B.4.4 DYNAMIQUE DE LA VÉGÉTATION ET ÉVOLUTION ACTUELLE

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B.4.4 DYNAMIQUE DE LA VÉGÉTATION ET ÉVOLUTION ACTUELLE
La carte 11 présente une série de vues aériennes prises successivement en 1947, 1983
et 2005. Il ressort à première vue de l'analyse de ces clichés que le site de la RNR de
l'Escaut rivière a globalement peu évolué au point de vue des surfaces ouvertes/
boisées. Les surfaces ouvertes ont quelque peu évolué depuis 1947 (anciennes cultures
à l'ouest du Bois Chenu et sur les prairies de l'Escaut, ancien plan d'eau au niveau des
prairies de l'Escaut...), mais c'est surtout l'évolution de la composition des boisements
qu'il est intéressant de noter.
De 1947 à 1994, la majeure partie du Bois Chenu était constitué d'une peupleraie. Sur la
carte de 1983, on distingue des peupleraies d'âge différent (zones plus ou moins
sombres): l'exploitation des peupleraies s'est effectuée entre 1947 et 1983 en lots alors
qu'en 1994, l'ensemble du site a été déboisé. Cette exploitation par lot a permis le
développement sur certains ilôts non replantés de peuplements spontanés à Frêne
commun et Prunier à grappes. Ces zones permettront une recolonisation spontanée
plus rapide du Bois Chenu après 1994.
Cet ensemble de carte montre bien également le développement de la commune de
Proville, dont la surface bâtie a fortement augmenté entre 1947 et 1983, au détriment
des parcelles cultivées situées au sud du Bois Chenu.
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Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais
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Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais
Végétation pionnière des berges vaseuses de
l'Escaut à Rorippe amphibie (B. GALLET)
Groupement à Rumex hydrolopathum sur les
berges de la mare (B. GALLET)
Cariçaie à Laîche des marais dans le layon EDF
(B.GALLET)
Prairie fauchée à Vulpin des prés et Houlque
laineuse (B. GALLET)
Voile à Lentille à 3 lobes et Ricciacées (B. GALLET)
Frênaie à Prunier à grappes (B.GALLET)
Figure 8 : Photos de quelques habitats naturels présents sur la RNR de l'Escaut rivière
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Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
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Renoncule aquatique (B. GALLET)
Benoîte des ruisseaux (B.GALLET)
Dactylorhize négligée (B. GALLET)
Achillée sternutatoire (S. GOUGAUD)
Crepidotus brunneoroseus ( C. LÉCURU)
Pholiotina vestita (JP. GAVÉRIAUX)
Figure 9 : Photos de quelques espèces végétales et fongiques présentes sur la RNR
de l'Escaut rivière
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B.5 LA FLORE
B.5.1 ÉTAT DES INVENTAIRES
Le Cambrésis a été historiquement peu prospecté par les naturalistes et reste encore
sous-prospecté à l'heure actuelle. Dans le cadre de ce plan de gestion, des données
bibliographiques ont cependant été recherchées. L'abbé GODON (1858-1932) a
prospecté le Cambrésis et a apporté de nombreuses informations sur la faune et la
flore présentes sur l'ensemble de ce périmètre. Les premières mentions de la zone du
Bois Chenu remontent quant à elles à la thèse de R. LERICQ en 1965 relative à l'étude
des groupements végétaux du bassin français de l'Escaut. Par la suite, il faudra
attendre l'exploitation de la peupleraie dans les années 1990 pour avoir les premiers
inventaires complets sur le Bois Chenu et les prairies de l'Escaut (BAILLEUL, 1994).
Les prospections botaniques ont été effectuées en 2008 et 2009, d'avril à octobre. Les
différentes espèces ont été notées au fur et à mesure de parcours aléatoires passant
par l'ensemble des unités de végétation recensées. 5 sorties ont été ainsi effectuées
durant cette période. Une attention particulière a été portée sur le Bois Chenu puisque
la connaissance des parcelles des prairies de l'Escaut, gérées depuis plus de 10 ans par
le Conservatoire des Sites, peut être considérée comme bonne.
B.5.2 COMMENTAIRES ET ÉVALUATION PATRIMONIALE
Suite à ces inventaires, 171 espèces végétales supérieures ont été recensées (cf.
annexe VII). Une quinzaine d'espèces mentionnées dans le dernier plan de gestion
(2007-2011) n'ont pas été revues au cours de ces prospections, mais celles-ci,
présentant des effectifs faibles, ont sans doute échappé aux recherches (Arctium
lappa, Leontodon autumnalis, Pimpinella major...). L'intégration des parcelles
expérimentales INRA et du Bois Chenu à cet inventaire a permis d'enrichir la liste
d'espèces végétales d'environ 45 taxons. La plupart d'entre eux sont spécifiques aux
boisements humides des vallées alluviales (Prunus padus, Lamium galeobdolon,
Brachypodium sylvaticum...).
Parmi les 171 espèces recensées, 8 revêtent un caractère patrimonial en raison de leurs
statuts de rareté, de menace ou de protection légale à l'échelle régionale (TOUSSAINT
[coord.], 2005) (cf. tableau 5 et carte 12).
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Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
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carte 12 : flore remarquable
(supprimée en vue de protéger les stations de la flore sensible)
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Tableau 5 : Liste des espèces floristiques d’intérêt patrimonial
Nom scientifique
Nom vernaculaire
Menace
Rareté Protection L. rouge
Principaux habitats
(Corine Biotopes)
Ulmus laevis Pallas
Orme lisse
DD
E?
44.33
Geum rivale L.
Benoîte des ruisseaux
EN
RR
Dactylorhiza praetermissa
(Druce) Soó
Dactylorhize négligée
VU
R1;A2<>6;
C(1)*
Colchicum autumnale L.
Colchique d'automne
NT
R1
53.212
Achillea ptarmica L.
Achillée sternutatoire
NT
R1
37.1/37.2/53.212
Ranunculus aquatilis L.
Renoncule aquatique
NT
24.1x24.4
Galium uliginosum L.
Gaillet des fanges
NT
37.2
Scirpus sylvaticus L.
Scirpe des forêts
R
44.33
R
37.24
R1
37.1/37.2/53.212
Menace NPdC (TOUSSAINT [coord.], 2005): EN: menacé d'extinction; VU: vulnérable; NT: quasi-menacé; DD:
insuffisamment documenté.
Rareté NPdC (TOUSSAINT [coord.], 2005): E: Exceptionnel; RR: Très Rare; ?: incertitude sur la rareté.
Protection : R1: taxon protégé régionalement au titre de l’arrêté du 01/04/1991
L. rouges: R: inscrit à la liste rouge régionale des plantes menacées.
taxon
Parmi ces espèces patrimoniales, certaines méritent une attention particulière :
•
La Benoîte des ruisseaux (Geum rivale) était connue historiquement. Une
recherche spécifique a été menée en avril 2008 avec le Conservatoire
Botanique National de Bailleul dans le cadre du Plan Régional d'Action pour
la Conservation (PRAC) de l'espèce. Les deux stations historiques ont été
retrouvées et les effectifs évalués relativement importants. Une nouvelle
station a été découverte. Espèce inféodée aux prairies humides peu
amendées et aulnaie-frênaies non dégradées, la Benoîte des ruisseaux se
maintient pourtant sur le site dans des secteurs visiblement enrichis
trophiquement (orties, gaillet gratteron...). La dégradation des conditions
stationnelles (travaux forestiers, assèchement, eutrophisation...) pourrait
entraîner la disparition rapide de l'espèce ;
•
La Dactylorhize négligée (Dactylorhiza praetermissa) se développe dans la
prairie fauchée à l'est du site. Plusieurs stations sont connues dans le
Cambrésis mais cette espèce est surtout présente dans la partie
occidentale de la région. Observée depuis 1999 sur le site, la population de
cette orchidée a toujours été limitée. Seule l'année 2004 a connu une
floraison particulièrement importante sans que l'on puisse corréler cette
« explosion » à une gestion ou des conditions climatiques particulières. Il
convient de noter que l'espèce semble souffrir de la hauteur importante de
végétation dans cette prairie de fauche (une seule fauche par an) et de
l'enrichissement du milieu lié à l'apport de sédiments enrichis lors des
inondations (ruissellement important depuis les cultures en amont du site) ;
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carte 13 : Suivi de Dactylorhiza praetermissa
(supprimée en vue de protéger les stations de la flore sensible)
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Le Colchique d'automne (Colchicum automnale) était connu
historiquement. Il est plus habituellement présent dans les prairies fraîches
mésotrophes ou les forêts fraîches. Cette espèce quasi-menacée et
protégée dans la région est néanmoins plus fréquente dans la moitié est. En
2009, l'espèce a été redécouverte.
•
Concernant l'Orme lisse Ulmus laevis, des prospections supplémentaires seront
nécessaires pour confirmer la présence de cette espèce dont la détermination peut
être malaisée (notamment à partir d'individus jeunes).
Les publications de l'abbé GODON au début du XX ème et les relevés effectués par R.
LERICQ dans le secteur de Proville dans les années 1965 mentionnent plusieurs espèces,
aujourd'hui disparues ou non revues au cours des inventaires. Quelques pieds de
Saxifrage granulée ont également été mentionnés en 1998 au sein des prairies situées
entre les prairies de l'Escaut et le canal (VANAPPELGHEM C., comm. pers.). L'espèce n'a
cependant pas été retrouvée au cours des prospections de 2008 et 2009.
Le tableau ci-dessous dresse cette liste d'espèces végétales patrimoniales connues
historiquement dans la zone alluviale de l'Escaut à Proville. Il convient de noter que près
de la moitié d'entre-elles sont liées aux secteurs tourbeux qui devaient exister à une
époque dans la vallée (avant la création du canal et l'intensification des pratiques
agricoles). Leur réapparition est donc pour le moins hypothétique.
Tableau 6 : Liste des espèces floristiques d’intérêt patrimonial citées historiquement
dans la vallée alluviale de l'Escaut à Proville
Nom scientifique
Nom vernaculaire
Menace Rareté
Dernière observation
Début XXème (GODON)
Hyoscyamus niger L.
Jusquiame noire
VU
R
Anemone ranunculoides L.
Anémone fausse-renoncule
EN
E
Hippuris vulgaris L.
Pesse commune
VU
R
Catabrosa aquatica (L.) Beauv. Catabrose aquatique
VU
R
Ranunculus lingua L.
Grande douve
VU
Eriophorum polystachion L.
Linaigrette à feuilles étroites
EN
RR
Menyanthes trifoliata L.
Trèfle d'eau
EN
R
Stellaria palustris Retz.
Stellaire des marais
VU
Leucojum vernum L.
Nivéole printanière
Butomus umbellatus
Butome en ombelle
NT
Après 1979
Saxifraga granulata
Saxifrage granulée
VU
1998 (VANAPPELGHEM)
Avant 1960
D
1965 (LERICQ)
Menace NPdC (TOUSSAINT [coord.], 2005): EN: menacé d'extinction; VU: vulnérable; NT: quasi-menacé.
Rareté NPdC (TOUSSAINT [coord.], 2005): D: Disparu; E: Exceptionnel; RR: Très Rare; R: Rare.
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B.6 LA FONGE
354 taxons ont été inventoriés sur le site entre 1997 et 2002 par la Société Mycologique
du Nord dans le cadre d'une thèse d'exercice pour l'obtention du diplôme d'État de
Docteur en pharmacie (GOSSELET, 2002). Ce chiffre montre une certaine richesse
fongique notamment pour le Bois Chenu puisque les champignons trouvés de ce
secteur en 2002 représentaient plus de 10% de la biodiversité fongique régionale
connue à l'époque (cf. annexe VIII). En 2003 et 2004, quelques prospections
ponctuelles viendront compléter la connaissance mycologique du site (LECURU,
COURTECUISSE, MOREAU...).
Au total, 33 espèces peuvent être considérées comme patrimoniales (cf. tableau 7)
parce qu'elles présentent un statut de patrimonialité particulier (COURTECUISSE et al.,
2006) ou qu'elles sont mentionnées comme « effectivement menacées » dans la Liste
Rouge Régionale (COURTECUISSE & LECURU, 2007).
Parmi celles-ci, on retrouve de nombreuses espèces inféodées aux bois morts en milieu
humide : Crepidotus brunneoroseus (nécrotrophe de bois morts d'aulnes ou peupliers
tombés au sol), Neolentinus degener (bois mort de peuplier en milieu humide),
Rhodotus palmatus (espèce inféodée aux ormes) (COURTECUISSE R, comm. pers.)... La
présence de ces espèces, rares en région du fait de leur écologie particulière, illustre
bien la diversité fongique et la valeur patrimoniale du boisement alluvial du Bois Chenu.
L'absence d'intervention (bois mort laissé sur place, pas d'exploitation forestière...) est la
raison principale de cette diversité mycologique.
Le cortège montre également que la fonge est en pleine évolution en terme de
composition, la relation avec la régénération naturelle du boisement dans un contexte
hygrophile est évidente.
Tableau 7 : Liste des espèces fongiques d'intérêt patrimonial
Nom scientifique
Arrhenia spathulata (Fries: Fr.) Redhead
Statut trophique
Statut patrimonial
Mo
C
LRR
Clavulinopsis subtilis (FR. : FR.) Corner
S
2
Clitopilus pinsitus (Fr. : Fr.)Josserand
S
3
Cortinarius evernius (Fr. : Fr.) Fr.
S
2
Crepidotus amygdalosporus Kühner
SL
3
Crepidotus autochtonus J. E. Lange
SL
3
Crepidotus brunneoroseus Courtecuisse
SL
Crepidotus mollis var. Calolepis (Fr.) Pilat
EcM
2
Daldinia vernicosa (Schw.) Ces. & de Notaris
SL
3
Entoloma minutum (P. Karsten) Noordeloos
S
1
Entoloma politum (Persoon: Fr.) Donk
Heleboma pusillum J.E. Lange ex J.E.Lange
Helvella ephippium Léveillé
Helvella minor (Velenovsky) S. Rauschert
D
S (EcM?)
C
EcM
C
S
3
S
Inocybe godeyi Gillet
EcM
Inocybe paludinella (Peck) Saccardo
EcM
Lactarius obscuratus (Lasch: Fr.) Fries
EcM
3
3
C
2
C
Langermannia gigantea (Batsch : Pers) Rostk.
