La 9ème conférence internationale sur les maladies des plantes de l

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AFPP – 3e CONFÉRENCE SUR L’ENTRETIEN DES ESPACES VERTS, JARDINS,
GAZONS, FORÊTS, ZONES AQUATIQUES ET AUTRES ZONES NON AGRICOLES
TOULOUSE – 15, 16 ET 17 OCTOBRE 2013
PRESENTATION D'UN SYSTEME DE TRI RAPIDE DES PLANTES EXOTIQUES DEVANT
FAIRE L'OBJET D'UNE ANALYSE DE RISQUE PHYTOSANITAIRE PROPOSE PAR
L'ORGANISATION EUROPENNE ET MEDITERRANEENNE DE PROTECTION DES
PLANTES
P. EHRET (1), G. FRIED (2) et S. BRUNEL (3)
(1)
Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt (MAAF)
Sous-direction de la qualité et de la protection des végétaux (SDQPV)
s/c DRAAF/Service Régional de l'Alimentation
Place Antoine Chaptal - CS 70039
34 060 Montpellier cedex 02
[email protected]
(2)
Anses – Laboratoire de la Santé des Végétaux – Unité Entomologie et Plantes invasives,
CBGP, Campus de Baillarguet, CS 30016, 34988 Montferrier-sur-Lez, France,
[email protected]
(3)
European and Mediterranean Plant Protection Organization (EPPO/OEPP)
21 boulevard Richard Lenoir 75011 Paris, France
[email protected]
RÉSUMÉ
L’OEPP a développé un outil de hiérarchisation transparent et rapide à utiliser (EPPO
Prioritization process for Invasive Alien Plants). Il est basé sur des critères de dissémination
et d'impacts qui permet de déterminer les plantes pouvant être considérées comme
envahissantes, et parmi celles ci, celles représentant des priorités pour la réalisation
d'analyses de risque phytosanitaire En utilisant le cas particulier Asparagus asparagoides
pour la France, le processus est détaillé et ses possibilités d'utilisation pour des évaluations
de risque dans un contexte et à des échelles différentes sont abordées.
Mots-clés : risque, hiérarchisation, dissémination, impact, Asparagus asparagoides.
ABSTRACT
EPPO has developed a transparent and easy to use prioritization tool (EPPO Prioritization
process for Invasive Alien Plants). It is based on criteria of dissemination and impact which
determines the plants that could be considered invasive, and among these, those
representing priorities for conducting pest risk analysis. Using the case of Asparagus
asparagoides for France, the process is detailed and its potential use for risk assessment in
a different context and at different scales are discussed.
Keywords: risk, priorisation, dissemination, impact, Asparagus asparagoides.
701 sur 712
INTRODUCTION
La réglementation est considérée comme l'un des moyens utiles à la gestion précoce et
préventive des espèces exotiques envahissantes, car elle peut empêcher ou encadrer le
commerce des espèces ou des produits leur servant de voies d'entrée sur un territoire. Cela
a pour résultat de limiter fortement la dissémination volontaire ou fortuite des espèces
réglementées.
Diverses conventions internationales permettent aux pays de prendre des mesures de
protection, sur la base des normes internationales, sans que leur soit reprochée la mise en
place de freins aux échanges commerciaux internationaux. Pour cela, il est nécessaire de
baser les mesures de restrictions au commerce sur des éléments d'analyse du risque bien
documentés et transparents.
Le cadre réglementaire phytosanitaire a été jugé adapté à la lutte contre l’introduction et la
propagation de certaines plantes envahissantes à l'occasion d'échanges entre la Convention
Internationale pour la Protection des Végétaux (CIPV) et la Convention sur la Diversité
Biologique (CBD). La norme internationale d'analyse du risque phytosanitaire (ARP) a été
adaptée pour la prise en compte des risques environnementaux (CIPV, 2013) et diverses
ARP relatives à des plantes invasives ont été conduites, en particulier sous l'égide de
l'Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes (OEPP), qui
est l'organisation régionale qui est l'Organisation régionale de protection des végétaux pour
l'Europe.
