En Suisse, un système de code couleur basé sur le pH des médicaments a été utilisé à l’hôpital de
Schaffhouse pendant cinq ans : le risque de mélanges incompatibles administrés en Y a été diminué,
passant de 15% à 2% [Kahmann I V, 2003].
Afin de prévenir la contamination particulaire liée aux incompatibilités physico-chimiques, l’utilisation
des filtres en ligne peut être une solution [Ball PA, 2003], dont l’intérêt est toutefois discuté par une
revue de la littérature du réseau de Cochrane [Foster JP, 2011]. Dans un travail plus récent mené en
réanimation pédiatrique, l’intérêt des filtres en ligne est démontré par une diminution significative des
complications sévères, notamment SIRS, sepsis et thromboses [Jack T, 2012 et Boehne M, 2013].
Enfin, l’utilisation de dispositifs médicaux spécifiques modifiant le temps et les conditions de contact des
différents médicaments perfusés simultanément a permis de réduire significativement la formation de
particules médicamenteuses [Foinard A, 2013].
Au final, l’analyse de ces données montre l’existence d’un risque associé à la perfusion simultanée de
médicaments injectables, incompatibles entre eux, aux patients des services de réanimation néonatale.
Ce risque est lié à l’administration non maitrisée de particules médicamenteuses.
La monographie « 2.9.19 Contamination particulaire : particules non visibles » de la Pharmacopée
européenne prévoit l’existence de seuil de contamination particulaire pour les médicaments injectables
en présentation unitaire. En revanche, il n’existe aucun référentiel permettant de fixer un seuil de
contamination particulaire de l’ensemble des médicaments perfusés à un patient hospitalisé en
réanimation néonatale sur 24h et sur le temps de l’hospitalisation.
Plusieurs travaux expérimentaux ont essayé d’établir une relation entre la charge particulaire et
distribution des particules dans l’organisme voire effets biologiques chez l’animal. Dès 1966, Wilkins et
Myers montrent que la rétention des particules peut être liée à leur propriétés électrophorétiques
[Wilkins DJ, 1966]. En 1975, Purkiss met en évidence la présence de particules dans les poumons, le
foie et les reins suite à l’injection de fibres de cellulose chez la souris [Purkiss R, 1975]. En 1980, Kanke
et al montrent que la clairance sanguine des microbilles de polystyrène après injection intraveineuse
chez le chien est dépendante de la taille particulaire. Les particules sphériques de taille inférieure à 7
µm sont piégées au niveau hépatique, tandis que les particules de taille supérieure à 7 µm sont retenues
plus longtemps dans les poumons [Kanke M, 1980]. Un travail similaire mené par Ilium et al chez le
lapin avait pour objectif d’évaluer l’effet de la taille, de la nature et de la forme des particules sur leur
clairance sanguine ainsi que sur leur diffusion au niveau des organes. Pour cela, les auteurs ont utilisé
de particules de polystyrène et de cellulose modifiée marquées à l’iode 131 [Ilium L, 1982]. Ce travail
confirme l’impact de la taille des particules sur leur diffusion tissulaire. Les particules de polystyrène de
diamètre 1,27 µm sont principalement retrouvées au niveau du foie et celles de diamètre 15,8 µm se
concentrent au niveau des poumons. Plus récemment, un travail a évalué l’effet de la contamination
particulaire de différentes solutions de céfotaxime sur la microcirculation vasculaire du hamster [Lehr
H-A, 2002]. Ce travail montre une diminution de la densité capillaire fonctionnelle sur les tissus
musculaires ischémiés en lien avec l’administration de particules. L’expérience a été reproduite avec
l’injection de billes de polystyrène montrant une diminution progressive de la densité capillaire
fonctionnelle en lien avec la taille des billes. La diminution devient significative avec des billes de
diamètre supérieur à 10 µm avec un impact nettement supérieur sur le tissu en ischémie.
Cette revue de la littérature montre que les travaux disponibles permettent d’affirmer l’existence de
risques liés à l’administration de particules mais ne permettent pas de fixer un seuil de contamination
particulaire.
L’objectif principal du projet est de proposer un seuil acceptable de contamination particulaire de
l’ensemble des médicaments perfusés à un patient hospitalisé en réanimation néonatale sur le temps
de l’hospitalisation.
Comme nous l’avons vu précédemment, les travaux publiés ont permis de montrer que :
• L’utilisation d’un filtre prévenait la survenue de complications au cours de la prise en charge
des patients en réanimation pédiatrique [Jack T, 2012 et Boehne M, 2013]. Toutefois, ce