S
Mycena bulbosa (Cejp) Kühner
S
3
Mycena melligena (Berk. & Cke) Saccardo
SL
Mycena rhenana Maas Geesteranus & Winterhoff
S
C
Neolentinus degener (Kalchbr.) Hrouda
SL
D
C
2
3
60
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2
Pholiotina vestita (Fries) Singer
S
C
Pluteus hiatulus Romagnesi
SL
C
Pluteus hispidulus (Fr. : Fr.) Gillet
SL
Pluteus thomsonii (Berck. & Br.) Dennis
SL
Psathyrella lutensis (Romagnesi) Watling & Richardson
S
C
3
SL
D
3
EcM
P
Rhodotus palmatus (Bull. : Fr.) R. Maire
Russula pseudopuellaris (M.Bon) M. Bon
Stropharia ochrocyanea M. Bon
S
Tubaria autochtona (Berkeley & Broome) Saccardo
S
Xerocomus porosporus Imler
Xylaria longipes Nitschke
2
3
3
2
C
EcM
C
SL
C
3
Statut trophique (COURTECUISSE & LECURU, 2006) = EcM: ectomycorhizique; S: Saprotrophe; SL: saprotrophe lignicole; Mo:
associé aux mousses.
Statut patrimonial (COURTECUISSE et al., 2006)= P: espèce « parapluie » (à mettre en avant comme élément du patrimoine
écologique régional); D: espèce déterminante (inféodée à des milieux naturels nécessitant une gestion conservatoire); C:
espèce caractéristique (espèce à écologie plus large mais accompagnant souvent les précédentes).
Liste Rouge Régionale (COURTECUISSE & LECURU, 2007)= 1: espèces menacées d'extinction; 2: espèces fortement menacées;
3: espèces menacées.
61
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Busard des roseaux (G. FLOHART)
Sympétrum jaune (T. CHEYREZY)
Le Petit Mars changeant (T. CHEYREZY)
Phragmite des joncs (P. PULCE)
Leste des bois (C. BURROW)
Vertigo moulinsiana (T. CHEYREZY)
Figure 10 : Photos de quelques espèces animales présentes sur la RNR
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B.7 LA FAUNE
Des inventaires et des suivis sont réalisés depuis 1997 sur les secteurs prairiaux gérés par
le Conservatoire des Sites Naturels. Par conséquent, la connaissance de la faune sur
ces secteurs y est très bonne au moins pour les groupes suivants : avifaune nicheuse,
amphibiens, odonates, orthoptères et rhopalocères. Les autres secteurs (Bois Chenu,
plantations de l'INRA et prairies au nord) ont fait l'objet de prospections en 2008 et 2009
dans le cadre de la réalisation du plan de gestion de la RNR.
B.7.1 MAMMALOFAUNE
Un inventaire des micromammifères par piégeage et analyse des pelotes de rejections
a été réalisé en 1998 dans le cadre d'un stage (COHEZ, 1998). Les autres données
proviennent d'observations faites au hasard des sorties. La connaissance peut être
considérée comme assez bonne au moins pour la partie prairiale, malgré des lacunes
concernant notamment les chauves-souris.
Quatorze espèces de mammifères ont été inventoriées depuis 1998 sur le site. Seul le
Lapin de garenne Oryctolagus cuniculus présente un intérêt patrimonial puisqu'il est
considéré comme quasi-menacé (NT) dans la liste rouge des espèces menacées en
France, parue en 2009. Le Lapin de garenne est cependant bien présent dans toute la
région et ne bénéficie, à ce titre, d'aucun statut de conservation au niveau régional
(BRIL et TOMBAL in FOURNIER [coord.], 2000).
Tableau 8 : Liste des espèces de mammifères d'intérêt patrimonial
Nom scientifique
Oryctolagus cuniculus Linnaeus 1758
Nom vernaculaire
LRR*
Lapin de garenne
LRN**
NT
* Liste Rouge Régionale : FOURNIER [coord], 2000 ;
** Liste Rouge Nationale : UICN, 2008: NT = Quasi-menacé.
B.7.2 AVIFAUNE
Le premier recensement des oiseaux nicheurs, qui a concerné essentiellement le
secteur des prairies de l'Escaut, a été effectué en 1998 selon la méthode du quadrat
(VANAPPELGHEM, 1998). L'inventaire des oiseaux nicheurs a ensuite été actualisé en
2001 puis en 2006 dans le cadre des renouvellements du plan de gestion des Prairies de
l'Escaut et a pris la forme d'un recensement qualitatif. Il a été complété en 2008 et
2009, notamment pour le secteur du Bois Chenu, dans le cadre de la réalisation du
diagnostic écologique du plan de gestion de la RNR de l'Escaut rivière. La
connaissance de l'avifaune peut être qualifiée de très bonne en ce qui concerne le
secteur des prairies de l'Escaut et de bonne pour le secteur du Bois Chenu.
Sur les 48 espèces d’oiseaux contactées depuis 2006, la nidification de 30 d’entre elles
est au moins égale à Possible selon la codification de l'European Ornithological Atlas
Committee (EOAC) (cf. annexe IX). Parmi les 8 espèces qui présentent un intérêt
patrimonial au niveau régional, national ou européen, 6 sont nicheuses (cf. tableau 9).
Notons que depuis la parution de la nouvelle liste rouge nationale (UICN, 2009),
plusieurs espèces ont changé de statut et sont aujourd'hui considérées comme
patrimoniales. Il s'agit pour la plupart d'espèces déjà présentes en 1998 (Pouillot fitis
Phylloscopus trochilus, Bouvreuil pivoine Pyrrhula pyrrhula, Fauvette grisette Sylvia
communis) mais qui n'étaient pas considérées comme patrimoniales dans les anciens
plans de gestion.
63
Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais
Tableau 9 : Liste des espèces d'oiseaux nicheurs d'intérêt patrimonial
Nom scientifique
Nom vernaculaire
Acrocephalus schoenobaenus Phragmite des joncs
LRR1
LRN2
LRE3
Directive
Statut de
Oiseaux4 nidification5
VU
Possible
Alcedo atthis
Martin-pêcheur d'Europe
Ann. I
Circus aeruginosus
Busard des roseaux
VU
Muscicapa striata
Gobemouche gris
VU
Phylloscopus trochilus
Pouillot fitis
NT
Possible
Pyrrhula pyrrhula
Bouvreuil pivoine
VU
Possible
Streptopelia turtur
Tourterelle des bois
Sylvia communis
Fauvette grisette
Ann. I
SPEC 3
NT
Certain
Possible
Probable
1 : Liste Rouge Régionale (Tombal et al., 1996) : VU = Vulnérable ;
2 : Liste Rouge Nationale (UICN, 2009) : NT = Quasi menacée ; VU = Vulnérable ;
3 : Liste Rouge Européenne (Birds international, 2004) ;
4 : Directive “Oiseaux” n°79/409/CE (JOCE 25/04/1979 modifié) : Ann. I = Annexe I ;
5 : d'après l'European Ornithological Atlas Committee (EOAC).
Parmi ces espèces patrimoniales, certaines méritent une attention particulière :
•
Le Busard des roseaux (Circus aeruginosus) figure à l’annexe I de la Directive
« Oiseaux » (79/409/CEE) et est vulnérable dans la liste rouge nationale (UICN,
2009). Le site de nidification typique du Busard des roseaux est la roselière.
Cependant, depuis les années 1990, il niche en nombre notable dans les
champs cultivés des plateaux. Le district du Cambrésis-Ostrevent est l'un des
plus attractif de la région pour cette espèce avec 7 à 11 couples dénombrés
entre 1990 et 1995 (BRIL et TOMBAL, in TOMBAL [coord.], 1996). Le Busard des
roseaux se reproduit sur le site au moins depuis 1997 et produit au minimum
deux jeunes à l'envol annuellement.
•
Le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus) niche dans les
roselières vieillissantes, colonisées par les buissons servant de postes de chant ou
de points de départ pour les vols nuptiaux. Ce passereau des milieux humides
est identifié comme vulnérable dans la région et le district du CambrésisOstrevent n'a accueilli aucun couple nicheur entre 1990 et 1995 (FLOHART in
TOMBAL [coord.], 1996]. Nicheur en 2006 puis de nouveau en 2008, le Phragmite
des joncs n’avait plus été contacté sur le site depuis 1997. Cette espèce, très
sensible à la dégradation de ses biotopes (ROCAMARA & YEATMAN-BERTHELOT,
1999), est souvent menacée par l'assèchement des milieux humides.
•
Le Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis) ne peut nicher que dans des parois
verticales ou concaves constituées de sédiments meubles et c'est
habituellement dans les berges qu'il creuse son terrier. Sur le site, il utilise aussi les
chablis pour nicher. Prédateur et piscivore, le Martin-pêcheur exige un minimum
de proies accessibles. Par conséquent, pollution et turbidité des eaux doivent
rester modérées (ROCAMADA & YEATMAN-BERTHELOT, 1999). L'espèce, en
déclin en Europe, est inscrite à l'annexe I de la Directive « Oiseaux »
(79/409/CEE). Dans le Nord Pas-de-Calais, le Martin-pêcheur n'est pas menacé
mais on observe de grandes diversités entre les districts. Sur le site, seul un
individu a été observé en 2008 volant au dessus de la grande mare du secteur
prairial. Bien que le site semble présenter les conditions favorables à la
nidification de l'espèce, en l'absence de preuves il n'est pas possible d'affirmer
avec certitude qu'elle s'y reproduit.
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Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
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La Gorgebleue à miroir Luscinia svecica, nicheuse en 1996 et 1997, la Bouscarle de
Cetti Cettia cetti, nicheuse en 2001 et le Râle d'eau Rallus aquaticus, nicheur en 2000,
n’ont pas été revus malgré des recherches spécifiques en 2006 et 2008 pour les deux
premières espèces. Ces espèces, inféodées aux milieux humides, pourraient
réapparaître suite aux opérations de gestion menées en faveur des roselières.
Tableau 10 : Liste des espèces d'oiseaux nicheurs d’intérêt patrimonial non revues
récemment
Nom scientifique
Nom vernaculaire
Cettia cetti
Bouscarle de Cetti
Luscinia svecica
Gorgebleue à miroir
Rallus aquaticus
Râle d'eau
LRR1 LRN2 LRE3
Directive Oiseaux4 Dernière observation
VU
2001
Ann. I
VU
1997
2000
1 : Liste Rouge Régionale (TOMBAL [coord.], 1996) : VU = Vulnérable ;
2 : Liste Rouge Nationale (UICN, 2009) ;
3 : Liste Rouge Européenne (Birds international, 2004);
4 : Directive “Oiseaux” n°79/409/CEE (JOCE 25/04/1979 modifié) : Ann. I = Annexe I.
B.7.3 HERPÉTOFAUNE
La connaissance sur ce groupe est très bonne. Les données accumulées depuis 1996
ont été réactualisées annuellement pendant 6 ans dans le cadre de prospections
spécifiques pour ce groupe (salariés et bénévoles) et dans le cadre du suivi de la
barrière permanente empêchant aux batraciens de traverser une route en bordure du
site. Ensuite, les prospections ont été réalisées régulièrement dans le cadre du
renouvellement du plan de gestion et de la réalisation du plan de gestion de la RNR.
Le peuplement présent sur le site ne présente pas d’espèces d’intérêt patrimonial. Les 4
espèces qui se reproduisent sur le site sont considérées comme communes ou assez
communes dans le Nord Pas-de-Calais (GODIN, 2003) (cf. annexe IX). Il est à noter que
toutes les espèces d'amphibiens, à l'exception de la Grenouille verte Rana esculenta et
de la Grenouille rousse Rana temporaria, font l'objet d'une protection intégrale en
France au titre de la loi de 1976.
B.7.4 ENTOMOFAUNE
B.7.4.1
ODONATES
La connaissance concernant ce groupe est très bonne. Les données ont été
accumulées dans le cadre de prospections bénévoles et salariées depuis 1996 avec
une pression d'inventaire particulièrement importante certaines années. Ainsi, un stage
a été réalisé au mois d'août 2009 avec une pression d'observation journalière aussi bien
sur les mares et fossés des prairies de l'Escaut que dans le secteur du Bois Chenu.
L'intérêt odonatologique du site concerne principalement la grande mare prairiale
située à l'ouest du secteur des prairies de l'Escaut, la partie boisée accueille une
odonatofaune plus limitée (BURROW, 2009).
Ce groupe présente un intérêt majeur à la vue de la fragilité des zones humides dans le
Cambrésis et de la richesse spécifique sur le site. 29 espèces ont été observées entre
1996 et 2009 (cf. annexe IX) dont 6 espèces patrimoniales ont été contactées
récemment (cf. tableau 11).
65
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Tableau 11 : Liste des espèces d'odonates d’intérêt patrimonial vues entre 2006 et
2009
Nom scientifique
Nom français
LRR1
Coenagrion scitulum
Agrion mignon
Calopteryx virgo
Caloptéryx vierge
PC
Erythromma lindenii
Agrion à longs cercoïdes
PC
Lestes dryas
Leste des bois
Sympetrum fonscolombii
Sympétrum de Fonscolombe
PC
Sympetrum flaveolum
Sympétrum jaune
PC
LRN2
LRE3
5
?
4
4
1 : LRR = Liste rouge régionale (GODIN et al., 2003) : PC = Peu Commun ; ? = non évalué ;
2 : LRN = Liste rouge nationale (DOMMANGET, 1987) : 4 = espèce très localisée ou peu fréquente en plaine; 5 = espèce
localisée ou disséminée dont les effectifs sont, en général, assez faibles;
3 : LRE = Liste rouge européenne (SALHEN et al, 2004).
•
L'Agrion mignon (Coenagrion scitulum) : cette espèce a été découverte en
2008 et la présence d'un tandem plaide en faveur d'une autochtonie possible
au niveau de la grande mare prairiale. Cette mare offre en effet les conditions
favorables au développement des larves qui apprécient les milieux stagnants à
faiblement courants où pousse une importante végétation aquatique
(GOFFART et al., 2006). Assez commune dans la région (GODIN et al., 2003),
l'espèce se fait cependant plus rare au niveau national et se retrouve
essentiellement dans les plaines et un grand quart nord-ouest de la France
(DOMMANGET, 1987) ;
•
Le Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo) : plus exigeant que le Caloptéryx
éclatant Calopteryx splendens quant à la qualité de l'eau et à la structure des
rives (GOFFART et al., 2006), le Caloptéryx vierge est peu commun dans le Nord
Pas-de-Calais (GODIN et al., 2003). L'observation d'un individu immature volant
au dessus d'un fossé du Bois Chenu en 2009 est particulièrement remarquable
dans le contexte local. C'est en effet la première mention de cette espèce pour
le bassin du Haut Escaut (VANAPPELGHEM, com. pers.). On peut rencontrer des
individus assez loin de leurs habitats de reproduction, probablement à la
recherche de nouveaux sites à coloniser (GOFFART et al., 2006). Il est donc
probable que cet individu soit un erratique à la recherche de nouveaux milieux
pour se reproduire et l'espèce devra être recherchée sur le site ces prochaines
années ;
•
Le Leste des bois (Lestes dryas) : la première mention de cette espèce est
récente dans la région puisqu'elle date de 2006 où une femelle a été capturée
dans l'Avesnois (VANAPPELGHEM, com. pers.). C'est pourquoi le Leste des bois
n'a pas fait l'objet d'une évaluation dans la liste rouge régionale (GODIN et al.,
2003). Avec seulement deux mentions dans la région, le statut de rareté de
cette espèce est au moins égal à très rare. Sur le site, une femelle adulte a été
observée pendant plusieurs jours au niveau de la mare prairiale au cours du
mois d'août 2009. Cette mare correspond à son habitat typique de
reproduction en Belgique, caractérisé par des « eaux stagnantes plutôt
mésotrophes, riches en hélophytes, présentant un stade d'atterrissement
avancé et subissant des fluctuations importantes du niveau d'eau pouvant aller
jusqu'à l'assèchement » (GOFFART et al., 2006). Cette demoiselle possède
cependant un grand pouvoir de dispersion (GRAND & BOUDOT, 2006) et les
preuves de reproduction devront être recherchées ces prochaines années ;
•
L'Agrion de Vander Linden (Erythromma lindenii) : une population de cette
espèce peu commune dans le Nord Pas-de-Calais (GODIN et al., 2003) existe
sur le canal de Saint-Quentin, à quelques mètres au nord du site. L'espèce tente
de s'installer sur la mare prairiale depuis de nombreuses années, sans succès.
