfin au pluralisme qui est aujourd’hui la règle
dans un grand nombre de sociétés. (EC n°6) Même le
monopole de l’Église catholique ? »
Oui, ont répondu les évêques du Québec en abandon-
nant à l’État le système d’éducation publique catholique de
la Province au moment de la Révolution tranquille ; ils par-
ticipaient alors au Concile !
L’EXEMPLE DU MARIAGE
Les paragraphes de GAUDIUM ET SPES concernant le ma-
riage illustrent aussi la responsabilité de Vatican II dans le
désastre actuel que déplore le Saint-Père. Pourtant, le
Concile a voulu, en face des désordres et dépravations
inouïes de notre aujourd’hui corrupteur et corrompu, ériger
le modèle sacré du mariage chrétien. « La communauté pro-
fonde de vie et d’amour que forme le couple a été fondée et
dotée de ses lois propres par le Créateur ; elle est établie
sur l’alliance des conjoints, c’est-à-dire sur leur consente-
ment personnel irrévocable. » (GAUDIUM ET SPES, 48-1)
Cela peut nous paraître juste, mais dans AUTODAFÉ
(pages 515 et s.), l’abbé de Nantes fait remarquer plus jus-
tement encore : « Si le mariage est fondé sur le consente-
ment des conjoints, c’est du Jean-Jacques Rousseau, et cela
n’a aucune fermeté. »
La vérité ? « Le mariage est fondé sur l’autori de Dieu
et c’est pourquoi il est dit sacré ou beaucoup mieux, selon
l’unique vraie religion, il est un sacrement. Bien sûr, le
Concile se hâte d’invoquer Dieu comme garant du mariage
naturel, mais c’est lui faire jouer le rôle de témoin, d’ami et
bienfaiteur, voire de roue de secours :
« “ Une institution que la loi divine confirme (elle lins-
titue, ou elle n’est rien), naît ainsi (Jean-Jacques Rous-
seau : les institutions naissent des contrats humains), au
regard même de la société (elle regarde ! ensuite, elle re-
garde le divorce pareillement), de l’acte humain par lequel
les époux se donnent et se reçoivent mutuellement. ” C’est,
très exactement décrite, la faillite du mariage. Signée par
tous les évêques du plus grand Concile de tous les temps. »
Le paragraphe suivant de GAUDIUM ET SPES (48-2) pro-
pose une réflexion de haute mystique comme modèle du
mariage. Cependant, l’abbé de Nantes fait remarquer :
« C’est trop tard. Vous avez traité du mariage naturel
sans aucune différence spécifique, et vous l’avez beaucoup
admiré et lodans son essence propre, comme l’amour de
deux jeunes gens, dans leur “ suréminente dignité ”, se don-
nant l’un à l’autre, de corps, de cœur et, sans trop le souli-
gner, de volonté et d’esprit.
« En notre siècle dit personnaliste, l’homme se définit
comme un être sacré, autonome, épris de liberté et de res-
ponsabilités, fort de ses droits et juge souverain de ses de-
voirs comme de leurs limites. (…) Ce qui manque [au texte
conciliaire] c’est l’autorité paternelle dont le mot est absent
de votre texte. Et si beau que soit ce deuxième paragraphe,
il ne compense pas la lacune, le vide dans les fondations. Si
vos jeunes gens n’ont point de relations à Dieu leur Créa-
teur et Père, si, par suite de cette absence en eux du senti-
ment de leur filiation, ils ne reconnaissent pas comme su-
périeures à eux, et providentielles, toutes les autorités
créées qui, elles-mêmes, sont instituées par Dieu, les grâces
mystiques dont vous venez d’étaler les merveilles, oui, mê-
me dans le sacrement, n’auront aucun ancrage dans les pe-
tits individus rois qui ne sentiront aucun besoin de ces tré-
sors par lesquels ils deviendraient en sus fils de Dieu.
« Et quand vous en viendrez, mais vous n’oserez guère !
à leur parler de renoncements, d’épreuves, de sacrifices et
de croix, je crains fort qu’ils ne hurlent contre ce retour à
l’ordre moral ” et qu’ils ne déposent les belles couronnes et
alliances d’or ou de platine de leurs noces pour retrouver
leur liberté. »
INDIVIDUALISME ET DÉMOCRATIE
La même démonstration de la nocivité du personnalis-
me peut se faire à propos de la démocratie, censée être le
meilleur régime politique puisqu’il est fondé sur la dignité
de chaque citoyen, membre du peuple souverain !
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Outre son impiété, puisqu’elle dénie la souveraineté
divine, cette conception occulte totalement la réalité politi-
que que le pape François dénonce avec fermeté, mais qui
est pourtant inhérente au système.
En effet, le système électoral implique la campagne élec-
torale, le financement des partis et des hommes politiques,
donc la corruption, autant que la promotion des intérêts pri-
vés au mépris du bien commun. Pour arriver au pouvoir et y
rester, l’homme politique doit aller chercher les voix néces-
saires à sa victoire… donc il doit plaire à un électorat
convoité par d’autres ; il devra donc le flatter, lui mentir et
lui plaire et pour cela accepter, quand ce n’est pas favoriser,
l’avilissement moral. Le triste spectacle de l’évolution
contemporaine de nos “ civilisations ” suffit à le prouver.
Le remède à la dépravation actuelle de notre monde
suppose donc, au-delà de la réflexion sociologique sur la
famille, l’environnement, l’efficacité des mesures à pren-
dre, etc., et en deçà de la prédication évangélique, la
condamnation de l’erreur métaphysique « qui voit l’homme
au centre de tout », comme disait Soljenitsyne.
