Coordination du dossier
Laurence Ligneau (Chambre d'agriculture
de Bretagne) avec Paul Jegat (Terra).
Rédaction
Chambres d'agriculture de Bretagne :
Charlotte Quénard , Jean-Yves Carré,
Hervé Gorius.
Terra : Emmanuelle Le Corre,
Claire Le Clève, Chantal Pape.
Chambres d'agriculture de Bretagne :
Charlotte Quénard , Jean-Yves Carré,
Hervé Gorius.
Terra :
Emmanuelle Le Corre,
Claire Le Clève, Chantal Pape.
Énergies et agriculture,
le duo vertueux
D'un côté, il y a le changement climatique et la nécessité pour la planète de réduire les émissions de gaz à
effet de serre. De l'autre, il y a la raréfaction des énergies fossiles et la nécessité de solutions alternatives.
Autant de préoccupations auxquelles s'en ajoute une dernière, sonnante et trébuchante : même en ces
temps de pétrole pas cher, le coût de l'énergie ne cesse d'augmenter et ne cessera d'augmenter. Soit
autant de raisons suffisantes de faire que l'agriculture s'empare de la question des énergies. Et elle le
fait avec réussite, en conciliant les impératifs économiques, environnementaux et économiques. Le point
dans ce dossier.
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DOSSIER
29 avril 2016
29 avril 2016
Le prix du pétrole est
à la baisse, bon nombre
d’agriculteurs viennent
de renégocier leurs
contrats de fourniture
d’électricité…
On peut penser que
la question du prix
de l’énergie n’est plus
d’actualité. Pourtant, sa
tendance globale reste à
la hausse. Les économies
d’énergie sont donc la
meilleure manière de
maîtriser son coût, de
renforcer l’autonomie
des exploitations, tout en
limitant leur impact sur
l’environnement.
En matière d’économies d’énergie,
deux principes sont à respecter : il
faut choisir les bons équipements
mais aussi agir sur ses pratiques
pour avoir le meilleur rapport pos-
sible entre consommation d’énergie
et résultats techniques. Pour avoir
un plan d’actions individualisé, rien
ne vaut la réalisation d’un diagnos-
tic individuel. On peut cependant
rappeler, sans être exhaustif, les
principales techniques qui ont fait
leurs preuves.
Réduire sa facture
d’électricité
en élevage laitier
La consommation annuelle
moyenne d’électricité est
de 61 kWh/1 000 litres, soit
7 €/1 000 litres environ (hors
exploitations équipées de robot de
traite). Il est souvent possible de les
réduire de 20 à 25 %. Tout d’abord,
la conception et l’entretien du bloc
traite permettent de réduire les
consommations inutiles : venti-
lation de la laiterie, nettoyage du
condenseur du tank… Par ailleurs,
grâce au programme Eco Energie
Lait lancé en 2009, l’installation
de deux équipements phare s’est
développée en Bretagne : le pré-
refroidisseur de lait qui agit sur la
consommation du tank et le récu-
pérateur de chaleur qui réduit celle
du chauffe-eau. Ils concernent
aujourd’hui 21 % des élevages lai-
tiers bretons (soit 2 500 environ).
De plus, lorsqu’un élevage solli-
cite des aides pour l’extension, la
rénovation ou l’installation d’équi-
pements de traite dans le cadre
du PCAEA (Plan de compétitivité
et d´adaptation des exploitations
agricoles), l’acquisition d’un de ces
équipements doit être réalisée ou
prévue dans le projet. Aujourd’hui,
des essais techniques ont mis en
évidence la performance éner-
gétique d’un nouvel équipement
pour la fourniture d’eau chaude :
la pompe à chaleur au CO2. Un pro-
gramme de subventions pour ce
matériel est actuellement à l’étude.
La rénovation
des poulaillers
est en marche
En production avicole, les charges
de chauffage font partie des prin-
cipales dépenses à maîtriser. Cette
lière s’est donc engagée massive-
ment dans la performance énergé-
tique : elle a été la principale béné-
ficiaire du plan de performance
énergétique (2009-2014). Il a contri-
bué à rénover un millier d’élevages
environ.
Deux axes de travail principaux :
- La performance thermique de la
coque des bâtiments : améliora-
tion de l’isolation et de l’étanchéité
(toiture, pignons, portails, sou-
bassements, sol bétonné isolé en
périphérie…).