L’ARP permet d’identifier la probabilité qu’une nouvelle espèce arrivée dans la zone d’étude,
s’y naturalise et puisse avoir un impact, et si nécessaire, de définir quelles sont les mesures
de lutte préventives les plus appropriées. Cependant, cela engage un processus long et
détaillé, difficile à mettre en œuvre pour le nombre d’espèces potentiellement envahissantes
déjà présentes dans la grande région euro-méditerranéenne (ou absentes mais ayant une
forte probabilité d’être introduites).
L’OEPP a développé un outil de hiérarchisation transparent et rapide (EPPO Prioritization
process for Invasive Alien Plants,) afin :
- de fournir une vue d’ensemble claire des espèces envahissantes et potentiellement
envahissantes présentes dans les 50 pays européens, méditerranéens ou
russophones de la région OEPP,
- d’établir des priorités entre les espèces nécessitant la réalisation d’une ARP.
Ce processus a été adopté en tant que norme en 2012 (OEPP, 2012a), et constitue un outil
simple et souple à la disposition de l'OEPP et des ses états membres, mais aussi de tous les
responsables territoriaux, pour examiner rapidement diverses plantes et fournir des
informations transparentes sur celles pour lesquelles une étude plus approfondie, pouvant
déboucher sur des restrictions d'usage, doit être envisagée pour un espace donné.
Afin d'illustrer la démarche et l'outil, il est proposé de l'appliquer à Asparagus asparagoides
(Linnaeus) Druce, plante exotique pour laquelle le processus a été récemment mis en œuvre
par l'OEPP, et qui avait par ailleurs déjà été étudiée en France (Fried, 2010).
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L'ASPERGE A FEUILLES DE MYRTE DOIT-ELLE ETRE CONSIDEREE COMME UNE
PLANTE INVASIVE, A ETUDIER EN DETAIL EN FRANCE ?
Pour répondre à cette question, la démarche hiérarchisation de l'OEPP (prioritization
process) décrite en figure 1 sera présentée pour le territoire français.
Figure 1 : Arbre de décision résumant la démarche hiérarchisation de l'OEPP pour les plantes
exotiques envahissantes
Figure 1 : Decision tree summarizing the EPPO prioritization process for invasive alien plants
703 sur 712
La démarche se base sur 12 questions. Les 8 premières (A1 à A8) visent à classer les espèces
dans différentes listes : espèces exotiques envahissantes (et potentiellement envahissantes),
espèces en liste d’observation, espèces d'importance mineure, tandis que les 3 suivantes (B1
à B3) visent à sélectionner parmi les espèces exotiques envahissantes celles nécessitant une
ARP (dans le cadre des relations internationales), ou un approfondissement des connaissances
pour une gestion plus locale.
INITIATION DE LA DEMARCHE : BIEN IDENTIFIER LA PLANTE ET LA ZONE CONCERNES
Comme dans le cas de l'ARP, il importe de bien déterminer l'entité taxonomique sur la quelle
porte la démarche. Cette phase est appelée mise en route ou "initiation".
Init1 - Entrez le nom de l'organisme nuisible
Asparagus asparagoides (Linnaeus) Druce
Init2 - Indiquez la position taxonomique et les principaux synonymes
Asparagaceae
Synonymes:
Elide asparagoides (Linnaeus) Kerguélen, qui est couramment utilisé dans les documents en
français
Medeola asparagoides Linnaeus
Myrsiphyllum asparagoides (Linnaeus) Willdenow
Init3 - Définissez clairement la zone concernée par la démarche
La France métropolitaine, c'est à dire son territoire continental et les îles proches de l'océan
Atlantique, de la Manche et de la mer Méditerranée, y compris la Corse.
Init4 - Fournissez les raisons pour effectuer cette évaluation, et de signaler toute analyse de
risque disponible pour le taxon évalué.
A. asparagoides est une plante grimpante vivace à rhizome originaire d'Afrique du Sud. Cette
espèce est envahissante en Australie. Elle a été utilisée comme plante ornementale ou
horticole dans la région OEPP. Elle est déjà établie en Corse et PACA, sur quelques stations
mais reste peu répandue. Elle est également établie dans différents pays du pourtour
méditerranéen.
