INTERVIEW DE LAURENCE PARISOT PAR
PHARMACEUTIQUES
(A paraître dans le numéro de janvier 2013)
DAEF IB 09.11.2012
1) Le Comité « Economie du Vivant et de la Santé » du MEDEF (Comité VISA) va
publier des recommandations pour un meilleur accompagnement de ce secteur
par les pouvoirs publics. Quelle est votre vision sur le secteur de la santé en
France ?
Le secteur de la santé est un secteur clé pour la France. Ce sujet est depuis longtemps
au cœur des préoccupations du Medef, avec des approches multiples et
complémentaires. D’abord sous l’angle du financement de la protection sociale et
celui de la réforme du système de santé qui sont des domaines traditionnels des
partenaires sociaux, tout comme la santé et le bien-être au travail. Notre approche est
également économique avec les travaux du Comité VISA (dont j’ai confié la
présidence à Didier Hoch) qui s’intéresse au développement de la filière santé en tant
que levier de croissance et d’emplois.
Les pouvoirs publics devront sans aucun doute continuer de jouer un rôle important
pour accompagner ce secteur. anmoins, comme le montrent bien les
recommandations du Comité, l’initiative privée est essentielle, je dirais même vitale,
pour apporter des réponses aux enjeux et aux défis de santé publique et pour permettre
à la France de garder sa place parmi les grandes Nations dans ce domaine. Le secteur
privé doit s’organiser en vue de l’industrialisation de filières nouvelles en matière de
santé et des Sciences du Vivant en France. C’est cette approche tout à fait novatrice
que porte le Comité VISA. Mais les entreprises demandent pour ce faire aux pouvoirs
publics de leur préserver un environnement favorable et attractif, de concourir à la
consolidation de la compétitivité de l’Offre France dans ces domaines.
2) En quoi les entreprises de santé peuvent-elle, selon vous, contribuer à la relance
de la croissance économique ?
Représentant presque 12 point du PIB, le secteur de la santé pèse lourd dans la
création de la richesse en France. Cette richesse est essentiellement créée par les
entreprises comme le montre la photographie macroéconomique du Comité VISA.
Les Industries et Services de la Santé et des Sciences du Vivant ont contribué, même
pendant la crise, au dynamisme économique et au bien-être des citoyens français. Le
secteur de la santé continue en effet à être l’un des premiers employeurs de France
avec 2,4 millions d’employés, dont plus de la moitié dans le privé, sans oublier sa
contribution à l’exportation.
Naturellement, dans ce secteur d’avenir les marchés sont mondiaux et les besoins
croissants, il y a de grandes opportunités pour créer de la richesse et renforcer la
dynamique de croissance. Nous avons en la matière des entreprises de santé bien
placées dans la compétition internationale.
3) Le rapport Gallois cite la santé parmi les priorités du Commissariat général à
l’investissement. Qu’attendez-vous comme mesures concrètes du gouvernement
en matière d’aide à l’investissement ?
Le rapport Gallois est remarquable et nous le rejoignons bien sûr tant sur le diagnostic
que sur la plupart des propositions. J’ai eu l’occasion de commenter les mesures
INTERVIEW DE LAURENCE PARISOT PAR
PHARMACEUTIQUES
(A paraître dans le numéro de janvier 2013)
DAEF IB 09.11.2012
annoncées par le gouvernement suite à ce rapport. Je continue à dire l’urgence de
passer à l’action, de prendre les décisions courageuses et cessaires pour relancer
notre économie et préparer l’avenir. L’investissement doit repartir, et peut lorsque cela
est pertinent s’inscrire dans une logique de filières. La concrétisation des priorités du
Commissariat général à l’investissement est naturellement clé pour que la France reste
dans la compétition des « économies du futur ».
Nos entreprises, particulièrement les PME & ETI, ont besoin d’air(e), de stabilité des
règles, de lisibilité sur les dispositifs (publics) de financement et d’innovation, pour
recouvrer une confiance dans l’avenir et se projeter. Ce sont les fondamentaux qui leur
permettront d’enclencher le nouveau cycle d’investissement, de continuer de créer de
l’emploi et de contribuer à la croissance économique.
4) Le Comité VISA, justement, se prononce notamment pour la structuration de
Pilotes de « Filières» (cancer, diabète, immunothérapies, thérapies cellulaires).
Que peut apporter un tel schéma d’organisation ?
Depuis les Etats généraux de l’industrie, la notion de Filière est redevenue centrale
pour plusieurs secteurs industriels. Je crois, en effet, que cela peut être une bonne
approche pour structurer les secteurs, pour dynamiser l’innovation et
l’industrialisation et accroitre l’efficacité du tissu productif en France. Une
construction en Filières permet de faire participer à cette ambition toutes les forces
productrices vives, à la fois nos champions nationaux et nos TPE, PME et ETI, mais
aussi les acteurs publics, notamment de la recherche et de la société civile.
5) Le Comité VISA souligne également la dimension internationale des Sciences du
Vivant. Comment la prendre en compte, sens perdre de vue les retombées pour
l’industrie française ?
Les deux dimensions, nationale (voire locale) et internationale sont compatibles, je
verrais même des complémentarités entre les deux. Il nous faut à la fois « muscler »
notre industrie dans ces domaines, et j’associe bien sûr nos services de santé, tout en
poussant une logique industrielle (a minima) européenne pour créer dans un avenir
proche un ou plusieurs leaders européens dans l’économie du Vivant.
6) Le gouvernement actuel vous parait-il porter une attention suffisante à des
secteurs stratégiques comme celui des Sciences du Vivant ?
Ce secteur est au cœur des priorités stratégiques des grands pays industriels et des
émergents, et la France devra continuer à en faire de même.
Pour leur part, les entreprises sont bien engagées dans l’effort de conquête des secteurs
dits stratégiques, et comptent sur l’accompagnement du gouvernement pour réussir
dans cette voie.
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