66
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Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais
Elle vit essentiellement au dessus des herbiers flottants et émergents, dans
lesquels la larve se développe ;
•
Le Sympétrum de Fonscolombe (Sympetrum fonscolombii) : bien que peu
commun dans le Nord Pas-de-Calais (GODIN et al., 2003) cet anisoptère
d'origine méditérannéenne connait depuis quelques années une progression
vers le nord. Sur le site, plusieurs individus adultes et immatures ont été vus pour
la première fois en 2009 au niveau de la grande mare prairiale. En limite d'aire
de répartition, l'espèce montre une préférence pour les grandes pièces d'eau
stagnante peu profonde et chaude où la végétation rivulaire y est
généralement peu développée et les plantes flottantes inexistantes (GOFFART
et al., 2006). Le site semble donc peu favorable à la reproduction de l'espèce
dont les individus errants peuvent être observés sur tous les types d'eau, parfois
loin de leur lieu de reproduction.
•
Le Sympétrum jaune (Sympetrum flaveolum) : cette espèce a été vue pour la
première fois sur le site en 2005 puis de nouveau en 2006. Elle n'a plus été revue
depuis, malgré des recherches spécifiques. Le Sympétrum jaune colonise les
marais ou zones d’atterrissement des étangs ou lacs. Les œufs sont déposés sur
la terre parmi les plantes, à proximité de l’eau. L’éclosion et le développement
larvaire commencent lors d’une période d’immersion au printemps suivant. Une
fine couche d’eau d’environ 50 cm plus exposée au soleil permet un
développement optimal qui dure entre cinq et huit semaines. La hauteur de
végétation favorable est comprise entre 40 et 100 cm et le degré de
recouvrement entre 50 et 95 %. Quand le degré de recouvrement est trop
élevé, Sympetrum flaveolum utilise des trouées dans la couche végétale
(RHON, 2002 ; ASKEW, 2004). Sur le site, l’espèce a été vue en bordure de la
prairie mésohygrophile à Jonc glauque près de la grande mare prairiale. Cette
prairie se trouve au contact de la ceinture de végétation amphibie, inondée
une partie de l’année. Cet habitat pourrait être favorable au développement
larvaire de l’espèce peu commune dans la région (GODIN et al., 2003). Le
statut de l’espèce sur le site est pour l’heure inconnu. Néanmoins si les habitats
du site ne sont pas caractéristiques, ils sont potentiellement utilisables par
l’espèce pour accomplir son cycle de vie.
Quatre espèces patrimoniales n'ont pas été revues récemment sur le site. Il s'agit de
l'Agrion nain Ischnura pumilio qui n'a été observé qu'une fois en 1996. Cet agrion est un
colonisateur pionnier, éliminé en général par la compétition avec les autres espèces,
Ischnura elegans en particulier, qui s’installent par la suite. L'agrion nain n’est
probablement plus présent sur le site mais pourrait réapparaitre à la faveur d'un
rajeunissement du milieu. Le Leste brun Sympecma fusca est une espèce au cycle de
vie inversé (hibernation au stade adulte, ponte au printemps, émergence à la fin de
l’été) qui passe facilement inaperçu. Il n'a pas été revu sur le site depuis 2000 malgré
des recherches régulières. Cependant, son cycle de vie particulier en fait une espèce
discrète et elle pourrait encore se reproduire sur le site.
Deux autres espèces de très haute valeur patrimoniale avaient été relevées entre 1996
et 1998 : le Sympétrum noir Sympetrum danae, le Sympétrum du Piémont Sympetrum
pedemontanum. Ces espèces présentent cependant un erratisme prononcé et
aucune preuve de leur reproduction n'a été constatée sur le site (cf. tableau 12).
67
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Tableau 12 : Liste des espèces d'odonates d’intérêt patrimonial non revues
récemment
Nom scientifique
Nom français
Dernière observation
LRR1
LRN2
5
Ischnura pumilio
Agrion nain
1996
AR
Sympecma fusca
Leste brun
2000
PC
Sympetrum danae
Sympetrum noir
1998
PC
Sympetrum pedemontanum
Sympétrum du Piémont
1996
E
LRE3
3
1 : LRR = Liste Rouge Régionale (GODIN et al., 2003) : PC = Peu Commun ; AR = Assez Rare ; E = Exceptionnel ;
2 : LRN = Liste Rouge Nationale (DOMMANGET, 1987) : 3 = espèce généralement très localisée mais observée assez
régulièrement ; 5 = espèce localisée ou disséminée dont les effectifs sont, en général, assez faibles.
3 : LRE = Liste Rouge Européenne (SALHEN et al, 2004).
B.7.4.2
ORTHOPTÈRES
Le groupe est bien connu sur le site. De nombreuses sorties ont été effectuées par les
salariés du Conservatoire, les bénévoles et dans le cadre d'une expertise par l'ASCETE
(Bernard Defaut). Un stage a par ailleurs été réalisé en août 2009 afin de confirmer la
présence de certaines espèces remarquables (Criquet des clairières Chrysochraon
dispar et Conocéphale gracieux Ruspolia nitidula).
Neuf espèces sont connues sur le site (cf. annexe IX). Parmi celles-ci 3 relèvent d'un
intérêt patrimonial (cf. tableau 13).
Tableau 13 : Liste des espèces d'orthoptères d'intérêt patrimonial
Nom scientifique
Nom vernaculaire
LRR1
LRN2
Chrysochraon dispar
Criquet des clairières
3
P3
Conocephalus dorsalis
Conocéphale des roseaux
3
P2
Ruspolia nitidula
Conocéphale gracieux
?
1 : Liste Rouge Régionale (FERNANDEZ et al., Inédit) : 2 : fortement menacé d’extinction ; 3 : menacé d’extinction.
2 : Liste Rouge Nationale (domaine némoral) (SARDET et DEFAUT, 2004) : P2 : espèces fortement menacées d’extinction ; P3 :
espèces menacées, à surveiller
•
Le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) : Cette espèce est
menacée d’extinction dans la région Nord Pas-de-Calais (FERNANDEZ et al.,
inédit) et fortement menacée d’extinction dans le domaine némoral français
(SARDET & DEFAUT, 2004). Conocephalus dorsalis est une espèce caractéristique
des formations végétales élevées hygrophiles telles que les roselières. Il est
observé annuellement sur le site et en densité assez importante dans les
secteurs les plus hygrophiles ;
•
Le Criquet des clairières (Chrysochraon dispar), espèce menacée d’extinction
au niveau régional (FERNANDEZ et al., inédit) et à surveiller dans le domaine
némoral français (SARDET & DEFAUT, 2004), n’a pas été revu depuis 2002 malgré
une recherche active au cours du mois d'août 2009. Néanmoins, la densité de
cette espèce sur le site a toujours été très faible (en 2002, la densité de cette
espèce était de 0,08 individus/10 m²) ;
•
Le Conocéphale gracieux (Ruspolia nitidula) a été découvert sur le site en 2008
par un naturaliste local. C'est la première mention régionale de cette sauterelle
qui a récemment étendu son aire de répartition vers le nord grâce à des
capacités de dispersion importante (bon voilier). En 2009, plusieurs individus ont
été découverts sur un terril du département du Nord, ce qui semble confirmer
l'installation de l'espèce dans la région (VANAPPELGHEM, com. pers.).
Cependant, malgré des recherches spécifiques, l'espèce n'a pas été retrouvée
sur le site en 2009 et devra être recherchée pour confirmer sa présence.
L'extension récente vers le nord de son aire de répartition en France est
probablement imputable au réchauffement climatique global. Cette espèce
68
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affectionne les milieux frais, tels que les fossés, les prairies humides et les
pelouses à végétation haute mais peut aussi coloniser les pelouses ou les prairies
mésophiles. Le Conocéphale gracieux n'est pas menacé dans la liste rouge
nationale pour le domaine némoral mais est localisé dans le Nord de la France
(SARDET & DEFAUT, 2004). Il n'est pas mentionné dans la liste rouge régionale du
fait de sa découverte récente.
Notons aussi l'observation d'un individu macroptère de Decticelle bariolée (Metrioptera
roeselii) en 2001. Il est vraisemblable que l'individu observé soit en phase de
colonisation mais l'implantation sur le site n'a pas fonctionné. Cette espèce fortement
menacée d'extinction dans le Nord Pas-de-Calais (FERNANDEZ et al., inédit) ne peut
donc pas être considérée comme faisant partie de la faune du site.
B.7.4.3
RHOPALOCÈRES
Le site a fait l'objet de prospections ciblées pour ce groupe depuis les années 2000
avec un stage spécifique et des prospections des salariés du Conservatoire. Le groupe
est par conséquent bien connu.
Vingt espèces dont la plupart bien réparties sur l’ensemble de la région ont été
observées (cf. annexe IX). Trois espèces sont considérées comme patrimoniales dans le
domaine atlantique français et une est assez rare dans la région (cf. tableau 14).
Tableau 14 : Liste des espèces de rhopalocères d’intérêt patrimonial
Nom scientifique
Nom vernaculaire
Plantes hôtes
LRR1
LRN2
Thymelicus lineolus
L'Hespérie du Dactyle
Poacées
3,4
Aphantopus hyperanthus
Le Tristan
Poacées
3,4
Apatura ilia
Le Petit Mars changeant
Peupliers (Populus tremula, P.
nigra et P. italica), saules et plus
rarement aulnes
AR
3,4
1 : Menace pour le Domaine Atlantique : DUPONT, 2001 : 3 = faible déclin de l'aire d'occurrence (-15% à –25%), 4 = degré de
menace concernant l'habitat de l'espèce faible ;
2: Liste de rareté régionale : HAUBREUX [coord.] 2009 : AR = Assez Rare
•
L’Hespérie du dactyle (Thymelicus lineolus) est une espèce des milieux ouverts et
herbeux qui connait une régression dans le domaine atlantique français
comprise entre 15 et 25% par rapport aux données antérieures à 1980 (DUPONT,
2001). Elle est relativement bien répandue dans la région (HAUBREUX [coord.],
2009) et la menace sur son habitat est considérée comme faible en France
(DUPONT, 2001). Sur le site, cette espèce se trouve en limite de son aire
d’occurrence. Le maintien d’une mosaïque d’habitats sera favorable à sa
préservation dont les plantes hôtes (poacées) sont largement répandues sur le
site ;
•
Le Tristan (Aphantopus hyperanthus) est une espèce de lisière dont la tendance
dans le domaine atlantique français est à la régression (-15% à -25%) par
rapport aux données antérieures à 1980 (DUPONT, 2001). Néanmoins elle est
relativement bien répandue dans la région (HAUBREUX [coord.], 2009). Tout
comme pour l’Hespérie du dactyle, le maintien d’une mosaïque d’habitats sera
favorable à la préservation de cette espèce sur le site ;
•
Le Petit Mars changeant (Apatura ilia) fréquente les forêts alluviales à
l'atmosphère humide près des rivières de plaine. L'espèce est par conséquent
fortement menacée par la disparition des forêts alluviales. Assez rare dans la
région (HAUBREUX [coord.], 2009), il est possible qu'une population soit présente
dans le Bois Chenu. L'observation d'un seul individu en 2009 ne permet toutefois
pas de conclure avec certitude à la reproduction de l'espèce sur le site et des
recherches spécifiques devront être réalisées.
69
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B.7.4.4
Syrphes (Diptères)
La famille des Syrphidae appartient au groupe des Diptères et répond aux critères
établis par SPEIGHT (1986) pour l'utilisation des insectes comme bio-indicateur. C'est
dans ce cadre qu'un inventaire a été réalisé en 2009, selon un protocole standardisé,
en utilisant la base de données « Syph the Net » (SPEIGHT, 2000 ; SPEIGHT, CASTELLA et
al., 2000). Cette méthode permet d'évaluer la fonction d'un site en tant que réservoir
de biodiversité et d'identifier d'éventuels dysfonctionnements de l'écosystème.
Deux pièges d'interception (tente Malaise) ont été installés dans le layon principal au
cœur du Bois Chenu d'avril 2009 à février 2010 . Les individus capturés sont en cours de
détermination et l'analyse des résultats à l'aide de la base de données « Syph the Net »
sera réalisée en 2010. A l'heure actuelle, 62 espèces ont été contactées sur le site (cf.
annexe IX), dont 50 sont nouvelles pour le département du Nord. Ce chiffre important
doit être relativisé puisque la connaissance de ce groupe est encore fragmentaire et
seules 65 espèces étaient connues dans le département avant cet inventaire
(SARTHOU & MONTEIL, 2006). Parmi ces espèces, 5 peuvent être considérées comme
patrimoniales selon les critères proposés par SPEIGHT et al. (2008) (cf. tableau 15).
Les premiers résultats ont montré l'importance du boisement alluvial pour les Diptères
Syrphidae. La majorité des espèces menacées ou en déclin est liée aux formations
alluviales boisées et en particulier au Pruno padi–Fraxinetum excelsioris comprenant des
stades sénescents (troncs, souches, coulées de sèves). Le présence de bois mort ou
meurtri est une composante essentielle puisque de nombreuses espèces sont liées, au
moins à un moment de leur cycle de développement, au bois mort, qu'il soit au sol ou
porté, ou aux arbres blessés. Pour ces espèces, l'enjeu de conservation est liée au
maintien de la dynamique naturelle (VANAPPELGHEM, com. pers.).
Tableau 15 : Liste des espèces de syrphes d’intérêt patrimonial
Menacé
En déclin
Domaine
Domaine
Europe
France Belgique Europe
France Belgique
atlantique
atlantique
Nom scientifique
Brachypalpus valgus (Panzer), 1798
x
Cheilosia cynocephala Loew, 1840
x
x
x
x
x
x
Brachyopa pilosa Collin, 1939
x
x
Cheilosia chrysocoma (Meigen), 1822
x
x
Temnostoma vespiforme (L.), 1758
x
Statuts d'après SPEIGHT et al., 2008
Les éléments de biologie ou d'écologie des espèces citées sont tirés de SPEIGHT (2008).