Considérant le comportement envahissant de cette espèce ailleurs dans le monde ainsi que
dans les pays de l'OEPP, il est considéré que les régions méridionales et côtières de la France
peuvent courir un risque.
Aucune analyse de risque phytosanitaire n'est disponible pour la zone. Par contre, le
Conservatoire National Botanique Méditerranéen de Porquerolles fait figurer cette espèce sur
sa liste noire, après mise en œuvre d'une méthodologie propre destinée à construire la liste
noire de plantes exotiques pour la zone méditerranéenne française (Mandon-Dalger, 2012)
SECTION A - PROCESSUS DE HIERARCHISATION POUR L'ELABORATION DES DIFFERENTES LISTES DE
PLANTES EXOTIQUES ENVAHISSANTES (NUISIBLES OU POTENTIELLEMENT NUISIBLES) POUR LA ZONE
EN COURS D'EVALUATION
A.1 - L’espèce est-elle exotique dans l’ensemble ou une partie significative de la zone en cours
d'évaluation ?
Oui
A. asparagoides est originaire d'Afrique du Sud. La plante est exotique pour la France et pour
toute la région OEPP.
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A.2 - L’espèce est-elle naturalisée dans au moins une partie de la zone en cours d'évaluation?
Oui.
Les informations en provenance des Conservatoires Botaniques Nationaux confirment sa
présence en Corse et en PACA.
Les échanges avec les botanistes de terrain et la prise en compte des publications à l'occasion
des travaux menés en France et par l'OEPP indiquent que la plante s'est naturalisé dans
certains secteurs de la bordure littorale entre Toulon et Nice, ainsi qu'en Corse
L'arbre de décision représenté en figure 1 prévoit, puisque la plante a fait preuve de sa capacité
à s'implanter, de s'intéresser à son potentiel d'expansion.
Les questions A.3 (la plante est-elle envahissante ailleurs dans le monde ?) et A.4 (d’après les
conditions éco-climatiques, l’espèce peut-elle se naturaliser en France?) ne concernent que les
espèces qui ne sont pas naturalisées et ne seront pas détaillées. Cependant, sans préfigurer
des résultats de recherches plus approfondies menées si nécessaire, les premières données
bibliographiques consultées (CABI, 2012) montrent bien qu'il s'agit d'une espèce des zones
tempérées chaudes à hiver doux qui a montré un comportement invasif marqué en Australie.
A.5 Quelle est la capacité de dissémination de l’espèce dans la zone en cours d'évaluation ?
La réponse à cette question consiste à choisir entre trois modalités : capacité de dissémination
faible, moyenne ou élevée. Ceci afin de ne pas consacrer plus de temps aux plantes ayant un
potentiel de dissémination faible et ne présentant pas, de ce fait, de risque pour la zone
étudiée. La norme OEPP précise les critères permettant de différencier les capacités de
dissémination.
Faible niveau de dissémination : plante qui ne s’étendent pas car n’ayant pas de
mécanismes de dissémination (espèces barochores) et produisant peu de semences.
Niveau de dissémination moyen : plante pouvant se reproduire vigoureusement par voie
sexuée ou végétative mais dont la descendance reste en général à proximité du pied mère
et qui sont rarement déplacées par l’homme. Cela inclut les espèces ayant une forte
production de semences mais sans autre moyen de dispersion que la gravité, les espèces
disséminées par le vent mais ayant des diaspores assez lourd et/sans adaptations
particulières (aigrette de soie, ailes) ne permettant pas une dissémination au-delà de
quelques dizaines de mètres, etc.
