e n m a n c h e t t e
Les entreprises qui sont vrai-
ment rentables sont rares.
Même celles qui affi rment réa-
liser des profi ts peuvent en
réalité ne créer aucune valeur
pour leurs actionnaires.
Nortel Networks (Tor, NT,
2,61 $) en a fourni un exemple
édifi ant dans les années de la
bulle techno.
Le principe de la Valeur éco-
nomique ajoutée (VÉA, ou EVA
en anglais), sur lequel repose
le logiciel d’analyse d’actions
de StockPointer, pallie aux
faiblesses de la comptabilité
traditionnelle des entreprises
en tenant compte de l’argent
investi par les investisseurs.
En effet, contrairement au
bénéfi ce par action (BPA) dé-
claré par les entreprises dans
leurs états fi nanciers, la VÉA
tient compte du capital investi
par les actionnaires et les
créanciers dans l’évaluation de
la performance économique.
Exemple : les actionnaires
confi ent un capital de 1 000 $
à la société ABC. Ceux-ci exigent
un rendement de 10 % sur le
capital, lequel est déterminé
en fonction du rendement d’un
placement comportant un risque
comparable.
Imaginons que la société ABC
déclare un bénéfi ce net d’ex-
ploitation après impôts de
150 $. Compte tenu du rende-
ment exigé par les action-
naires, il faudra appliquer une
charge de 10 % au capital de
l’entreprise. On retranchera
donc 100 $ (1000 $ x 10 %) aux
150 $ de profi ts que l’entreprise
a réalisés. Les 50 $ restants
constitueront donc la valeur
économique ajoutée.
Plus la VÉA est élevée, plus
une société crée de la richesse
pour ses actionnaires et, à l’in-
verse, une VÉA négative si-
gnifi e qu’elle en dilapide.
Même s’il a déclaré un béné-
fi ce net de 84,5 M$ US à son plus
récent trimestre, le fabricant
de composants électroniques
Flextronics International
(Nasdaq, FLEX, 13,13 $ US) a
dilapidé de la richesse. Cela
s’explique par le fait que le ren-
dement de son capital a été de
seulement 2,6 %, par rapport à
un coût de capital de 11,9 %.
C’est donc dire que les inves-
tisseurs exigent davantage de
profi ts pour justifi er le risque
qu’ils acceptent de prendre.
Un travail d’éclaireur,
puis d’analyste
Pour les fi ns de cette man chette,
StockPointer nous a permis
d’identifi er les 20 sociétés amé-
ricaines qui en donnaient le plus
à leurs actionnaires.
Cet exercice a mis en relief
des entreprises qui sont sou-
vent peu connues des investis-
seurs d’ici, mais qui produisent
d’excellentes performances
économiques.
Cela dit, nous n’avons effec-
tué qu’un travail d’éclaireur.
Il reste en effet tout un tra-
vail d’analyse fondamentale à
faire pour s’assurer que ces
championnes de la création de
richesse le demeureront pen-
dant encore longtemps.
L’investisseur doit évaluer
plusieurs aspects avant d’in-
vestir dans un titre.
L’analyse des perspectives
de l’industrie dans laquelle
l’entreprise évolue en est un
essentiel. Il faut par exemple
y penser à deux fois avant d’in-
vestir dans l’immobilier.
Le constructeur de maisons
NVR (NY, NVR, 554,75 $ US) a
connu une ascension specta-
culaire de ses profi ts depuis
12 ans. Son profi t par action est
en effet passé de 0,53 $ US en
1994 à 89,61 $ US en 2005. Or,
le ralentissement marqué de la
demande de nouvelles maisons
risque de réduire sa rentabilité
pendant plusieurs années.
La durabilité du modèle d’af-
faires est un autre élément cru-
cial à soupeser. Le distributeur
de jus Hansen Natural (Nas-
daq, HANS, 32,33 $ US) a beau
croître à une vitesse phénomé-
nale, la valeur à long terme de
l’entreprise dépend encore
presque totalement des ventes
de ses boissons énergétiques
Monster.
D’autres entreprises affron-
tent des défi s qui leurs sont
propres. BlackRock (NY, BLK,
152,51 $ US) devra par exemple
réussir l’intégration des activi-
tés acquises de Merrill Lynch.
La pharma Forest Labs (NY,
FRX, 51,84 $ US) devra quant
à elle trouver de nouveaux pro-
duits à distribuer pour rempla-
cer ses médicaments vedettes
qui perdront leur exclusivité
commerciale.
Enfi n, le prix est aussi un fac-
teur critique. Dans le cas de
BlackRock, par exemple,
autant selon les critères de
Morningstar que de StockPoin-
ter, le titre est jugé surévalué.
L’investisseur doit donc uti-
liser les sources qui sont à sa
disposition (rapports annuels,
médias fi nanciers, rapports
d’analyste, StockPointer) pour
essayer d’établir un prix qui lui
apparaît juste. ■
8 les affaires 21 o c t o b r e 2 00 6
La valeur économique, un bon moyen pour
identifier les sociétés vraiment rentables
Yannick Clérouin
yannick.clerouin@transcontinental.ca
L’investisseur doit évaluer plusieurs aspects avant d’investir
dans un titre.
morceau de plastique. Nous aidons à