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gothique-renaissance, ou la justice malinoise
qui s’est installée à la fin du 18e dans le palais
de Marguerite d’Autriche, construit au début du
16e siècle dans le même style mi-gothique,
mi-renaissance.
On peut encore citer le palais d’Ypres bâti dans
le plus pur style renaissance flamande, incendié
lors de la Première Guerre mondiale et reconstruit
entièrement dans son style originel en 1929.
De nombreux autres bâtiments de moindre
importance mais néanmoins de qualité, abritent
notamment les justices de paix et sont également
à mentionner parmi les édifices remarquables
comme la justice de paix de Binche, édifice néo-
gothique œuvre de l’architecte Paul Saintenoy
(1862-1952), ou les justices de paix d’Enghien (style
espagnol), de Boussu (époque hollandaise)…
La plupart de ces bâtiments anciens sont majes-
tueux et constituent un patrimoine d’architecture
publique propriété de l’État fédéral, qui a pour
mission à travers sa
Régie des
bâtiments
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,
de
les préserver, de les entretenir, de les rénover ou
de les réhabiliter selon les potentialités que ces
édifices continuent à offrir.
La tâche est immense et les moyens trop souvent
insuffisants. Des opérations de rénovation sont
bien initiées au coup par coup après la Seconde
Guerre mondiale, parfois dans la précipitation,
souvent avec maladresse.
C’est la raison qui explique l’état de vétusté de ce
patrimoine dès les années 1960 et l’inadéquation
des infrastructures et des locaux aux fonctions et
aux besoins d’une justice sans cesse en évolution…
Dès les années 1970, de grands projets de
construction de nouveaux palais sont décidés
comme ceux de Liège (la célèbre place Saint-
Lambert), d’Anvers ou de Mons, alors que déjà
au début des années 1960, un nouveau palais
dessiné par l’architecte Jacques Depelsenaire
dans un concept fonctionnaliste, s’implantait sur
l’ancienne plaine des manœuvres à Charleroi.
L’hébergement des services judiciaires est devenu
globalement catastrophique au début des années
1990 : vétusté accrue du patrimoine, locaux insuf-
fisants et inadaptés à l’évolution permanente d’une
justice en mutation, augmentation du personnel et
nouveaux besoins, création de nouvelles juridic-
tions et volonté de transparence, de convivialité et
de proximité avec le citoyen, nécessité d’une sécu-
risation adaptée… et puis les affaires au milieu de
cette dernière décennie du 20e siècle… phénomène
sans doute déclencheur de décisions…
En 1996, le Gouvernement fédéral met en place un
premier plan d’investissement pluriannuel pour la
construction de nouveaux bâtiments judiciaires.
Cette première phase concernera d’abord les
4 chefs-lieux des Ressorts de Cour d’Appel, Liège,
Gand, Mons et Anvers, dont les réalisations sont
achevées aujourd’hui.
Le montant total estimé à l’époque de ces inves-
tissements s’élevait à plus de 8 milliards d’anciens
francs (le coût final en 2011 aura plus que doublé…).
S’ensuivent d’autres plans d’investissement au
début des années 2000, avec la construction d’un
nouveau palais de justice à Tongres, Courtrai,
Gand, la rénovation et l’extension du palais de
justice de Charleroi aménagée dans le bâtiment
de l’ancien musée du verre réhabilité.
Enfin, le lancement en 2008 des projets de
construction des nouveaux palais de justice de
Namur et de Dinant, aujourd’hui en phase de
concrétisation.
De nombreux autres projets, tantôt de rénovation,
tantôt de construction, notamment de bâtiments de
justice de paix sont également réalisés ou en cours.
L’effort est certain, mais l’arriéré est sérieux et
la tâche reste importante : gageons que l’initia-
tive entamée sera poursuivie et que les moyens
suivront : la justice en a encore besoin ; elle est
entrée dans le 21e siècle, mais de nombreux
bâtiments dans lesquels elle doit accomplir son
œuvre sont toujours d’un autre âge…
Mons : de nouvelles infrastructures judiciaires
après plus de trente ans de projets…
Les infrastructures judiciaires montoises étaient
constituées essentiellement de bâtiments vé-
tustes, inadaptés, et dispersés dans le centre-ville.
En 1970, le Ministère de la justice décide de
construire un nouveau palais à Mons.
À l’origine, son implantation est envisagée à l’inté-
rieur de la ville mais vu la taille du programme, il
est décidé de trouver un site hors les murs. L’État
achète alors un terrain à l’extérieur de la ville
derrière la gare.
L’idée est à l’époque d’associer le palais de justice
à l’implantation de la cité administrative en projet,
ainsi qu’au futur palais des expositions et plus
tard au nouveau campus universitaire aussi envi-
sagé sur le vaste site des Grands Prés.
Le projet n’aboutira jamais – fort heureusement
oserait-on dire ! –, victime de tergiversations
diverses et de non-décisions, mais surtout de la
crise économique des années 1970 et 1980.
Après de nouvelles options d’implantation en
intra-muros, on revient au début des années 1990
au site des Grands Prés. Et le 10 mai 1994, (date
symbolique peut-être !), une décision formelle est
prise : construire dans les quatre années à venir
un nouveau palais de justice… derrière la gare…
Cette idée de rendre la justice hors de la cité,
dans une méga-infrastructure implantée « au
milieu des champs et des prés », ne convainc pas
le Service Hainaut de la Régie des bâtiments dont
j’assume la direction.
D’ abord, sur le plan architectural et patrimonial, la
Régie est propriétaire dans l’intra-muros montois,
d’édifices du 18e et du 19e siècle, d’une qualité
architecturale et d’une valeur historique et patri-
moniale incontestables. Certains sont classés.
Ces édifices sont implantés dans un rayon de
moins de 200 m. et une rénovation judicieuse per-
mettrait d’allier fonctionnalité, respect de l’ancien
et intervention contemporaine.
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La Régie des bâtiments :
parastatal de catégorie
A, créé en 1971, elle
est l’émanation de
l’« Administration des
Bâtiments » anciennement
intégré au sein du Ministère
des travaux public national,
département régionalisé
depuis 1980 et 1988.
La Régie est restée un
organisme fédéral.
Sa mission consiste à
assurer l’hébergement des
Services publics fédéraux ,
dans une optique de qualité,
ainsi que la préservation
du patrimoine architectural
fédéral.
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