Item 95 — Maladies sexuellement transmissibles : syphilis primaire et secondaire F65
•Le traitement de la syphilis primo-secondaire
précoce est : benzathine benzylpénicilline
(Extencilline) 2,4 millions d’unités en une
injection IM.
•Le suivi biologique d’une syphilis traitée se fait
sur le VDRL quantitatif, qui doit diminuer puis se
négativer sous traitement.
•Les sujets contacts doivent être examinés et
traités.
•La syphilis est grave chez la femme enceinte
(risque d’atteinte fœtale par passage
transplacentaire après le 4emois de grossesse).
•L’évolution de la syphilis précoce chez les patients
séropositifs pour le VIH est globalement habituelle
sur le plan clinique et sérologique. Cependant,
sa prise en charge sera faite au mieux par un
spécialiste, en particulier en cas d’allergie à la
pénicilline.
•Contracter une syphilis témoigne d’une sexualité
à haut risque. Vérifier la sérologie VIH, hépatites
B et autre IST. Une information sur la prévention
des IST est indispensable.
Des recommandations diagnostiques et thérapeutiques
ont été établies en 2006 par la section MST de la Société
franc¸aise de dermatologie.
La syphilis est une infection sexuellement transmissible
(IST) due à un spirochète Treponema pallidum.
Il s’agit d’une maladie non immunisante très conta-
gieuse.
Épidémiologie
Il existe une recrudescence de la syphilis depuis
quelques années en France et dans la majorité des pays
industrialisés. L’épidémie intéresse principalement les
homosexuels masculins dont plus de la moitié est
infectée par le VIH. Cette recrudescence de la syphilis
témoigne d’un relâchement dans la prévention des
pratiques sexuelles à risque.
La transmission de la syphilis est essentiellement
sexuelle. Elle peut se contracter après tout rapport
avec pénétration non protégée, y compris la fellation.
Ce sont les lésions muqueuses qui sont contagieuses
(chancre de la syphilis primaire et syphilides érosives
de la syphilis secondaire).
La transmission materno-fœtale peut survenir
surtout vers les 4eet 5emois de grossesse.
Les transmissions post-transfusionnelles ou après
greffe d’organe sont possibles mais très marginales.
Classification de la Syphilis
On distingue :
•la syphilis précoce : elle regroupe la syphilis primaire,
la syphilis secondaire et la syphilis sérologique précoce
(découverte d’une sérologie syphilitique positive sans
lésion clinique datant de moins d’un an) ;
•la syphilis tardive : elle regroupe la syphilis tertiaire et
la syphilis sérologique tardive (non datable ou datant de
plus d’un an).
Le diagnostic de syphilis primaire est souvent méconnu :
•lorsque le chancre n’est pas visible (chancre vaginal,
chancre du col utérin, chancre anorectal, chancre pha-
ryngé) ;
•au stade de syphilis secondaire, le diagnostic n’est pas
toujours évoqué du fait du polymorphisme des lésions
cliniques (la syphilis a été qualifiée de «grande simula-
trice »).
Les syphilis sérologiques précoces sont plus fréquentes
que les syphilis cliniques précoces.
Syphilis primaire
L’incubation est de durée variable, en moyenne de
3 semaines.
La syphilis primaire est caractérisée par :
•un chancre au point d’inoculation ;
•une adénopathie satellite.
Le chancre est contagieux car il fourmille de tréponèmes.
Chancre syphilitique
Chancre
Le chancre est typiquement :
•une exulcération (ou érosion) ou plus rarement une ulcé-
ration muqueuse (Fig. 1);
•de5à15mmdediamètre en moyenne ;
•unique, plus rarement multiple ;
•à fond propre, rosé ;
•induré : c’est le seul caractère sémiologique vraiment
évocateur. Il se traduit par l’impossibilité de plisser entre
deux doigts la surface de l’ulcération qui ne fait qu’un
bloc avec l’induration sous-jacente ;
•indolore (différent de l’herpès +++).
Aucune de ces caractéristiques n’est cependant patho-
gnomonique. Un chancre syphilitique doit systématique-
ment être évoqué devant toute ulcération muqueuse aiguë
(génitale, orale ou anale) (Fig. 1).
Siège
Chez l’homme : le siège du chancre est assez électivement
dans le sillon balano-préputial, plus rarement sur le gland
ou sur le fourreau.
Chez la femme : le siège du chancre est le plus souvent
sur la partie externe de la vulve (petites lèvres, grandes
lèvres, fourchette), plus rarement vaginal et, (comme il est
indolore) passe alors volontiers inaperc¸u.
Dans les deux sexes, le chancre peut siéger sur :
•la muqueuse buccale ou pharyngée (fellation) ;
•la muqueuse anorectale.
Adénopathie satellite
Le chancre s’accompagne d’une adénopathie satellite non
inflammatoire (Fig. 2), le plus souvent unilatérale.
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 21/08/2011 par APHP CENTRE DOCUMENTATION (164588)