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IMPLICATION ET ENGAGEMENTS DU JARDINIER
Michel Javoy
Société d’Horticulture d’Orléans et du Loiret
Chaque individu, de manière consciente ou inconsciente,
dans son comportement quotidien de citoyen et de consommateur, possède une part de responsabilité dans l’évolution
de son environnement.
• Les solutions dites naturelles, dont l’efficacité n’a jamais été
réellement démontrée et dont l’usage excessif est souvent
contre-productif par rapport à l’objectif recherché. Citons
l’emploi excessif de purins de plantes auxquels on prête des
vertus d’efficacité contre des maladies et des ravageurs, mais
qui sont avant tout des sources organiques d’azote dont
l’excès rend la plante plus fragile et plus sensible aux maladies.
Le jardinier a sans doute une part un peu plus grande de
responsabilité, en raison de sa pratique du jardinage qui le
positionne alternativement comme un consommateur de
produits finis - c’est le cas lorsqu’il achète des plantes pour la
décoration de son habitat – mais aussi comme un producteur
qui, à partir d’une graine ou d’un jeune plant, devra assurer
la croissance et le développement d’une plante pour parvenir
à un résultat escompté à des fins de consommation, pour les
fruits et légumes, ou à des fins ornementales.
Nous examinerons successivement ces deux fonctions qui
impliquent régulièrement, pour le jardinier, de faire des
choix, dans ses produits et dans ses pratiques.
• Les solutions s’appuyant sur des faits scientifiques avérés,
mais totalement sorties de leur contexte d’origine en termes
d’échelle de temps et de superficie. L’exemple le plus
probant est ici la pratique de la culture sur BRF (bois raméal
fragmenté) dont le fondement est issu de la connaissance de
la formation des sols en milieux forestiers. Le décalage avec
le jardin est évident. Cependant, il est utile de retenir de
cette connaissance l’essentiel qui consiste à favoriser dans
le milieu racinaire un rééquilibrage entre les champignons
souvent en minorité et les bactéries en trop grand nombre.
Nous devrons en définir l’adaptation à l’échelle de notre
jardin.
Trier dans une pléthore d’informations
Pour l’aider dans ces choix, le jardinier n’a jamais autant
disposé d’informations en tous genres et de toutes provenances. Les sites Internet et les revues de jardinage font
florès. Dans le contexte de l’engouement pour la nature,
les plantes, et plus particulièrement le jardinage, jamais une
telle abondance de conseils n’a été diffusée.
La difficulté pour le jardinier est que toutes ces informations
ne sont pas d’égale valeur. Beaucoup oublient que la nature
est régie par des phénomènes complexes et de multiples
facteurs interdépendants. Proposer des solutions simplistes
et souvent inappropriées égare le jardinier.
• Les fausses bonnes idées qui, au regard du développement durable, déplacent les problèmes sans les résoudre. La
meilleure illustration est le remplacement du désherbage
chimique par le thermique.
Premier engagement du jardinier : accepter de se former
L’engagement du jardinier amateur dans le concept de développement durable remet en question des pratiques routinières et impose, avant toute action, observation et compréhension. De nombreuses interrogations se posent à lui. Pour
y répondre, les revues de jardinage regorgent de recettes,
basées sur des fondements et des sources diverses :
Pour être en mesure de faire évoluer ses pratiques et d’exercer
son libre arbitre dans l’offre surabondante d’informations et
de produits à sa disposition, le jardinier doit accepter de se
former.
Connaître et comprendre les mécanismes fondamentaux du
fonctionnement de la plante dans son milieu sont des bases
indispensables à acquérir.
Nous allons montrer, au travers de quelques exemples,
comment ces connaissances de base peuvent être une réelle
source d’évolution pour le jardinier.
• Les solutions issues de pratiques anciennes héritées de nos
aînés. Leur crédibilité est souvent exacerbée par l’affectif
qu’on leur porte : « dans le temps, mon grand-père……. et il
n’avait jamais de maladie sur ses plantes ! »
• Notre premier exemple sera l’optimisation de l’arrosage
des plantes dans le souci d’éviter les gaspillages de ce bien
précieux de nos jours… et sans doute encore beaucoup plus
dans un avenir proche.
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Connaître et comprendre le mécanisme de transfert de l’eau
du sol vers l’atmosphère au travers de la plante ; savoir que
la réserve en eau du sol, disponible pour la plante, dépend en
grande partie de la nature du sol et des améliorations qu’on
peut lui apporter, est déjà un grand pas. Mais savoir que le
jardinier, par une conduite raisonnée de l’irrigation basée
sur les changements de rythmes d’apport d’eau, peut, dans
une très large mesure, favoriser l’enracinement des plantes
en profondeur et ainsi mieux utiliser l’eau de la réserve du
sol, est un plus considérable.