•
Brachypalpus valgus est une espèce très forestière, liée aux forêts mésohygrophiles à hygrophiles de Chênes, Hêtres et Aulnes. On la retrouve
également en présence de Prunus en Allemagne. Elle est liée à la présence
d'arbres sénescents. La larve se développe à la base des troncs des vieux arbres
ou des extrémités mortes des grosses branches ou troncs. Cette espèce est
considérée comme indicatrice de forêts d'importance internationale pour la
conservation de la nature à l'échelle européenne (SPEIGHT, 1989 ; GOOD &
SPEIGHT, 1996) ;
•
Cheilosia cynocephala est liée aux milieux ouverts à proximité des cours d'eau.
L'écologie de la larve est mal connue, les quelques références font état du
développement dans les tiges de Carduus nutans. L'espèce doit utiliser une
autre plante sur le site ;
•
Brachyopa pilosa est une espèce liée aux forêts alluviales de bois tendre ou dur
(Pruno padi–Fraxinetum excelsioris) et en particulier aux stades sénescents de
70
Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
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ces formations. On la retrouve plus spécifiquement avec des espèces indigènes
du genre Populus. Elle semble liée aux coulées de sèves mais pas uniquement,
la larve ayant été trouvée sous l'écorce d'un tronc pourri de Fagus ;
•
Cheilosia chrysocoma est une autre espèce liée aux forêts alluviales de bois
tendre. Elle fréquente les lisières, clairières et chemins forestiers. La larve n'est pas
connue mais doit se développer dans une ombellifère (observations répétées
de pontes sur Angelica sylvestris) ;
•
Temnostoma vespiforme se rencontre dans la plupart des forêts avec des arbres
sénescents notamment lorsque ceux-ci sont au sol. Elle se développe plus
particulièrement dans les boisements riverains de cours d'eau. La larve se
développe en deux ans dans le bois des grumes et souches (Aulne, Saule,
Chêne, Peuplier tremble...).
B.7.5 ARAIGNÉES
La technique de piégeage utilisée dans le cadre de l'inventaire des Diptères Syrphidae
(tente Malaise), a permis de capturer plusieurs espèces d'araignées. Les déterminations
et l'évaluation du statut de rareté et de menace sont en cours de réalisation. Les
premiers résultats de cet inventaire partiel montrent la présence de plusieurs espèces
remarquables au niveau régional, principalement de par leur niveau de rareté
(SANTUNE, com. pers.).
B.7.6 MALACOFAUNE
L’inventaire réalisé en 1999 a mis en évidence 34 espèces dont 31 gastéropodes
terrestres et 3 gastéropodes aquatiques (cf. annexe IX). Si la connaissance est assez
bonne, des inventaires complémentaires seraient nécessaires pour compléter et
actualiser la liste d'espèces.
On peut relever la présence de deux espèces d'intérêt patrimonial (cf. tableau 16).
Tableau 16 : Liste des espèces de mollusques d’intérêt patrimonial
Nom scientifique
Vertigo moulinsiana
Balea perversa
DH1
Annexe II
LRI2
LRE3
LRN4
V
VU
Rareté NPdC5
K
1 : Directive européenne « Habitats-Faune-Flore » : Ann. II = Inscrit à l'Annexe II ;
2 : Liste Rouge Internationale (UICN, 2004) ;
3 : Liste rouge européenne (WELLS et CHATFIIELD, 1992) : V = Vulnérable ; K = Insuffisamment connu
4 : Liste Rouge Nationale (MAURIN et KEITH, 1994) : VU = Vulnérable ;
5 : Rareté NPdC : Nombre de localités en Nord-Pas-de-Calais si < 10 (CUCHERAT, 2005).
•
Vertigo moulinsiana a été localisé dans la cariçaie au milieu de la roselière. Ce
mollusque terrestre est l’un des mieux connus de la malacofaune patrimoniale
régionale. Identifiée comme étant vulnérable en France, l’espèce est de plus
inscrite à l'annexe II de la Directive européenne « Habitats-Faune-Flore ». Les
dernières synthèses sur l’écologie de l’espèce en région (CUCHERAT &
DEMUYNCK, 2005) révèlent la relation étroite entre Vertigo moulinsiana et la
présence de roselières à Laîches des rives (Carex riparia) et des marais (Carex
acutiformis). Il semble par ailleurs admis que l’espèce soit particulièrement
sensible aux variations des niveaux d’eau ; TATTERSFIELS & MCLNNES (2003 ; in
CUCHERAT & DEMUYC, 2005) indiquent ainsi qu’un niveau moyen de la nappe
de 0,25 m en dessous du sol est nécessaire au maintien de l’espèce. L'espèce
semble sensible au pâturage à moins que les charges ne soient très faibles (de
71
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l'ordre de 0,25 UGB/ha/an). La gestion par fauche en rotation semble plus
favorable (AUSDEN, 2005).
•
Balea perversa a une répartition ouest-européenne (KERNEY, 1999 in CUCHERAT,
2003) qui a été observée dans la litière le long de l’Escaut. C'est une espèce
méso-xérophile vivant sur les vieux murs exposés, rochers et sur les troncs
d'arbres. D'après CUCHERAT (2003), cette espèce, peu commune dans la
région, est localement abondante dans le Montreuillois (CUCHERAT & TERRASSE,
2002 in CUCHERAT, 2003).
72
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B.8 ÉVALUATION PATRIMONIALE
B.8.1 ÉVALUATION QUANTITATIVE
Au terme des prospections, il apparaît que la Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut
rivière accueille de nombreuses espèces d'intérêt patrimonial. On peut rattacher cette
observation avec d'une part la gestion conservatoire mise en œuvre par le CSN et la
commune de Proville sur le secteur prairial et d'autre part, la présence d'un boisement
alluvial, milieu rare dans la région.
Tableau 17 : Éléments remarquables observés récemment sur la RNR
Élément patrimonial
Habitats naturels
Flore
Fonge
Nombre d’éléments remarquables
5 habitats naturels d'intérêt communautaire (relevant de la Directive
européenne « Habitats-Faune-Flore ») dont 1 est prioritaire
8 formations végétales d'intérêt patrimonial au niveau régional dont :
- 2 sont très rares et menacées d'extinction
- 2 sont vulnérables
- 4 sont quasi-menacées
8 espèces ont un intérêt patrimonial au niveau régional :
- 1 est exceptionnelle et 1 est très rare
- 1 est menacée d'extinction, 1 est vulnérable et 4 sont quasimenacées
- 4 sont protégées en Nord/Pas-de-Calais
33 espèces de champignons ont un intérêt patrimonial au niveau
régional dont :
- 1 espèce est menacée d'extinction
- 8 espèces sont fortement menacées
- 14 espèces sont menacées
Mammifères
1 espèce est quasi-menacée en France
Oiseaux
2 espèces sont inscrites à l'annexe I de la Directive européenne
« Oiseaux »
1 espèce est inscrite sur le liste rouge européenne
2 espèces sont quasi-menacées et 3 espèces sont vulnérables au niveau
national
1 espèce est vulnérable dans le Nord Pas-de-Calais
Odonates
4 espèces sont peu communes au niveau régional et 1 espèce est
présente en seulement deux localités dans le Nord Pas-de-Calais
3 espèces sont d'intérêt national
Orthoptères
1 espèce est présente en seulement deux localités dans la région Nord
Pas-de-Calais
3 espèces sont d'intérêt régional
Syrphes (données
incomplètes)
5 espèces patrimoniales dont :
- 1 est menacée en Europe et dans le Domaine atlantique
- 4 sont en déclin dans le Domaine atlantique
Mollusques
2 mollusques sont d'intérêt patrimonial :
- 1 relève de la directive européenne « Habitats-Faune-Flore »
- 1 est d'intérêt régional
73
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B.8.2 ÉVALUATION QUALITATIVE
B.8.2.1
RARETÉ, ORIGINALITÉ
La richesse et l'intérêt du site résident dans la présence de l'Escaut, qui s'écoule encore
librement sur le site et induit la présence d'un complexe alluvial. Le positionnement du
site dans le lit majeur de l'Escaut, de part et d'autres du cours et dans la quasi totalité
de la largeur, procure au site un enjeu de conservation supplémentaire. Son intérêt
découle de la présence d'une diversité de milieux caractéristiques d'une plaine
alluviale, du boisement alluvial aux prairies humides en passant par la roselière, la
cariçaie, les végétations rivulaires des berges et divers milieux aquatiques.
Cette zone humide est quasiment la dernière zone humide fonctionnelle des haute et
moyenne vallées de l'Escaut avant que celle-ci ne soit canalisée. Plus particulièrement,
la présence du boisement alluvial, milieu rare et remarquable dans le Nord Pas-deCalais, procure au site une forte originalité. Ce boisement humide, de par son
importante superficie et son caractère plus continental, est d'un intérêt non
négligeable non seulement dans le Cambrésis, mais également à l'échelle régionale.
B.8.2.2
BIODIVERSITÉ
La soixantaine d'hectares gérés présente une biodiversité importante directement liée
au bon état de conservation des prairies humides et à la présence d'habitats originaux
tel qu'un boisement alluvial.
Avec l'observation de 29 espèces de libellules, la RNR de l'Escaut rivière est un des sites
les plus riches de la région pour son odonatofaune. La diversité mycologique du
boisement alluvial est aussi importante puisque plus de 10% de la diversité fongique
régionale est présente dans le Bois Chenu. La diversité observée parmi les autres
groupes taxonomiques (orthoptères, lépidoptères, syrphes, avifaune, plantes...) illustre
l'intérêt de ce site du point de vue de la biodiversité.
Cette diversité est directement à rattacher à la gestion conservatoire mise en place
par le Conservatoire des Sites Naturels depuis 1997 sur les prairies humides. En outre, la
diversité des habitats et pour certains, leur originalité, favorise la présence d'une
grande grande diversité d'espèce liées aux zones alluviales.
B.8.2.3
FRAGILITÉ ET MENACES
Les modifications du cours de l'Escaut, les infrastructures et les pressions anthropiques
(agriculture, urbanisation...), importantes dans la vallée de l'Escaut, sont autant de
facteurs de perturbation de ces milieux exceptionnels. Le classement de cette partie
de la plaine alluviale en RNR la préservera en partie des dégradations et des
modifications pouvant entraîner l'appauvrissement de ces milieux.
La gestion extensive d'une partie du site par le CSN depuis 1997 a pour l'instant permis
d'en assurer la conservation. La fauche tardive et le pâturage extensif ont ainsi permis à
certaines espèces végétales à floraison tardive (Achillée sternutatoire...) et animales
(orthoptères...), de se maintenir sur le site.
La nature même des végétations qui se développent dans ces prairies est directement
liée à la présence de l'eau et à leur inondation plusieurs mois par ans. Depuis la
modification du fonctionnement hydrologique de l'Escaut, les crues liées au
débordement de ce cours d'eau sont exceptionnelles et l'alimentation du site est
essentiellement assurée par les battements de la nappe alluviale. La qualité de l'eau
de l'Escaut étant médiocre, les épisodes de crue sont susceptibles d'apporter une eau
plus ou moins polluée au sein du site, ce qui pourrait entraîner une banalisation des
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Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais
végétations et avoir un impact direct sur les cortèges faunistiques (batraciens,
odonates...).
B.8.2.4
RELATIONS DE COMPLÉMENTARITÉ AVEC D'AUTRES MILIEUX
Le site se situe dans une zone pauvre en milieux naturels dans le Nord Pas-de-Calais.
Son patrimoine biologique bénéficie d'un enjeu de conservation d'autant plus
important.
Comme nous l'avons fait remarquer précédemment, plusieurs milieux naturels, repris
dans l'inventaire des ZNIEFF, sont présents aux alentours de la RNR. Il s'agit à la fois
d'ensembles forestiers, de quelques coteaux calcaires et de mosaïques de milieux
alluviaux situés en amont et en aval de l'Escaut. Le site occupe une place très
importante dans le cadre des corridors biologiques et il constitue un maillon essentiel
du réseau des zones refuges, dans un contexte urbanisé et d'agriculture intensive. Si les
échanges entre ces milieux naturels remarquables sont permis par la présence de
corridors biologiques que sont les haies et la ripisylve de l'Escaut, le contournement sud
de Cambrai risque de réduire considérablement les liaisons fonctionnelles entre les
milieux. Vers l'aval de la rivière, l'agglomération de Cambrai forme un autre obstacle
difficilement franchissable.
B.8.2.5
NATURALITÉ
L'aspect actuel du site est la conséquence des activités humaines. Le degré de
naturalité du système prairial est par conséquent très faible. Les boues de curage ont
été déposées le long de l'Escaut, les prairies ont tour à tour été pâturées, cultivées puis
finalement abandonnées. Le système prairial n'étant plus directement soumis aux
débordements de l'Escaut, celui-ci aurait progressivement été colonisé par les saules et
les aulnes sans l'influence de l'homme. Le pâturage et/ou la fauche ont ainsi permis le
maintien de milieux ouverts et de l'intérêt patrimonial qu'ils présentent. Les boisements
au nord des prairies de l'Escaut ont partiellement été plantés par l'INRA, leur degré de
naturalité est par conséquent très faible.
La presque totalité du secteur du Bois Chenu a été déboisée en 1994-1995. Il s'agit
donc d'un système fortement perturbé. Bien qu'il n'ait subi aucune intervention d'origine
humaine d'importance depuis 1996, son degré de naturalité peut être qualifié de faible
du fait notamment de la présence d'un réseau dense de fossés et de quelques
plantations. Cependant, en l'absence d'intervention, ce boisement retrouve peu à peu
son aspect naturel.
B.8.2.6
VALEUR POTENTIELLE
Depuis 1997, un important travail de restauration des prairies gérées par le CSN a été
engagé. Il a consisté principalement en la restauration d'un pâturage extensif, d'une
fauche tardive et de milieux aquatiques, en faveur des espèces patrimoniales. Cette
zone humide dégradée lors de l'élaboration du premier plan de gestion laissait
présager, après réhabilitation du site, la restauration potentielle d'habitats naturels
inscrits en annexe I de la Directive « Habitats-Faune-Flore » (prairies maigres de fauche
de basse altitude, forêt alluviales résiduelles). Bien que les travaux de restauration et de
gestion conservatoire n'aient pas encore permis de retrouver ces habitats, ils auront
permis le maintien de la diversité floristique et faunistique sur ce secteur. Il conviendra
donc pour ce plan de gestion de poursuivre la gestion conservatoire mise en place par
le CSN depuis 1997 sur cette partie du site.
