avec les antigènes lipopolyosidiques impli-
qués dans le MAT (Lipl32, LipL41), etc. (15,
17). Il convient de prêter attention à la nature
des antigènes utilisés pour le diagnostic séro-
logique car certains kits ELISA par exemple
ne permettent de détecter que les anticorps
dirigés contre le sérovar Hardjo voire les
éventuelles coagglutinines provoquées par
une infection en réalité induite par un autre
sérogroupe. Ceci limite leur champ d’utilisa-
tion si l’on se réfère aux données de prévalence
acquises en France (Figure 1) et peut biaiser
la perception de « diagnostic de la leptospi-
rose bovine » demandé par les praticiens,
demande qui ne peut préjuger du sérogroupe
impliqué. En tout état de cause c’est le profil
sérologique du cheptel (ou l’échantillon
représentatif) qui permet d’apprécier le
caractère récent et évolutif ou non de l’infec-
tion leptospirosique responsable des anticorps
mis en évidence. On entend par «profil» les
aspects qualitatifs (sérogroupes) mais aussi
quantitatifs c’est à dire la prévalence intra-
cheptel et les titres obtenus sur les différents
animaux pour les différents sérogroupes.
Méthodes de lutte
En milieu infecté
Quand l’infection est confirmée et patente,
on peut traiter le cheptel par des antibioti-
ques auxquels les leptospires sont très
sensibles in vitro : pénicillines, dihydrostrep-
tomycine, cyclines (1, 11). Les doses usuelles
sont généralement 12,5mg/kg pour la strep-
tomycine, 10 à 15 mg/kg deux fois par jour
pour les tétracyclines, 20mg/kg à 48 heures
d’intervalle pour la TLA. Néanmoins, les
résultats in vivo peuvent être différents et le
bénéfice du recours à ce traitement doit être
analysé en fonction du poids financier direct
car il est alors nécessaire de traiter à l’aveugle
l’ensemble du cheptel, les animaux qui avor-
tent n’étant pas nécessairement les plus
dangereux épidémiologiquement sans oublier
les pertes associées aux délais d’attente, et
enfin tenir compte du fait que le cheptel peut
se recontaminer si la source se trouve dans
l’environnement. (16)
Les méthodes sanitaires de base ont comme
premier objectif de maîtriser les réservoirs de
leptospires. Elles doivent au premier chef se
focaliser sur les espèces reconnues réservoirs
principaux. Le groupe des rongeurs est consi-
déré comme le réservoir majeur des leptospires
avec Icterohaemorrhagiae chez le surmulot,
Grippotyphosa chez les micromammifères,
Australis chez le hérisson mais de nombreuses
espèces peuvent être des hôtes amplificateurs
pour des souches dont ils ne sont pas les réser-
voirs principaux. Leur rôle épidémiologique
peut être déterminant en fonction de l’impor-
tance de leur population comme le ragondin
par exemple mais les données sont incomplètes
pour de nombreuses espèces de notre faune
sauvage.
Par ailleurs, certaines espèces domestiques
peuvent jouer un rôle de réservoir tout aussi
efficace pour certains sérovars. Si la circula-
tion du sérovar Hardjo a été relevée chez des
animaux de la faune sauvage (3-16) qu’il
s’agisse de Hardjo bovis isolé en Amérique
du Nord et appartenant à l’espèce génomique
L. borgpetersenii ou de Hardjo prajitno (espè-
ce génomique L. interrogans ss) au Royaume
Uni, les bovins seraient le véritable réservoir
de Hardjo.
La gestion sanitaire d’une leptospirose évolutive
confirmée dans un cheptel bovin, à l’exclusion
de traces sérologiques anciennes, doit donc
prendre en compte les deux sources possibles de
cette infection qu’elle soit exogène (environne-
ment et faune sauvage) ou endogène (bovin
porteur et excréteur asymptomatique). Elle
repose de toutes façons sur des mesures de déra-
tisation des élevages et contrôle des populations
de micromammifères, qui peuvent jouer un
rôle d’hôte amplificateurs pour des souches
éliminées par des bovins, des mesures d’assai-
nissement du mode d’abreuvement et du
stockage des aliments afin de diminuer la pres-
sion infectieuse à laquelle sont exposés les
animaux. Mais si la maîtrise de la circulation
intra-cheptel peut être réalisée en stabulation
avec l’aide ponctuelle du traitement antibioti-
que (malgré ses inconvénients), on comprend
que la maîtrise du vaste réservoir sauvage que
constitue les rongeurs et l’environnement est
illusoire et quand l’impact sur la production
bovine est réellement appréhendé, certains pays
recourent à l’utilisation de vaccins contre les
leptospires.
Plusieurs préparations vaccinales à usage bovin
existent, aucune, bien qu’une AMM ait été
délivrée récemment, n’est commercialisée
actuellement en France. Les vaccins actuels
contre la leptospirose animale (ou humaine)
sont tous des suspensions de bactéries tuées
avec ou sans adjuvant et leur objectif est d’in-
duire chez le vacciné la production d’anticorps
agglutinants (mis en évidence par le MAT) et
dirigés contre les antigènes de la membrane
externe des leptospires. Cependant compte
tenu de la multiplicité de ces déterminants,
objectivée par l’existence de l’ancienne classi-
fication sérologique des leptospires, il convient
d’adapter la composition du vaccin aux condi-
tions épidémiologiques des pays concernés.
Comme pour le chien (Icterohaemorrhagiae
et Canicola), ces préparations peuvent donc
56
BULLETIN DES GTV - N°48 AVRIL 2009
•••• Leptospirose et troubles de la reproduction chez les bovins