TRANSITIONS STRATÉGIE, INGÉNIERIE ET COMMUNICATION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE POUR EN FINIR AVEC LE DÉVELOPPEMENT DURABLE : On présente classiquement le développement durable comme un modèle qui combine des ambitions de performance économique, de cohésion sociale et de préservation de l’environnement grâce à une bonne gouvernance. À la lumière de notre expérience, force est de constater que l’ambition de performance économique domine les deux autres : la cohésion sociale et la préservation de l’environnement. Cette place donnée à l’économie nous semble excessive et contradictoire. L’essor de l’économie ne devrait être, selon le concept du développement durable initié en 1972 par le Club de Rome, qu’un instrument au service de l’épanouissement des individus et de l’équilibre des sociétés et pas un objectif en lui même. L’économie moderne nous a appris au moins une chose importante : si l’on ne préserve pas le capital initial, le système s’appauvrit et ne peut donc, pas être qualifié de durable. Il est intéressant de transposer cette analyse du capital financier à d’autres composantes du “capital” des organisations et des systèmes, y compris des écosystèmes. Nous identifions, dans le prolongement des travaux de Anti Hautamäki, chercheur finlandais, 4 capitaux essentiels qui fondent tout type de système. CAPITAL MATÉRIEL ET FINANCIER CAPITAL COGNITIF ET CULTUREL PROSPÉRITÉ DES SOCIÉTÉS PRÉSERVER REPRODUIRE PRÉSERVER, REPRODUIRE, DÉVELOPPER CAPITAL NATUREL CAPITAL HUMAIN RESSOURCES LIMITÉES RESSOURCES ILLIMITÉES BIEN ÊTRE DES INDIVIDUS PÉRENNITÉ DES ENTREPRISES Le capital matériel et financer : les machines, les équipements, les infrastructures, les richesses monétaires… Le capital naturel : les écosystèmes terrestres et marins préservés dans leur intégrité, les biens publics que sont l’air, l’eau, le climat, les ressources naturelles renouvelables dès l’instant où leur capacité de renouvellement sont respectées… Le capital social ou capital humain : constitué par l’ensemble des femmes et des hommes qui constituent une organisation, qui contribue à la mission d’une entreprise ou qui vivent sur un territoire donné. Entre alors dans les objectifs de préservation de ce capital la qualité des conditions de travail et du dialogue social, l’accompagnement et la formation des individus, la prise en compte et le respect des diversités… Le capital sociétal, culturel et cognitif : est ce qui constitue l’identité d’un groupe, ses valeurs, ses racines, ses références, ses connaissances accumulées et évolutives, ses capacités à développer des relations entre les différents membres qui le compose mais aussi vers l’extérieur pour mettre en relation ce groupe avec d’autres entités, d’autres institutions pour positionner le groupe concerné dans l’ensemble plus vaste qu’on appelle société. TRANSITIONS 2/3 On comprend aisément que certains de ces capitaux sont limités au sens où l’enveloppe de ressources sur lesquels ils sont fondés est par nature “finie”. C’est le cas du capital financier et industriel et du capital naturel. Soulignons ici que les ressources naturelles renouvelables qui représentent en quelque sorte les “intérêts” que l’on peut tirer d’un capital naturel préservé, ne sont illimitées qu’à partir du moment où l’on maintient les conditions de renouvellement de ces ressources. L’exemple le plus évident est celui des ressources halieutiques : si l’on prélève trop de poissons, il ne reste plus assez de reproducteurs pour reconstituer les stocks et l’espèce disparaît… Ainsi, si l’on dépasse certains critères d’exploitation, la ressource est de moins en moins renouvelable et le capital s’appauvrit. De la même façon, les ressources monétaires et industrielles sont, par nature, limitées. Certes un individu, une entreprise ou une organisation peuvent s’enrichir. Mais en règle général ce qui est accumulé par l’un le sera au dépend d’un autre, ou au dépend du capital naturel. En d’autres termes, dans la vraie vie 2 et 2 font quatre et jamais 5… En revanche, le capital humain ou social et le capital culturel, cognitif et sociétal sont, par essence, des capitaux illimités : il n’y a pas de limite au développement des relations humaines, il n’y a pas de limite à l’épanouissement des individus, il n’y a pas de limite à l’augmentation des connaissances ou à la création artistique qui fondent la culture d’une société. Malheureusement nous savons que, dans certains cas, ces capitaux réputés illimités peuvent aussi être dégradés voir épuisés, comme peuvent l’être les capitaux limités (naturels et matériels). Cette considération des “capitaux” qui fondent le développement des organisations, des territoires et des entreprises conduit donc à repenser le principe de développement durable. Dans cette approche, un développement sera réputé durable ou soutenable dès lors qu’il permettra, d’une part de préserver l’intégrité des capitaux limités et d’en assurer la reproduction, d’autre partde préserver, reproduire et développer les capitaux illimités. Un tel mode de développement contribuera à la sécurisation du “bien être des individus”, de la “prospérité des sociétés”, et de la “pérennité des entreprises”, trois modes de concrétisation du développement durable. Cette approche ne donne aucune suprématie à l’économie. Elle souligne cependant, que le système économique devra, pour préserver l’intégrité de l’entité à laquelle il s’applique – entreprise ou société - veiller à la reproduction durable du capital économique et industriel, et donc veiller à maintenir un niveau de performance économique en dehors duquel le système économique verrait son capital s’appauvrir. Appliquée spécifiquement à l’entreprise, cette approche stipule que l’entreprise non rentable ne peut être durable. Pour autant l’entreprise ne sera réputée “durable” que si elle contribue effectivement à la préservation des autres capitaux qui fondent son équilibre : capital naturel, social, cognitif et culturel. La durabilité du système est un tout, aucun des quatre capitaux ne peut être négligés. TRANSITIONS 5 rue de Charonne 75011 PARIS 2éme cour à droite. RDC gauche. Téléphone : 01 83 95 47 70 Fax : 01 83 95 47 71 Mail : [email protected] TRANSITIONS 3/3