La plupart des aliments du Merle sont recueillis à terre. Dans le gazon court, le voici qui
fouille du bec à la recherche des larves souterraines, et surtout des vers que ses sautillements
attirent à la surface. Sous les arbres, les feuilles mortes recèlent une faune abondante que
l'oiseau exploite avec persévérance : d'un mouvement vif, le bec les fait voler : l'oeil attentif
repère vite les proies mises au jour et prestement picorées ; parfois, c'est un petit bond des
deux pattes qui chasse en arrière les feuilles sèches. Le bruit causé par ces explorations dans
le sous-bois est tel qu'on croirait plutôt à la présence d'un homme qu'à celle d'un Merle. Au sol,
il ramasse encore les baies et les fruits tombés, mais cette nourriture est aussi cueillie
directement dans les arbustes et les arbres, et il va jusqu'à voleter sur place pour arracher à la
branche quelque fruit d'atteinte malaisée...
Il se nourrit de baies des sureaux, d'aubépine, d'églantier, de troène, d'if, de viorne, etc...,
sans oublier celles du lierre, si appréciées en hiver et au premier printemps. Cependant, en
s'installant autour des maison, cet oiseau a découvert les charmes de la vigne et du verger ; il
pique les cerises, les fraises, les raisins, les pommes, les poires et les petits fruits, sans
compter les insectes : coléoptères, hyménoptères, chenilles et larves. Avec cela, il prend des
myriapodes, de petits mollusques (escargots et limaçons), et surtout des lombrics, son régal ; à
l'occasion des araignées, voire même des têtards, de jeunes grenouilles, un lézard ou de tout
petits poissons quand le hasard les rend accessibles.
Merle mangeant une graine de lierre, Bellerive, 20.4.1987, Gravure sur bois de Robert Hainard
Actuellement, le Merle noir est un des oiseaux les plus répandus et communs,
s'accommodant de tous les milieux qui lui offrent le minimum vital de végétation, sans
distinction d'essences. Dans nos forêts de montagne et au fond des vallées, son abondance
diminue cependant à partir de 800 à 1000 m, et il s'arrête vers 1300-1400 m environ ; il se
reproduit très localement jusqu'à 1600 (1800) m. Dans les Alpes suisses, et n'empiète donc
guère sur le domaine du Merle à plastron.
3