La 9ème conférence internationale sur les maladies des plantes de l

AFPP 3eCONFÉRENCE SUR L’ENTRETIEN DES ESPACES VERTS, JARDINS,
GAZONS, FORÊTS, ZONES AQUATIQUES ET AUTRES ZONES NON AGRICOLES
TOULOUSE 15, 16 ET 17 OCTOBRE 2013
PRESENTATION D'UN SYSTEME DE TRI RAPIDE DES PLANTES EXOTIQUES DEVANT
FAIRE L'OBJET D'UNE ANALYSE DE RISQUE PHYTOSANITAIRE PROPOSE PAR
L'ORGANISATION EUROPENNE ET MEDITERRANEENNE DE PROTECTION DES
PLANTES
P. EHRET (1), G. FRIED (2) et S. BRUNEL (3)
(1) Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt (MAAF)
Sous-direction de la qualité et de la protection des végétaux (SDQPV)
s/c DRAAF/Service Régional de l'Alimentation
Place Antoine Chaptal - CS 70039
34 060 Montpellier cedex 02
pierre.ehret@agriculture.gouv.fr
(2) Anses Laboratoire de la Santé des Végétaux Unité Entomologie et Plantes invasives,
CBGP, Campus de Baillarguet, CS 30016, 34988 Montferrier-sur-Lez, France,
(3) European and Mediterranean Plant Protection Organization (EPPO/OEPP)
21 boulevard Richard Lenoir 75011 Paris, France
RÉSUMÉ
L’OEPP a développé un outil de hiérarchisation transparent et rapide à utiliser (EPPO
Prioritization process for Invasive Alien Plants). Il est basé sur des critères de dissémination
et d'impacts qui permet de déterminer les plantes pouvant être considérées comme
envahissantes, et parmi celles ci, celles représentant des priorités pour la réalisation
d'analyses de risque phytosanitaire En utilisant le cas particulier Asparagus asparagoides
pour la France, le processus est détaillé et ses possibilités d'utilisation pour des évaluations
de risque dans un contexte et à des échelles différentes sont abordées.
Mots-clés : risque, hiérarchisation, dissémination, impact, Asparagus asparagoides.
ABSTRACT
EPPO has developed a transparent and easy to use prioritization tool (EPPO Prioritization
process for Invasive Alien Plants). It is based on criteria of dissemination and impact which
determines the plants that could be considered invasive, and among these, those
representing priorities for conducting pest risk analysis. Using the case of Asparagus
asparagoides for France, the process is detailed and its potential use for risk assessment in
a different context and at different scales are discussed.
Keywords: risk, priorisation, dissemination, impact, Asparagus asparagoides.
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INTRODUCTION
La réglementation est considérée comme l'un des moyens utiles à la gestion précoce et
préventive des espèces exotiques envahissantes, car elle peut empêcher ou encadrer le
commerce des espèces ou des produits leur servant de voies d'entrée sur un territoire. Cela
a pour résultat de limiter fortement la dissémination volontaire ou fortuite des espèces
réglementées.
Diverses conventions internationales permettent aux pays de prendre des mesures de
protection, sur la base des normes internationales, sans que leur soit reprochée la mise en
place de freins aux échanges commerciaux internationaux. Pour cela, il est nécessaire de
baser les mesures de restrictions au commerce sur des éléments d'analyse du risque bien
documentés et transparents.
Le cadre réglementaire phytosanitaire a été jugé adapté à la lutte contre l’introduction et la
propagation de certaines plantes envahissantes à l'occasion d'échanges entre la Convention
Internationale pour la Protection des Végétaux (CIPV) et la Convention sur la Diversité
Biologique (CBD). La norme internationale d'analyse du risque phytosanitaire (ARP) a é
adaptée pour la prise en compte des risques environnementaux (CIPV, 2013) et diverses
ARP relatives à des plantes invasives ont été conduites, en particulier sous l'égide de
l'Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes (OEPP), qui
est l'organisation régionale qui est l'Organisation régionale de protection des végétaux pour
l'Europe.
L’ARP permet d’identifier la probabilité qu’une nouvelle espèce arrivée dans la zone d’étude,
s’y naturalise et puisse avoir un impact, et si nécessaire, de définir quelles sont les mesures
de lutte préventives les plus appropriées. Cependant, cela engage un processus long et
détaillé, difficile à mettre en œuvre pour le nombre d’espèces potentiellement envahissantes
déjà présentes dans la grande région euro-méditerranéenne (ou absentes mais ayant une
forte probabilité d’être introduites).
