Surveillance cardiovasculaire chez les PVVIH

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Dans le cadre d’une surveillance cardiovasculaire, votre médecin habituel avec l’appui d’un cardiologue si nécessaire, fera avec vous une
évaluation de vos facteurs de risques personnels1.
Votre bilan sanguin de routine comporte déjà des informations utiles
pour cette surveillance. Mais ces éléments ne sont pas suffisants pour
faire un bilan adapté, et déceler d’éventuels problèmes cardiovasculaires. En conséquence et comme pour d’autres pathologies, il sera
peut-être nécessaire de faire d’autres explorations pour avoir une vision plus précise pour mieux anticiper l’apparition de troubles éventuels.
Rappel : Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont la 4ème cause de décès
chez les personnes vivant avec le VIH, et l’on observe qu’en comparaison
avec la population générale, les risques d’infarctus du myocarde sont majorés (cf InfoTraitements N°202-204).
Différentes étapes pour évaluer votre risque de MCV
1/ Tout d’abord on va vous poser plusieurs types de questions sur :
- Vos habitudes de vie : Fumez-vous, si oui depuis combien de temps et quelle quantité de tabac ? Quelle est votre alimentation type (est-elle équilibrée ?), avez vous
une activité physique, si oui laquelle et à quelle fréquence ? Êtes vous soumis au
stress, et si oui à quelle intensité ? Utilisez-vous même occasionnellement, des produits tels que la cocaïne, le poppers, d’autres produits stimulants ?
- Vos antécédents : avez vous des antécédents connus de MCV, chez vos parents y
a-t-il des personnes ayant actuellement ou ayant eu une MCV (facteur héréditaire)?
Souffrez-vous de diabète, d’hypertension artérielle, d’une hypercholestérolémie2 ?
- Les symptômes : il vous demandera si vous ressentez une douleur au niveau du
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DOSSIER : EXAMENS DES COMPLICATIONS VIH
Surveillance cardiovasculaire
chez les PVVIH
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thorax, et si oui à quelle fréquence et où se situe la douleur, dans quelles conditions
(au repos ou à l’effort, dans un moment de stress ou au calme...). Il vous demandera
si vous ressentez un essoufflement et si oui dans quelles conditions. Si ces symptômes sont présents, il évaluera avec vous le niveau de gêne que cela induit pour
vous au quotidien.
Il est important que vous répondiez en toute franchise et le plus précisément possible
à toutes ces questions. Ne minimisez pas, par exemple, votre consommation de
tabac. Si vous êtes très facilement essoufflé, dites le, et surtout si vous ressentez une
douleur ou une gêne au niveau du thorax , même épisodique, ne vous dîtes pas que
cela est normal et que cela va disparaître naturellement. En un mot, il faut lors de cet
échange, être transparent avec votre médecin pour lui permettre de déceler vos facteurs de risques. De plus n’hésitez pas à lui signaler toute chose qui vous paraît anormale.
2/ Puis on va vous examiner et vous ausculter, faire un examen clinique :
Avec son stéthoscope il écoutera les bruits de votre cœur en recherchant la présence
éventuelle d’un rythme irrégulier, ou bien encore l’existence d’un bruit anormal. Il mesurera votre tension artérielle et votre fréquence cardiaque (nombre de battements
à la minute). Le but sera de déceler si vous souffrez d’hypertension artérielle et si c’est
le cas, de quelle intensité (modérée ou importante).
Enfin, il fera un examen vasculaire en recherchant votre pouls artériel de façon symétrique et en plusieurs endroits. Au niveau
des poignets, des artères fémorales3 et
carotides4, au pli du coude, au niveau
des chevilles.... Il inspectera également
la circulation veineuse de vos membres
inférieurs en recherchant par exemple
des varices5 ou des signes de phlébite6.
Au delà de cet interrogatoire et de l’examen clinique, c’est au cas par cas et en fonction des éventuels
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décidera de pratiquer des examens complémentaires.
3/ Au delà, on vous prescrira peut-être des examens complémentaires (nous n’aborderons ici que les plus courants) :
En général on privilégiera dans un premier temps des examens non invasifs7, tels que :
- L’électrocardiogramme (ECG), qui sert à enregistrer l’activité électrique du cœur et
qui reflète son activité mécanique (pompe), et de visualiser celle-ci via un tracé imprimé sur papier. Il permet de déceler des troubles du rythme cardiaque, des signes
de souffrance cardiaque (ischémie8), de voir quel est l’impact d’une hypertension artérielle... Cet examen peut être pratiqué lors de la consultation en ville ou à l’hôpital.
Il est absolument indolore et sans danger. Notons qu’il peut être pratiqué sur une
longue durée, en général 24 h (appelé test de Holter) grâce à un enregistreur (de petite taille) que vous transporterez avec vous. Cela permettant d’enregistrer l’activité
de votre cœur dans les conditions de vie réelle et sur une longue durée.
