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Connaître et comprendre le mécanisme de transfert de l’eau
du sol vers l’atmosphère au travers de la plante ; savoir que
la réserve en eau du sol, disponible pour la plante, dépend en
grande partie de la nature du sol et des améliorations qu’on
peut lui apporter, est déjà un grand pas. Mais savoir que le
jardinier, par une conduite raisonnée de l’irrigation basée
sur les changements de rythmes d’apport d’eau, peut, dans
une très large mesure, favoriser l’enracinement des plantes
en profondeur et ainsi mieux utiliser l’eau de la réserve du
sol, est un plus considérable.
Cette pratique, associée à un bon suivi du bilan de l’eau dans
le sol, mettant en comparaison l’évapotranspiration poten-
tielle (ETP), aujourd’hui accessible sur les sites Internet de
météo agricole, et les relevés d’un bon pluviomètre correcte-
ment exploité, est le meilleur moyen d’optimiser les apports
d’eau. Une observation visuelle et tactile d’un échantillon de
sol prélevé dans la couche de sol prospectée par les racines
des plantes complète le dispositif.
• Notre deuxième exemple portera sur l’importance de la
connaissance du rôle de la température du sol sur la croissance
des plantes.
Le jardinier, comme tous les humains, est fortement
influencé par les évolutions en temps réel des facteurs de
son climat environnant, essentiellement lumière et tempé-
rature. Cette tendance naturelle conduit souvent le jardi-
nier débutant, au premier coup de soleil de février, pour peu
que ce soit un week-end, à vouloir immédiatement semer
et planter. Or l’expérience montre que, en dehors du risque
évident de pertes de plantes par effet de gel pour la plupart
de nos régions, la germination des graines et la reprise des
plants, en sol froid, seront très lentes et délicates. Dans
cette phase de mauvaises conditions de végétation, la plante
sera extrêmement vulnérable aux attaques de bioagresseurs.
Sa faiblesse permettra à des champignons et des bactéries
pathogènes, omniprésents dans le sol, de s’attaquer aux
racines et au collet. Dans ce cas, la connaissance, pour les
espèces que nous cultivons, des températures minimales et
aussi maximales de germination, ainsi que de la température
optimale de croissance, évite bien des déboires et supprime
le recours à de vraies solutions pour un faux problème, tel
que l’emploi de fongicides pour traiter les plantes.
La connaissance de l’évolution de la température du sol, par
un relevé quotidien bien géré, est un élément indispensable.
Quelques astuces facilitent l’usage des thermomètres de sol.
• Un troisième exemple montre, de manière simple, l’intérêt
de la connaissance des mécanismes biologiques et physiolo-
giques qui doivent nous aider à engager nos pratiques : celui
du mode d’action des produits de protection des plantes.
Le savon noir, utilisé comme insecticide, agit sur les insectes
par contact et effet mécanique en attaquant la couche protec-
trice du corps des insectes, entraînant par la suite leur déshy-
dratation ou pour certains d’entre eux leur asphyxie.
Ce mode d’action directe suppose qu’au moins un stade de
l’insecte soit présent et accessible à la pulvérisation. Or, très
souvent, se propage l’idée que ce produit dont l’impact sur
l’environnement, dans le cadre de cet usage, est limité serait
efficace en préventif notamment sur les ravageurs récem-
ment apparus comme la mouche mineuse des alliacées !
• Nous terminerons par notre dernier exemple : celui du
jardinier consommateur d’intrants qui, par méconnaissance
du sujet, dans sa comparaison de prix entre différents four-
nisseurs d’amendements humiques en sacs, oublierait de
prendre en compte le taux de matières organiques et le taux
de matières sèches du contenu !
Deuxième engagement du jardinier : entrer dans une
démarche globale
Le deuxième engagement du jardinier serait, à nos yeux,
de comprendre que jardiner dans le respect du concept
de développement durable, c’est entrer dans une démarche
globale qu’il doit ensuite décomposer en questions simples
à se poser pour prendre les bonnes décisions, à chaque stade
de l’action, dans la satisfaction des objectifs fondamentaux
de la durabilité :
• Ne pas prélever plus que la nature ne peut fournir, et surtout
utiliser en priorités les ressources renouvelables à court
terme : exemple de l’usage de l’eau de pluie.
• Éviter tous les gaspillages, en tirant le meilleur parti des
éléments utilisés. L’eau est encore ici un bon exemple, avec
la réduction des pertes par le paillage du sol.
• Recycler au maximum tout ce qui peut l’être au plus près de
la source d’émission, c’est-à-dire au jardin. Quand cela est
possible, fabriquer son composteur en bois, avec des maté-
riaux récupérés, est préférable à l’acquisition d’un beau
composteur en plastique !
• Réduire l’empreinte de son activité sur la nature à un niveau
acceptable.
• Préserver la diversité de la faune et de la flore existantes,
en substituant à l’action d’éradication, trop souvent utilisée
dans le passé, la notion de contrôle des équilibres.
Voici les questions simples auxquelles le jardinier doit
apporter une réponse pour se fixer les limites de son action :
- Quel type de jardin ?
- Pour quels objectifs : ornemental, nourricier ou les deux
à la fois ?
- Quel temps je suis prêt à y consacrer ?
- Quelle superficie doit avoir mon jardin ?
Un jardin surdimensionné par rapport aux besoins entraî-
nera un gaspillage au niveau des intrants et, probablement
aussi, des produits récoltés. Nous assistons à un mouve-
ment de réduction de la taille du jardin et à l’apparition de