75
Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais
76
Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais
Concernant le secteur du Bois Chenu, l'intérêt est de laisser la dynamique végétale
suivre son cours. Plusieurs étapes vont se succéder. Après la coupe à blanc (qui est
comparable à une perturbation majeure : inondation, feu...), la première phase est la
régénération pendant laquelle les espèces à bois tendre comme les saules vont
largement dominer. La maturité du boisement alluvial se traduira ensuite par la
domination d'espèces comme le chêne et les pruniers sans que les autres espèces
n'aient totalement disparu, la maturité correspond à la forêt dite de bois dur. Cette
évolution appelée sylvogénèse, se répétera à chaque perturbation. On distingue des
zones à potentialité distincte selon leur niveau d'hygrométrie. Le flore forestière permet
de rattacher la potentialité forestière principale du site à la Frênaie alluviale
subcontinentale du Pruno padi – Fraxinetum excelsioris. Cet habitat, prioritaire selon la
Directive « Habitats-Faune-Flore », est très menacé en Europe et dans la région. Le site
de Proville, par l'étendue de la zone alluviale correspondant à cette potentialité,
représente sans aucun doute l'un des sites majeurs du Nord de la France pour la
préservation de cet habitat naturel exceptionnel.
B.8.2.7
ATTRAIT INTRINSÈQUE ET UTILITÉ SOCIALE
Le secteur prairial joue un rôle économique à l'échelon local, puisqu'il fait l'objet d'une
exploitation agricole dans le cadre d'une convention de gestion.
Les fonctions sociales assurées par les forêts alluviales sont importantes et diversifiées :
•
protection des berges des cours d'eau ;
•
épuration chimique de l'eau avec en particulier rétention des nitrates et des
phosphates d'origine agricole. Les sols alluviaux représentent en effet un lieu de
stockage des éléments minéraux de l'écosystème et le lieu de transit de tout
nouvel apport ;
•
écrêtage des crues efficace quand celles-ci peuvent s'épandre dans un lit
majeur boisé. Le Bois Chenu diminue ainsi les risques d'inondation des secteurs
urbains situés à l'ouest et au sud. A ce titre, il présente un rôle socio-économique
non négligeable ;
•
recharge des nappes phréatiques (à l'occasion des crues) avec une eau
bénéficiant de l'effet d'épuration déjà cité, puis soutien d'étiage (réalimentation
du cours d'eau en période de basses eaux).
Enfin, plus que le rôle économique, la RNR de l'Escaut rivière offre une source
d'aménités non négligeable en terme d'accueil du public au niveau du Cambrésis,
particulièrement pauvre en espaces naturels. Il joue en outre un rôle important dans les
équilibres paysagers au niveau de la vallée (élément structurant du paysage). Le site
constitue, dans un contexte très anthropisé, proche de l’agglomération urbaine de
Cambrai, un lieu privilégié de promenade et de détente. Il est par conséquent très
fréquenté par les habitants de Proville mais aussi par les habitants de l'agglomération
de Cambrai.
B.8.3 PLACE DU SITE DANS SON ENSEMBLE D'ESPACES NATURELS
Le site fait partie intégrante d'un cœur de nature identifié par la Trame Verte et Bleue
du Conseil Régional Nord Pas-de-Calais (cf. carte 14). L'attribution d'un statut de
Réserve Naturelle Régionale contribue à renforcer la cohérence et l'articulation de ces
politiques. De plus le projet de Réserve se situe à une échelle régionale dans un isolat
de zones humides et constitue un maillon d'un vaste corridor à une échelle suprarégionale au sein d'une vallée alluviale.
77
Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
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C. GESTION CONSERVATOIRE
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Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais
Tableau 18 : Définition des priorités de conservation des habitats naturels
Habitats naturels
Correspondance
phytosociologique
Rar.
NPdC
Men.
NPdC
Dir.
Hab
État de conservation sur le site
Communauté basale à
Frêne commun et Houblon
grimpant
All/ Alnion incanae
RR?
EN?
91E0*
Mal exprimée car modifiée par
les expérimentations INRA
Frênaie médioeuropéenne
à Prunier à grappes
Ass/ Pruno padi–
Fraxinetum excelsioris
Menaces sur le site
Degré
priorité
Actions à envisager
Menacé à moyen
terme par la
dégradation de la
qualité de l'eau
et le drainage
Prioritaire
- Non intervention au sein du
boisement (hors contraintes
réglementaires)
- arrêt des rejets domestiques au
sein du Bois Chenu
- maintien de niveaux d'eau
suffisants
RR?
EN?
91E0*
- bien exprimée (B. Chenu)
- structuration encore limitée
car boisement jeune
Prairie
inondable
à
Ass/ Eleocharito palustris –
Eléocharide des marais et
Oenanthetum fistulosae
Jonc articulé
-
VU
-
<100m² au sein de la prairie
fauchée
Menacée à
moyen terme par
l'eutrophisation
NP
Passage à 2 fauches
exportatrices de la prairie
Aulnaie marécageuse
Cirse maraîcher
-
VU
-
Bien exprimée à l'ouest du Bois
Chenu dans les zones non
drainées
Non menacée
NP
- Non intervention
- maintien des niveaux d'eau
-
NT
-
Bien exprimée dans la partie
centrale des prairies de
l'Escaut
Menacée à
moyen terme par
le boisement
NP
Maintien de la fauche de la
roselière par partie tous les 4 ans
-
NT
6430
Se retrouvent en liséré le long
des boisements ou en
mosaïque (prairie ou ligne EDF)
Menacées à long
terme par le
boisement et
l'eutrophisation
NP
Maintien du pâturage extensif et
de bandes non fauchées le
long des boisements
Végétations bien présentes
dans les eaux stagnantes
(mares) ou à faible courant
(Bois Chenu)
-forme à Ricciacées à favoriser
Menacées à court
terme par la
dégradation de la
qualité des eaux
NP
- Maintien des niveaux d'eau
- arrêt des rejets domestiques au
sein du Bois Chenu
Menacé à moyen
terme par la
dégradation de la
qualité de l'Escaut
NP
- Réflexions à l'échelle du bassin
versant de l'Escaut
- arrêt des rejets domestiques au
sein du Bois Chenu
Non menacée à
court terme
NP
Maintien des banquettes
vaseuses sur l'Escaut rivière
Roselière
asséchée
Phragmite
commun
Morelle douce-amère
à
à
Ass/ Solano dulcamarae–
et
Phragmitetum australis
Mégaphorbiaie
à
Cirse
maraîcher et Reine des prés
Mégaphorbiaie nitrophile à
Ortie dioïque et Liseron des
haies
Voile flottant
Lentille d’eau
à
Ass/ Cirsio oleracei–
Alnetum glutinosae
All/ Thalictro flavi–
Filipendulion ulmariae
Ass/ Urtico dioicae–
Calystegietum sepium
Petite
Voile à Lenticule à trois
lobes et Ricciacées
-
-
-
-
All/ Lemnion minoris
-
NT?
3150
Herbier
d'eaux
peu
Ass/ Veronico
profondes à Véronique des
beccabungae–
ruisseaux et Callitriche à
Callitrichetum platycarpae
fruits plats
-
NT?
3260
- Bien exprimé sur certains
hauts fonds de l'Escaut rivière
- plus fragmentaire au sein des
fossés du Bois Chenu
Végétation annuelle des
berges vaseuses exondées
Ass/ Bidenti tripartitae–
à
Bident
penché
et Polygonetum hydropiperis
Renoncule scélérate
-
-
3270
Cantonnée à quelques
banquettes vaseuses du lit
mineur de l'Escaut rivière
Tableau 19 : Définition des priorités de conservation des espèces végétales
Nom scientifique
Nom vernaculaire
Menace
NPdC
Rareté
NPdC
Menaces sur le site
Degré de
priorité
Actions à envisager
Ulmus laevis
Orme lisse
DD
E?
Menacé à long terme par
l'assèchement
NP
- Prospections complémentaires
- Non intervention au sein du Bois
Chenu
RR
Menacée à moyen terme
par l'eutrophisation et
l'assèchement
Prioritaire
- Fauche tardive exportatrice de
certaines berges de fossés
- Amélioration de la qualité des
eaux
État de la population
Geum rivale
Benoîte des ruisseaux
EN
Dactylorhiza
praetermissa
Dactylorhize négligée
VU
Menacée à court terme par
la fermeture de la prairie
Prioritaire
2 fauches exportatrices par an
Colchicum automnale
Colchique d'automne
NT
Menacé à moyen terme par
la fermeture des layons
NP
Débroussaillage régulier des
layons forestiers (servitudes RTE)
Achillea ptarmica
Achillée sternutatoire
NT
Non menacée
NP
Maintien d'un pâturage extensif
ou d'une fauche tardive
Ranunculus aquatilis
Renoncule aquatique
NT
Menacée à moyen terme
par la piscifaune introduite
NP
Retrait de la piscifaune introduite
dans la mare
Galium uliginosum
Gaillet des fanges
NT
Non menacé
NP
Maintien d'une gestion extensive
Scirpus sylvaticus
Scirpe des bois
Non menacé
NP
Maintien d'un pâturage extensif et
débroussaillage régulier des
layons forestiers
Tableau 20 : Définition des priorités de conservation des espèces fongiques
Nom scientifique
Arrhenia spathulata (Fries: Fr.) Redhead
Statut patrimonial
LRR
2
Clitopilus pinsitus (Fr. : Fr.)Josserand
3
Cortinarius evernius (Fr. : Fr.) Fr.
2
Crepidotus amygdalosporus Kühner
3
Crepidotus autochtonus J. E. Lange
3
D
2
Daldinia vernicosa (Schw.) Ces. & de Notaris
3
Entoloma minutum (P. Karsten) Noordeloos
1
Entoloma politum (Persoon: Fr.) Donk
C
Heleboma pusillum J.E. Lange ex J.E.Lange
C
Non évalué
Helvella ephippium Léveillé
3
Helvella minor (Velenovsky) S. Rauschert
3
C
Inocybe paludinella (Peck) Saccardo
Lactarius obscuratus (Lasch: Fr.) Fries
2
C
Langermannia gigantea (Batsch : Pers) Rostk.
Mycena bulbosa (Cejp) Kühner
Actions à envisager
NP
- Conservation de la mosaïque d'habitats et plus
particulièrement des milieux les plus riches en
espèces fongiques de valeur patrimoniale (le
bois mort, les mégaphorbiaies, les saulaies et
aulnaies)
- Non intervention au niveau du Bois Chenu
- Inventaire complémentaire
3
Crepidotus mollis var. Calolepis (Fr.) Pilat
Inocybe godeyi Gillet
Degré de
priorité
C
Clavulinopsis subtilis (FR. : FR.) Corner
Crepidotus brunneoroseus Courtecuisse
État de la population et
menaces sur le site
3
C
Mycena melligena (Berk. & Cke) Saccardo
2
3
Mycena rhenana Maas Geesteranus & Winterhoff
C
Neolentinus degener (Kalchbr.) Hrouda
D
Pholiotina vestita (Fries) Singer
C
2
Nom scientifique
Statut patrimonial
LRR
C
2
Pluteus hiatulus Romagnesi
Pluteus hispidulus (Fr. : Fr.) Gillet
3
Pluteus thomsonii (Berck. & Br.) Dennis
3
Psathyrella lutensis (Romagnesi) Watling & Richardson
C
3
Rhodotus palmatus (Bull. : Fr.) R. Maire
D
3
Russula pseudopuellaris (M.Bon) M. Bon
État de la population et
menaces sur le site
Actions à envisager
NP
- Conservation de la mosaïque d'habitats et plus
particulièrement des milieux les plus riches en
espèces fongiques de valeur patrimoniale (le
bois mort, les mégaphorbiaies, les saulaies et
aulnaies)
- Non intervention au niveau du Bois Chenu
- Inventaire complémentaire
Non évalué
P
Stropharia ochrocyanea M. Bon
Degré de
priorité
2
Tubaria autochtona (Berkeley & Broome) Saccardo
C
Xerocomus porosporus Imler
C
Xylaria longipes Nitschke
C
3
Tableau 21 : Définition de priorités de conservation des espèces animales
Mammifères
Nom scientifique
Nom vernaculaire
Oryctolagus cuniculus
LRR
Lapin de garenne
LRN
État de la population
Menaces sur le site
Degré de priorité
Actions à envisager
NT
Non évalué
Non menacé
NP
/
Avifaune
Nom scientifique
Nom
vernaculaire
LRR
Acrocephalus
schoenobaenus
Phragmite des
joncs
VU
Alcedo atthis
Martinpêcheur
Muscicapa
striata
Gobemouche
gris
LRN
LRE
Dir.
Oiseaux
Ann. 1
VU
État de la
population
Menaces sur le site
Degré de
priorité
Actions à envisager
Menacé à moyen terme par
l'assèchement et à long terme par le
boisement de la roselière
NP
- Maintien des niveaux d'eau
- Conservation de la roselière par des
fauches automnales alternées
Menacé à long terme par la pollution
des eaux et par la disparition des
zones de nidification (chablis)
NP
- Précision du statut de reproduction
- Amélioration de la qualité des eaux
Non menacé
NP
- Conservation des haies, des arbres
têtards et non intervention au sein du
Bois Chenu
Nom scientifique
Nom
vernaculaire
LRR
LRN
LRE
Dir.
Oiseaux
État de la
population
Degré de
priorité
Actions à envisager
Menacé à court terme par le
dérangement et à moyen terme
par le boisement de la roselière
Prioritaire
- Limitation du dérangement
- Conservation de la roselière par des
fauches automnales alternées
- Maintien de zones ouvertes (zones
de chasse) par fauche et pâturage
Menaces sur le site
Circus
aerginosus
Busard des
roseaux
Phylloscopus
trochilus
Pouillot fitis
NT
Menacé à long terme par le
vieillissement naturel des boisements
(Bois Chenu et parcelles INRA)
NP
- Maintien de secteurs en taillis
- Maintien des lisières arbustives
Pyrrhula pyrrhula
Bouvreuil
pivoine
VU
Non menacé
NP
- Conservation des haies, des arbres
têtards et non intervention au sein du
Bois Chenu
Streptopelia
turtur
Tourterelle des
bois
Non menacée
NP
- Maintien de linéaires de haies et
des boisements
- Maintien de lisières arbustives
Sylvia communis
Fauvette
grisette
Non menacée
NP
- Maintien de secteurs en taillis, des
lisières arbustives et de zones en
cours d'ourlification
Ann. 1
SPEC 3
NT
Orthoptères
Nom scientifique
Nom vernaculaire
LRR
Chrysochraon
dispar
Criquet des clairières
Conocephalus
dorsalis
Conocéphale des
roseaux
3
Ruspolia nitidula
Conocéphale
gracieux
?