UNE MÉTAPHYSIQUE TOTALE
C’est le service éminent que l’abbé de Nantes rend à
l’Église aujourd’hui : lui proposer une métaphysique à l’u-
nisson de l’idéal évangélique et de la raison. En définissant
la personne par ses relations, à commencer par la relation
constituante avec son Créateur, elle conditionne son bien et
son épanouissement au respect et aux développements de
ses relations, même lorsqu’ils impliquent un sacrifice.
Citons simplement nos 150 POINTS : « La métaphysique
relationnelle nous expose la racine ontologique de l’amitié,
de l’amour, de la charité, donc du patriotisme et, plus fer-
mement, du nationalisme. Loin de s’accomplir par lui-
même en suivant des principes individualistes, c’est par ses
frères humains, avec eux et, merveille plus grande encore,
dans ses frères, ses proches, sa famille, sa nation, et pour
eux tous que chaque individu trouve enfin son accomplis-
sement et sa béatitude commençante. Cette adhésion de la
personne à la société est un besoin, un désir de tout l’être
de s’ouvrir aux autres et au monde, et à Dieu immensé-
ment, infiniment, pour être plus ”, non en soi, mais en-
semble avec les autres, en union, en communauté. C’est ce
qui explique aisément l’élan, le dévouement de l’individu
pour la communauté, qui désire parfois aller jusqu’au sacri-
fice suprême. » (POINT 75)
Citons aussi le POINT 101 qui introduit notre écologie
communautaire et intégrale :
« À l’encontre du personnalisme de Jacques Maritain,
fondement métaphysique de la prétendue doctrine socia-
le de l’Église qui tente de baptiser les institutions politi-
ques, sociales et économiques issues de la Révolution, la
métaphysique relationnelle définit l’être individuel comme
une créature à qui Dieu donne l’existence pour répondre à
une vocation au sein de l’univers. Dieu nous fait fils de tel
père et de telle mère, membres du genre humain, au sein de
telle société, de telle nation, avec la tâche de recevoir,
conserver et transmettre l’héritage de la lignée.
« Avant chaque personne existe donc la famille. Celle-
ci n’est pas le cadre étroit de la famille nucléaire chère aux
personnalistes, c’est aussi la famille élargie, avec tout son
héritage d’expériences, de tradition, de civilisation. À la
différence du petit animal dont la conduite est guidée par
les instincts, le petit homme, absolument démuni, a besoin
d’un entourage protecteur et éducateur. En outre, la plupart
de nos caractères innés sont en fait héréditaires ; eux aussi
sont un héritage familial pour le bien comme pour le mal.
« Le phalangiste pose donc en principe que la famille
est la base de la vie humaine fraternelle et que le bien fa-
milial, fondement du bonheur social, est un bien spécifique,
distinct du salut éternel des personnes, de la sécurité natio-
nale, de l’intérêt individuel comme de tout intérêt collectif
ou étatique.
« Catholique, le phalangiste travaille à son salut person-
nel et à celui de son prochain. Le dogme et la morale révé-
lés sont la science et l’art de cette vie éternelle dont l’Égli-
se est le moyen, le milieu providentiel et la fin ultime dans
la gloire. Les saints sont en ce labeur religieux ses modèles.
« Français, le phalangiste se met au service de sa na-
tion. La science et l’art politiques ont pour objet cette tran-
quillité de l’ordre temporel et cette sauvegarde du bien
commun qui sont le vœu profond de toute nation. Les héros
de notre histoire lui donnent l’exemple de ce dévouement.
« Mais membre d’une famille à laquelle il doit tout, le
phalangiste se voue naturellement et quotidiennement à la
prospérité de cette famille, tant corporelle que spirituelle,
le sort de chacun dépend de tous. C’est l’objet de l’éco-
logie communautaire. »
La métaphysique relationnelle, en parfaite harmonie avec
la foi catholique intégrale, supporte aussi l’art de la politique
qui respecte les communautés historiques dont il veut assu-
rer le bien commun. Elle offre donc un fondement commun
aux trois domaines, religieux, politique et écologique, acces-
sible à la raison de tous. Toutefois, seule l’Église catholique
est capable de donner aux hommes par son enseignement,
ses sacrements et l’exemple des saints, le moyen de vivre
conformément aux aspirations profondes de leur être rela-
tionnel, de par la volonté de leur très chéri Père céleste.
Théologien de la Contre-Réforme, notre Père s’impose-
ra demain comme le docteur de la Renaissance catholique.
SUR VOS AGENDAS
CONGRÈS DE LA COMMUNION PHALANGISTE, présidé par notre
frère Bruno, les 12 et 13 septembre.
RÉUNIONS DE PHALANGE : Les dimanches 6 septembre (en pré-
sence de F. Bruno) ; 4 et 18 octobre.
SESSION DE JEUNES : 30 et 31 octobre, et 1er novembre, consa-
crée au Père Jules Chevalier.
LA RENAISSANCE CATHOLIQUE est publiée par LE CENTRE DE RENAISSANCE CATHOLIQUE DES LAURENTIDES inc.
255 chemin de la Réserve – Shawinigan Qc G9N 0B8 – Téléphone : 819 801 2348 – Site internet : http://www.site-crc.org
Dépôt légal : Bibliothèque et archives nationales du Québec et Bibliothèque et archives nationales du Canada.
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