Niveau de dissémination élevé : plante ayant un fort pouvoir de reproduction et capables de
se disséminer à une vitesse de plus de 1 km par an naturellement ou avec les activités
humaines (hormis la plantation directe de l’espèce). Espèces disséminées par le vent ayant
des diaspores légères espèces hydrochores pouvant flotter suffisamment longtemps pour
être entraînées sur de longues distances par un cours d’eau, espèces endozoochores
disséminées par les oiseaux, espèces à reproduction végétative dont les fragments sont
souvent disséminés de manière non-intentionnelle et espèces connues pour être déplacées
de façon accidentelle par l'homme via véhicules ou machines agricoles dans le cas des
adventices des cultures.
Dans le cas d'A. asparagoides, on note une conjonction de modes de dispersions possibles
(OEPP, 2012b) qui, en lien avec les informations recueillies en PACA et Corse, incitent à
considérer que l'espèce à une capacité de dispersion élevée dans certains de ces habitats
méditerranéens de France. Les caractéristiques biologiques de la plante (production de fleurs
bisexuelles et auto-compatibles, production importante de baies consommées par les oiseaux,
émission de rhizomes traçants, reproduction possible à partir de petits fragments de rhizomes)
permettent la production de nombreuses propagules pouvant être dispersées naturellement ou
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par assistance humaine fortuite. Dans le contexte français, où des débuts d'expansion (certes
encore lents et localisés) de la plante sont déjà constatés dans les fourrés et maquis littoraux
(Michaud 2013, comm. pers.), il est logique de considérer que la plante a un niveau de
dissémination élevé.
Évaluation de l'incertitude: faible, moyenne, élevée
Comme des données relativement contradictoires sont notées entre de la capacité de
propagation de l'espèce décrite en Australie, et ce qui est observé dans divers points du bassin
méditerranéen, l'incertitude est considérée comme étant moyenne. L'absence de dispersion de
la plante dans diverses stations méditerranéennes pourrait être principalement liée au déficit
hydrique estival, mais cette hypothèse demande à être vérifiée.
A la question A.5 relative à la capacité de dissémination d'A. asparagoides en France, la
réponse est : niveau de dissémination élevé avec une incertitude moyenne.
Les questions 6 à 8 sélectionnent toute plante ayant un impact élevé sur les autres plantes,
se traduisant par des nuisances pour l’environnement ou pour l’agriculture. L’impact sur la
santé humaine ou animale est documenté sans qu’il entraîne une décision particulière, cet
aspect n’étant pas du ressort des organisations de protection des végétaux à qui s’adresse
ce document.
A.6. Quel est l’impact potentiel de la plante sur les espèces indigènes, sur les habitats et les
écosystèmes ?
La norme OEPP précise les critères permettant de différencier l'intensité des impacts :
Faible impact : plante ne formant pas de populations denses et colonisant rarement des
habitats naturels ayant une valeur patrimoniale.
Impact moyen : plante formant des populations denses et persistantes mais uniquement
dans des habitats perturbés par l’homme ou qui sont présentes dans des habitats naturels,
mais jamais à un niveau d’abondance important
Impact élevé : plante formant des populations de grande taille, denses et persistantes dans
des habitats semi-naturels ou naturels ayant une valeur pour la conservation de la nature.
L'asperge à feuille de myrte a fait la preuve en Australie de sa capacité à former des
populations denses recouvrant de draperies les étages inférieurs des formations arbustives
indigènes. Les colonies de plantes peuvent y former un tapis tubéreux souterrain dense, ce qui
empêche d'autres plantes d'accéder à l'humidité et aux nutriments du sol. (OEPP, 2012b). La
plante, par sa concurrence pour l'accès à la lumière et aux horizons superficiels du sol, impacte
fortement les espèces indigènes.
Les impacts en France sont encore peu documentés, du fait de la faible présence de la plante
et de l'absence d'observations précises. Il a été noté cependant qu'une espèce rare, Prasium
majus L., est localement concurrencée par A. asparagoides en Corse et semble avoir disparu
d’un site envahi (Paradis, 2002).
Du fait des nombreuses informations disponibles en Australie et des quelques informations
collectées en France, sur les capacités de la plante à exercer une concurrence forte pour
l'espace et les ressources, il est considéré que son impact sur les végétaux indigènes, sur les
habitats et les écosystèmes est élevé.