3
État de la population sur
le site
Menaces sur le site
P3
Non revu depuis 2002
Menacé à court par
l'assèchement
P2
Non évalué mais l'espèce
semble bien présente
dans les secteurs les plus
hygrophiles
1 individu en 2008
LRN
Degré de
priorité
Actions à envisager
NP
- Gestion extensive des milieux prairiaux
(pâturage extensif, fauche tardive avec zones
refuges)
- Recherches spécifiques
Menacé à long terme par
un régime de fauche trop
fréquent et par
l'assèchement
NP
- Maintien d'une végétation prairiale assez
haute par pâturage extensif
- Création de zones refuges dans les secteurs
gérés par fauche tardive
Non identifiée
NP
Recherches spécifiques
Rhopalocères
LRN
État de la
population sur le
site
Menaces sur le site
3,4
1 individu en 2009
dans le Bois
Chenu
Poacées
3,4
Poacées
3,4
Nom
vernaculaire
Plantes hôtes
Apatura ilia
Petit Mars
changeant
Peupliers
(Populus tremula,
P. nigra et P.
italica) saules et
plus rarement
aulnes
Aphantopus
hyperanthus
Le Tristan
Thymelicus lineolus
L'Hespérie du
Dactyle
Nom scientifique
LRR
AR
Degré de
priorité
Actions à envisager
Menacé à moyen
terme par la
dégradation des
lisières
Prioritaire
- Préciser le statut de l'espèce
- Évolution naturelle du boisement alluvial (Bois
Chenu)
- Restauration des lisières au niveau des servitudes
RTF
Non évalué
Non menacé
NP
- Maintien de zones buissonnantes et de
mégaphorbiaies
Non évalué
Menacé à long
terme par la
fermeture du milieu
NP
- Maintien des milieux ouverts par fauche tardive et
pâturage extensif
Odonates
Nom
scientifique
Calopteryx
virgo
Nom
vernaculaire
Caloptéryx
vierge
Coenagrion
scitulum
Agrion mignon
Erythromma
lindenii
Agrion à longs
cercoïdes
Lestes dryas
Leste des bois
LRR
LRN
PC
5
PC
?
4
État de la population sur
le site
Menaces sur le site
Degré de
priorité
Actions à envisager
1 immature en 2009
dans le Bois Chenu
- Menacé à moyen terme par la
colonisation par les ligneux des servitudes
RTF
- Menacé à court terme par la dégradation
de la qualité de l'eau
Prioritaire
- Précision sur le statut de reproduction
- Débroussaillages des servitudes RTF en
maintenant des secteurs ombragés le
long des fossés
- Amélioration de la qualité de l'eau
1 tandem en 2008
(autochtonie probable)
Menacé à court terme par l'absence de
végétation aquatique (flottante et
immergée) dans la mare prairiale
NP
- Favoriser le développement des
végétations aquatiques en retirant la
piscifaune
- Création de mares prairiales
Ne se reproduit pas sur
le site
Non menacé à court terme
NP
/
1 femelle âgée en 2009
Menacé à court terme par la présence de
poissons dans la mare prairiale (prédation
des larves et destruction de la végétation
aquatique)
NP
- Recherches spécifiques de l'espèce
- Retrait de la piscifaune
Nom
scientifique
Nom
vernaculaire
LRR
Sympetrum
fonscolombii
Sympetrum de
Fonscolombe
PC
Sympetrum
flaveolum
Sympétrum
jaune
PC
LRN
4
État de la population sur
le site
Menaces sur le site
Degré de
priorité
Actions à envisager
Adultes et immature en
2009 (ne se reproduit
pas sur le site)
Non menacé à court terme
NP
/
Non revu depuis 2006
Menacé à long terme par le boisement
autour de la mare et par son atterrissement
NP
- Recherches spécifiques pour préciser
son statut d'autochtonie
- Maintien de dépressions humides
longuement inondables
Syrphes
Nom scientifique
Menacé
En déclin
Europe, Domaine
atlantique et
Belgique
Brachypalpus valgus
Brachyopa pilosa
Domaine
atlantique, Belgique
Cheilosia chrysocoma
Domaine
atlantique, Belgique
Temnostoma vespiforme
Domaine atlantique
Cheilosia cynocephala
Domaine
atlantique
Europe, Domaine
atlantique, France
État de la population
sur le site
Menaces sur le site
Degré de
priorité
Non évaluée (espèces
liées aux forêts
alluviales)
Menacée à long terme
par une baisse des
niveaux d'eau
Prioritaire
Non évaluée (espèces
liées aux forêts
alluviales)
Menacée à long terme
par une baisse des
niveaux d'eau
NP
Non évaluée (espèce
liée aux milieux ouverts
proches des cours
d'eau)
Menacée à moyen
terme par le boisement
des zones ouvertes en
bordure de l'Escaut rivière
Actions à envisager
- Non intervention au sein du Bois Chenu
- Maintien du bois mort au sol et sur pied
Prioritaire
NP
NP
- Non intervention au sein du Bois Chenu
- Maintien du bois mort au sol et sur pied
Maintien de zones ouvertes en bordure
de l'Escaut rivière par débroussaillage et
maintien du pâturage extensif
Mollusques
Nom scientifique
DH
LRE
LRN
État de la
population sur le site
Menaces sur le site
Degré de
priorité
Vertigo moulinsiana
Ann. II
VU
VU
Non évalué
Menacé à long terme par l'assèchement et
par le boisement des roselières et
parvoroselières
Prioritaire
- Préciser la répartition de l'espèce sur le site
- Fauche alternée des roselières
Non évalué
Non évaluée
NP
/
Balea perversa
K
Actions à envisager
C.1 PROBLÉMATIQUE ET ENJEUX
C.1.1 LA CONSERVATION DES HABITATS
Il faut distinguer les deux enjeux forts du site que sont, d'une part, la préservation des
habitats prairiaux typiques des vallées alluviales situés au nord de l'Escaut rivière et,
d'autre part, la préservation du boisement alluvial à Frêne commun et Prunier à
grappes au sud.
Dans le premier cas, la gestion conservatoire par fauche et pâturage mise en place
depuis plus de 10 ans sur les Prairies de l'Escaut a permis de contrôler le boisement, de
maintenir la mosaïque d'habitats (mégaphorbiaies, cariçaie...) et d'assurer la
préservation des végétations prairiales. Le partenariat engagé avec l'exploitant
agricole a permis une valorisation des foins et une exportation de ces derniers, dans un
but de diminuer le niveau trophique des prairies. Au terme de ces années de gestion, il
apparaît qu'une fauche annuelle des prairies ne suffit pas pour baisser cette trophie et
deux fauches par an seront donc proposées dans le cadre de ce renouvellement. Les
inondations de l'Escaut apportent en effet une quantité de matières en suspension de
plus en plus importante (problème d'érosion de terres agricoles en amont du site). Le
pâturage extensif de la prairie a permis un contrôle des rejets de ligneux et cette
pratique sera donc maintenue dans ce plan de gestion et proposée selon les mêmes
termes dans la partie située au nord du Chemin noir.
Concernant les boisements alluviaux, la gestion doit se faire à plusieurs niveaux: à
l'échelle du site, la non-intervention permettra une meilleure expression et une meilleure
structuration de cette frênaie, emblématique du secteur mais aussi de la région. Le
maintien des niveaux d'eau dans le maillage de fossés est un élément indispensable à
la préservation de cet habitat (la nappe d'eau doit se situer entre 30 et 50 cm de
profondeur, hors période de crues). A l'échelle du complexe hydrographique (bassin
de l'Escaut), les enjeux sont liés à la préservation de la dynamique du cours d'eau (et
donc des crues) et la gestion de la qualité physico-chimique des eaux du bassin
versant. Ce travail devra être porté et constituer un objectif fort pour la structure
porteuse du futur SAGE de l'Escaut.
C.1.2 LA CONSERVATION DES ESPÈCES
C.1.2.1 LA FLORE
Le site accueil 8 espèces d'intérêt patrimonial dont 2 sont identifiées comme prioritaires
dans ce plan de gestion : la Benoîte des ruisseaux et la Dactylorhize négligée. Ces deux
espèces sont menacées sur le site par l'augmentation moyenne de la hauteur de
végétation et par le développement des espèces des mégaphorbiaies.
L'enrichissement trophique du milieu est la principale cause de dégradation des
habitats de ces deux espèces.
Des opérations spécifiques de gestion des habitats de ces deux espèces remarquables
seront réalisées. La prairie où se développe la Dactylorhize négligée sera fauchée deux
fois dans l'année avec exportation des foins et les berges des fossés où se développe la
Benoîte des ruisseaux feront l'objet de fauches tardives exportatrices. Des suivis
permettront d'évaluer les impacts de ces opérations sur ces espèces patrimoniales
prioritaires.
Les autres espèces remarquables du site présentent des populations importantes ou ne
sont pas menacées à court terme et ne nécessitent donc pas d'intervention spécifique
immédiate.
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C.1.2.2 LA FONGE
La Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière présente un intérêt patrimonial non
négligeable lié à la présence de plusieurs espèces fortement menacées dans la région
(cf. tableau 20). Le secteur du Bois Chenu est un boisement jeune en pleine dynamique
évolutive. Par conséquent le cortège fongique associé est, lui aussi, en pleine évolution
en terme de composition.
D'après GOSSELET (2002), les données sont encore en nombre insuffisant pour pouvoir
atteindre un niveau de connaissance permettant d'influencer la gestion écologique et
conservatoire du site. Des compléments d'inventaires fourniront une meilleure
évaluation de la diversité effective du site et peut-être une évaluation patrimoniale plus
fine. Dans l'attente de futures investigations, les espèces mentionnées ne seront pas
considérées comme prioritaires.
Cependant, d'ores et déjà, pour favoriser le maintien des populations fongiques
existantes sur le site et aussi pour permettre à la dynamique fongique de s'exprimer de
manière optimale, la gestion du site devra :
✔
favoriser la conservation d'une mosaïque d'habitats et éviter la disparition
d'habitats. Certains habitats de champignons s'accommodent par ailleurs très
bien de déplacements dans l'espace (tas de bois, etc...) ;
✔
maintenir, voire favoriser les milieux les plus riches en espèces fongiques de
valeur patrimoniale. La liste fongique du site (cf. annexe IX) montre que les
milieux les plus intéressants pour les espèces patrimoniales (catégories 1, 2 et 3)
sont : le bois mort, les mégaphorbiaies, les saulaies et aulnaies fangeuses et,
éventuellement, quelques formations prairiales environnantes.
Le maintien de bois mort sur le site est essentiel pour préserver son intérêt en terme de
diversité fongique (ce qui est vrai également pour la composante entomologique de la
diversité locale) ; l'hydrologie du secteur doit également être gérée de manière à
préserver les boisements humides et les mégaphorbiaies (GOSSELET, 2002).
C.1.2.3 LA FAUNE
La connaissance de la faune est, pour la plupart des groupes étudiés, bonne sur la
Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière. Pour certains groupes comme les
oiseaux nicheurs, les odonates ou les orthoptères, des inventaires et des suivis sont
réalisés depuis 1996, au moins pour la partie des prairies de l'Escaut gérée par le
Conservatoire depuis cette même date. Cependant, l'intégration du Bois Chenu dans
le périmètre en gestion révèle de nouveaux enjeux et la connaissance naturaliste
devra être améliorée dans ce secteur notamment concernant l'entomofaune.
Concernant l'avifaune, l'enjeu se concentre sur les espèces des roselières avec la
présence de deux espèces patrimoniales prioritaires : le Busard des roseaux et le
Phragmite des joncs. Le système de fauche automnale alterné de la roselière a permis
la nidification annuelle du Busard des roseaux et le retour du Phragmite des joncs en
tant que nicheur en 2006 (l'espèce n'avait plus été revue sur le site depuis 1997). Aux
regards des résultats positifs sur l'avifaune paludicole, cette fauche sera reconduite
dans ce plan de gestion.
Un autre enjeu majeur pour la faune concerne la présence d'une odonatofaune
diversifiée et la présence d'espèces peu communes dans la région et rares dans le
Cambrésis. La conservation de ces espèces passera par le maintien des habitats
aquatiques nécessaires à leur développement, autant dans le secteur des prairies de
l'Escaut (conservation et gestion de la mare et de ses abords) que dans le secteur du
Bois Chenu (conservation de milieux ouverts au sein du boisement). La restauration d'un
réseau de mares dans le secteur prairial est un objectif engagé depuis 1996 qui sera
poursuivi.
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Le boisement alluvial du Bois Chenu est particulièrement intéressant pour la faune, de
part la rareté de cet habitat dans la région. Pour le moment, peu d'espèces
caractéristiques des boisements alluviaux ont été découvertes sur le site, sans doute à
cause de la relative jeunesse de ce milieu. Notons tout de même la présence du Petit
Mars changeant, espèce de papillon assez rare dans la région. Par ailleurs, l'analyse de
l'inventaire des syrphes (actuellement en cours) mené en 2009 par le Conservatoire,
laisse déjà entrevoir la présence d'espèce rares liées à ces milieux. Des inventaires
complémentaires menés sur d'autres groupes d'insectes comme les saproxylophages,
pourraient apporter des éléments intéressants pour orienter la gestion de ce boisement.
En l'état actuel des connaissances, le boisement alluvial sera conservé en l'état en
favorisant son évolution naturelle et en veillant à conserver les niveaux d'eau. La
fauche des servitudes RTE répond à une obligation réglementaire mais permet aussi de
diversifier les habitats en créant un effet lisière, favorable à de nombreuses espèces de
faune.
Enfin, notons la présence de Vertigo moulinsiana, mollusque inscrit à la Directive
européenne « Habitats-Faune-Flore » dans une cariçaie côté prairies de l'Escaut. Sa
distribution sur le site est encore mal connue et des compléments d'inventaires seront
nécessaires pour orienter la gestion en faveur de cette espèce patrimoniale prioritaire.
C.1.3 LA SENSIBILISATION DU PUBLIC
L'information sur les richesses et la fragilité de la Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut
rivière est essentielle pour mener à bien une gestion conservatoire avec le soutien et la
participation de la population. Cet enjeu est essentiel dans le contexte péri-urbain
dans lequel s'inscrit la Réserve. La valorisation du site auprès du public pourra être
assurée par la mise en place de visites organisées par le Conservatoire, en fonction des
sollicitations. La pose d'une passerelle enjambant l'Escaut a permis de reconnecter le
Chemin noir à la boucle du Bois Chenu. Le remplacement des panneaux
d'interprétation et la pose d'un panneau d'accueil, respectant l'identité graphique des
RNR, permettra au public de découvrir le site en autonomie.
C.1.4 FACTEURS POUVANT AVOIR UNE INFLUENCE SUR LE GESTION
C.1.4.1 TENDANCES NATURELLES
C.1.4.1.1 DYNAMIQUE DE LA VÉGÉTATION
Les mares du site subissent le processus naturel d’atterrissement. Ce phénomène est du
à l’accumulation de matière organique provenant de feuilles et de branches d’arbres
ainsi qu’à la colonisation des berges par les grands hélophytes. Ainsi, l'ancien étang
Chenu d'une superficie d'environ un hectare, est aujourd'hui totalement colonisé par la
roselière.