- L’acquisition d’équipements plus
performants (chauffage régulé,
ventilation économe, automatisa-
tion de la gestion du chauffage et
de la ventilation, trappes…), parmi
lesquels l’équipement phare est
l’échangeur de chaleur. Il a fait ses
preuves en matière d’économie de
gaz (- 30 % en moyenne) mais aussi
pour mieux gérer l’hygrométrie
(- 10 % environ).
Aujourd’hui, on observe une nou-
velle dynamique de construction
de poulaillers. La performance
énergétique est désormais entiè-
rement intégrée à leur conception,
tout comme à l’évolution des tech-
niques d’élevage. Il existe même
des poulaillers à énergie positive
(qui produisent plus d’énergie qu’ils
n’en consomment) dont la mise en
service est prévue prochainement.
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L’échangeur de chaleur, principale innovation de ces dernières années en matière de performance énergétique
des poulaillers.
En
matière
d’économies
d’énergie,
deux
principes
sont à
respecter :
il faut choisir
les bons
équipements
mais aussi
agir sur ses
pratiques
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DOSSIER
En production porcine :
chauffage et ventilation,
un couple pas toujours
facile à gérer !
En production porcine, les diffi cul-
tés économiques et la diversité des
bâtiments et donc des solutions à
apporter n’ont jusqu’ici pas permis
d’observer un élan d’une même
ampleur. Toutefois, le renchéris-
sement régulier du coût du kWh
électrique maintient les écono-
mies d’énergie parmi les priorités
de modernisation des bâtiments.
L’énergie représente en moyenne
une dépense de 90 €/truie dans un
élevage naisseur engraisseur. Les
principes sont les mêmes qu’en
aviculture : travailler autant sur la
performance thermique des bâti-
ments, avec un accent sur l’isola-
tion des pré-fosses non enterrées,
que sur l’effi cacité énergétique des
équipements (ventilation, chauf-
fage, FAF, traitement de lisier…).
Ainsi, l’installation de ventilateurs
économes qui permettent de réa-
liser 70-80 % d’économies a nette-
ment progressé.
De nombreux producteurs de porcs
ont également réfl échi au coût du
chauffage, avec l’acquisition de
chaudières à bois, de pompes à
chaleur de conceptions variées ou
encore la localisation du chauffage
(niches en maternité et en PS).
La réussite de ces projets repose
aussi sur une bonne gestion du
couple chauffage-ventilation. Elle
doit permettre de rentrer dans
un cercle vertueux : gestion des
dépenses énergétiques, maîtrise
de l’indice de consommation, amé-
lioration des pratiques sanitaires.
Un travail a été conduit pour conce-
voir le "Bâtiment d’élevage basse
consommation". Cette démarche
concerne toutes les productions.
Elle montre qu’il est possible de
réduire les consommations de 50 %
en production porcine.
Charlotte Quénard
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29 avril 2016
Des programmes d’aides
à l’investissement spécifi ques et adaptés
En 2016, plusieurs programmes d’aides existent pour les investisse-
ments relatifs à la performance énergétique :
Le Plan Bois Energie lancé en 1995 a été rénové en 2015. Les
aides portent aujourd’hui sur la quantité de chaleur produite par
la chaudière et sur les réseaux de chaleur.
Le programme Eco Energie Lait se poursuit avec des aides de 40
à 50 % (pour les jeunes agriculteurs) pour les pré-refroidisseurs
(plafond : 5 000 €) et les récupérateurs de chaleur (plafond :
3 000 €).
Le volet "412" du PCAEA, consacré aux économies d’énergie et à
la limitation des gaz à effet de serre, a démarré en 2015 et est
programmé jusqu’en 2020. La liste des investissements éligibles
est large et adaptée aux différentes productions. L’aide accordée
est de 40 % minimum (jusqu’à 50 % pour les jeunes agriculteurs)
sur 15 000 à 75 000 € d’investissements (possibilité de relèvement
de ce plafond pour les Gaec). En 2015, une centaine d’exploita-
tions en ont bénéfi cé. La prochaine période de dépôt des de-
mandes se déroulera du 6 juin au 6 septembre 2016.