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Évaluation de l'incertitude: faible, moyenne, élevée
Diverses informations collectées dans le cadre de l'OEPP indiquent des impacts relativement
faibles à quasi inexistants dans diverses stations du bassin méditerranéen ou des îles de
Macaronésie. Ces fortes différences de comportement de la plante selon les continents
impliquent la prise en compte d'une incertitude élevée.
A la question A.6 relative à l'impact sur les espèces indigènes, sur les habitats et les
écosystèmes d'A. asparagoides en France, la réponse est : niveau de d'impact élevé avec un
incertitude forte.
A7. Quel est l’impact potentiel de la plante sur les productions agricoles, horticoles et
sylvicoles?
Sont inclus dans les écosystèmes faisant l’objet d’une gestion l’ensemble des cultures
(annuelles ou pérennes), les zones forestières, herbagères ou aquatiques à vocation
productive.
En l’absence de données précises sur les pertes de rendement causées par les espèces
envahissantes, le classement de l’impact des espèces dans l’écosystème "géré" ou cultivé est
essentiellement basé sur la fréquence de ces espèces dans sites concernés, leur capacité à
former des populations denses, leur taille et les difficultés globales de désherbage qu’elles
occasionnent.
Impact faible : l’espèce n’est pas signalée dans les cultures ou les zones gérées, ou
uniquement de manière accidentelle. Ce sont en général des espèces vivaces, en particulier
des arbres et des arbustes, incapables de s’installer durablement dans un contexte de fortes
perturbations mécaniques ou chimiques (travail du sol ou passages fréquents d'herbicide).
Impact moyen : l’espèce est assez fréquente dans les cultures, peut même être abondante
dans certaines situations, mais ne pose pas de problèmes importants du fait d’un contrôle
possible et d’une concurrence faible à moyenne avec la culture ou les usages de la zone
concernée.
Impact élevé : plante connue comme étant une mauvaise herbe majeure des cultures ou pour
ses nuisances dans certaines zones gérées, formant souvent des populations denses et
entraînant un coût de lutte important car étant pour différentes raisons difficiles à désherber ou
à contrôler. En l'absence de lutte, la présence de ces plantes remet en cause l'usage
économique prévu de la zone (en particulier de fait d'une baisse de production ou de
l'augmentation des charges).
Dans le cas d'A. asparagoides, les seules nuisances connues en zone cultivée sont celles
observées sur cultures d'agrumes irriguées en Australie, qui entraîne des chutes de rendement
et des difficultés d'accès aux fruits pour la récolte ou des frais de lutte importants (CRC Weed
Management, 2003). En zone forestière, toujours en Australie, la plante est présente sous les
pins mais ne sembla pas avoir d'influence sur la croissance des arbres (OEPP, 2012b). Par
ailleurs, il a été noté que la plante était appétée par le bétail et qu'elle ne peut se développer
dans les pâturages.
Ces informations en provenance d'Australie incitent à considérer que l'impact sur les cultures de
cette asperge lianescente en France serait moyen, du fait d'un risque limité aux cultures
pérennes. L'importance de ces cultures (arboriculture, vigne) dans la partie méridionale de la
France, zone favorable à l'implantation d'A. asparagoides, a influencé le choix de la réponse
vers le niveau d'impact moyen.
707 sur 712
Évaluation de l'incertitude: faible, moyenne, élevée
La provenance des informations sur ce type d'impact est uniquement l'Australie. Du fait de la
distance et des différences des systèmes de cultures, l'incertitude est considérée comme
élevée.
A la question A.7 relative à l'impact sur les productions agricoles au sens large d'A.
asparagoides en France, la réponse est : niveau de d'impact moyen avec une incertitude
forte.
A.8 L’espèce a-t-elle d'autres impacts, en particulier sur la santé humaine ou animale ?
Des informations sont rassemblées sur ce sujet, sans toutefois que la question soit
discriminante dans le cadre la santé des végétaux, et pour décider de l'intérêt à mener une
analyse de risque phytosanitaire Lorsque le processus de priorisation est utilisé dans un
cadre moins strict, en particulier à des échelles plus locales, cette question peut cependant
prendre de l'importance pour les gestionnaires locaux.