- La mesure ambulatoire de la pression artérielle : elle permet grâce à un petit enregistreur de faire une mesure pendant 24 h (toutes les 15 mn le jour et toutes les
30 mn la nuit) de votre pression artérielle. C’est une mesure plus fiable que la mesure
au cabinet du médecin pour détecter la présence d’une hypertension artérielle. On
vous demandera de remplir un petit carnet pendant le test, pour savoir comment
votre activité a influé sur votre tension artérielle.
- L’épreuve d’effort9 : on vous fait faire un exercice d’effort sur une bicyclette ergométrique ou sur un tapis de course roulant, tout en enregistrant l’activité de votre
cœur. On voit donc comment il se comporte pendant l’effort et non plus seulement
au repos ou en activité réduite. C’est un examen qui permet de confirmer la présence
ou l’absence de maladie coronaire10. Le médecin avec lequel vous pratiquerez cette
épreuve, vous expliquera à l’avance le déroulé de l’examen et sera présent à vos côtés
pendant tout l’exercice. Notons que cet examen se pratique dans le cadre d’une
consultation spécialisée, nécessitant un matériel adapté et un médecin formé à ce
type de test. Cet examen n’est pas douloureux mais peut être éprouvant pour les
personnes qui n’ont aucune activité physique ou qui se sentent faibles. On vous demandera de venir avec une tenue de sport ou avec des vêtements souples pour fa-
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facteurs de risque ou symptômes de MCV identifiés chez vous, que votre médecin
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ciliter vos mouvements. Notons que certaines personnes préfèrent une technique
plutôt que l’autre. Si la technique (bicyclette ou tapis roulant) ne vous convient pas
n’hésitez à en faire part au médecin vous faisant passer l’examen, et vous faire orienter
vers l’autre technique.
- L’échographie-doppler du coeur : elle permet de visualiser les tissus du cœur, son
activité en temps réel et ses mouvements, l’état des valves11. Elle permet entre autre
de détecter une éventuelle malformation, ou une insuffisance, voire les séquelles
d’un infarctus. C’est un examen inoffensif, indolore, rapide et qui peut se faire soit en
ville si le praticien est équipé, soit à l’hôpital.
En conclusion :
Comme vous l’aurez compris, c’est en combinant des questions à une
auscultation clinique, et éventuellement des examens complémentaires, que votre médecin évaluera avec vous la meilleure stratégie
pour limiter vos risques cardiovasculaires. Quoi qu’il en soit, rappelez
vous qu’en la matière, l’attaque est la meilleure des défenses. En d’autres termes, la prévention des risques avec au premier chef l’arrêt du
tabac, une alimentation saine pour réduire le risque de troubles lipidiques, un exercice physique adapté, s’avèrent incontournables dès
lors que l’on veut préserver sa santé cardiovasculaire.
J E AN - P IE R RE FO U RN I ER
[email protected]
1
Facteurs de risque cardiovasculaires personnel : c’est une caractéristique de l’individu pouvant
être liée à son mode de vie , son environnement, son histoire médicale propre, et pouvant entraîner une probabilité plus élevée de développer une maladie. On peut citer le tabagisme,
l’âge (> 50 ans pour les hommes et > 60 ans pour les femmes), les antécédents familiaux, l’hypertension artérielle, le diabète sucré, les anomalies lipidiques (HDL-cholestérol < 0,4, g/l et
le LDL-cholestérol > 1,30 g/l).
2
Hypercholestérolémie : excès de cholestérol (> 2g/l).
3
Artères fémorales : l’artère de la cuisse qui passe au pli de l’aine.
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Artères carotides - pouls carotidien : le pouls est pris à la base du cou.
5
Varices : dilatation permanente des veines, le plus souvent sur les membres inférieurs.
6
Phlébite : ou thrombose veineuse correspond à la présence d’un caillot sanguin dans une
veine.
7
Examen non invasif : examen médical ne nécessitant aucune effraction de la peau autre que
pour prélever du sang ou pour injecter un produit.
8
Ischémie : arrêt ou insuffisance de la circulation sanguine dans une partie du corps ou un or-
gane, qui prive les cellules d’apport d’oxygène et entraîne leur nécrose.
9
Épreuve d’effort : consiste à enregistrer en permanence des données reflétant soit l’activité
cardiaque, soit l’activité respiratoire. Ces mesures sont effectuées au cours d’un effort régulier
d’intensité croissante, jusqu’à un maximum choisi à l’avance (en général vers le plus près du
maximum possible de la personne).
10
Maladie coronaire : maladie progressive, initiée par des lésions au niveau des parois des vais-
seaux qui irriguent le cœur (les artères coronaires). Ces lésions déclenchent un processus complexe de remodelage et d’athérosclérose (accumulation de dépôts graisseux) qui entraîne
l’épaississement de la paroi artérielle et donc une diminution du flux sanguin vers le cœur.
11
Valves cardiaque : élément du cœur séparant les différentes cavités et empêchant le sang
de refluer dans le mauvais sens.
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