Le dispositif des CEE (Certifi cat d’économie d’énergie) est au-
jourd’hui au ralenti en raison d’un marché peu porteur mais pour-
rait reprendre après 2017.
Près de 70 élevages de porcs sont équipés
d’une chaudière à bois déchiqueté en Bretagne.
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Economwatt : des pistes pour réduire
sa consommation d’électricité
29 avril 2016
29 avril 2016
Les éleveurs sont amenés, de plus
en plus souvent, à rechercher
des pistes de réduction de
facture d’électricité ou un
ajustement de puissance aux
besoins de l’exploitation. Cela
peut se faire en régime de
croisière, lors d’aménagement
ou d’extension de bâtiment ou
lorsqu’il y a un investissement en
matériel d’élevage. Les chambres
d’agriculture de Bretagne
proposent, aux éleveurs laitiers et
de porcs, d’analyser leur facture
d’électricité, de la positionner
par rapport aux références et
de proposer un plan d’actions de
réduction de leur consommation.
Que l’on soit éleveur laitier, porcin ou avi-
cole, il est fréquent que la facture d’électri-
cité ne fasse pas l’objet d’une étude parti-
culière. Or, celle-ci permet de donner des
informations intéressantes pour la gestion
des ateliers. Est-ce que la puissance sous-
crite est suffi sante ou trop forte par rapport
à mes besoins ? Est-ce que mes consom-
mations d’électricité sont conformes aux
références ? Quelle est la répartition des
différents postes de ma facture entre
consommation stricte, transport d’électri-
cité et taxes ? Quel est le coût de mon kilo-
watt heure sur l’année ? Autant de questions
qui méritent des réponses, en commençant
par une étude de ces factures.
Les factures à la loupe
La première étape consiste à analyser les
trois dernières années de facturation en lien
avec la structure de l’exploitation : nature et
taille des ateliers, équipements spécifi ques
(traitement de lisier, fabrication d’aliment,
robot de traite, pré refroidisseur…). Cette
étape permet de positionner les consomma-
tions par rapport à des références, de
détailler les consommations par poste (tank
- chauffe-eau en atelier lait, chauffage –
ventilation en porc…) ou par stade physiolo-
gique (maternité, PS, engraissement…) 1.
On peut aussi mettre à plat les différentes
parties de la facture (consommation, trans-
port d’électricité, taxes). A ce stade, en tarif
"Jaune et Vert", il est possible de vérifi er si
la puissance souscrite est en lien avec la
puissance réellement demandée (insuffi -
sante, normale, en excès…). Ainsi, la réduc-
tion de puissance a un effet direct sur la
baisse de la facture. En tarif Bleu, il est
aussi possible de vérifi er quel serait le mon-
tant de votre facture chez un autre opéra-
teur (site www.energie-info.fr/Pro). Cette
phase permet de donner des conseils stan-
dards sur l’exploitation quant à la réduction
des consommations.
La deuxième étape nécessite le déplace-
ment d'un conseiller sur l’exploitation. La
pose d’un analyseur de courbe de charge
sur une période de 2 à 4 semaines -selon la
nature de l’élevage- permet de compléter
les préconisations à faire. Cet appareil per-
met de relever les appels de puissance et la
consommation, toutes les minutes 2. Il est
ainsi possible de visualiser votre consom-
mation en détail. Cela permet de détecter
les particularités de vos consommations : à
quelle heure et durant combien de temps
avez-vous des temps de fortes ou faibles
consommations ? Quels sont les pointes de
consommations ? La présentation des
résultats peut se faire sur une journée par-
ticulière ou sur une période donnée. En
général, on arrive assez aisément à recons-
tituer les différentes phases d’une journée
moyenne (ex : horaires de traite, phases de
fabrication d’aliment, station de traitement
de lisier, alimentation des porcs…).
Le cumul des 2 étapes permet de personna-
liser les préconisations, tant sur les chan-
gements de pratiques à revoir (entretien de
sondes de températures, de ventilateurs…)
que sur des investissements potentiels en
économie d’électricité (pré refroidisseur,
échangeur de chaleur, ventilateur éco-
nome…). Ils seront préconisés en tenant
compte du rapport investissement - aides
éventuelles par rapport au gain attendu.