Cette pratique, associée à un bon suivi du bilan de l’eau dans
le sol, mettant en comparaison l’évapotranspiration potentielle (ETP), aujourd’hui accessible sur les sites Internet de
météo agricole, et les relevés d’un bon pluviomètre correctement exploité, est le meilleur moyen d’optimiser les apports
d’eau. Une observation visuelle et tactile d’un échantillon de
sol prélevé dans la couche de sol prospectée par les racines
des plantes complète le dispositif.
l’environnement, dans le cadre de cet usage, est limité serait
efficace en préventif notamment sur les ravageurs récemment apparus comme la mouche mineuse des alliacées !
• Nous terminerons par notre dernier exemple : celui du
jardinier consommateur d’intrants qui, par méconnaissance
du sujet, dans sa comparaison de prix entre différents fournisseurs d’amendements humiques en sacs, oublierait de
prendre en compte le taux de matières organiques et le taux
de matières sèches du contenu !
Deuxième engagement du jardinier : entrer dans une
démarche globale
Le deuxième engagement du jardinier serait, à nos yeux,
de comprendre que jardiner dans le respect du concept
de développement durable, c’est entrer dans une démarche
globale qu’il doit ensuite décomposer en questions simples
à se poser pour prendre les bonnes décisions, à chaque stade
de l’action, dans la satisfaction des objectifs fondamentaux
de la durabilité :
• Notre deuxième exemple portera sur l’importance de la
connaissance du rôle de la température du sol sur la croissance
des plantes.
Le jardinier, comme tous les humains, est fortement
influencé par les évolutions en temps réel des facteurs de
son climat environnant, essentiellement lumière et température. Cette tendance naturelle conduit souvent le jardinier débutant, au premier coup de soleil de février, pour peu
que ce soit un week-end, à vouloir immédiatement semer
et planter. Or l’expérience montre que, en dehors du risque
évident de pertes de plantes par effet de gel pour la plupart
de nos régions, la germination des graines et la reprise des
plants, en sol froid, seront très lentes et délicates. Dans
cette phase de mauvaises conditions de végétation, la plante
sera extrêmement vulnérable aux attaques de bioagresseurs.
Sa faiblesse permettra à des champignons et des bactéries
pathogènes, omniprésents dans le sol, de s’attaquer aux
racines et au collet. Dans ce cas, la connaissance, pour les
espèces que nous cultivons, des températures minimales et
aussi maximales de germination, ainsi que de la température
optimale de croissance, évite bien des déboires et supprime
le recours à de vraies solutions pour un faux problème, tel
que l’emploi de fongicides pour traiter les plantes.
La connaissance de l’évolution de la température du sol, par
un relevé quotidien bien géré, est un élément indispensable.
Quelques astuces facilitent l’usage des thermomètres de sol.
• Ne pas prélever plus que la nature ne peut fournir, et surtout
utiliser en priorités les ressources renouvelables à court
terme : exemple de l’usage de l’eau de pluie.
• Éviter tous les gaspillages, en tirant le meilleur parti des
éléments utilisés. L’eau est encore ici un bon exemple, avec
la réduction des pertes par le paillage du sol.
• Recycler au maximum tout ce qui peut l’être au plus près de
la source d’émission, c’est-à-dire au jardin. Quand cela est
possible, fabriquer son composteur en bois, avec des matériaux récupérés, est préférable à l’acquisition d’un beau
composteur en plastique !
• Réduire l’empreinte de son activité sur la nature à un niveau
acceptable.
• Préserver la diversité de la faune et de la flore existantes,
en substituant à l’action d’éradication, trop souvent utilisée
dans le passé, la notion de contrôle des équilibres.
Voici les questions simples auxquelles le jardinier doit
apporter une réponse pour se fixer les limites de son action :
- Quel type de jardin ?
- Pour quels objectifs : ornemental, nourricier ou les deux
à la fois ?
- Quel temps je suis prêt à y consacrer ?
- Quelle superficie doit avoir mon jardin ?
Un jardin surdimensionné par rapport aux besoins entraînera un gaspillage au niveau des intrants et, probablement
aussi, des produits récoltés. Nous assistons à un mouvement de réduction de la taille du jardin et à l’apparition de
• Un troisième exemple montre, de manière simple, l’intérêt
de la connaissance des mécanismes biologiques et physiologiques qui doivent nous aider à engager nos pratiques : celui
du mode d’action des produits de protection des plantes.
