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L’approche dite « du filtre fin » a aussi été appliquée
pour mesurer la représentativité. Cette approche vise à
déterminer les éléments rares tels que la présence d’espèces
menacées ou vulnérables de la flore ou de la faune ou des
éléments physiographiques particuliers.
La complémentarité des deux approches – filtre fin et
filtre brut – optimise le degré de représentativité écologique des
territoires choisis à des fins d’aires protégées. En plus, la notion
de conservation de massifs de vieilles forêts a été intégrée
lors du processus de sélection des aires protégées, dans les
provinces naturelles soumises à l’exploitation forestière, afin de
contribuer à résoudre cet enjeu écologique en milieu forestier.
L’exemple de la province naturelle
des basses-terres de l’Abitibi
et de la baie James
Dans la province naturelle des basses-terres de l’Abitibi
et de la baie James, la proportion de la superficie d’aires protégées
a progressé de 0,41 % à 7,37 % entre 2002 et 2009. En 2002, la
presque totalité du territoire de cette province naturelle était
dédiée aux activités de mise en valeur des ressources forestières,
minières et énergétiques. Pour augmenter les superficies
protégées, il a fallu mettre beaucoup d’énergie pour consulter
et dialoguer avec les intervenants régionaux. Ces intervenants
et les communautés autochtones ont fait plusieurs propositions
d’aires protégées qui ont influencé leur localisation et leur
configuration. Le MDDEP, avec la collaboration du ministère
des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), a pris en
compte les contraintes sociales et économiques existantes, mais
il a aussi profité d’occasions favorables, notamment celles liées à
la volonté régionale de protection, au processus de certification
forestière et à la vision de protection du territoire de plusieurs
communautés autochtones.
Types de milieu physique
De 2002 à 2009, nous observons que la capacité du
réseau d’aires protégées à capter les types de milieu physique
exprimant la diversité physiographique du territoire s’est
améliorée dans la majorité des cas (tableau 2). Des gains
importants ont été réalisés dans plusieurs ensembles physio-
graphiques au sud et au centre-nord, qui présentent une
contribution forte en 2009 alors qu’elle était faible en 2002. Les
zones de carence encore présentes en 2009 se répartissent entre
cinq secteurs ayant une contribution faible (figures 4 et 5).
Types de couvert selon LANDSAT-ETM (2003)
Les types de couvert « coniférien » (28 %), « mixte »
(19 %), « zone humide » (15 %) et « arbustes » (11 %) sont fré-
quents dans cette province naturelle. Par ailleurs, le type de
couvert « arbustes » est principalement associé à des perturbations
Tableau 2. Indice de rareté et pourcentage de protection des classes de types de milieu physique dans la province naturelle de l’Abitibi
et de la baie James, en 2002 et 2009.
Classe de types de milieu physique
Forme Dépôt %Supercie
(km2)
Indice de
rareté1
% en aires
protégées en 2002
% en aires
protégées en 2009
Plaine Dépôt organique 31,2 29 167,3 très commun 0,2 9,9
Plaine Dépôt glacio-lacustre d’eau calme
(argiles-limons)
30,5 28 528,0 très commun 0,3 4,4
Button (dénivelé de 25 m à 50 m)
Dépôt glaciaire sans morphologie 6,2 5 802,7 commun 0,0 4,1
Butte (dénivelé de 50 m à 100 m) Dépôt glaciaire sans morphologie 5,5 5 185,6 moyen 0,9 5,0
Monticule
(dénivelé inférieur à 25 m)
Dépôt littoral 5,3 4 932,6 moyen 0,4 10,2
Terrain Dépôt glacio-lacustre 5,5 5 096,3 moyen 0,1 0,7
Terrain Till de Cochrane 6,5 6 121,4 moyen 0,0 13,2
Plaine Dépôt glacio-marin argileux 4,4 4 069,4 moyen 0,5 5,9
Monticule
(dénivelé inférieur à 25 m)
Dépôt fluvio-glaciaire 1,8 1 694,2 moyen 0,0 7,0
Ravine Dépôt glacio-marin argileux 1,2 1 093,6 rare 0,9 9,8
Monticule
(dénivelé inférieur à 25 m)
Roc 1,1 980,1 rare 0,0 0,0
Monticule
(dénivelé inférieur à 25 m)
Moraine drumlinoïde 0,6 573,3 rare 0,0 0,0
Basse colline
(dénivelé de 100 m à 200 m)
Dépôt glaciaire sans morphologie 0,3 232,4 très rare 55,5 59,6
Ravin Dépôt glacio-lacustre d’eau calme
(argiles-limons)
0,1 91,5 très rare 0,0 0,0
1. Une pondération spatiale est appliquée.
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LE NATURALISTE CANADIEN, 135 NO 2 ÉtÉ 2011
Conservation