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D’une existence tranquille à une vie sous pression
Les établissements d’enseignement postsecondaire ont été décrits comme étant des
« collectifs aimables, anarchiques et autocorrecteurs d’érudits encadrés par un petit
contingent de dignes administrateurs chargés des aspects commerciaux inéluctables » [Keller,
1983]. Qui plus est, ces institutions postsecondaires sont reconnues pour « leurs objectifs
problématiques, leur technologie obscure et leur participation fluide » [Cohen et March, 1974].
Bien que ces remarques semblent empreintes d’une vérité quelque peu nostalgique, elles ne
reflètent plus exactement le climat politique et économique, nos obligations ou nos leaders
actuels.
De nos jours, l’exploitation des établissements d’enseignement postsecondaire se fait avec
des budgets serrés et sous haute surveillance. Désormais, les mots d’ordre sont donc plutôt
l’accessibilité, l’abordabilité et la responsabilité. Nous ne pouvons plus dorénavant tenir pour
acquis notre financement. De plus, ces institutions sont devenues complexes et assujetties
à une myriade de réglementations. Nos étudiantes et étudiants sont des adultes habilités,
qui recherchent des connaissances, des qualifications, des emplois et, aussi, un bon rapport
qualité-prix.
Dans le monde complexe d’aujourd’hui, les institutions postsecondaires sont soumises à des
pressions exercées par leurs concurrents, leur clientèle et les autorités de réglementation afin
de rendre compte de leur rendement d’entreprise, de leur contribution aux collectivités servies,
de leur productivité en recherche et, surtout, de la réussite de leurs étudiantes et étudiants.
Nous avons raison d’être fiers que le Canada se situe près du sommet parmi les 70 pays
développés dans les classements de l’OCDE sur le rendement scolaire des jeunes de 15 ans
[CBC News, décembre 2010]. Bien sûr, un tel succès relève la barre pour les intervenants
chargés de mettre en œuvre les prochaines étapes du cheminement éducatif. En outre, les
établissements d’enseignement fonctionnent maintenant dans un monde où les gens peuvent
s’attendre à connaître jusqu’à sept changements de carrière. Alors que les personnes passent
périodiquement d’une carrière à l’autre selon ce nouveau scénario, le secteur de l’éducation
postsecondaire doit être responsable du recyclage professionnel et de la formation d’appoint
pour la majorité de la main-d’œuvre.
Un déluge de données
Or, pendant que le climat politique, réglementaire et de financement dans l’éducation
postsecondaire a changé, les technologies de l’information ont évolué elles aussi. Se servant
de l’exploration de données, du profilage, de l’analytique et de techniques de modélisation
prédictive, des entreprises comme Amazon, LL Bean, Google et les banques utilisent des
données sur leurs clients actuels et éventuels pour adapter d’après les goûts de ces derniers
les sollicitations qu’ils envoient à la clientèle. Ainsi, Amazon peut proposer des livres en se
basant sur les achats déjà effectués par les clients. D’autres fournisseurs recommandent
des bouteilles de porto pour accompagner les cigares ou, encore, des chaussures qui
s’harmonisent à nos voitures! Dans un avenir prochain, des puces d’identification par