Par ailleurs, la dynamique naturelle de la végétation des prairies humides tend vers un
le boisement. Cette dynamique est bloquée par le débroussaillage des ligneux, la
fauche et le pâturage. L’arrêt de ces opérations conduirait, à terme, à un boisement
du site et à la disparition des espèces inféodées aux milieux ouverts.
C.1.4.1.2 IMPACT DES POPULATIONS ANIMALES
Le Rat musqué peut avoir un fort impact sur l'hydraulique en général. En effet, cet
animal circule notamment par un réseau de galeries souterraines, qui lui permettent de
passer du milieu aquatique au milieu terrestre. Cette stratégie interfère fortement sur le
milieu puisque les berges ainsi minées s'effondrent. Sur le site, son action pourrait se faire
ressentir au niveau des berges de l'Escaut et des fossés.
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C.1.4.2 TENDANCES DIRECTEMENT INDUITES PAR L'HOMME
C.1.4.2.1 LE PÂTURAGE EXTENSIF ET LA FAUCHE
Comme vu précédemment, le pâturage et la fauche sont pratiqués de manière
extensive sur la prairie depuis 1998. La charge de pâturage et la fréquence de fauche
sont conditionnées par les disponibilités en bétail de l'exploitant et les niveaux d'eau.
On constate depuis plusieurs années une fermeture progressive du milieu
principalement dû à une trop faible pression de pâturage. Les traitements
prophylactiques des animaux de M. FRANCOIS sont réalisés à la sortie des prairies, à
l'étable. Par conséquent, ces traitements n'ont aucun impact sur l'entomofaune
coprophage.
C.1.4.2.2 ENRICHISSEMENT TROPHIQUE DU SOL
Il est possible que le niveau trophique élevé des prairies, malgré une fauche et un
pâturage régulier, soit le résultat de plusieurs facteurs :
✔
d'une part, les praires de l'Escaut ont été cultivées (avant 1984) pouvant
expliquer l'eutrophisation des sols ;
✔
d'autre part, le site subit un enrichissement en éléments nutritifs (azote
notamment) lors des débordements de l'Escaut rivière.
C.1.4.2.3 LA CHASSE
Deux à trois battues sont réalisées annuellement, généralement en octobre-novembre.
La chasse est donc peu pratiquée sur le site et n'a qu'un faible impact sur la
biodiversité. Les dates de chasse sont fixées par la Société de chasse communale puis
transmises à la commune.
Cette activité, bien que peu intensive, induit un certain nombre d'aménagements,
essentiellement dans le Bois Chenu. Des passerelles en bois, facilitant le franchissement
des fossés, ont été installées et permettent d'accéder aux nombreux agrainoirs
dispersés en sous bois et à un râtelier à foin installé au cœur du boisement. Depuis
quelques années, la pratique de l'agrainage est de moins en moins régulière mais le
marquage des arbres à la peinture pour repérer les agrainoirs est toujours très visible.
C.1.4.2.4 LA CIRCULATION ROUTIÈRE
La circulation routière sur la rue Maurice Camiers, qui longe l’extrémité est des prairies
de l'Escaut, est potentiellement une contrainte pour la mise en place d’une gestion
conservatoire. Une importante mortalité d'amphibiens était constatée lors de leur
migration prénuptiale des prairies vers une mare située de l'autre côté de la rue
Maurice Camiers. La réalisation d'un aménagement s'est donc avéré nécessaire. Pour
poursuivre la rétention des amphibiens du côté de la mare, le dispositif nécessite un
entretien régulier (débroussaillage, réparation des bâches).
C.1.4.2.5 LA FRÉQUENTATION PAR LE PUBLIC
La fréquentation du Chemin noir est importante en raison de la situation péri-urbaine
de la Réserve Naturelle Régionale.
A l’entrée du site, une signalétique accueillant le public présente le Bois Chenu et les
prairies de l’Escaut comme un Parc écologique urbain. De part et d’autre du Chemin
noir et près de la mare, des panneaux présentent plus en détail la biodiversité du site
mais ne font pas mention de la gestion écologique effectuée et du classement du site
en RNR et de sa réglementation.
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L'importante fréquentation du site s’accompagne de nombreux dépôts de déchets au
niveau du point d’observation sur la prairie pâturée et de la mare, engendrant non
seulement un impact visuel mais aussi une eutrophisation du milieu. Les promeneurs ont
aussi l’habitude de nourrir les canards, favorisant ce stationnement artificiel.
Un passage d’homme a été installé pour permettre aux pécheurs d'accéder aux
berges de l'Escaut au niveau de la prairie pâturée au nord des prairies de l'Escaut.
Une fréquentation plus régulière, hors des sentiers, pourrait induire un dérangement
important et s'avérer non favorable avec la nidification du Busard des roseaux,
particulièrement sensible au dérangement. Des passages dans la roselière ont d'ailleurs
été constatés au cours de l'été 2009. Enfin, le sentier du Bois Chenu est parfois
emprunté par des quads. La fréquentation de ce secteur fragile par des véhicules à
moteur pourrait être la cause d'un dérangement important de la faune, de la
destruction d'habitats naturels et d'espèces remarquables et de la dégradation du
sentier. Par conséquent, cette activité est peu compatible avec la conservation du
patrimoine naturel.
C.1.4.2.6 LA PRÉSENCE DE PISCIFAUNE DANS LA MARE
Des poissons ont été introduits illicitement afin de créer une activité de pêche, pourtant
interdite sur le site, ce qui a entraîné l’augmentation de la fréquentation de la mare. La
présence de poissons augmente la pression de prédation sur les amphibiens, les larves
de libellules et autres espèces aquatiques. Les plus gros poissons (carpes...) empêchent
l’installation de plantes aquatiques qui sont des habitats pour les larves des amphibiens
et des libellules, groupes présentant un enjeu majeur de préservation. Malgré
l'évacuation de la piscifaune au filet en 2007, la présence de poissons a de nouveau
été constatée récemment (introduction volontaire). Afin de lutter efficacement contre
la présence d'une telle faune, il conviendrait de réaliser une pêche électrique
permettant d'évacuer l'ensemble des poissons.
C.1.4.3 FACTEURS EXTÉRIEURS
C.1.4.3.1 L'ENVIRONNEMENT AGRICOLE
La Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière se trouve dans un contexte de
cultures intensives. Les amendements et les traitements chimiques pulvérisés sur les sols
alentours ont des conséquences directes sur le site : le ruissellement entraîne les produits
phytosanitaires et les engrais vers les fossés et dégrade ainsi la qualité des eaux. Par
ailleurs, les retombées de produits phytosanitaires ou d'intrants, poussées sur le site par
les vents dominants, peuvent enrichir le sol et détruire l'entomofaune et la maillons
supérieurs de la chaîne alimentaire.
En outre, l'adoption de pratiques culturales déstructurant le sol et de la non-protection
du sol en hiver (couverture végétale faible quand les précipitations sont importantes)
sont à l'origine du transfert de nombreuses particules de sol dans les fossés de la réserve
accélérant ainsi leur atterrissement.
C.1.4.3.2 LA POLLUTION D'ORIGINE DOMESTIQUE
La qualité de l'eau de certains fossés du Bois Chenu est fortement dégradée par des
rejets existants en amont du boisement. La couleur blanche de l'eau trahit la présence
de polluants d’origine domestique comme l'ammonium et/ou le phosphore. La
proximité du lotissement est probablement à l'origine de cette pollution diffuse par le
biais de branchements illégaux sur le réseau d'eaux pluviales.
92
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C.1.4.3.3 LA GESTION DES NIVEAUX D'EAU
Le niveau d'eau de l'Escaut est régulé par les services des Voies Navigables de France.
Cela perturbe les phénomènes de crues de l'Escaut : le fonctionnement normal de la
zone humide est donc modifié. Ce facteur est à prendre en compte dans la gestion,
étant donné son influence importante sur le boisement alluvial.
C.1.4.4 CONTRAINTES JURIDIQUES
C.1.4.4.1 LES RÉGLEMENTATIONS ET MESURES CONTRACTUELLES
Une partie de la RNR est gérée dans le cadre d’un bail emphytéotique entre la
commune propriétaire du site et le Conservatoire. Les décisions prises sur la gestion du
site sont prises en concertation avec la commune. Le bail emphytéotique, d’une durée
de 21 ans, expire en 2017. La gestion et la préservation de la biodiversité n’est assurée
qu’à moyen terme.
Par ailleurs, le Conservatoire des Sites Naturels a signé une convention de gestion
agricole avec un exploitant agricole de la commune de Marcoing, M. Georges
FRANCOIS concernant les parcelles des prairies de l'Escaut (parcelles n° 1024 (en
partie), 1203, 1204, 1208 et 1209). Cette convention, consentie et acceptée pour une
durée de 5 années à compter du 15 mai 2007 et jusqu'au 15 mai 2012, précise les
modalités de fauche et de pâturage.
C.1.4.4.2 LE CLASSEMENT EN ZONE N DANS LE PLU
Le site est inscrit zone N (zone naturelle et forestière) au Plan Local d'Urbanisme de la
commune de Proville. Ce classement correspond « aux secteurs, équipés ou non, à
protéger en raison notamment soit de la qualité des sites, des milieux naturels, des
paysages et de leur intérêt, notamment du point de vue esthétique, historique ou
écologique, soit de leur caractère d’espaces naturels (article R 123-8 du Code de
l'urbanisme) ».
On distingue au sein du site les secteurs classés en zone Nh des Espaces Boisés Classés
(EBC). Les zones Nh correspondant aux secteurs prairiaux où l’extension limitée des
habitations isolées existantes est autorisée. Les EBC correspondent à l'ensemble des
boisements présents sur le site (Bois Chenu et parcelles expérimentales de l'INRA). Cette
dernière mesure de classement a pour conséquence d’interdire tout changement
d’affectation sur ces terrains, susceptible de compromettre la conservation ou la
création de ces boisements. La demande d’autorisation de défrichement est rejetée
de plein droit. Tout abattage ou coupe d’arbre est soumis à autorisation expresse. Les
terrains concernés sont pratiquement inconstructibles.
C.1.4.4.3 LE CLASSEMENT EN RÉSERVE NATURELLE RÉGIONALE
Une demande de classement en RNR a été faite en 2009 et devrait être effective fin
2010, pour une période de 10 ans reconductible. Un comité consultatif de gestion, un
règlement et un gestionnaire seront définis.
Le site bénéficiera donc à ce titre d'une protection réglementaire forte. Le classement
en RNR permet une protection durable et efficace grâce à une réglementation des
activités et à une gestion locale et concertée.
C.1.4.4.4 LES SERVITUDES
Trois servitudes existent sur le site :
✔
une concernant le réseau de distribution d'EDF. Les lignes de moyenne et haute
tension traversant le site, principalement au niveau du Bois Chenu, induisent une
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gestion des ligneux en dessous et aux abords de ces lignes. Après accord avec
le gestionnaire du Réseau de Transport d'Électricité, le CSN a pris en charge la
gestion de cette servitude ;
✔
une concernant le réseau de distribution de GDF induisant une gestion des
ligneux dans l'emprise de la servitude (bande de 4 mètres de largeur). En
accord avec Gaz de France, le Conservatoire des Sites Naturels a en charge la
gestion de cette servitude. De plus, Gaz de France s'est engagé à prévenir le
Conservatoire préalablement à toute intervention ;
✔
la dernière concernant les berges de l'Escaut de 4 mètres de part et d'autre
pour permettre l'entretien et de curage du cours d'eau.
Tableau 22 : Facteurs pouvant avoir une influence sur la gestion
Facteurs pouvant avoir une influence sur la gestion
Conséquences sur les milieux naturels et le
fonctionnement du site
Tendances naturelles
La dynamique végétale
- Atterrissement des mares ;
- Embroussaillement/boisement des zones ouvertes
L'impact de la faune sauvage
- Dégradation des berges
Tendances directement induites par l'homme
Le pâturage extensif et la fauche
- Maintien des milieux herbacés ;
- Embroussaillement en cas de pression de pâturage trop
faible
Enrichissement trophique du sol
- Fréquentation importante du site
- Enrichissement du sol lors des inondations de l'Escaut
La chasse
- Faible dérangement pour la faune ;
- Artificialisation du milieu ;
- Compatibilité avec l'ouverture au public
La circulation routière
- Entretien du dispositif amphibien
La fréquentation par le public
- Eutrophisation et piétinement du milieu ;
- Dégradation visuelle du site (déchets...) ;
- Fuite de la faune sensible au dérangement ;
La présence de piscifaune dans la mare
- Augmentation de la fréquentation ;
- Absence d'une végétation aquatique favorable aux
odonates et aux amphibiens ;
- Prédation importante sur la faune aquatique
Facteurs extérieurs
L'environnement agricole
- Dégradation de la qualité de l'eau des fossés ;
- Enrichissement du sol par retombée d'engrais ;
- Destruction de l'entomofaune par retombée de produits
phytosanitaires
La pollution d'origine domestique
- Dégradation de la qualité de l'eau des fossés
La gestion des niveaux d'eau
- Modification du fonctionnement normal de la zone
humide
Contraintes juridiques
Les réglementations et mesures contractuelles
- Pérennité du partenariat commune/CSN
- Pérennité du partenariat exploitant agricole/CSN
Le classement en zone N et EBC dans le PLU
- Préservation à moyen terme du site
Le classement en Réserve Naturelle Régionale
- Préservation à long terme du site et de biodiversité
Les servitudes
- Obligation d'entretien des servitudes
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C.2 OBJECTIFS A LONG TERME
Les objectifs à long terme du plan de gestion sont déterminés en fonction des priorités
tout en tenant compte principalement des contraintes techniques inhérentes à la
gestion et secondairement des potentialités pédagogiques du site.
Concernant les prairies gérées par le CSN depuis 1997, on se basera sur les objectifs
définis dans le plan des gestion 2007-2011, qui seront actualisés. Sur ces secteurs, les
priorités en terme d’action à mener concernent donc la poursuite de la gestion
conservatoire (pâturage et fauche principalement). De nouveaux objectifs seront
définis pour les secteurs dont la gestion n'était pas prise en charge par le Conservatoire
des Sites Naturels (Bois Chenu, prairie et boisements au nord du Chemin noir).
Les objectifs à long terme sur le site sont :
OBJECTIF A : Assurer la conservation des espèces et des habitats naturels patrimoniaux
On distingue deux principaux objectifs du plan de gestion, en fonction des deux
grandes entités écologiques. Le premier objectif est la conservation d'une mosaïque de
milieux hygrophiles ouverts (prairies, roselière, mégaphorbiaie...) qui concerne
principalement le secteur des prairies de l'Escaut. Le deuxième objectif majeur est la
conservation du boisement alluvial et concerne principalement le secteur du Bois
Chenu.
