INTERVIEW DE LAURENCE PARISOT PAR PHARMACEUTIQUES (A paraître dans le numéro de janvier 2013) 1) Le Comité « Economie du Vivant et de la Santé » du MEDEF (Comité VISA) va publier des recommandations pour un meilleur accompagnement de ce secteur par les pouvoirs publics. Quelle est votre vision sur le secteur de la santé en France ? Le secteur de la santé est un secteur clé pour la France. Ce sujet est depuis longtemps au cœur des préoccupations du Medef, avec des approches multiples et complémentaires. D’abord sous l’angle du financement de la protection sociale et celui de la réforme du système de santé qui sont des domaines traditionnels des partenaires sociaux, tout comme la santé et le bien-être au travail. Notre approche est également économique avec les travaux du Comité VISA (dont j’ai confié la présidence à Didier Hoch) qui s’intéresse au développement de la filière santé en tant que levier de croissance et d’emplois. Les pouvoirs publics devront sans aucun doute continuer de jouer un rôle important pour accompagner ce secteur. Néanmoins, comme le montrent bien les recommandations du Comité, l’initiative privée est essentielle, je dirais même vitale, pour apporter des réponses aux enjeux et aux défis de santé publique et pour permettre à la France de garder sa place parmi les grandes Nations dans ce domaine. Le secteur privé doit s’organiser en vue de l’industrialisation de filières nouvelles en matière de santé et des Sciences du Vivant en France. C’est cette approche tout à fait novatrice que porte le Comité VISA. Mais les entreprises demandent pour ce faire aux pouvoirs publics de leur préserver un environnement favorable et attractif, de concourir à la consolidation de la compétitivité de l’Offre France dans ces domaines. 2) En quoi les entreprises de santé peuvent-elle, selon vous, contribuer à la relance de la croissance économique ? Représentant presque 12 point du PIB, le secteur de la santé pèse lourd dans la création de la richesse en France. Cette richesse est essentiellement créée par les entreprises comme le démontre la photographie macroéconomique du Comité VISA. Les Industries et Services de la Santé et des Sciences du Vivant ont contribué, même pendant la crise, au dynamisme économique et au bien-être des citoyens français. Le secteur de la santé continue en effet à être l’un des premiers employeurs de France avec 2,4 millions d’employés, dont plus de la moitié dans le privé, sans oublier sa contribution à l’exportation. Naturellement, dans ce secteur d’avenir où les marchés sont mondiaux et les besoins croissants, il y a de grandes opportunités pour créer de la richesse et renforcer la dynamique de croissance. Nous avons en la matière des entreprises de santé bien placées dans la compétition internationale. 3) Le rapport Gallois cite la santé parmi les priorités du Commissariat général à l’investissement. Qu’attendez-vous comme mesures concrètes du gouvernement en matière d’aide à l’investissement ? Le rapport Gallois est remarquable et nous le rejoignons bien sûr tant sur le diagnostic que sur la plupart des propositions. J’ai eu l’occasion de commenter les mesures DAEF – IB 09.11.2012 INTERVIEW DE LAURENCE PARISOT PAR PHARMACEUTIQUES (A paraître dans le numéro de janvier 2013) annoncées par le gouvernement suite à ce rapport. Je continue à dire l’urgence de passer à l’action, de prendre les décisions courageuses et nécessaires pour relancer notre économie et préparer l’avenir. L’investissement doit repartir, et peut lorsque cela est pertinent s’inscrire dans une logique de filières. La concrétisation des priorités du Commissariat général à l’investissement est naturellement clé pour que la France reste dans la compétition des « économies du futur ». Nos entreprises, particulièrement les PME & ETI, ont besoin d’air(e), de stabilité des règles, de lisibilité sur les dispositifs (publics) de financement et d’innovation, pour recouvrer une confiance dans l’avenir et se projeter. Ce sont les fondamentaux qui leur permettront d’enclencher le nouveau cycle d’investissement, de continuer de créer de l’emploi et de contribuer à la croissance économique. 4) Le Comité VISA, justement, se prononce notamment pour la structuration de Pilotes de « Filières» (cancer, diabète, immunothérapies, thérapies cellulaires). Que peut apporter un tel schéma d’organisation ? Depuis les Etats généraux de l’industrie, la notion de Filière est redevenue centrale pour plusieurs secteurs industriels. Je crois, en effet, que cela peut être une bonne approche pour structurer les secteurs, pour dynamiser l’innovation et l’industrialisation et accroitre l’efficacité du tissu productif en France. Une construction en Filières permet de faire participer à cette ambition toutes les forces productrices vives, à la fois nos champions nationaux et nos TPE, PME et ETI, mais aussi les acteurs publics, notamment de la recherche et de la société civile. 5) Le Comité VISA souligne également la dimension internationale des Sciences du Vivant. Comment la prendre en compte, sens perdre de vue les retombées pour l’industrie française ? Les deux dimensions, nationale (voire locale) et internationale sont compatibles, je verrais même des complémentarités entre les deux. Il nous faut à la fois « muscler » notre industrie dans ces domaines, et j’associe bien sûr nos services de santé, tout en poussant une logique industrielle (a minima) européenne pour créer dans un avenir proche un ou plusieurs leaders européens dans l’économie du Vivant. 6) Le gouvernement actuel vous parait-il porter une attention suffisante à des secteurs stratégiques comme celui des Sciences du Vivant ? Ce secteur est au cœur des priorités stratégiques des grands pays industriels et des émergents, et la France devra continuer à en faire de même. Pour leur part, les entreprises sont bien engagées dans l’effort de conquête des secteurs dits stratégiques, et comptent sur l’accompagnement du gouvernement pour réussir dans cette voie. DAEF – IB 09.11.2012