inventé par Dario Fo constitue une alchimie réussie entre le politique et l’artistique,
tout en étant porteur d’un vrai projet culturel.
Sur la lancée et les acquis partiels (et partiaux) de ce premier travail de
maîtrise, mon souhait est de continuer à m’intéresser à des expériences de théâtre à
vocation militante et politique, dont les démarches, fondées sur des ambitions et un
projet qui diffèrent de ceux du théâtre traditionnel, engagent artistes et publics
« autrement ». La chose présente d’autant plus d’intérêt qu’il s’agit d’un théâtre qui,
par nature mais aussi une fois passée l’effervescence politique des années 60-70, a
gardé relativement peu, voire très peu de visibilité et d’audience. Mon projet,
travaillé par le souci de s’atteler au très contemporain, veut tenter d’analyser le
devenir du théâtre d’intervention dans ces « lendemains qui déchantent », c’est-à-dire
du début des années 80 jusqu’à aujourd’hui, en prenant pour pays-phares la France,
la Belgique et l’Italie.
Le choix de ce cercle géographique comporte nécessairement une part
d’arbitraire, mais il s’agit de délimiter un territoire d’analyse suffisamment
saisissable, et pertinent à questionner. Ce choix repose avant tout sur l’existence
effective de pratiques et d’expériences contemporaines de théâtre d’intervention
recensées dans les trois pays, héritières plus ou moins directes de celles développées
dans les années 60-70. Il a été déterminé suite à la lecture d’un numéro de la revue
belge Etudes Théâtrales consacrée au « Théâtre d’intervention aujourd’hui »1. Paru
en l’an 2000, l’ouvrage regroupe des contributions, des comptes-rendus
d’expériences contemporaines, signées de chercheurs ou praticiens du théâtre
d’intervention, et fait entre autres apparaître un phénomène nouveau : la constitution
« en réseau » de compagnies se réclamant du théâtre d’intervention. Le réseau belge
du Théâtre-action est de loin le plus ancien et le plus institutionnalisé, et à son instar
sans doute, un certain nombre de compagnies françaises se sont elles aussi
regroupées de façon informelle en 1999. Quelques compagnies italiennes
entretiennent des relations de partenariat et d’échange avec les réseaux belge et
français. Ceci constitue bien sûr un premier point d’impulsion et d’appui, et un carnet
d’adresses commode pour la constitution du corpus, sachant qu’il ne s’agit pas de le
limiter à ces réseaux existants de compagnies.
A ce stade, une remarque sur l’état et la nature de la recherche menée sur le
théâtre d’intervention nous paraît nécessaire, dans un souci de définition d’une
1 « Le Théâtre d’intervention aujourd’hui », Etudes Théâtrales n° 17, 2000.