U ne partie de son œuvre s'inspire alors de thèmes hébraïques et bibliques et s’en irriguent. Il recrée en fait un folklore
imaginaire des premiers temps du peuple juif et retourne vers Israël et non vers l'exil.
Voici un aperçu de ces thématiques :
Israël pour 2 sopranos, 2 contraltos, basse et orchestre (1916).
Schelomo, rapsodie hébraïque pour violoncelle et orchestre (1916).
Trois poèmes juifs pour orchestre (1917).
Baal Shem (1923).
Suite hébraïque pour orchestre (1951).
Symphonie Israël (1912-1916).
Trois psaumes (1912-1914).
Trois poèmes juifs (1913).
Quatuor n°1 (1916).
Trois tableaux de la vie hassidique (1923).
Méditation Hébraïque pour violoncelle et piano (1924).
From Jewish life pour violoncelle et piano (1924).
Abodah pour violon et piano, mélodie de Yom Kippour (1928).
Service Sacré pour baryton, chœur mixte et orchestre (1933) pour le rite libéral .
Six Préludes pour la Synagogue (1946-1950).
Suite Hébraïque pour alto ou violon et piano (1951).
Méditation et Processionnal pour alto et piano (1951).
Five Hebraic Pieces (1951).
...et je dois en oublier un certain nombre !
« Il y aura des rhapsodies juives pour orchestre, des poèmes juifs, des drames surtout ; des poèmes pour chant dont je n’ai
pas de paroles, mais j’en voudrais d’hébraïque. Toute une bible musicale viendra, et je voudrais laisser chanter en moi ces
chants séculaires où vibrera toute l’âme juive, dans ce qu’elle a de profondément nationale et profondément humaine. »
En fait, Ernest Bloch a adapté des éléments musicaux traditionnels et nouveaux à des compositions très dramatiques souvent
inspirées de thèmes philosophiques, poétiques ou religieux. Il n’a pas cité comme Chostakovitch, Prokofiev ou Ravel des
thèmes juifs, il les a inventés dans une sorte de folklore imaginaire, comme Bartok le fit avec son folklore hongrois ou
roumain.
Et son cycle juif ne dure vraiment que de 1912 à 1916 et autour des années 1930 (Service sacré qu’il considérait comme le
plus bel accomplissement de sa musique) et quelques œuvres plus rares composées plus tard.
On a glosé sur le fait que la musique de Bloch était ou n’était pas une musique juive. Cela voulait dire que l’on avait identifié
les éléments constitutifs de la musique juive (accord particulier de seconde, modes et intervalles particuliers, mélismes
orientaux, timbres,...). ce qui n’est pas encore évident.
Bloch a une approche très personnelle du fonds culturel de la musique juive. Il la cite peu, procède par allusions. Il crée une
véritable atmosphère de musique plutôt hébraïque que juive, mais il est vrai qu’un parfum puissant de traditions juives
émanent de sa musique. C’est plus un climat qu’une certitude. On est dans le "jewish mood", seule compte en fait la ferveur
et non les moyens musicaux.
Mais plus que cette recherche des sources, Ernest Bloch était dans sa vie et dans sa musique à la recherche de l'unité, du
sacré.
Son œuvre est vaste et comprend aussi cinq quatuors à cordes, des concertos grossis, des concertos, des symphonies, de la
musique de chambre.Et la musique dite juive ne représente qu'une faible partie de son oeuvre.
Il fut très fécond. Ses influences vont de Richard Strauss, à Debussy, Moussorgsky, mais aussi Bach, Palestrina, Beethoven.
Bloch avait le sens du sacré et s’insurgea quand Leonard Bernstein enregistra son Service sacré, car pour lui le Kaddish n’a
pas sa place au théâtre ! Mais lui-même va l’enregistrer.
Pourtant il n’était pas vraiment croyant, ni athée d’ailleurs, plutôt proche de Spinoza. Il aimait passionnément la nature, la
révérait presque, comme un panthéiste. Il était passionné par le bouddhisme et chez lui trônait une statue de Bouddha.
Pour mieux composer en osmose avec le sacré hébraïque qu’il porte en lui, il apprend à la cinquantaine l’hébreu et va s'
intéresser au culte synagogual. Il en sortira son Service Sacré.
Il n’était pas uniquement focalisé sur la musique juive et sa fascination pou Java et l’exotisme vont aussi l’inspirer. La nuit a
une grande place dans son œuvre. Il rend « un véritable culte à la nuit ».
Vers la fin de sa vie, il restreint le champ musical de ses œuvres en employant des moyens très réduits, voire minimalistes (un
violoncelle seul , un violon seul, un alto seul). Il se replie sur sa propre intériorité laissant le tumulte du monde hors de lui et
de sa musique. La nudité et le déploiement de la mélodie doivent tendre vers la plus extrême épure de la vérité.