Le savon noir, utilisé comme insecticide, agit sur les insectes
par contact et effet mécanique en attaquant la couche protectrice du corps des insectes, entraînant par la suite leur déshydratation ou pour certains d’entre eux leur asphyxie.
Ce mode d’action directe suppose qu’au moins un stade de
l’insecte soit présent et accessible à la pulvérisation. Or, très
souvent, se propage l’idée que ce produit dont l’impact sur
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www.snhf.org
nouveaux concepts de jardins pour un plus large public,
souvent totalement néophyte. Les modes d’urbanisation
se modifient, avec une économie de terrain par un retour
à une « verticalisation » des habitats, mais contrebalancée
par une large place laissée à la végétalisation sous toutes
ses formes, ornementale mais aussi nourricière.
- Quel niveau d’imperfections visuelles quantitatives et
qualitatives suis-je prêt à accepter ?
De la réponse à cette question découlera le degré d’intervention et de pression sur la nature. La bonne démarche
étant de ne pas opposer les pratiques entre elles (lutte
chimique contre lutte biologique) contre les ravageurs
mais de les rendre complémentaires.
donnés aux côtés des enseignants et assurent la continuité
pendant les périodes de vacances. Dans d’autres cas, des
bénévoles d’une association, une société d’horticulture par
exemple, prennent en charge la totalité de l’organisation
alors développée comme une activité en dehors de l’école.
Les bienfaits de ces actions auprès des jeunes enfants sont
évidents en termes de :
- Redécouverte du temps long, celui de la croissance des
plantes.
- Plaisir du geste, celui que l’on ne fait pas de manière
automatique et formatée mais après réflexion.
- Connaissance des plantes et respect de la nature.
- Goût de l’effort soutenu.
- Développement de la vie sociale et de l’entraide entre
jeunes jardiniers.
Troisième engagement du jardinier : partager et transmettre
• L’acceptation d’ouvrir son jardin dans des conditions préalablement définies au grand public et de ce fait susciter des
vocations.
Jardiner c’est aussi communiquer dans son entourage et
échanger avec les autres jardiniers.
Dans la transmission des connaissances, la part d’apprentissage qui se réalise à partir du contact entre les jardiniers
et entre les générations garde toute sa valeur et doit être
renforcée. C’est à la fois la source du lien social dont nous
avant tant besoin et un vecteur efficace de la transmission
des savoirs.
Communiquer, échanger entre jardiniers de manière informelle ne semblent plus suffisant aujourd’hui. Notre société
a besoin de jardiniers qui s’engagent de manière plus institutionnelle dans quatre directions :
• La participation au réseau d’épidémiosurveillance des jardins
d’amateurs qui va progressivement se mettre en place. La
principale qualité requise pour participer à ce réseau est celle
souvent rencontrée chez les jardiniers : le goût de l’observation. Il suffira d’y ajouter un peu de temps à dégager régulièrement et de la rigueur dans la collecte et la transmission
des informations. Chaque jardinier, en consultant le bulletin
de santé du végétal, pourra dans sa région avoir connaissance
des risques épidémiologiques et ainsi mieux adapter ses
pratiques de jardinage.
Nous pensons qu’à l‘avenir, ce réseau pourrait être utilement
complété par un observatoire des pratiques du jardinage.
• L’aide à la formation des nouveaux jardiniers pour leur
permettre d’acquérir les bases fondamentales illustrées au
début de cet exposé. Des actions nouvelles importantes
vont dans ce sens, en particulier les actions conduites par
le Conseil National des Jardins Collectifs et Familiaux
(CNJCF) qui regroupe en son sein les principales fédérations
de jardiniers en jardins collectifs. Le CNJCF, dans un très
proche avenir, va développer des formations décentralisées
au plus près des lieux de jardins en France métropolitaine.
Le renouveau du jardin sous toutes ses formes est plus que
jamais d’actualité. Plaisir et convivialité doivent rester les
maîtres mots. Dans l’exercice de cette activité, se fixer
quelques engagements forts et les appliquer avec bon sens
ne feront que renforcer l’intérêt de l’action. Accepter de se
former pour mieux s’informer est essentiel.
• L’éducation au jardinage pour les enfants qui peut se concevoir en partenariat avec les écoles. Les bénévoles, jardiniers
confirmés, interviennent alors dans des programmes coor-
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