Jean-Yves Carré
2
Courbe de consommation cumulée sur 15 jours en élevage laitier
On distingue parfaitement les pointes de puissance et de consommation liées aux horaires de traite.
111
Chauff Mater : 3 686 €
Chauff PS : 5 294 €
Ventil Mater : 455 €
Ventil Gest : 1 896 €
Ventil PS : 948 €
Ventil Engt : 3 015 €
Alimentation : 649 €
Eclairage : 1 004 €
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29 avril 2016
Une caméra thermique en élevage
pour repérer les pertes de chaleur
Le plan de compétitivité permet
aux agriculteurs de bénéficier d’aides
quant à l’équipement en matériels
économes en énergie, tant sur la
restauration que sur la construction
de bâtiments d’élevage. Afin de bien
cibler les travaux, il est utile de faire
un bilan de ses consommations d’énergie.
En complément, la visualisation de son
bâtiment par une caméra thermique
permet de cerner les zones défaillantes.
Une caméra thermique fonctionne en calculant
la température à distance de matériaux, selon le
rayonnement infrarouge qu’ils émettent en fonc-
tion de leur température. Reçus par la caméra, ces
rayonnements sont transformés en couleurs pour
distinguer les zones froides et chaudes. Lorsqu’elle
est utilisée sur un bâtiment d’élevage, la caméra
thermique permet de révéler des écarts de tem-
pérature au niveau des matériaux de construction
(parois verticales, plafond, ouvrants…). Si la prise
de vue est effectuée de l’extérieur du bâtiment,
les zones les plus chaudes révèlent des pertes qui
sont préjudiciables au maintien d’une température
constante dans le bâtiment. Plus l’écart de tempé-
rature est important entre l’intérieur et l’extérieur
et plus l’image est contrastée. Le compte-rendu
ne permet pas de défi nir précisement les travaux à
mener, mais il alerte l’agriculteur et l’artisan solli-
cité sur les points sensibles à intégrer dans le projet
de rénovation à mener.
Des résultats en poulailler
La chambre d’agriculture du Finistère s’est équipée
d’une caméra thermique. Courant décembre, Jean-
Paul Mazé (Brasparts, 29) a accepté de passer en
revue ses poulaillers neufs et anciens à la caméra.
L’objectif était de vérifi er l’étanchéité et la qualité
des parois des nouveaux bâtiments et de détecter
les problèmes sur les anciens.
Au fi nal, les bâtiments neufs se révèlent être bien
isolés. S’il y a quelques zones sensibles (fenêtres),
celles-ci représentent une faible déperdition de cha-
leur au vu de l’ensemble des surfaces de l’enveloppe
du bâtiment.
Dans les bâtiments anciens (+ 30 ans), la caméra
détecte quelques problèmes sur le soubassement,
les ventilateurs… Ce sont autant de points sur les-
quels l’éleveur pourra décider de réaliser des tra-
vaux d’amélioration.
La caméra thermique est un outil intéressant à uti-
liser en bâtiment d’élevage pour cerner des zones
à problèmes. Si elle ne calcule pas les calories per-
dues, elle illustre les zones qui posent problèmes.
Jean-Yves Carré
Le sol est recouvert de
litière qui contribue à
l’amélioration du confort
en isolant les volailles
du béton (différence de
température de 4°C entre
le béton et la litière).
La mise en place de
vitres pourrait laisser
présager des pertes de
chaleur importantes. La
température extérieure
(13) et intérieure (34°C)
était très différente. Au
niveau de la vitre, elle
est de 20°C. Rapportée
à la surface des parois
du bâtiment, cette perte
reste mineure.
L’un des points faibles
peut être le portail en
pignon de poulailler. Cette
photo révèle la bonne
qualité des matériaux. Il
y a très peu de pertes de
chaleur (bas de portail).
La turbine avec volets
fermés est bien
isolée, mais c’est le
soubassement qui pose
problème (température
de contact plus élevée de
4°C par rapport au reste
de la paroi).
Le ventilateur à
l’arrêt présente des
déperditions importantes
de chaleur car les volets
ne sont pas isolés.
La paroi est bien isolée
sauf le soubassement
qui présente une
température plus élevée
(+ 5 °C). Il faudra revoir
l’isolation de cette zone.
De plus, elle amène de
l’inconfort aux animaux
(effet de paroi froide
et phénomène de
condensation).
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