L’atmosphère de notre planète n’a pas toujours eu sa composition actuelle avec, notamment, une
proportion d’oxygène gazeux égale à environ 21 %. La vie, dont les premiers représentants fossiles
datent de - 3.8 Ga, est apparue dans un milieu anoxique puisque l’on estime la date d’apparition de
l’oxygène gazeux dans l’atmosphère à - 1.8 Ga. Or, il est admis que l’oxygène atmosphérique est
d’origine biologique. Que s’est-il passé pendant ces 2 Ga séparant l’apparition de la vie de celle de
l’oxygène atmosphérique ?
Les organismes les plus primitifs que nous connaissons actuellement capables de réaliser la
photosynthèse aérobie sont des cyanobactéries. Certaines édifient des constructions calcaires, les
stromatolites, comme l’on peut en observer en Australie.
Or, on connaît des traces fossiles de stromatolites dès - 3.5 à - 3 Ga, notamment en Afrique du Sud
et en Australie. Des préparations microscopiques de ces fossiles montrent des structures évoquant
fortement les cyanobactéries actuelles. Selon le principe dit d’actualisme, on en déduit que la
photosynthèse aérobie existait déjà il y a entre - 3.5 et - 3 Ga.
L’étude du rapport isotopique 13C/12C renseigne sur la photosynthèse : il est plus faible dans les
matières organiques que dans les roches contenant du carbone (calcaires). Dans ce cas, le δ 13C qui
l’exprime est négatif. Or la matière organique de la formation d’Isua (Groenland), vieille de 3.8 Ga
présente un δ 13C faiblement négatif indiquant donc que la photosynthèse existait mais devait être
quantitativement limitée. En revanche, à partir de - 3.5 Ga, il atteint sa valeur actuelle montrant que
la photosynthèse était alors bien établie.
Dès lors, comment expliquer que de l’oxygène gazeux n’ait pu s’accumuler dans l’atmosphère que
plus d’un milliard et demi d’années plus tard ?
Des arguments de nature à la fois paléontologiques et géologiques convergent pour montrer que du
dioxygène a pu être produit par photosynthèse dès -3 à - 3.5 Ga. Les cyanobactéries ont pu, en effet,
apparaître à cette date, mais leur faible abondance et le piégeage de l’oxygène par des ions
minéraux a d’abord empêché son accumulation dans l’atmosphère. Ce n’est que lorsque la
production, due à la prolifération de ces organismes, a dépassé les capacités de piégeage que
l’oxygène gazeux a pu s’accumuler dans l’atmosphère et atteindre son taux actuel.
Aujourd’hui, ce taux est constant car il résulte d’un état d’équilibre entre sa production par
photosynthèse et sa consommation ( principalement par respiration et combustion).