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sacerdotale. Les écrivains juifs, Philon d'Alexandrie et Flavius Josèphe, les présentent
comme organisés en petites communautés locales. Jusqu'en 1947, on ne disposait
guère de renseignements sur cette secte juive du premier siècle en réaction contre
l'oppression et la misère subies par les juifs, sous les Hérode, certains hommes
décidèrent de se mettre à l'écart du monde mauvais et te vivre désormais dans la
piété et la sécurité de la religion. Certains suivirent les conseils de vie des Esséniens,
mais ne quittèrent pourtant pas leur existence quotidienne, si bien qu'il existait des
communautés esséniennes locales, chargées surtout d'oeuvres de solidarité envers
les frères de passage dans les villes et les villages. Mais la plupart des fidèles de la
secte se retiraient dans les voisinages de la mer Morte, pour pratiquer un ascétisme
très rigoureux. Il semble ainsi, après les fouilles entreprises à Qirbet Qumrân, que
l'ensemble des constructions découvertes formait un véritable monastère, une sorte
de maison-mère régie par la Règle de la communauté. De 1951 à 19t6, on a pu
mettre à jour l'ensemble des bâtiments de cette communauté ; mais la découverte la
plus extraordinaire fut certainement la découverte des manuscrits que les Esséniens
avaient dissimulés dans les grottes voisines de leur communauté, quand ils durent
s'enfuir devant l'avance des armées romaines...
La Règle de la communauté est probablement le plus ancien document de la secte :
sa composition littéraire permet de la situer au deuxième siècle avant l'ère chrétienne.
Elle contient les statuts concernant l'initiation des membres et une sorte de règlement
intérieur pour diriger la vie commune : organisation, discipline, code pénal, devoir
religieux et liturgique du maître et de ses disciples. La communauté ressemblait donc
assez étrangement, quant à son mode de vie, à un monastère dont les différents
membres travaillaient en grande partie dans la copie soigneuse des textes
scripturaires. Beaucoup plus soucieux de la pureté du judaïsme que les pharisiens
eux-mêmes, les Esséniens recherchaient la perfection la plus absolue. Pour ce faire,
certains se vouèrent même au célibat, dans l'attente de la venue imminente du
Messie. Ce célibat rompait avec la tradition entière du judaïsme qui prône le mariage
et la fécondité. Il est cependant pratiquement certain que tous n'embrassèrent pas le
célibat, puisque, dans le cimetière redécouvert à Qumrân, les archéologues ont trouvé
quelques squelettes de femmes et d'enfants. Ceux qui recherchaient la plus grande
sainteté devaient considérer comme préférable de n'avoir point charge de famille. A
cet égard, les Esséniens se présentent comme les précurseurs des moines et des
ermites de l'Église chrétienne.
La communauté de Qumrân reprenait à son compte les concepts fondamentaux du
judaïsme : l'élection d'Israël, l'alliance entre YHWH et son peuple et le salut universel
dont le peuple d'Israël devait être le témoin à la face du monde. YHWH avait choisi
Israël en fidélité à la promesse qu'il avait faite à Abraham, il renouvela son choix, en
accordant l'alliance du Sinaï, pour le salut du peuple tout entier, et à travers ce peuple
au monde. Mais l'infidélité de ce peuple ne pouvait pas ruiner la fidélité éternelle de
Dieu à la promesse qu'il avait faite : le reste d'Israël - et les membres de la secte se
considéraient comme ce petit reste - devait racheter l'ensemble du peuple et assurer
le salut au peuple choisi par YHWH. Pour cela, une guerre sainte était pratiquement
inévitable, et c'est ce que présente la Règle de la guerre. Cette Règle est évidemment
un écrit théologique qui présente le combat éternel entre les fils de la lumière et les fils
des ténèbres. Mais elle contient également des aspects politiques : il n'est pas
impossible d'identifier les fils des ténèbres avec les armées romaines qui devaient finir
par vaincre toute résistance palestinienne.