L’OEPP a développé un outil de hiérarchisation transparent et rapide (EPPO Prioritization
process for Invasive Alien Plants,) afin :
-de fournir une vue d’ensemble claire des espèces envahissantes et potentiellement
envahissantes présentes dans les 50 pays européens, méditerranéens ou
russophones de la région OEPP,
-d’établir des priorités entre les espèces nécessitant la réalisation d’une ARP.
Ce processus a été adopté en tant que norme en 2012 (OEPP, 2012a), et constitue un outil
simple et souple à la disposition de l'OEPP et des ses états membres, mais aussi de tous les
responsables territoriaux, pour examiner rapidement diverses plantes et fournir des
informations transparentes sur celles pour lesquelles une étude plus approfondie, pouvant
déboucher sur des restrictions d'usage, doit être envisagée pour un espace donné.
Afin d'illustrer la démarche et l'outil, il est proposé de l'appliquer à Asparagus asparagoides
(Linnaeus) Druce, plante exotique pour laquelle le processus a été récemment mis en œuvre
par l'OEPP, et qui avait par ailleurs dé été étudiée en France (Fried, 2010).
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L'ASPERGE A FEUILLES DE MYRTE DOIT-ELLE ETRE CONSIDEREE COMME UNE
PLANTE INVASIVE, A ETUDIER EN DETAIL EN FRANCE ?
Pour répondre à cette question, la démarche hiérarchisation de l'OEPP (prioritization
process) décrite en figure 1 sera présentée pour le territoire français.
Figure 1 : Arbre de décision résumant la démarche hiérarchisation de l'OEPP pour les plantes
exotiques envahissantes
Figure 1 : Decision tree summarizing the EPPO prioritization process for invasive alien plants
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La démarche se base sur 12 questions. Les 8 premières (A1 à A8) visent à classer les espèces
dans différentes listes : espèces exotiques envahissantes (et potentiellement envahissantes),
espèces en liste d’observation, espèces d'importance mineure, tandis que les 3 suivantes (B1
à B3) visent à sélectionner parmi les espèces exotiques envahissantes celles nécessitant une
ARP (dans le cadre des relations internationales), ou un approfondissement des connaissances
pour une gestion plus locale.
INITIATION DE LA DEMARCHE :BIEN IDENTIFIER LA PLANTE ET LA ZONE CONCERNES
Comme dans le cas de l'ARP, il importe de bien déterminer l'entité taxonomique sur la quelle
porte la démarche. Cette phase est appelée mise en route ou "initiation".
Init1 - Entrez le nom de l'organisme nuisible
Asparagus asparagoides (Linnaeus) Druce
Init2 - Indiquez la position taxonomique et les principaux synonymes
Asparagaceae
Synonymes:
Elide asparagoides (Linnaeus) Kerguélen, qui est couramment utilisé dans les documents en
français
Medeola asparagoides Linnaeus
Myrsiphyllum asparagoides (Linnaeus) Willdenow
Init3 - Définissez clairement la zone concernée par la démarche
La France métropolitaine, c'est à dire son territoire continental et les îles proches de l'océan
Atlantique, de la Manche et de la mer Méditerranée, y compris la Corse.
Init4 - Fournissez les raisons pour effectuer cette évaluation, et de signaler toute analyse de
risque disponible pour le taxon évalué.
A. asparagoides est une plante grimpante vivace à rhizome originaire d'Afrique du Sud. Cette
espèce est envahissante en Australie. Elle a été utilisée comme plante ornementale ou
horticole dans la région OEPP. Elle est déjà établie en Corse et PACA, sur quelques stations
mais reste peu répandue. Elle est également établie dans différents pays du pourtour
méditerranéen.
Considérant le comportement envahissant de cette espèce ailleurs dans le monde ainsi que
dans les pays de l'OEPP, il est considéré que les régions méridionales et côtières de la France
peuvent courir un risque.
