Washington /numéro spécial ANRS – Transcriptases /automne 2012 37
plus grande partie des « perdus de vue »
survenant avant la mise sous traitement,
la rétention des patients après le dépistage
est un enjeu majeur, mais fait pourtant
l’objet de moins d’interventions que la
rétention des patients sous traitement. La
discussion a porté sur l’idée selon laquelle
la rétention globale serait peut-être meil-
leure si on appliquait une stratégie de Test
and Treat (puisque la majorité des rup-
tures de soins arrive avant la mise sous trai-
tement) ; cependant, le fait que la rétention
soit plus faible lorsque le patient est asymp-
tomatique peut aussi laisser craindre que
ce ne soit pas le cas.
Par ailleurs, une équipe de MSF au Nigeria
a montré comment une intervention pour
réduire le temps d’attente des patients
pour les tests CD4 et pour recevoir les
résultats a été associé à une réduction
du taux de perdus de vue3.
2. Session « Access to and Retention of
Antiretroviral Treatment »4.
Une revue de la littérature par une équipe
australo-américaine a conclu qu’appeler
les patients au téléphone, leur rendre
visite à domicile ou une combinaison de
ces deux interventions, a des effets posi-
tifs sur leur devenir et permet de mieux
connaître ce devenir5.
En Tanzanie, en Ouganda et en Zambie,
la distribution d’antirétroviraux (ARV)
dans les communautés plutôt qu’au cen-
tre de soins a permis de réduire le taux de
perdus de vue6.
Par ailleurs, même si les résultats ont été
atteints dans le cadre de programmes
d’ONG et pas en routine dans des sys-
tèmes publics, il faut remarquer que les
dispositifs de Community art groups mis
en place entre autres par MSF pour des
populations généralement difficiles à
atteindre (migrants, zone rurales recu-
lées) obtiennent des résultats spectacu-
laires : « A Musina, Afrique du Sud, la réten-
tion dans le circuit de soins était de 93 % à
six mois et 90 % à douze mois. A six et
douze mois, la suppression virologique était
atteinte chez 90 % et 92 % des patients » ;
« Dans la province de Tete, Mozambique :
les dernières données montrent un taux de
rétention de 97 % parmi les 5 229 membres
(enfants inclus) »7. Le « groupe commu-
nautaire ARV » consiste en un groupe
autoformé de patients sous ARV qui
mutualisent la collecte d’ARV, mais aussi
le recueil des résultats biologiques et la
communication au centre de soins de
l’autodéclaration par les patients de leurs
symptômes et de leur observance (comp-
tage des pilules).
Enfin, plusieurs orateurs ont rappelé que
la qualité de la relation soignant-soigné est
un facteur-clé de rétention et d’obser-
vance, mais qu’elle fait difficilement l’ob-
jet d’études contrôlées et randomisées, et
reste donc le plus souvent dans l’angle
mort des sessions orales des grandes confé-
rences internationales.
1 - Thompson et al., “Guidelines for Improving Entry
Into and Retention in Care and Antiretroviral
Adherence for Persons With HIV: Evidence-Based
Recommendations From an International Association
of Physicians in AIDS Care Panel”, 2012, Ann Intern
Med. June 2012;156:817-833
2 - “Starting and Staying on Course: HIV Linkage
and Retention in Care”, WEAE02
3 - Nwuba C.O. et al., “A laboratory-based approach
to reduce loss to follow-up of HIV-positive clients”,
WEAE0202, IAS 2012
4 - “Access to and Retention of Antiretroviral
Treatment”, MOAC03
5 - Koole O. et al., “Retention and risk factors
for attrition among adults in antiretroviral treatment
(ART) programs in Tanzania, Uganda and Zambia”
MOAC0305
6 - McMahon J. et al., “Effects of patient tracing
on estimates of lost to follow-up, mortality
and retention in antiretroviral therapy programs
in low – and middle – income countries: a systematic
review”, MOAC0302, IAS 2012
7 - Decroo T. et al., “Distribution of Antiretroviral
Treatment Through Self-Forming Groups of Patients
in Tete Province, Mozambique”, 2011. J Acquir
Immune DeficSyndr Volume 56, Number 2,
February 1, 2011