Santé publique volume 25 / N° 6 - novembre-décembre 2013 861
L’APPORT DES SHS DANS LA FORMATION EN SANTÉ
aux attitudes, au vécu, aux représentations en lien avec les
comportements, conditionnent directement ou indirecte-
ment l’action. Mobilisés professionnellement, ils permettent
de donner des soins qui ne s’inscrivent pas dans un vide
culturel, de se familiariser aux réalités locales, aux savoirs
à développer des gestes techniques appropriés et engager
une relation qui a des conséquences en termes de ressenti
pour le patient et de prise en compte des recommandations.
Ainsi, leur impact est crucial pour développer des soins de
qualité à la fois humains, accessibles ce qui est l’un des plus
Conclusion
Cette expérimentation a été une opportunité pour revenir
sur des fondamentaux. Comment remettre l’humanité dans
l’offre de soins alors que les conditions matérielles freinent
l’exercice du métier. Est-il possible d’y contribuer par la
formation ? Le challenge ouvert dans le FSP mère/enfant a
gnements, si une pédagogie adaptée pouvaient contribuer à
renforcer la qualité des soins. Les premiers résultats ont
permis un consensus en termes de sensibilisation et de néces-
sité de renforcer l’impact des formations des professionnels
de santé en accordant un nouveau statut aux enseignements
de SHS. Le dialogue avec les sciences médicales peut être
complété en incluant d’autres thématiques : le positionne-
ment autour de la médecine traditionnelle dont il serait utile
d’explorer la complexité en lien avec la recherche [13], la
prévention et l’éducation à la santé y compris soins et prise
en charge post-avortement, dépistage, l’orientation pour les
considération ces besoins dans la formation initiale mais
aussi dans la formation continue des professionnels de santé
irait dans le sens de la protection des droits des patients en
termes d’accueil, de soins consentis, de respect de la vie privée
et des informations personnelles, informations et conseils.
Au-delà, cette expérimentation permet de poser les bonnes
questions et le sens que l’on donne à la formation : former
des professionnels de santé susceptibles de réduire la distance
culturelle, sociale, géographique entre le professionnel de
santé et le patient. C’est pourquoi, si cette entrée n’est pas
l’unique solution d’un problème très complexe, elle apparaît
comme une des conditions pour développer une culture de
semble une opportunité modeste mais réaliste pour traduire
concrètement en termes de formation, de contenus, de
diversité culturelle, de solidarité et plus largement répondre
à la notion de responsabilité « sociale » ou sociétale. Même
s’il reste beaucoup à faire pour assurer de solides conditions
d’accès aux soins, un approfondissement peut laisser espérer
un pas supplémentaire vers les objectifs d’amélioration de
la santé de la mère et de l’enfant et favoriser le passage de
la médecine à la santé.
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