Pour le cas particulier d'Asparagus asparagoides, aucune indication d'effets sur la santé
humaine ou animale n'est relatée. Un impact sur le régime de feux est cité (OEPP, 2012b).
A la question A.8 relative aux autres impacts (en particulier l'impact sur la santé humaine ou
animale) d'A. asparagoides en France, la réponse est : niveau de d'impact faible avec une
incertitude faible.
A ce stade, le processus permet de positionner une plante dans une des trois listes d’espèces
élaborées en combinant la capacité de dissémination et les impacts nuisibles, tel que présenté
en figure 2 :
- la liste de plantes d'importance mineure,
- la liste des plantes exotiques à observer ou liste d'observation,
- la liste d’espèces exotiques envahissantes.
Seules les espèces des listes d’espèces exotiques envahissantes (ou potentiellement
envahissantes si elles sont absentes de la zone d'étude) font l’objet des questions B afin de
déterminer si elles constituent des priorités pour l’analyse de risque phytosanitaire.
Dans le cas d'A. asparagoides, la capacité de dissémination étant considérée comme élevée
pour la France, et l'impact global élevé du fait principalement de l'impact sur les
écosystèmes, l'espèce figure sur la liste des plantes exotiques envahissantes.
L'incertitude globale est considérée comme forte, car la plupart des informations proviennent
d'Australie, et que dans le contexte méditerranéen, la plante semble avoir une dynamique
moins agressive.
Figure 2 - Tableau combinant le potentiel de dissémination et les impacts nuisibles
Figure 2 - Matrix combining spread potential and adverse impacts
708 sur 712
QUESTIONS B : PROCESSUS DE HIERARCHISATION DESTINE A DETERMINER LES PRIORITES POUR LA
REALISATION D'ARP.
Cette deuxième série de question sera présentée rapidement dans le contexte international,
sans référence à l'exemple d'A. asparagoides. Cet exemple sera repris pour illustrer la
possibilité de s'inspirer fortement de la norme, pour l'adapter à un contexte plus local.
B.1. L’espèce fait-elle l’objet d’un commerce international ou y a-t-il d’autres voies d’introduction
internationale existantes ou potentielles
L’ARP constitue une justification pour mettre en place des mesures de prévention qui interfèrent
avec le commerce international. Cette question permet de lister les filières d'échange à risque et
de s’assurer que l’outil d’ARP va être utilisé pour ce pour quoi il a été conçu : proposer des
mesures préventives réglementant certains échanges. Il importe de s'intéresser aux
introductions volontaires de la plante étudiée, mais d'apprécier également les risques
d'introductions fortuites de propagules reproductrices avec d'autres marchandises (semences,
substrats,…).
B2. Le risque d’introduction par ces filières internationales est-il supérieur au risque
d’introduction par des moyens naturels ?
Cette question permet d’éliminer les espèces dont la principale filière d’introduction est la voie
naturelle, et pour lesquelles des mesures préventives appliquées à la réglementation des
échanges commerciaux seraient suivies de peu d’effets.
B.3 Existe-t-il une aire significative que l’espèce peut encore coloniser dans la zone d'étude ?
Cette question vise à éliminer les espèces qui sont déjà présentes sur l’ensemble du territoire
ou dans tous les milieux qu’elles peuvent potentiellement occuper.
La norme OEPP propose divers cas, et désigne les espèces occupant moins de 10% de leur
aire potentielle d'implantation comme prioritaires pour la réalisation d'ARP.
CAS DE L'ASPERGE A FEUILLE DE MYRTE POUR LA FRANCE : FAUT-IL PREVOIR UNE EVALUATION DES
RISQUES PERMETTANT DE PRENDRE DES MESURES REGLEMENTAIRES ?
B.1. L’espèce fait-elle l’objet d’un commerce ou y a-t-il d’autres voies d’introduction ou de
dissémination existantes ou potentielles en France ?