OBJECTIF B : Améliorer la connaissance de la diversité biologique et du fonctionnement
écologique du site
La connaissance des espèces, des habitats naturels et du fonctionnement écologique
du site est une condition nécessaire à la définition des enjeux et des objectifs.
L'amélioration continue de la connaissance permet, en outre, d'évaluer les
conséquences de la gestion.
Bien que la connaissance du site soit déjà importante, quelques lacunes subsistent
concernant notamment le secteur du Bois Chenu. Un effort particulier sera porté sur les
espèces d'intérêt patrimonial et sur les espèces ou des groupes d'espèces fonctionnels
peu connus sur le site. Enfin, l'amélioration de la compréhension du fonctionnement
hydraulique devrait permettre de mieux appréhender la dynamique végétale et les
potentialités de restauration du site.
OBJECTIF C : Mettre en valeur les richesses du site et favoriser son intégration dans le
contexte local
L'information et la sensibilisation du public est un objectif engagé depuis plusieurs
années par le Conservatoire en partenariat avec la commune. Cet objectif sera
poursuivi mais nécessitera une actualisation de la signalétique et des documents de
sensibilisation (plaquette de présentation, panneaux...).
La conservation du patrimoine naturel de la Réserve ne peut s'envisager sans le soutien
de tous les acteurs locaux. Les partenariats noués depuis plusieurs années devront être
pérennisés dans le cadre de rencontres et d'échanges régulières entre le propriétaire,
les usagers et le gestionnaire de la Réserve.
95
Réserve Naturelle Régionale de l'Escaut rivière (Proville, 59) – Plan de gestion 2010-2014
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C.3 LES OBJECTIFS DU PLAN DE GESTION
C.3.1 CONSERVATION
DE LA MOSAÏQUE D'HABITATS HYGROPHILES À
MÉSOHYGROPHILES OUVERTS ET DES ESPÈCES PATRIMONIALES QUI LUI SONT
ASSOCIÉES
D'un point de vue écologique, les milieux ouverts sont très riches et indispensables au
maintien de nombreuses espèces remarquables comme la Dactylorhize négligée au
niveau des prairies de fauche ou du Vertigo moulinsiana au sein des cariçaies. Depuis
1997, le Conservatoire, en partenariat avec la commune, s'est engagé dans la
restauration de ces milieux ouverts. Une gestion conservatoire par fauche tardive et
pâturage extensif ont ensuite été mis en place et ont permis de maintenir ces milieux
et de préserver les populations de certaines espèces patrimoniales prioritaires. La
gestion par fauche et pâturage des prairies de l'Escaut et la fauche exportée des
roselières seront donc maintenues.
C.3.2 CONSERVATION D'UN PAYSAGE BOCAGER TRADITIONNEL
Le paysage traditionnel des vallées alluviales est composé d'une diversité d'éléments,
allant de la forêt aux prairies bocagères. Dans le Cambrésis, le bocage a été fortement
dégradé et a été relégué aux zones les moins productives, notamment dans les vallées
alluviales, où l'élevage domine.
Depuis 1997, le Conservatoire et la commune de Proville ont entrepris de restaurer ce
paysage traditionnel par la plantation de linéaires de haies et la taille des arbres
têtards. Dans la continuité de ces interventions, quelques linéaires de haies seront
plantés et les haies existantes seront entretenues. Afin d'anticiper la disparition des plus
anciens saules têtards, de nouveaux arbres seront plantés et conduits en têtards.
C.3.3 DYNAMISER LA ROSELIÈRE EN FAVEUR DU BUSARD DES ROSEAUX
Espèce patrimoniale prioritaire de ce plan de gestion, le Busard des roseaux niche sur le
site de manière régulière depuis 1997. Ce rapace, inscrit à l'annexe I de la Directive
européenne « Oiseaux », niche dans la roselière issue de l'atterrissement de l'ancien
étang Chenu, à l'est des prairies de l'Escaut. La fauche alternée a permis depuis 1997
de maintenir les conditions de nidification de l'espèce et sera donc poursuivie. Le
maintien de la roselière est de plus favorable à d'autres espèces d'intérêt patrimonial
comme le Phragmite des joncs et la Gorgebleue à miroir.
C.3.4 CONSERVATION
DU
BOISEMENT
ALLUVIAL
ET
DES
ESPÈCES
PATRIMONIALES QUI LUI SONT ASSOCIÉES
Les forêts alluviales sont des milieux très intéressants d'un point de vue écologique et
fonctionnel. Les conditions particulières de ces milieux génèrent une grande diversité
de caractéristiques écologiques, notamment au sein des écotones, qui favorisent la
présence d'une grande diversité biologique. Elles participent aussi au fonctionnement
des hydrosystèmes et à la fonctionnalité des écosystèmes à l'échelle du territoire. Ces
complexes offrent en outre des habitats favorables à de nombreuses espèces
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remarquables. Ces habitats forestiers ont été touchés par diverses actions
anthropiques : déboisement au profit d'activités agricoles, travaux hydrauliques divers
(endiguements, régularisation, captages...)... qui ont fortement contribué à en réduire
la superficie ou à modifier les conditions physiques.
Les forêts alluviales évoluent naturellement en fonction des processus internes
(évolutions des sols, compétitions entre espèces...) et des événements périodiques et
exceptionnels (crues, érosion...) qui les touchent. Elles sont à même de s'adapter aux
nouvelles conditions du milieu. La non-intervention, qui est à considérer comme un
principe de gestion, sera donc préconisée pour le Bois Chenu. Par ailleurs, le maintien
d'une quantité significative d'arbres morts et d'arbres à cavités, ainsi que de bois mort
ou pourrissant au sol, permettront de conserver ces habitats particuliers où se
développent les espèces saproxylophages.
Dans le cadre de l'expérimentation menée par le CRPF sur l'étude de la faisabilité
technique et économique des boisements mélangés à base de peuplier, une réflexion
sur le devenir des plantations sera engagée en collaboration avec le CRPF.
La gestion des servitudes répond à une obligation réglementaire et à un objectif
écologique. D'un point de vue réglementaire, elles doivent être régulièrement
déboisées pour limiter l'accroissement des ligneux du fait de présence des lignes
électriques. Au niveau écologique, maintenues à l'état herbacé par un débroussaillage
et par une fauche exportée régulière, elles sont l'habitat d'une population de
Colchique d'automne, du Scirpe des bois et de nombreuses espèces de faune. La
gestion des lisières entre le boisement et la zone centrale des servitudes favorisera la
création d'écotones diversifiés.
Enfin, les conditions optimales de développement de Geum rivale seront restaurées par
des fauches tardives exportées des berges où se développe l'espèce.
C.3.5 RESTAURATION D'UN RÉSEAU DE MARES PRAIRIALES EN FAVEUR DE
LA FAUNE ET DE LA FLORE AQUATIQUE
L'objectif de restauration d'un réseau de mares prairiales a été engagé depuis plusieurs
années par la création et la restauration de mares et de leurs abords dans le secteur
des prairies de l'Escaut. Régulièrement, de nouvelles mares aux paramètres variés
(profil, profondeur, orientation...) sont créées. Dans la poursuite de cet objectif, les
abords de la grande mare prairiale seront maintenus ouverts et la piscifaune sera
évacuée. Une nouvelle mare peu profonde sera créée dans la prairie de fauche et
devra répondre aux exigences écologiques particulières de deux espèces de libellule
d'intérêt patrimonial, le Leste des bois et le Sympétrum jaune qui se développent dans
des eaux stagnantes pouvant s'assécher en été.
C.3.6 AMÉLIORATION
DE
LA
CONNAISSANCE
DES
ESPÈCES
PATRIMONIALES PRIORITAIRES
Deux espèces sont concernées par cet objectif : Vertigo moulinsiana, inscrit à l'annexe
II de la Directive européenne « Habitats-Faune-Flore » et Calopteryx virgo, espèce peu
commune dans la région. Ces espèces feront l'objet de suivis spécifiques visant à
préciser leur distribution sur le site et les facteurs qui conditionnent cette répartition. En
fonction des résultats de ces suivis, des opérations de gestion ciblées pourront être
programmées pour améliorer les conditions d'accueil de ces espèces.
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C.3.7 COMPLÉMENTS D'INVENTAIRES POUR L'ÉVALUATION PATRIMONIALE
Des inventaires concernant des groupes non ou insuffisamment étudiés jusqu'à
maintenant seront réalisés dans le but d'accroître la connaissance écologique du site
et éventuellement d'identifier de nouvelles espèces patrimoniales.
Ces inventaires concerneront prioritairement le secteur du Bois Chenu où la
connaissance est moins avancée que pour celui des prairies de l'Escaut. La présence
de bois mort sur pied ou au sol, procure aux forêts gérées extensivement une valeur
écologique supplémentaire. Ces micro-habitats sont le lieu de développement
d'espèces saproxylophages de champignons ou d'invertébrés qui pourraient faire
l'objet d'inventaires complémentaires.
C.3.8 AMÉLIORATION
DE LA COMPRÉHENSION DU FONCTIONNEMENT
HYDRAULIQUE
Le maintien de la mosaïque de milieux alluviaux (forêt, mégaphorbiaie, roselière, prairie
humide...) dépend en premier lieu des caractéristiques propres aux hydrosystèmes et
de leur maintien dans le temps. Dès lors, toutes les actions modifiant le régime des crues
ou le niveau des cours d'eau à l'étiage, sont susceptibles de modifier les
caractéristiques de ces habitats. Le fonctionnement naturel de l'Escaut rivière a été
modifié lors de la construction du canal de Saint-Quentin et les niveaux d'eau sont
gérés artificiellement par Voies Navigables de France par l'intermédiaire de vannes et
de barrages.
Avant d'envisager toute action de restauration du fonctionnement naturel de
l'hydrosystème, il est nécessaire de disposer d'une bonne connaissance du
fonctionnement du système hydrologique et en premier lieu de celui de la nappe
alluviale. La principale opération consiste donc à suivre sur plusieurs années le niveau
de la nappe alluviale par l'intermédiaire d'une sonde piézomètrique.
C.3.9 INFORMATION ET SENSIBILISATION DU PUBLIC
L'objectif est de développer une meilleure connaissance et donc un plus grand respect
du site par les usagers. Plusieurs supports de communication ont déjà été réalisés pour
répondre à cet objectif : panneaux de présentation du site, panneaux
d'interprétations, plaquettes de présentation du site. Tout ces supports de
communication sont anciens et les informations qu'ils contiennent ne sont plus en
adéquation avec l'aspect paysager et la réglementation de la Réserve. L'ensemble
des supports de communication sera donc actualisé dans le respect de la charte
graphique des Réserves naturelles régionales.
L'entretien du sentier, réalisé par la commune, sera poursuivi pour permettre au public
de découvrir le site dans de bonnes conditions.
Enfin, des visites pédagogiques et des animations scolaires permettront de faire
découvrir le site à la population locale.
C.3.10 PÉRENNISATION DES PARTENARIATS LOCAUX
La concertation engagée depuis 1998 par le CSN en vue de conserver les richesses
écologiques du site ayant porté es fruits, cette action sera poursuivie. Elle prendra
principalement la forme d'échanges et de rencontres régulières avec les différents
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acteurs concernés par le projet de conservation et par une réunion annuelle du
Comité Consultatif de Gestion, conformément à la réglementation de la Réserve. Des
opérations de gestion pourront être réalisées dans le cadre de chantiers de bénévoles,
associant naturalistes et usagers.
Un point sera fait avec la commune et les habitants riverains du Bois Chenu sur l'impact
des rejets d'eau polluée sur le boisement alluvial et sur l'Escaut. Des propositions visant à
améliorer la qualité de l'eau pourront être formulées.
C.3.11 GARANTIR
LA SÉCURITÉ SUR LE SITE ET LA QUALITÉ DES
OUVRAGES
Afin de garantir la sécurité des visiteurs et de bonnes conditions de découverte du site,
une surveillance régulière sera réalisée. Les visites sur le site seront l'occasion d'informer
les promeneurs de la réglementation en vigueur (interdiction de cueillir, de déposer des
déchets, obligation de tenir les chiens en laisse...). Les déchets seront régulièrement
récupérés et exportés hors du site et les ouvrages (panneaux, chicanes...) seront vérifiés
et entretenus.
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Tableau 23 : Synthèse des objectifs et des opérations de gestion
Objectifs à long terme
Objectifs du plan de gestion
Conservation de la
mosaïque d'habitats
hygrophiles à
mésohygrophiles ouverts et
des espèces patrimoniales
qui lui sont associées
Conservation d'un paysage
bocager traditionnel
Dynamiser la roselière en
faveur du Busard des
roseaux
Assurer la conservation
des espèces et des
habitats naturels
patrimoniaux
Conservation du boisement
alluvial et des espèces
patrimoniales qui lui sont
associées
Restauration d'un réseau de
mares prairiales en faveur
de la faune et de la flore
aquatique
Améliorer la
connaissance de la
diversité biologique et
du fonctionnement
écologique du site
Amélioration de la
connaissance des espèces
patrimoniales prioritaires
Compléments d'inventaires
pour l'évaluation
patrimoniale
Intitulé des opérations
Code
Fauche biannuelle de la prairie est
GH 01
Pâturage extensif de la prairie sud et de la prairie
nord
GH 02
Fauche des refus de pâturage
GH 03
Échardonnage
GH 04
Suivi de Dactylorhiza praetermissa
SE 01
Débroussaillage de la servitude GDF
GH 05
Fauche annuelle exportée de la roselière sèche
GH 06
Débroussaillages ponctuels
GH 07
Suppression des manchons sur les plantations
GH 08
Plantations complémentaires de saules têtards
GH 09
Entretien des saules têtards
GH 10
Entretien de linéaires de haies
GH 11
Fauche automnale alternée de la roselière
GH 12
Suivi annuel du Busard des roseaux
SE 02
Non intervention dans le boisement alluvial du
Bois Chenu
GH 13
Débroussaillage des servitudes RTE du Bois Chenu
GH 14
Coupe des rejets et fauche alternée des
servitudes
GH 15
Suivi de la population de Colchicum automnale
SE 03
Coupe alternée d'arbres de haut jet en lisière
des servitudes
GH 16
Recherche d'Apatura ilia
SE 04
Fauche tardive exportée des berges de fossés à
Geum rivale
GH 17
Suivi des stations à Geum rivale
SE 05
Fauche et débroussaillages autour de la mare
principale
GH 18
Évacuation de la piscifaune introduite
GH 19
Création d'une dépression humide dans la prairie
de fauche
GH 20
Recherches spécifiques de Sympecma fusca,
Sympetrum flaveolum et Lestes dryas
SE 06
Entretien du dispositif amphibiens
GH 21
Étude de la population de Vertigo moulinsiana
SE 07
Recherche des habitats de reproduction de
Calopteryx virgo
SE 08
Compléter l'inventaire mycologique
SE 09
Réalisation d'inventaires complémentaires
(coléoptères aquatiques, coléoptères
Cerambycidae, etc)
SE 10
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