Aucune analyse de risque phytosanitaire n'est disponible pour la zone. Par contre, le
Conservatoire National Botanique Méditerranéen de Porquerolles fait figurer cette espèce sur
sa liste noire, après mise en œuvre d'une méthodologie propre destinée à construire la liste
noire de plantes exotiques pour la zone méditerranéenne française (Mandon-Dalger, 2012)
SECTION A-PROCESSUS DE HIERARCHISATION POUR L'ELABORATION DES DIFFERENTES LISTES DE
PLANTES EXOTIQUES ENVAHISSANTES (NUISIBLES OU POTENTIELLEMENT NUISIBLES) POUR LA ZONE
EN COURS D'EVALUATION
A.1 - L’espèce est-elle exotique dans l’ensemble ou une partie significative de la zone en cours
d'évaluation ?
Oui
A. asparagoides est originaire d'Afrique du Sud. La plante est exotique pour la France et pour
toute la région OEPP.
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A.2 - L’espèce est-elle naturalisée dans au moins une partie de la zone en cours d'évaluation?
Oui.
Les informations en provenance des Conservatoires Botaniques Nationaux confirment sa
présence en Corse et en PACA.
Les échanges avec les botanistes de terrain et la prise en compte des publications à l'occasion
des travaux menés en France et par l'OEPP indiquent que la plante s'est naturalisé dans
certains secteurs de la bordure littorale entre Toulon et Nice, ainsi qu'en Corse
L'arbre de décision représenté en figure 1 prévoit, puisque la plante a fait preuve de sa capacité
à s'implanter, de s'intéresser à son potentiel d'expansion.
Les questions A.3 (la plante est-elle envahissante ailleurs dans le monde ?) et A.4 (d’après les
conditions éco-climatiques, l’espèce peut-elle se naturaliser en France?) ne concernent que les
espèces qui ne sont pas naturalisées et ne seront pas détaillées. Cependant, sans préfigurer
des résultats de recherches plus approfondies menées si nécessaire, les premières données
bibliographiques consultées (CABI, 2012) montrent bien qu'il s'agit d'une espèce des zones
tempérées chaudes à hiver doux qui a montré un comportement invasif marqué en Australie.
A.5 Quelle est la capacité de dissémination de l’espèce dans la zone en cours d'évaluation ?
La réponse à cette question consiste à choisir entre trois modalités : capacité de dissémination
faible, moyenne ou élevée. Ceci afin de ne pas consacrer plus de temps aux plantes ayant un
potentiel de dissémination faible et ne présentant pas, de ce fait, de risque pour la zone
étudiée. La norme OEPP précise les critères permettant de différencier les capacités de
dissémination.
Faible niveau de dissémination : plante qui ne s’étendent pas car n’ayant pas de
mécanismes de dissémination (espèces barochores) et produisant peu de semences.
Niveau de dissémination moyen : plante pouvant se reproduire vigoureusement par voie
sexuée ou végétative mais dont la descendance reste en général à proximité du pied mère
et qui sont rarement déplacées par l’homme. Cela inclut les espèces ayant une forte
production de semences mais sans autre moyen de dispersion que la gravité, les espèces
disséminées par le vent mais ayant des diaspores assez lourd et/sans adaptations
particulières (aigrette de soie, ailes) ne permettant pas une dissémination au-delà de
quelques dizaines de mètres, etc.
Niveau de dissémination élevé : plante ayant un fort pouvoir de reproduction et capables de
se disséminer à une vitesse de plus de 1 km par an naturellement ou avec les activités
humaines (hormis la plantation directe de l’espèce). Espèces disséminées par le vent ayant
des diaspores légères espèces hydrochores pouvant flotter suffisamment longtemps pour
être entraînées sur de longues distances par un cours d’eau, espèces endozoochores
disséminées par les oiseaux, espèces à reproduction végétative dont les fragments sont
souvent disséminés de manière non-intentionnelle et espèces connues pour être déplacées
de façon accidentelle par l'homme via véhicules ou machines agricoles dans le cas des
adventices des cultures.
Dans le cas d'A. asparagoides, on note une conjonction de modes de dispersions possibles
(OEPP, 2012b) qui, en lien avec les informations recueillies en PACA et Corse, incitent à
considérer que l'espèce à une capacité de dispersion élevée dans certains de ces habitats
méditerranéens de France. Les caractéristiques biologiques de la plante (production de fleurs
bisexuelles et auto-compatibles, production importante de baies consommées par les oiseaux,
émission de rhizomes traçants, reproduction possible à partir de petits fragments de rhizomes)
permettent la production de nombreuses propagules pouvant être dispersées naturellement ou
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