Jardiner sans produit phytosanitaire
Le jardinier souhaitant se passer de produits phytosanitaires (pesticides, herbicides, fongicides) a tout
intérêt à s’inspirer de la nature. En effet les écosystèmes naturels en milieu tempéré sont extrêmement
productifs. Prenons l’exemple d’une forêt européenne ; elle produit à la fois des fruits, des feuilles, du bois, des
champignons, une intense vie du sol, des animaux de toute taille (de la plus petite bactérie aux grands cervidés).
Ces milieux naturels se passent pourtant d’apports artificiels extérieurs tels que les engrais ou les produits
phytosanitaires. La raison de ce succès s’explique notamment par la diversité des espèces, la densité du
feuillage, l’absence de labour, la couverture des sols et l’adaptation des espèces à leur environnement (climat,
sol, exposition).
Un objectif : préserver la vie du sol et favoriser la biodiversité
Le labour est encore largement pratiqué par les agriculteurs et les jardiniers. En effet en retournant la
terre, cela libère des éléments minéraux qui favorisent la croissance des plantes. Cependant cela engendre de
nombreux désagréments et représente beaucoup de travail. Les graines des plantes indésirables déposées à la
surface du sol sont enfouies ce qui leur offre des conditions idéales pour leur développement. Les sols sont à
nus, augmentant les risques importants de coulées de boues, de lessivage entraînant au fil des années une
diminution de la richesse des sols. Un labourage profond, au-delà de 10 cm, perturbe considérablement la vie
du sol, dont les nombreux organismes représentent pourtant les meilleurs amis du jardinier. En effet un ver de
terre, travaille sans relâche si les conditions le permettent ; il recycle l’équivalent de son propre poids par jour,
tout en aérant le sol et en augmentant sa perméabilité.
Pour lutter contre les parasites ainsi qu’avec très peu d’efforts, il est utile d’augmenter la biodiversité
présente dans les jardins. Pour cela des micro-habitats pourront être créés pour les insectes, les batraciens, les
oiseaux, les hérissons en recyclant différents matériaux issus de l’entretien du jardin.
Comment réduire drastiquement les besoins de désherbage de mon jardin potager ou de mes massifs de fleurs
?
Profitant des feuilles d’arbres disponibles à l’automne, l’apport d’une importante couverture au sol
chaque automne (20 cm) étouffe les herbes présentes et offre au printemps suivant un sol ameubli et
extrêmement riche, présentant très peu d’herbes indésirables. Le jardinier pourra alors profiter de la nette
diminution du volume de feuilles et de déchets végétaux en surface, qui ont été assimilé par la vie du sol, pour
laisser quelques semaines le sol se réchauffer afin de semer, ou repiquer vos légumes, salades, petits fruitiers et
fleurs.
Pour le repiquage, il est dans l’intérêt du jardinier de maintenir une couche de paillage (ou mulch) entre
5 et 15 cm qui permettra de maintenir l’humidité du sol et limitera fortement le développement des herbes
indésirables. Le paillage composé uniquement de bois fragmenté déposé au printemps n’est pas conseillé car il
favorise la prolifération des limaces et constitue un piège à azote, rendant indisponible l’azote de votre sol pour
vos plantes. La paille, les feuilles, les déchets de cuisine organiques, les fleurs de tilleuls, la tonte de gazon fraiche
apportée en faible quantité, ou le bois raméal fragmenté (BRF) sont différents composants susceptibles, seuls ou
associés, de constituer votre paillage.
Pour le semis de petites graines au printemps (radis, navets, salades, carottes, betterave, blette, chou,
etc.) les jardiniers peuvent retirer les restes de feuilles en décomposition et semer sur une couche de 3 cm de
compost de déchets verts de leur commune en évitant de créer un sillon par frottement pour ne pas faire
remonter les graines présentes au-dessous. Le compost de déchets verts des services communaux est issu d’une
décomposition de la matière végétale provoquant une montée en température à environ 70°C ce qui élimine les
graines indésirables. (Pour plus d’information voir le guide du nouveau jardinage de Dominique SOLTNER).
Favoriser la diversité des plantes en privilégiant des associations bénéfiques est essentielle. Cela
permet de perturber la capacité de détection de vos plantes par les parasites, et d’en limiter leur propagation.
Par exemple les œillets d’inde et le souci sont d’une part esthétiques par leur production florale, d’autre part
elles attirent les insectes pollinisateurs et repoussent les parasites (nématodes, puceron, altises) de nombreux
fruits et légumes, tels que les tomates, les choux, les pommes de terre, les haricots, etc.
Composer un jardin avec plusieurs étages de feuillage (arbres fruitiers et fixateurs d’azote, petits
fruitiers, plantes aromatiques, légumes) permet notamment de limiter l’espace disponible pour les herbes
indésirables, de fournir des matériaux pour couvrir le sol, et de faire remonter des minéraux situés à plusieurs
mètres de profondeur.
Associer des légumineuses (par exemple les haricots, les fèves, le trèfle, la luzerne) à vos plantations est
également extrêmement intéressant afin d’enrichir naturellement votre sol en azote. Vous pouvez conserver et
consommer les graines ou profiter de leur feuillage pour compléter votre paillage.
Pour en savoir plus…
Les jardiniers pourront être intéressés par les techniques alternatives issues de l’approche
permaculturelle (voir Dominique SOLTNER, Perrine et Charles HERVE-GRUYER, Richard WALLNER,
ou Sepp HOLZER)
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