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ETHENEA | Commentaire de Marché N° 09 · septembre 2015
ce type de transactions pour diérentes paires de devises
entre le 1er juin et le 1er septembre. De toute évidence, les
pertes sont impressionnantes, ou plutôt elles l’auraient été si
les transactions n’avaient pas été clôturées. L’hypothèse selon
laquelle la majeure partie de ces positions ont été clôturées
à ce jour paraît justiée. L’inversion des opérations pourrait
expliquer les excès observés au niveau des devises. Le marché
de certaines devises plus modestes comme le TRY ou le ZAR
(rand sud-africain) étant signicativement moins liquide que
celui de l’euro, ces monnaies ont donc davantage uctué.
La dévaluation pose d’ores et déjà un problème signicatif à
certains de ces pays. Qui plus est, nous y observons également
une hausse des coûts de nancement dans leurs monnaies
locales. La lecture du graphique 3 nous montre que l’indice
Emerging Market Local Currency Bond s’est replié de 6 %
depuis le 1er juin. La combinaison de ces deux eets pourrait
potentiellement conduire à une crise de la dette émergente,
d’autant plus que l’endettement du secteur privé dans certains
de ces pays est signicatif. Les acteurs des marchés estiment
que le niveau d’endettement du secteur privé s’établit aux alen-
tours de 130 % du PIB, soit environ 50 % de plus qu’en 2007.
Si le échissement des devises et des marchés d’obligations
libellées en devise locale perdure, il se peut que la prochaine
crise se prépare.
Le graphique 3 indique également que le secteur des obliga-
tions à haut rendement libellées en USD enregistre la deu-
xième moins bonne performance de l’été. Si la part importante
des compagnies pétrolières au sein du haut rendement améri-
cain (environ 20 %) en est une cause principale, l’explication
ne saurait se réduire à la faiblesse du marché de l’or noir qui a
atteint au cours de l’été de nouveaux plus bas depuis plusieurs
années. Le goût pour le risque des investisseurs s’est réduit,
probablement en raison de la crainte ou plutôt de la prise en
compte d’une possible inversion de la période de neuf ans
de politique monétaire expansionniste menée par la Fed aux
États-Unis. Étant donné que tout le monde navigue dans
des eaux inconnues, le risque d’erreurs politiques existe bel
Graphique 2 : Rendements liés au portage (en pourcentage)
-20
-18
-16
-14
-12
-10
-8
-6
-4
-2
0
Carry Return in %
Carry Returns for Long CCY vs Short EUR from 01Jun15 to 01Sep15
Source: Bloomberg, ETHENEA
Graphique 3 : Evolution des indices obligataires (indexés)
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100
101
102
1Jun15 = 100
IBOXX EUR Global TR IBOXX USD Liquid HY
IBOXX USD Liquid EM Sov IBOXX Global EM Local CCY
Source: Bloomberg, ETHENEA
Malgré l’intervention massive des autorités chinoises, la
capitalisation boursière a été réduite de moitié entre le mois
de juin et la date de cet article.
La dévaluation de la monnaie s’inscrit tout simplement dans
la logique du gouvernement chinois qui estime pouvoir
contrôler le marché. Jusqu’à présent, cette logique semble
démentie par les faits : la chute des valeurs chinoises se
poursuit et les dommages collatéraux résultant de la décision
de dévaluation sont considérables. Si le taux de change
USDCNY n’a varié que de 2,6 %, d’autres devises ont été plus
sérieusement aectées. Le ringgit malais et la livre turque ont
perdu respectivement jusqu’à 22 % et jusqu’à 18 % face à l’euro,
tandis que l’euro a lui-même progressé de 5 % vis-à-vis du
dollar américain. Nous pouvons principalement remercier
la communauté des hedge funds pour ces uctuations. Une
opération très prisée a consisté à emprunter de l’argent en
euro (devise de nancement) à un taux très bas et à investir
ces fonds dans des devises orant un rendement plus élevé,
telles que le ringgit malais (MYR), la livre turque (TRY), etc.
Le graphique 2 indique les performances en pourcentage de
Graphique 1 : Mouvements de change indexés
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01Jun 11Jun 21Jun 01Jul 11Jul 21Jul 31Jul 10Aug 20Aug 30Aug
EURIDR EURMYR
EURTRY USDEUR
Source: Bloomberg, ETHENEA