A. asparagoides a été utilisée comme plante ornementale ou comme feuillage à couper, mais
ces usages semblent maintenant très marginaux, et la plante n'est pas identifiée par un site
francophone de recherche de plantes proposées par les pépinières (Trouveplante, 2013). On
peut donc considérer que ce risque est négligeable.
Par contre, à partir des populations déjà existantes, l'élimination négligente des déchets de
jardin et les travaux de terrassement peuvent disséminer des rhizomes sur de grandes
distances. Les graines peuvent aussi être transportées dans la boue attachée aux machines et
véhicules, ou dans le substrat de plantes cultivées dans des pépinières proches de zones de
présence de la plante, du fait de la consommation des fruits par les oiseaux.
B2. Le risque d’introduction et de dissémination par ces moyens humains est-il supérieur au
risque d’introduction et de dissémination par des moyens naturels ?
Le rôle des animaux, et particulièrement des oiseaux dans la dissémination est évoqué en
Australie et en Corse (OEPP, 2012b), mais il semble encore limité en France.
709 sur 712
Le déplacement de propagules par intervention humaine semble à ce stade initial de
naturalisation de la plante, plus importante que la dissémination naturelle. L'installation des
propagules liées au transport de sol dans des zones aménagées disposant souvent d'un apport
d'eau en zone méditerranéenne peut être un facteur de succès de l'installation de la plante.
B.3 Existe-t-il une aire significative que l’espèce peut encore coloniser en France ?
Les informations disponibles sur la biologie d'A. asparagoides indiquent clairement que sa
résistance au froid est relativement faible et cette donnée permet de prévoir une répartition
limitée aux zones côtières, méditerranéennes, mais aussi atlantiques.
La répartition actuelle est limitée à quelques populations, mais les espaces potentiellement
colonisables par la plante sont encore importants, et souvent de valeur patrimoniale
remarquable. Il n'est pas aisé de les identifier précisément à ce stade, mais les premières
apparitions en maquis littoral et la valeur patrimonial des sites colonisables dans des zones
côtières souvent très urbanisées incitent à approfondir l'évaluation du risque pour l'asperge à
feuille de myrte.
L'asperge à feuille de myrte, se révèle être, après un examen rapide inspiré du "priorisation
process" de l'OEPP, une espèces exotique envahissante pour le territoire français. Il est estimé
qu'elle serait capable de d'élargir largement son aire de répartition du fait de l'intervention
humaine, ce qui incite à engager une évaluation du risque plus approfondie.
Sans préjuger des résultats définitifs de cette évaluation du risque, on peut noter qu'en
l'absence de commercialisation avérée de l'espèce, une éventuelle réglementation nationale
mettant un frein à son commerce aura peu d'impact sur la dissémination de la plante. Elle peut
par contre inspirer des pratiques ou des recommandations locales minimisant la dissémination
fortuite ou les pratiques favorables à la plantes, comme les échanges entre jardiniers d'une
plante nouvellement installée qui possède une certaine valeur ornementale.
CONCLUSION
Parmi les outils proposés par l'OEPP pour appuyer les Etats dans la gestion des risques
phytosanitaires, le processus de hiérarchisation destiné à identifier les plantes exotiques devant
faire l'objet d'une analyse de risque phytosanitaire (ou d'un processus d'évaluation du risque
adapté à d'autres échelles géographiques), est certainement l'un de ceux qui s'avère le plus
facile à partager avec des personnes et institutions impliquées dans la gestion d'espaces
naturels ou aménagés.
Grâce à un nombre limité de questions et à une recherche bibliographique relativement rapide,
il est possible de statuer sur l'intérêt à approfondir la recherche d'informations sur des plantes
exotiques dont on craint l'installation sur un site ou une région.
Cet outil peut aider collectivités locales ou les opérateurs en charge de la gestion de ZNA à
mener des évaluations de risque finement adaptérs à leur zones d'intervention et à prendre des
mesures particulièrement utiles pour minimiser les phénomènes d'invasions biologiques, en
agissant directement sur le choix des plantes horticoles utilisées ou sur les pratiques de
gestion.
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